Dissection de l'artère coronaire

La dissection spontanée de l'artère coronaire est une maladie rare, survenant essentiellement chez la femme et pouvant se traduire par une angine de poitrine ou un infarctus du myocarde.

Dissection de l'artère coronaire

Spécialité Cardiologie
CIM-10 I25.4
CIM-9 414.12
DiseasesDB 3115

Mise en garde médicale


Historique

La première description autopsique date de 1931[1].

Mécanisme

Comme toute dissection artérielle, elle consiste en un clivage de l'artère coronaire avec formation d'un faux chenal, parallèle à la lumière du vaisseau et pouvant comprimer ou occlure cette dernière. La dissection peut également rompre l'artère, créant une hémorragie intra péricardique (appelé hémopéricarde).

Elle peut être spontanée ou secondaire à un geste sur l'artère (coronarographie et/ou angioplastie coronaire)

La cause de la dissection est inconnue. Il existe dans deux tiers des cas une dysplasie fibromusculaire[2]. Une déchirure de l'intima est inconstante, faisant suspecter le rôle d'un saignement des micro-vaisseaux de la media artérielle (« vas vasorum »)[3]

Épidémiologie

La dissection spontanée est plus fréquente chez la femme autour de la quarantaine[4]. Elle serait la cause d'entre 1 et 4 % des syndromes coronariens aigus[5]. Le post-partum semble être un facteur de risque, surtout au premier mois[6]. Un stress émotionnel est retrouvé dans un peu moins de la moitié des cas[2]. Elle est retrouvée entre moins d'une[7] à deux[8] coronarographies sur 1000. Chez l'homme, un exercice violent est retrouvé dans un peu moins d'un cas sur deux précédent l’évènement[4].

L'artère la plus souvent concernée est l'artère interventriculaire antérieure[5].

Une maladie vasculaire (syndrome de Marfan, syndrome d'Ehlers-Danlos...) est trouvée dans moins de 5 % des cas[5]. A part ces syndromes, aucune cause génétique n'est retrouvée[5].

Clinique

La dissection peut se traduire par un angor instable, un infarctus du myocarde, voire, une mort subite sans particularité spécifique.

Diagnostic

Il est fait au cours d'une coronarographie montrant la présence d'un faux chenal, souvent en virole, le long du vrai chenal.

l'utilisation du scanner coronaire reste, pour l'instant, anecdotique[9].

Traitement

L'infarctus du myocarde, s'il a lieu, nécessite un traitement spécifique (hospitalisation, bêta-bloquants, inhibiteurs de l'enzyme de conversion...)

Sur l'artère elle-même, suivant l'importance de la dissection et la taille de l'artère, peuvent être proposées une chirurgie de pontages, une angioplastie coronaire avec pose d'un stent, un simple traitement médicamenteux. l'angioplastie est souvent techniquement difficile avec un taux d'échecs important[4]. Une guérison spontanée de l'aspect coronarographique est possible[10] et fréquente[11].

En dehors de la revascularisation, l'utilité d'un traitement anticoagulant ou antiagrégant reste discuté[5], ces derniers facilitant, en théorie, l'extension du saignement dans la paroi artérielle. De même, la mise systématique sous statines n'est pas logique, ne s'agissant pas d'une manifestation de l'athérome[5].

La recherche systématique d'une autre atteinte artérielle d'une dysplasie fibromusculaire doit être faite[5], en particulier au niveau des artères rénales et carotidiennes[12].

Évolution

Elle peut récidiver dans un cas sur dix, favorisée par l'hypertension artérielle, avec un effet protecteur des bêta-bloquants[2].

Notes et références

  1. Pretty H, Dissecting aneurysms of coronary artery in woman aged 42: rupture, BMJ, 1931;1:667
  2. Saw J, Humphries K, Aymong E et al. Spontaneous coronary artery dissection, Journal of the American College of Cardiology, 2017,70:1148-1158
  3. Vrints CJM, Spontaneous coronary artery dissection, Heart, 2010;96:801–808
  4. (en) Tweet MS, Hayes SN, Pitta SR, Clinical features, management, and prognosis of spontaneous coronary artery dissection, Circulation, 2012;126:579-588
  5. Hayes SN, Kim ES, Saw J et al. Spontaneous coronary artery dissection: Current state of the science: A scientific statement from the American Heart Association, Circulation, 2018;137:e523-e557
  6. Tweet MS, Hayes SN, Codsi E, Gulati R, Rose CH, Best PJM, Spontaneous coronary artery dissection associated with pregnancy, J Am Coll Cardiol, 2017;70:426-435
  7. (en) Mortensen KH, Thuesen L, Kristensen IB, Christiansen EH, Spontaneous coronary artery dissection: a Western Denmark Heart Registry study, Catheter Cardiovasc Interv, 2009;74:710–717
  8. (en) Vanzetto G, Berger-Coz E, Barone-Rochette G, Chavanon O, Bouvaist H, Hacini R, Blin D, Machecourt J, Prevalence, therapeutic management and medium-term prognosis of spontaneous coronary artery dissection: results from a database of 11,605 patients, Eur J Cardiothorac Surg, 2009;35:250–254
  9. (en) Ohlmann P, Weigold G, Kim S et al. Spontaneous coronary dissection: computed tomography appearance and insights from intravascular ultrasound examination, Circulation, 2006;113:e403-e405
  10. (en) Choi J, Davidson C, Spontaneous multivessel coronary dissection in a long-distance runner successfully treated with oral antiplatelet therapy: a case report and review of the literature, J Invasive Cardiol, 2002;14:675–678
  11. Tweet MS, Eleid MF, Best PJ et al. Spontaneous coronary artery dissection: revascularization versus conservative therapy, Circ Cardiovasc Interv, 2014;7:777–786
  12. Olin JW, Gornik HL, Bacharach JM et al. Fibromuscular dysplasia: state of the science and critical unanswered questions: a scientific statement from the American Heart Association, Circulation, 2014;129:1048–1078
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