Vive Henri IV !

Vive Henri IV ! est une chanson qui a été écrite en l'honneur d'Henri IV et qui a été durablement populaire en France.

Vive Henri IV !

Chanson de Charles Collé
Charles Collé.
Henri IV.

Histoire

Le thème musical est emprunté à un noël populaire du XVIe siècle figurant dans le recueil de Christophe de Bordeaux (1581)[1], mais dont une partie appartient à une danse plus ancienne également du XVIe siècle « Les Tricotets ». Il est réutilisé dans le « branle coupé Cassandre » de L'Orchésographie de Thoinot Arbeau (1588)[2] datant d'avant l’avènement d'Henri IV (1589). Son premier couplet anonyme est composé du vivant du roi vers 1600 sur le même thème, probablement adapté pour l'occasion par le maître de la chapelle royale Eustache du Caurroy.

Vers 1770, pour les besoins de la comédie La Partie de chasse de Henri IV, Charles Collé imagine trois couplets supplémentaires. La représentation ne sera autorisée dans les théâtres publics à Paris que quatre ans plus tard, après la mort de Louis XV en 1774. La pièce restera au répertoire de la Comédie-Française jusqu'au début du XXe siècle, elle a depuis cessé d'être représentée. La chanson avec ses quatre couplets continuera à avoir beaucoup de succès.

La mélodie étant très populaire, les royalistes l'utilisent en 1814 pour une chanson célébrant le rétablissement de la monarchie en France : Le Retour des Princes français à Paris. Elle est chantée pour la première fois en public par François Lay le à l'Opéra.

Sous la Restauration, l'air Vive Henri IV ! est fréquemment joué dans les cérémonies se déroulant hors de la présence du roi et de la famille royale à cause de son couplet « J'aimons les filles et j'aimons le bon vin », on évitait de le jouer devant les personnes royales. Pour accueillir le roi ou des membres de la famille royale, quand ils faisaient leurs entrées dans une cérémonie publique, on utilisait plutôt « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ? », air tiré de l'opéra-comique Lucile (Comédie en un acte mêlée d’ariettes, 1769) d'André-Modeste Grétry et dont les paroles sont de Jean-François Marmontel.

Texte

1

Vive Henri IV !
Vive ce roi vaillant !
Vive Henri IV !
Vive ce roi vaillant !
Ce diable à quatre
A le triple talent
De boire et se battre
Et d'être un vert galant.

2

Au diable guerres,
Rancunes et partis !
Au diable guerres,
Rancunes et partis !
Comme nos pères
Chantons en vrais amis,
Au choc des verres
Les roses et les lys.

3

Vive la France !
Vive le roi Henri !
Qu'à Reims[3] on danse,
En disant comme Paris :
Vive la France !
Vive le roi Henri !
Vive la France !
Vive le roi Henri !

4


Variante des deux derniers couplets, auteur inconnu[4] :

Chantons l'antienne
Qu'on chantera dans mille ans ;
Que Dieu maintienne
En paix ses descendants
Jusqu'à ce qu'on prenne
La Lune avec les dents.
Jusqu'à ce qu'on prenne
La Lune avec les dents.

J'aimons les filles,
Et j'aimons le bon vin
J'aimons les filles,
Et j'aimons le bon vin
De nos bons drilles
Voilà le gai refrain
J'aimons les filles
Et j'aimons le bon vin !


Moins de soudrilles[5]
Eussent troublé le sein
Moins de soudrilles
Eussent troublé le sein
De nos familles
Si l'ligueux[6] plus humain
Eût aimé les filles
Eût aimé le bon vin !

Réutilisation de l'air dans d'autres œuvres

  • On le retrouve dans l'air final Viva il diletto de l'opéra de Rossini Le Voyage à Reims (1824), composé à l'occasion du sacre de Charles X.
  • Il constitue le thème du final-apothéose clôturant le ballet de Tchaïkovski La Belle au bois dormant (1890) qui, étant dépourvu de paroles, n'est pas un hymne. À ce titre, il est repris dans la scène finale du dessin animé La Belle au bois dormant de Walt Disney.
  • Dans l'adaptation cinématographique russe de 1967 du roman Guerre et Paix de Tolstoï, l'hymne est chanté par les prisonniers français. Il est en outre présent dans l'œuvre originale.
  • Cet air connu a été repris en Bretagne par le père Julien Maunoir (XVIIe siècle), air qu'il a réharmonisé et auquel il a accolé des paroles religieuses sur la mort. Il en a fait ainsi la Gwerz Ar Maro connu aussi sous le nom Mab den sonjit, repris aisément par les populations (source Gedour ar Mintin).
  • Une version arrangée par René Cloërec est chantée dans Vive Henri IV, vive l'amour, un film de Claude Autant-Lara, elle est interprétée par les Quatre Barbus.
  • Il est utilisé pour indiquer que la scène se passe dans un camp ou un navire des forces militaires françaises dans Turn (série télévisée).
  • Cet air est aussi celui d'une chanson populaire qui a connu un très vif succès et dont les premières paroles sont "Belle Cassandre, trop aimer ne vous puis,"
  • Au XXe siècle, Jacques Chaillet utilise cet air pour écrire le chant scout : Vive la route et les routiers.

Notes

  1. NOËLZ NOUVEAVX, et devots Cantiques à l'honneur de la nativité de nostre Seigneur Iesus Christ, faicts & composez par Christophle de Bordeaux Parisien, pour l'annee mil cinq cens quatre vingts & vn. A Paris, par Nicolas Bonfons, ruë neuve nostre Dame, a l'enseigne S. Nicolas. — Fin. Christophle de Bordeaux. S. d. [1580], in-8 de 8 f. non chiffr., sign. A-B par 4, mar. r., fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet.) (lire en ligne)
  2. Thoinot (1520-1595) Auteur du texte Arbeau, Orchesographie. Et traicte en forme de dialogue, par lequel toutes personnes peuvent facilement apprendre & practiquer l'honneste exercice des dances . Par Thoinot Arbeau demeurant a Lengres, (lire en ligne)
  3. C'est à Reims qu'avait lieu le sacre des rois de France. Le dernier roi de France sacré à Reims est Charles X.
  4. Citée par Prosper Tarbé, Vive Henry IV ! : chanson historique en six couplets, Éditeur : imprimerie de L. Jacquet, Reims 1850, page 7.
  5. soudrille : terme vieilli, qui n'est aujourd'hui plus utilisé, synonyme de « soudard ».
  6. Allusion aux membres de la Ligue.

Liens externes

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