Institut national de la santé et de la recherche médicale

L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (ou Inserm, prononciation : [insɛʁm]) est un établissement public à caractère scientifique et technologique français spécialisé dans la recherche médicale, placé sous la double tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation et du ministère des Solidarités et de la Santé. Il est actuellement dirigé par intérim par Yves Lévy, le mari de la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

Institut national de la santé
et de la recherche médicale

Création
Siège Paris
Pays  France
Rattachement Ministère de la Recherche
Ministère des Solidarités et de la Santé
Directeur Yves Lévy[1]
Disciplines Recherche médicale
Chercheurs statutaires 9 000 personnes
(chercheurs, ITA, IATOS) fin 2012[2]
Site web www.inserm.fr

Historique

L'Inserm est créé en 1964 par Raymond Marcellin, le ministre de la Santé, sur les conseils de son conseiller Georges Mathé, de Gabriel Richet et de la Délégation générale à la recherche scientifique et technique[3], par le décret 64-627 du [4]. Le nouvel institut est une émanation de l'Institut national d'hygiène (INH), créé en 1941 sous le gouvernement de Vichy et des seize centres de recherche impulsés par l'Association Claude-Bernard[5]. Les chercheurs et techniciens sont transférés et de nouveaux laboratoires sont fondés, l'INH étant sous-dimensionné par cet aspect. En 2014, l'Inserm a célébré ses 50 ans[6].

En 1964, le budget alloué à l’INH est de 54 millions de nouveaux francs pour un effectif de 1 065 agents dont 452 chercheurs et 613 ITA[n 1]. Il passe en 1974, à la suite d’une hausse importante des moyens de la recherche médicale, à 246 millions pour un effectif de 4 589 agents dont 2 804 chercheurs et 1 785 ITA)[7].

En 1983, l'Inserm devient un établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST)[8].

Depuis Aviesan (Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé) rassemble les grands acteurs de la recherche biomédicale en France, à savoir huit grands établissements publics — le CNRS, l'INRIA, l'Inserm, l'Institut Pasteur, auxquels s’associent les universités et les CHU[Lesquels ?]. L'objectif est de coordonner équipes et programmes[9].

L'Inserm a depuis lors pour mission l'étude de la santé humaine avec pour vocation d'investir le champ de la recherche biomédicale fondamentale et appliquée, dans les domaines de la biologie cellulaire, la biologie moléculaire, la génétique, la physiologie, la physiopathologie, la thérapie génique, l'épidémiologie, l'imagerie médicale, etc. En 2016, l'Inserm s'est doté d'un plan stratégique pour anticiper les défis de la révolution biologique, technologique et accompagner l’évolution de ce que sera la médecine de demain. Ce plan est accompagné d'un contrat d’objectifs avec l’État pour la période 2016-2020.

Organisation, personnels et budget

L'Inserm est dirigé par un président-directeur général entouré de deux instances scientifiques, le conseil scientifique et les commissions scientifiques spécialisées, et d'une instance administrative, le conseil d'administration.

En 2017, l'Inserm est constitué de 276 unités insérées pour la plupart au sein d'hôpitaux et d'universités (pour 85 % d'entre elles)[10] et de 31 laboratoires européens et internationaux associés. La plupart des unités sont mixtes dans leur rattachement et leur financement, c’est-à-dire labellisées également en tant qu'unités CNRS ou départements universitaires.

Le personnel est réparti en deux corps distincts : les chercheurs (directeurs et chargés de recherches) d'une part ; les ingénieurs et techniciens (ingénieurs de recherches, ingénieurs d'études, assistants ingénieurs et techniciens) d'autre part. En 2017, près de 15 000 personnes travaillent au sein de structures dépendantes ou associées à l'Inserm, dont 5 147 titulaires de l'institut, réparties dans 276 unités de recherche.

L'Inserm publie chaque année un rapport d'activité[11]. En 2016, les chercheurs de l'Inserm ont été à l'origine de 12 000 publications scientifiques dont 6 000 co-signées par au moins un autre pays.

Budget

  • 2007 : 612 millions d'euros[12] (557 millions en 2006) répartis à 83 % pour les activités de recherche des unités. À titre indicatif son équivalent américain, les National Institutes of Health ont un budget de 27 milliards de dollars.
  • 2009 : 715,012 millions d'euros.
  • 2010 : le budget primitif (voté au conseil d'administration du ) était de 742 586 977 euros, puis il fut modifié (conseil d'administration du ) pour atteindre 858 523 336,52 euros.
  • 2012 : 953 millions d'euros[2].
  • 2014 : 866,63 millions d'euros (70 % de subventions d'État et 30 % de ressources externes).
  • 2016 : 957 millions d'euros.

Présidents directeurs-généraux

  • 1964-1969 : Eugène Aujaleu
  • 1969-1979 : Constant Burg
  • 1979-1982 : Philippe Laudat
  • 1982-1996 : Philippe Lazar
  • 1996-2001 : Claude Griscelli
  • 2001-2007 : Christian Bréchot
  • 2007-2014 : André Syrota
  • depuis 2014- : Yves Lévy (par intérim à partir du 2 juin 2018[13])

La nomination du nouveau PDG en 2018 est très médiatisée. D'après Le Canard enchaîné, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a fait « un chantage à la démission » pour renouveler le mandat de son époux Yves Lévy[14]. Le quotidien Libération décrit ce conflit d'intérêts qui scandalise certains chercheurs et « embarrasse les politiques »[15]. Le Monde affirme que « la question sera tranchée au sommet de l’État, tant le sujet est sensible[16]. » Le journal médical britannique The Lancet considère que l'opacité de la procédure de nomination ternit l'image de la France, et demande « la publication des noms des candidats et des membres du comité, et du contenu des délibérations »[17],[18]. La composition du comité paraît le 16 juin[19]. Selon les informations de News Tank[20], six candidats, Philippe Amouyel, Michel Cogné, Yves Lévy, Ali Saïb, Philippe Froguel et Jessica Zucman-Rossi, ont été auditionnés le 21 juin 2018, mais seuls Froguel et Zucman-Rossi avaient précédemment rendu leur candidature publique[21]. Yves Lévy retire sa candidature le 30 juillet devant l’embarras qu’elle suscitait au sein du gouvernement[22]. La procédure d’appel à candidature repart à zéro en septembre 2018, le gouvernement espérant que le retrait de Levy encourage de plus nombreux candidats[23].

Thématiques de recherche

Depuis 2008, l'Inserm est constitué de différents instituts thématiques ayant pris la suite du regroupement par commissions scientifiques spécialisées et intitulés :

  • neurosciences, sciences cognitives, neurologie, psychiatrie ;
  • cancer ;
  • microbiologie et maladies infectieuses ;
  • circulation, métabolisme, nutrition ;
  • immunologie, hématologie, pneumologie ;
  • santé publique ;
  • technologie pour la santé ;
  • bases moléculaires et structurales du vivant ;
  • biologie cellulaire, développement et évolution ;
  • génétique, génomique et bio-informatique.

Science & Santé

L'Inserm publie depuis 2011 une revue bimestrielle en français intitulée Science & Santé[24]. Revue scientifique et d'actualité d'une cinquantaine de pages, elle s'adresse tout à la fois aux personnels de l'institut, aux professionnels de la santé, mais aussi au grand public dans des articles courts et des brèves ainsi que des dossiers thématiques. Science & Santé est éditée en format papier (mais non vendue dans le commerce) ainsi qu'en format numérique (PDF) téléchargeable sur le site de l'Inserm.

Prix

L'Inserm décerne chaque année depuis 2000 des prix scientifiques dans différents domaines :

  • le Grand Prix rend hommage à un acteur de la recherche scientifique française dont les travaux ont permis des progrès remarquables dans la connaissance de la physiologie humaine, en thérapeutique, et plus largement, dans le domaine de la santé. Il est l'équivalent de la médaille d'or du CNRS ;
  • les prix de recherche distinguent des chercheurs, enseignants-chercheurs et cliniciens-chercheurs, dont les travaux ont particulièrement marqué le champ de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et thérapeutique et de la recherche en santé publique ;
  • les prix de l'innovation récompensent des ingénieurs, techniciens ou administratifs pour des réalisations originales au service de l'accompagnement de la recherche ;
  • depuis 2004, un prix d'honneur et un prix international sont décernés, témoignant de la carrière de personnalités scientifiques internationales particulièrement éminentes.

Lauréats des trois principaux prix de l'Inserm

Année Grand Prix Prix d'Honneur Prix International
2017 Edith Heard Claude-Agnès Reynaud et Jean-Claude Weill Marie-Paule Kieny
2016[p 1] Jean-Laurent Casanova Catherine Barthélémy Linda Fried
2015[p 2] Pier-Vincenzo Piazza Étienne-Émile Baulieu Peter Piot
2014[p 3] Anne Dejean-Assémat William Vainchenker Leszek Borysiewicz
2013[p 4] Stanislas Dehaene Daniel Louvard Ogobara Doumbo
2012[p 5] Philippe Sansonetti Jean-Paul Soulillou Ingrid Grummt
2011[p 6] Alain Prochiantz Ethel Moustacchi Susan Gasser
2010[p 7] Didier Raoult Éliane Gluckman Denis Duboule
2009[p 8] Yehezkel Ben-Ari Nicole Le Douarin Nora Volkow
2008[p 9] Alain Fischer Alim-Louis Benabid Tomas Lindahl
2007 Christine Petit Pierre Ducimetière Mina Bissel
2006 Pierre Corvol Ketty Schwartz Chen Zhu
2005 Bernard Malissen Jacques Glowinski David Lane
2004 Jean-Marc Egly Pierre Chambon Harvey Alter
2003 Miroslav Radman non créé non créé
2002 Monique Capron non créé non créé
2001 Yves Agid non créé non créé
2000 Arnold Munnich non créé non créé

Notes et références

Notes

  1. Ingénieurs, techniciens et administratifs.

Références

  1. Décret du portant nomination du président de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.
  2. Bilan financier et patrimonial de l'Inserm.
  3. « Entretien Constant Burg », sur Histrecmed.
  4. La Recherche médicale en 1964, Institut national de la santé et de la recherche médicale, , p. 7.
  5. Claude Fabrizio et Nicolas Skrotzky, Regards sur la culture et la recherche scientifique, La Documentation Française, , p. 149.
  6. « 50 ans de l'Inserm », sur inserm.fr.
  7. Budget dans les Archives INSERM, cotes 9215, 9408, 9503, 9516, 9529, 9615, 9710.
  8. Décret no 83-975 du 10 novembre 1983.
  9. « Objectifs et missions de Aviesan », sur aviesan.fr.
  10. « Carte d'implantation des unités Inserm », sur biomap.fr.
  11. Rapport d'activité 2016.
  12. « Document sur le budget 2007 », sur inserm.fr.
  13. Arrêté du 11 juin 2018 portant attribution de fonctions à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.
  14. Isabelle Barré, « Le mari de la ministre embarrasse l’Élysée », Le canard enchaîné, .
  15. « Le mari de la ministre de la Santé peut-il rempiler à la direction de l'Inserm ? », Libération, (lire en ligne).
  16. « Inserm : la reconduction éventuelle d’Yves Lévy embarrasse », Le Monde, (lire en ligne).
  17. « La France est de retour, mais les anciennes pratiques persistent au sein de l’INSERM » [PDF], sur www.thelancet.com, .
  18. The Lancet, « France may be back, but the old ways persist for INSERM », The Lancet, (ISSN 0140-6736, DOI 10.1016/s0140-6736(18)31318-7, lire en ligne).
  19. Arrêté du 14 juin 2018 portant nomination des membres de la commission d'examen des candidatures à la fonction de président de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.
  20. « Présidence Inserm », sur education.newstank.fr, .
  21. « Direction de l'Inserm : le « potentiel conflit d'intérêts » de la ministre Agnès Buzyn avec son mari dénoncé jusqu'au Royaume-Uni », Marianne, (lire en ligne).
  22. « Inserm : Yves Lévy, époux d’Agnès Buzyn, retire sa candidature », Le Monde, (lire en ligne)
  23. (en) Barbara Casassus, « Embattled French health-agency chief withdraws leadership bid », Nature, (ISSN 0028-0836 et 1476-4687, DOI 10.1038/d41586-018-05920-5, lire en ligne)
  24. « Science & Santé », sur inserm.fr.
Lauréats des Pris Inserm de la recherche médicale

Voir aussi

Articles connexes

Chercheurs Inserm ayant reçu le prix Nobel de physiologie ou médecine ː

  • Jean Dausset (1980)
  • Françoise Barré-Sinoussi (2008)

Autres organismes de recherche français :

  • CEA
  • CNRS
  • INRA
  • INRIA
  • IRD

Bibliographie

  • Pascal Griset, Jean-François Picard, Au cœur du vivant : 50 ans de l'INSERM, Le Cherche Midi, , 207 p.

Liens externes

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