Yvonne Hagnauer

Yvonne Hagnauer, surnommée Goéland, est une pédagogue, institutrice, militante syndicaliste, féministe, pacifiste et résistante française, née le à Paris 10e et morte le à Meudon[1].

Pour les articles homonymes, voir Goéland (homonymie).

Elle a fondé, avec son mari Roger Hagnauer, la Maison d'enfants de Sèvres. Cette école nouvelle accueillera des enfants juifs et des orphelins de guerre à partir de 1941 et continuera de fonctionner sous la direction d'Yvonne Hagnauer jusqu'en 1970.

Ainsi, la Maison de Sèvres a deux objectifs principaux. Tout d'abord, cette propriété devait accueillir des enfants orphelins ou ayant été abandonnés par leurs familles suite, aux nombreux dégâts de la seconde guerre mondiale. Puis, progressivement de nombreux enfants juifs vont également être confiés à Yvonne Hagnauer afin de les protéger, suite à la déportation de masse[2]. Yvonne Hagnauer est ainsi qualifiée comme une pédagogue humaniste de par son aide précieuse aux nombreux enfants ayant été traumatisés pendant la seconde guerre mondiale. Puis, la maison de Sèvres fut un modèle d'éducation. En effet, Yvonne Hagnauer souhaite prôner une pédagogie nouvelle au sein de cette propriété. Cette pédagogie nouvelle se base sur celle d'Ovide Decroly. Ainsi, au sein de la Maison de Sèvres, la pédagogie vise à susciter l’intérêt de l'enfant, la responsabilité, la créativité ainsi que la nécessité de l'effort [3].

Un des intérêts de l'action pédagogique d'Yvonne Hagnauer à Sèvres est sa durée (une trentaine d'années) et le nombre d'enfants concernés (points qu'il est intéressant de comparer avec nombre d'autres pédagogues éminents), dans une Maison accueillant des enfants de 3 ans à l'adolescence. Dès 1941, la Maison recevait garçons et filles et assurait dans ses murs la scolarité classique et technique.

Une des difficultés pour appréhender la richesse pédagogique de la vie d'Yvonne Hagnauer est qu'il n'existe pas, à ce jour, de biographie ni de recueil de ses écrits. L'histoire de la Maison d'enfants de Sèvres reste à écrire.

Biographie

Yvonne Eugénie Pauline Even est née le , à Paris, d'une famille d'origine bretonne installée dans la banlieue parisienne, à Pavillons-sous-Bois. Son père est voyageur de commerce. Normalienne, elle devient institutrice vers 1918. Elle est titulaire du certificat d'enseignement général "Histoire, Lettres, Anglais", et certifiée de l'Université de Cambridge (anglais). Elle se marie le à Pavillons-sous-bois avec Roger Hagnauer[1], lui-même instituteur et militant humaniste, communiste anti-stalinien. Elle devient professeur d'anglais à l'école Supérieure de Commerce de Paris.

Féministe et syndicaliste, elle milite au Syndicat national des instituteurs (SNI, affilié à la CGT). Elle participe à la création des Centres d'Entrainement aux Méthodes de Pédagogie Active (qui devinrent les C.E.M.E.A. après 1945). Elle est une des organisatrice du Congrès international de l'enseignement, en 1937. Cofondatrice de "La ligue des femmes pour la Paix" en , elle signe en 1939 le "Manifeste pour la Paix" de Lecoin, est révoquée de l'enseignement public.

Elle dirige la colonie de Charny puis crée la Maison de Sèvres en 1941. Elle est membre d'un réseau de la Résistance.

Pendant la Seconde guerre mondiale, à l'internat de Sèvres, elle accueille des enfants en grande difficultés et des orphelins chrétiens et juifs auxquels sont remis de faux papiers. Elle donne également asile à des adultes juifs en leur trouvant des emplois sous des noms d'emprunt, de professeurs, conseillers ou ouvriers, comme ce fut le cas pour le futur Marcel Marceau[4].

De à , elle anime La Maison de Sèvres où des responsabilités sont laissées aux enfants dès leur plus jeune âge pour leur apprendre la valeur du travail[5].

Le , elle fut désignée comme « Juste parmi les nations »[6],[7],[4].

Goéland meurt le à Meudon, à 87 ans.

Hommages

Le , une plaque comportant le texte suivant a été apposé au 14 rue Croix-Bosset, à Sèvres :

« Ici, de 1941 à 1958, s’élevait la Maison d’enfants de Sèvres, animée par Yvonne et Roger Hagnauer (appelés Goéland et Pingouin), deux instituteurs laïques et humanistes, passionnément épris de paix, qui y pratiquèrent, avec une équipe éducative motivée, des méthodes pédagogiques originales dans l’esprit de l’École nouvelle.

Sous l’Occupation, bravant les lois de Vichy, ils abritèrent, dans La Maison, de nombreux enfants juifs et des orphelins ou victimes de guerre de toutes nationalités, ainsi que des adultes en situation irrégulière (étrangers, francs-maçons, juifs, résistants, réfractaires au S.T.O.).

Plus tard, ils accueillirent des garçons et des filles venant de familles en grande difficulté. Goéland et Pingouin poursuivirent leur œuvre au château de Bussières à Meudon.

Leurs anciens élèves, qui trouvèrent auprès d’eux un refuge, une famille et une inspiration pour toute leur existence, se souviennent avec émotion.

Yvonne Hagnauer (1898 - 1985) a été élevée au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur et a reçu la Médaille des Justes de l’État d’Israël. »

Une voie de Valenton porte son nom[8].

Parution posthume

  • Pédagogie clandestine pour une école ouverte, La Maison d'enfants de Sèvres, (1976-1979), (ISBN 978-2-7466-7989-4); Paris, Les enfants de Goëland et de Pingouin, 2015.

Notes et références

  1. Archives de l’état civil de Paris en ligne, acte de naissance no 10/4371/1898, avec mention marginale du décès (lieu du décès indiqué : Clamart). Autre mention : mariage en 1925 avec Roger Hagnauer
  2. « Yvonne Hagnauer, grande pédagogue et Juste parmi les nations », sur L'Histoire par les femmes, (consulté le )
  3. « Yvonne Hagnauer », sur www.meirieu.com (consulté le )
  4. Conseil des Communautés Juives des Hauts-de-Seine, À la mémoire des déportés juifs des Hauts-de-Seine, juillet 2005, p. 74
  5. Conseil des Communautés Juives des Hauts-de-Seine, À la mémoire des déportés juifs des Hauts-de-Seine, juillet 2005, p. 76
  6. Base de données de tous les Justes de France, sur le site yadvashem-france.org, consulté le 17 septembre 2008.
  7. (en) Yvonne Hagnauer – son activité à sauver la vie des Juifs pendant la Shoah , sur le site Yad Vashem
  8. [https://www.valenton.fr/uploads/2021/05/Compte-rendu-cm-20-05-2021.pdf / « Une nouvelle desserte piétonne rend hommage à Yvonne Hagnauer »], sur Ville de Valenton: Séance du conseil municipal du 20 mai 2021 (article 27 page 20), (consulté le )

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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