Dent de sagesse

La dent de sagesse est le nom donné chez l'homme à la troisième molaire, la dernière en arrière sur l'arcade dentaire, dont l’éruption se fait en général entre 16 et 25 ans. Elle est toutefois inconstante. L'être humain en possède quatre, mais certaines personnes peuvent en posséder moins ou même plus. Il n'est pas obligatoire de les enlever. Certaines personnes restent avec toute leur vie.

Dent de sagesse mandibulaire incluse, bloquée (on devine la dent de sagesse supérieure également incluse)

Étymologie

La première référence aux troisièmes molaires comme dents de sagesse est attribuée aux Grecs antiques[1]. Hippocrate[2] écrit

καὶ ἐν τῇ τετάρτῃ δὲ ἑβδομάδι ὀδόντες φύονται δύο τοῖσι πολλοῖσι τῶν ἀνθρώπων, οὗτοι καλέονται σωφρονιστῆρες.

Dans le quatrième septenaire (28 ans) naissent chez la plupart des Hommes deux dents dites de sagesse.

Le philosophe stoïque Cléanthe (330-232 av. J.-C.) mentionne que l'appellation est reliée à la période d'éruption qui coïncide avec le moment où la pensée de l'Homme murit. Il est intéressant de mentionner que d'après le traité Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres de Diogène Laërce, Cléanthe est décédé d'une infection des gencives, la première enregistrée.

Le mot grec est σωφρονιστῆρες (pl. sōfronistires, sing. sōfronistir, dent de sagesse). σωφρονιστήρ (sōfronistir) est un dérivatif de σώφρων (sofron), qui signifie sage ou prudent. "sôphronizô" signifie "rendre sage"; ce sont donc littéralement les conseillères ou celles qui rendent sage.

Dans son Onomasticon (Ὀνομαστικόν), Julius Pollux présente[3] ces dents comme σωφρονιστῆρες (pl. sōfronistires, sing. sōfronistir, dent de sagesse), mais sont aussi appelées κραντῆρες (krantires), de κραντὴρ (krantir), celui qui accomplit, la dent qui complète l'ensemble, car avec son éruption la dentition est complète.

L'Etymologicum magnum (XIe siècle) signale aussi les "kritêres", les juges, du verbe "krinô", juger[4],[5],[6].

André du Laurens (1558-1609)[7] passe en revue les différents termes :

"Hippocrate appelle les dents dernières des maschelières, dents de sagesse, parce qu'elle sortent à trente ans, et au quatrième septenaire, qui est le temps que l'homme commence d'estre sage, rassis et posé. Avicenne les nomme dents de sens et d'intelligence, et Aristote, dents de perfection : parce qu'elles parfont et accomplissent l'âge. Les Latins les appellent genuinos."

Dénominations dans le monde

Dans les pays francophones, ainsi qu'en anglais, en allemand et en arabe[réf. souhaitée], la troisième molaire est nommée « dent de sagesse », sans doute parce qu'elle apparaît beaucoup plus tard que les autres dents. Elle porte différents noms suivant les pays : dans la plupart des pays de langue romane, on l'appelle « dent de sagesse » (juicio en espagnol, giudizio en italien), en Turquie, on la nomme « dent de 20 ans », en Corée « dent de l'amour », en arabe « dent de la raison », au Japon « dent que les parents ne connaissent pas »[8].

Problèmes liés à son éruption

Souvent elle est formée, mais ne peut faire totalement son éruption en bouche. Cela est dû :

  • soit à un manque de place. La dent de sagesse se situe souvent au niveau de la branche montante de la mandibule, elle est donc partiellement ou totalement bloquée ;
  • soit car son axe d'éruption n'est pas correct. Les dents de sagesse ont souvent des axes d'éruption fantaisistes, et des formes très variables.

Lorsque la dent bute sur le collet de la deuxième molaire, elle est bloquée dans son extériorisation. On dit qu'elle est « enclavée ».

La dent est dite « incluse » lorsqu'elle est entièrement recouverte par l'os et la gencive, au niveau de la face postérieure de la racine de la deuxième molaire.

Entre 15 et 25 % des dents de sagesse mandibulaires sont incluses ou enclavées[9].

Les complications liées aux difficultés d'éruption des dents de sagesse sont les péricoronarites, phlegmons et cellulites, kystes péricoronaires, caries de la deuxième molaire, voire résorption de la racine de cette dernière. Ce sont surtout les dents de sagesse mandibulaires qui créent ces pathologies.

Avulsion

Dent de sagesse extraite

L'extraction (ou avulsion) préventive des dents de sagesse n'est pas automatique. Ce sont surtout les dents enclavées qui sont sources de complications. L'extraction se justifie en cas de péricoronarites itératives, d'une atteinte de la deuxième molaire, de la présence d'un kyste volumineux. Dans ce cas elle peut être effectuée par un chirurgien oral ou un stomatologue.

Elle peut être réalisée sous anesthésie locale, anesthésie neuroleptique, appelée aussi sédation intraveineuse, ou générale. Cela dépend de plusieurs facteurs : nombre de dents à enlever, degré de formation des dents, profondeur de l'inclusion, état général du patient, coopération du patient. L'opération étant relativement banale, l'anesthésie locale est généralement la solution retenue. La dent de sagesse correspondant à la dent numéro 8 de chaque hémi-arcade dentaire, l'intervention consistant en l'extraction des quatre dents de sagesse en une fois, souvent réalisée sous anesthésie générale[réf. nécessaire], est ainsi appelée une « quatre fois huit (4 × 8) » ou « 4DDS » dans le jargon. Le patient doit limiter la consommation de tabac et des boissons alcoolisées le jour de l'extraction[10].

Les suites opératoires d'une extraction peuvent être marquées par des douleurs, un œdème localisé ainsi que par une limitation de l'ouverture buccale.
En général, la douleur peut dépendre du niveau de croissance des dents, de la formation des dents, de la santé du patient, de la présence d'infections et de l'âge. Les complications liées à l'extraction sont : l'altération d'une branche d'un nerf sensitif : le trijumeau pouvant aller jusqu'à l'anesthésie complète dans le territoire correspondant : l'hémi-lèvre et l'hémi-mandibule, et l'hémi-langue, les saignements persistants, les infections dont l'alvéolite et la cellulite faciale, une fracture de l'angle de la mandibule, ou des troubles de l'articulation temporo-mandibulaire.

Notes et références

  1. Ioannes von Arnim, Stoicorum veterum fragmenta, vol. I, (Leipzig: Teubner 1903): fr. 524, pp. 12–14.
  2. http://remacle.org/bloodwolf/erudits/Hippocrate/chairs.htm HIPPOCRATE TOME VIII, DES CHAIRS - ΠΕΡΙ ΣΑΡΚΩΝ.
  3. Dental Terms in Julius Pollux’s The Onomasticon Koutroumpas et al. https://www.academia.edu/2896709/Dental_terms_in_Julius_Polluxs_the_Onomasticon
  4. www.biusante.parisdescartes.fr/sfhad/vol14/2009_16.pdf D Gourevitch "Les noms des dents en grec, en latin et en français : de l'Antiquité à la Renaissance", SFHAD (Société française d'histoire de l'art dentaire)
  5. Gerrit COOTJANS et Danielle GOUREVITCH, « Les noms des dents en grec et en latin »,Revue de Philologie, 57, 1983, p. 189-201
  6. Danielle GOUREVITCH , « Les noms des dents en grec, en latin et en français : de l'Antiquité à la Renaissance », Actes de la Société française d'histoire de l'art dentaire , 14, 2009, p. 73-77
  7. L'Anatomie universelle de toutes les parties du corps humain représentée en figures et exactement expliquée par le célèbre André Du Laurent ["sic"], revue par M. H, chirurgien juré de S. Cosme. Auteur : Du Laurens, André (1558-1609) Éditeur : A. Humblot (Paris) Date d'édition : 1741
  8. Marc Silver, National geographic France, rubrique Santé, Mars 2009, numéro 102
  9. Revue Prescrire, 290, décembre 2007
  10. Extraction de dent de sagesse sur le site dent de sagesse

Voir aussi

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