Moelle épinière

La moelle spinale (selon la nouvelle nomenclature), ou moelle épinière (dans l’ancienne nomenclature), désigne la partie du système nerveux central qui se prolonge en dessous du tronc cérébral au niveau du bulbe rachidien. Elle est contenue dans le canal rachidien (canal formé par la juxtaposition des foramens des vertèbres), qui la soutient et la protège.

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Moelle spinale
La moelle spinale (en jaune) connecte le cerveau aux nerfs tout le long du corps.
Schéma de la situation de la moelle spinale dans le canal vertébral.
Données
Nom latin Medulla spinalis (TA +/-)
Système Système nerveux central
Nerf origine de tous les nerfs spinaux
Schéma du tronc cérébral, de la moelle épinière (sectionnée) et des racines nerveuses, faces antérieure et postérieure.
Schéma d'une coupe transversale de la moelle épinière.
Schéma d'une coupe transversale de la moelle épinière avec émergence d'un nerf.
Schéma d'une section transversale de la moelle épinière au niveau de l'émergence de nerfs et rapports avec les méninges.
Schéma d'une coupe transversale de la moelle épinière et représentation des voies nerveuses.

Elle est constituée de neurones et de cellules gliales. Sa fonction principale est la transmission des messages nerveux entre le cerveau et le reste du corps. Elle contient également des circuits neuronaux indépendants qui contrôlent un certain nombre de réflexes.

Embryologie

La moelle épinière dérive du tube neural mis en place chez l'Homme à la 4e semaine de développement grâce à la neurulation, en arrière du rhombencéphale.

Lorsque le tube neural se développe, la notochorde sous-jacente produit un facteur connu sous le nom de sonic hedgehog ou SHH. En réaction, la partie inférieure du tube se met également à sécréter du SHH et induit le développement des motoneurones. Dans le même temps, l'ectoderme supérieur secrète du BMP, pour « Bone morphogenetic protein » (protéine morphogénétique de l'os), qui, à l'inverse, induira le développement des neurones sensoriels. C'est ce couple de facteurs antagonistes, diffusant depuis des zones opposées, qui vont être à l'origine de la régionalisation dorso-ventrale de la moelle spinale.

Ils instruisent alors, de façon dépendante de la dose, chacun des progéniteurs neuraux à adopter une identité particulière en fonction de sa position le long de l’axe dorso-ventral du tube neural. Cette information de position se traduit par l’expression d’une combinatoire spécifique de facteurs de transcriptions qui régulent ensuite l’expression de gènes cibles spécifiques, responsables de leur engagement vers une voie de différenciation particulière. Ils permettent ainsi la différenciation progressive et ordonnée des différents types de neurones et de cellules gliales qui la constituent.

Au troisième mois du développement humain, la moelle spinale remplit entièrement le canal vertébral. Mais la croissance différentielle du rachis osseux et du système nerveux central, nommée croissance allométrique, aboutit à un arrêt de la moelle à l'étage L1-L2.

Chez l'Homme adulte, elle fait en moyenne 44 cm.

Anatomie

La moelle spinale présente un aspect cylindrique et aplati d'avant en arrière pour une taille de 43 cm et un poids de 30 grammes. On lui distingue de haut en bas une région cervicale, thoracique, lombaire, sacrée et coccygienne. Les repères utilisés sont ceux des vertèbres de la colonne vertébrale (attention, en raison de la croissance allométrique, les régions ne correspondent pas forcément entre la colonne et celles de la moelle).

La moelle spinale présente deux renflements :

  • Le renflement cervical, situé entre C4 et T1, est le point d'entrée et de sortie des neurones sensoriels et des motoneurones innervant les membres supérieurs (bras) ;
  • De même, celui situé au niveau lombaire, entre T10 et L1, regroupe ceux des membres inférieurs (jambes).

En coupe transversale, on peut distinguer deux régions distinctes :

  • La matière blanche, située en périphérie, qui contient les axones des neurones sensoriels et des motoneurones ;
  • La matière grise, en forme de papillon au centre, qui est constituée des corps cellulaires des neurones.

Cette dernière région entoure le canal épendymaire, qui constitue l'extension des ventricules cérébraux et contient un liquide dénommé liquide céphalo-rachidien, ou liquide cérébro-spinal selon la nouvelle nomenclature (LCR ou LCS). La moelle spinale a une forme qui parait compressée dorso-ventralement, ce qui lui donne une forme ellipsoïde. Elle possède un creux sur sa face dorsale (le sillon médian) et un autre sur sa face ventrale (la fissure médiane).

Les trois méninges qui recouvrent et protègent la moelle spinale s'appellent la dure-mère (sur la face externe), l'arachnoïde et la pie-mère (au contact de la moelle) et sont un prolongement des méninges du cerveau. De même que dans le cerveau, l'espace sous-arachnoïdien (entre l'arachnoïde et la pie mère) contient du Liquide cérébro-spinal, liquide qui peut être prélevé durant un examen appelé ponction lombaire. Enfin, la moelle spinale est stabilisée à l'aide de ligaments dentelés qui s'étendent de la pie-mère latéralement au niveau des racines ventrales et dorsales des nerfs spinaux.

Segments de la moelle spinale et nerfs spinaux

Chez l'Homme, la moelle spinale est divisée en 31 segments appelés segments médullaires. La grenouille en possède 10. À chaque segment se forme une paire de nerfs spinaux (à droite et à gauche), chacun contenant des motoneurones et des neurones sensoriels ; ce sont des nerfs mixtes, présentant des connexions entrantes (neurones sensoriels) et sortantes (motoneurones).

  • De 6 à 8 radicelles motrices émergent de façon ventrale et de chaque côté, au niveau de points de sortie moteurs, et forment une racine motrice.
  • Les neurones sensoriels, dont les corps neuronaux se situent dans une structure extérieure à la moelle, appelé ganglion spinal, entrent de la même façon de manière dorsale au niveau des points d'entrée des racines ventrales.

Ces deux branches se rejoignent à distance de la moelle pour finalement former les nerfs spinaux.

La frontière entre le système nerveux central et le système nerveux périphérique se situe à proximité de l'émergence des racines ventrales et dorsales. Ces zones de transition sont traversées par les axones des neurones ; elles permettent d'assurer le maintien des différences cellulaires (cellules gliales) entre les deux systèmes.

Dans la partie supérieure de la moelle spinale, les nerfs spinaux quittent directement la colonne, alors que, dans la partie inférieure, les nerfs longent la moelle sur une courte distance avant de quitter la colonne un peu plus bas.

La partie terminale de la moelle est appelée le cône médullaire. La pie-mère se poursuit dans une extension appelée le filum terminal qui accroche la moelle spinale au coccyx. La collection de nerfs qui se poursuivent après le cône médullaire (pour rejoindre leur point de sortie de la colonne plus bas/caudalement) est appelée la "queue de cheval".

Fonctions

La moelle spinale a trois circuits majeurs :

  • Un circuit descendant relayant les informations motrices vers les muscles ;
  • Un circuit ascendant véhiculant les informations sensorielles vers le cerveau ;
  • Un centre de coordination de certains réflexes.

Les neurones spinaux fonctionnent selon des processus plus proches de ceux du cortex cérébral que ce qu’on a cru jusqu’au début des années 2000. Vers 2006-2007, il fut montré qu'un même mouvement précisément reproduit pouvait être généré par un réseau différent de neurones à chaque reproduction du mouvement. Les réseaux neuronaux spinaux ont donc une activité aléatoire et non simplement mécanique. La moelle apparaît de moins en moins comme une gaine de câbles et de plus en plus comme un prolongement complexe du cerveau[1].

Pathologies médullaires

Recherche sur la moelle spinale

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Il y a encore 10 ou 20 ans[Quand ?], il était clairement établi que la moelle ne pouvait cicatriser après avoir été sectionnée ou blessée. Des progrès récents mettent ce schéma en doute.

Essais cliniques réalisés ou en cours sur les lésions aiguës ou sub-aiguës :

  • Cethrin (Bioaxone/Alceres)
  • Anticorps anti-Nogo (Novartis)
  • Andara OFS (Cyberkinetics)
  • MAP4343 (MAPREG Company)
  • Molécules d'adhésions (Pharmaxon)
  • Cellules de Schwann & Rolipram (Miami Project)
  • Cellules souches OPC1 (Geron Corporation)
  • Cordaneurin (Neuraxo)

Essais cliniques réalisés ou en cours sur les lésions chroniques :

  • Cellules OEC (Olfactory Ensheating Cells ou cellules gliale olfactive, cellules permettant de maintenir l'accès des nerfs olfactifs aux bulbes olfactifs et dont les propriétés favorisent ainsi la repousse des nerfs) (Medical University Wroclaw)
  • UCB & Lithium (ChinaSCINetwork)
  • Peptide NX (Neuronax/C4H)
  • CordaChron (Neuraxo)
  • RMx (Novagenesis)
  • Decorin & GDA BMP (Dr. Davies/UCHSC)
  • Cellules souches neurales (Neuralstem)
  • Innurex (Oxford BioMedica)
  • NeuroGel (Neurogel-en-marche)

Notes et références

  1. Balanced Inhibition and Excitation Drive Spike Activity in Spinal Half-Centers, Rune W. Berg, Aidas Alaburda, & Jørn Hounsgaard, Science 19 January 2007 315: 390-393

Voir aussi

Liens externes

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