Déréalisation

La déréalisation (DR est parfois employé) est une altération de la perception ou de l'expérience du monde extérieur qui apparaît étrange, irréel, et extérieur. Suivant les cas, les éléments normalement ancrés dans la personnalité comme la notion d'existence peuvent être par exemple remis en question. La déréalisation est en quelque sorte une expérimentation d'un doute métaphysique de manière concrète. Elle n'est pas une maladie à proprement parler, il s'agit d'un symptôme retrouvé dans différentes affections psychiatriques plus ou moins sérieuses. D'un point de vue philosophique, on ne peut se poser la question de son identification avec le sentiment de l'absurdité métaphysique, ou de la « nausée » décrits par Camus et Sartre.

Déréalisation

CIM-10 F48.1

Mise en garde médicale

C'est un symptôme dissociatif qui peut également être vécu lors de périodes de stress intense et prolongé. La déréalisation est aussi un symptôme de l'épilepsie temporale. La déréalisation est également susceptible de constituer l'une des conséquences à plus ou moins long terme d'une borréliose de Lyme non détectée voire insuffisamment traitée ou prise en charge tardivement[1],[2]. Elle se retrouve notamment dans les crises d'angoisse sévères. Une telle expérience peut être extrêmement choquante pour ceux qui la vivent, et engendrer des niveaux d'anxiété très importants, ce qui renforce encore plus la déréalisation. Des semaines, parfois des mois sont nécessaires pour récupérer une vision « normale » du monde extérieur après une telle expérience, suivant son intensité. Malgré la nature impressionnante du symptôme, il est généralement très bien traité quand il est dû à des crises d'angoisses. Un traitement médicamenteux de type benzodiazépine est préconisé, suivant les cas.

Certains prennent de la drogue pour expérimenter cet état dissocié. Certaines drogues dissociatives (la kétamine, le PCP, le DXM par exemple, mais aussi le cannabis quand il est pris à très haute dose), peuvent entraîner une déréalisation temporaire.

Alors que la déréalisation est une expérience subjective de sentiment d'irréalité ou d'étrangeté du monde extérieur, l'impression de voir derrière une vitre ou d’être en léger état d'ivresse (le sentiment et la perception peuvent différer selon les personnes), la dépersonnalisation est le sentiment d'irréalité ou d’étrangeté par rapport à soi-même, à son propre corps.

La dépersonnalisation/déréalisation peut être également ressentie chez une personne sujette à un stress important. Les principaux effets sont la perte partielle de plaisir (l'individu n'arrive pas à apprécier totalement certaines choses alors qu'il en a conscience), ainsi que la sensation de ne plus réfléchir convenablement (impression d'être hors de soi). Selon la personne, ces effets peuvent être ressentis de façon plus ou moins importante, voire parfois de manière chronique.

Description

Une patiente victime de déréalisation témoigne ainsi : « Je suis là et pas là. Je suis avec vous, mais ailleurs. C’est comme s’il y avait un voile, une sorte de brume entre le monde et moi. […][3] ».

L’expérience de la vision du monde « déréalisée » est souvent décrite comme un monde totalement dénué de sens, qui est vu comme un ensemble d’atomes réagissant entre eux. Le patient passe son temps à essayer de se reconstruire une réalité sur le souvenir de ce qu'il ressentait avant. Par exemple une question que pourrait se poser un patient déréalisé en regardant un beau coucher de soleil serait « Qu'est ce que je suis censé ressentir à ce moment-là ? Je sais que ce coucher de soleil est censé être ressenti comme beau, mais à quoi je pensais, avant, quand je voyais quelque chose de beau ? ».

Notes et références

  1. « Lyme disease: a neuropsychiatric illness », American Journal of Psychiatry, vol. 151, , p. 1571–1583 (ISSN 0002-953X, DOI 10.1176/ajp.151.11.1571, lire en ligne)
  2. B. A. Fallon et J. A. Nields, « Lyme disease: a neuropsychiatric illness », The American Journal of Psychiatry, vol. 151, , p. 1571–1583 (ISSN 0002-953X, PMID 7943444, DOI 10.1176/ajp.151.11.1571, lire en ligne).
  3. Marc Hayat, « Il faudrait la "médiquer" un peu », Revue française de psychanalyse 2/2002 (Vol. 66), p. 529-540.

Vidéo

Voir aussi

Article connexe

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