Villa Kujoyama

La Villa Kujoyama est un établissement artistique français, situé sur le mont Higashi à Kyoto et destiné à l’accueil en résidence d’artistes et de créateurs français. Construite en 1992 par l’architecte Kunio Kato[1], la Villa Kujoyama est aujourd’hui l’un des plus anciens et plus prestigieux programmes de résidence français en Asie.

En 2017, la Villa Kujoyama fête ses 25 ans. Elle a accueilli depuis sa création 341 artistes et créateurs qui ont ainsi pu développer un projet en lien avec le Japon, dans les champs les plus variés de la création.

Depuis 2014, la Villa Kujoyama est l’un des cinq établissements de l’Institut français du Japon et bénéficie du soutien de la Fondation Bettencourt Schueller et de l’Institut français.

Historique

La création d’un Institut franco-japonais à Kyoto

Construite en 1992, la Villa Kujoyama est le fruit d’un projet antérieur qui remonte à 1926 alors que Paul Claudel occupe encore le poste d’Ambassadeur de France au Japon[2]. L’idée initiale de ce dernier est d’établir un centre culturel dans la région du Kansai ; ce projet se développe grâce à l’aide de Katsutaro Inabata 稲畑勝太郎 (1862-1949), alors Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Osaka[3]. L’industriel japonais parvient à réunir un groupe de japonais francophiles et crée la Société de rapprochement intellectuel franco-japonais par laquelle les fonds nécessaires sont rassemblés pour la construction d’un établissement culturel sur le mont Higashi, à l’emplacement actuel de la Villa Kujoyama.

D’abord imaginé comme une université d’été proposant sur trois ans et à raison de dix semaines par an un enseignement de langue et de culture française, le projet de l’établissement est quelque peu modifié. Il est décidé de le nommer Institut franco-japonais, de l’ouvrir tout le long de l’année et de lui attribuer des missions d’enseignement de la langue française et de sensibilisation aux idées françaises.

La Société de rapprochement intellectuel franco-japonais assure la tutelle de ce nouvel Institut, construit grâce à des fonds japonais, le fonctionnement et la programmation culturelle sont quant à eux pris en charge par le gouvernement français. L’Institut franco-japonais est inauguré le et est dirigé dans ses premières années par le géographe Francis Ruellan.

C’est en 1936 que l’Institut franco-japonais est transféré près de l’Université Impériale dans le quartier d’Izumidono alors en plein développement. Un nouveau bâtiment voit le jour tandis que le site construit sur le mont Higashi en 1926 est laissé à l’abandon pendant près de cinquante ans.

De l’Institut franco-japonais à la Villa Kujoyama

Le bâtiment se dégrade, de sorte que dans les années 1970 les riverains protestent de plus en plus. Ainsi, la démolition du site est actée en 1981 et la Société de rapprochement intellectuel franco-japonais rassemble les fonds pour prendre en charge la destruction de l’édifice. Le terrain dégagé, la vente de celui-ci est alors prévue. Toutefois, le gouvernement français, à la suite de l’annonce, manifeste son intérêt pour ce terrain surplombant Kyoto et exprime sa désapprobation quant à cette vente envisagée.

Les administrateurs français et japonais de la Société de rapprochement intellectuel franco-japonais s'accordent sur l'annulation de la vente et réfléchissent à une nouvelle utilisation du site. En 1986, ils s’entendent et décident de construire une résidence d’artistes, en raison notamment de la nature de Kyoto, ville d’art et d’histoire et de l’emplacement sans pareille du site, véritable « balcon sur la ville ». La décision de fonder ce « Centre franco-japonais pour les échanges et la création » est prise le .

Il s’ensuit trois années de levée de fonds auprès des principales sociétés du Kansai ; cette opération est prise en charge par Inabata Katsuo (稲畑勝), le petit-fils de Katsutaro Inabata. Les financements réunis, trois années sont encore nécessaires à l’obtention du permis de construire auprès de la municipalité. Le projet architectural est confié à l’architecte Katō Kunio, alors professeur à l’université de Kyoto. Il prend la forme d’un bâtiment de mille mètres carrés, susceptible d’accueillir simultanément six artistes pour des séjours de création. L’architecte façonne son projet au croisement de la culture française et japonaise et choisit d’allier tout à la fois « rigueur de la composition modulaire et liberté de distribution des espaces. »

Le chantier débute en pour 18 mois, et ouvre ses portes aux premiers résidents en , avec une inauguration officielle le . Ce Centre est aujourd’hui connu comme l’actuelle Villa Kujoyama.

Entre 1992 et 2012, la Villa Kujoyama a accueilli 275 artistes et créateurs français pour des périodes de résidences pouvant aller jusqu’à douze mois. L’établissement est durant cette période géré conjointement par l’Institut français, qui assure la coordination du programme et le financement des allocations des artistes et créateurs, et par le ministère des Affaires étrangères qui finance le fonctionnement et les activités artistiques et culturelles de l’établissement.

2013 – 2014 : Une période de rénovation.

Après plus de vingt ans d’activités, la Villa Kujoyama ferme ses portes pour deux ans de rénovation. Le bâtiment alors vieillissant, il est question de mettre un terme au programme et de fermer le site.

C’est l’implication notamment de mécènes qui permet son maintien. D’une part, la Fondation Pierre Bergé apporte son soutien[1] à la rénovation de l’édifice en effectuant des travaux d’isolation, de mises aux normes, de nettoyage et de dallage ; la Fondation finance à hauteur de 500 000 [4] pour mener à bien ces travaux et permettre une réouverture au .

D’autre part, la Fondation Bettencourt Schueller s’engage aux côtés de la Villa sur trois années pour financer le fonctionnement et les activités artistiques et culturelles de l’établissement[5]. Elle soutient ainsi le programme à hauteur de 754 000  entre 2014 à 2017[6]. La Fondation Bettencourt Schueller poursuit son engagement en tant que mécène principal du programme de résidence.

La Villa Kujoyama aujourd'hui

La réouverture de la Villa Kujoyama a été l’occasion de redéfinir les missions du lieu et de donner un souffle nouveau au programme.

Des dispositifs repensés

La Villa Kujoyama propose depuis 2014 deux dispositifs distincts. Le premier dispositif, dit « Villa Kujoyama » s’adresse aux artistes et créateurs français qui souhaitent développer un projet de résidence en lien avec le Japon ; cela peut prendre la forme d’une résidence en solo ou en binôme. Le second dispositif, dit « Villa Kujoyama en duo » s’adresse à des artistes français et japonais qui souhaitent développer un projet de collaboration commun.

De nouvelles disciplines accueillies

Les disciplines concernées sont les suivantes :

  • architecture/Paysage/Urbanisme ;
  • arts numériques ;
  • arts plastiques ;
  • bande dessinée ;
  • cinéma ;
  • cinéma d’animation ;
  • documentaire de création ;
  • art vidéo ;
  • critique d’art et commissariat d’exposition ;
  • danse ;
  • performance ;
  • design/Graphisme ;
  • gastronomie ;
  • littérature/Littérature jeunesse ;
  • métiers d’art ;
  • mode ;
  • musique de création ;
  • photographie ;
  • théâtre.

Depuis 2014, les champs des disciplines accueillis ont été élargis aux arts numériques et aux métiers d’art. L’ouverture au domaine des métiers d’art correspond à un souhait de la Fondation Bettencourt Schueller de valoriser à l’international les créateurs et artisans d’arts tout en permettant une sauvegarde et une transmission des savoir-faire des métiers d’excellence dans ces deux pays[7].

Il est prévu d’élargir en 2019 l’éventail des disciplines aux Arts de la rue / Cirque / Marionnette et aux Jeux-vidéo.[réf. nécessaire]

Des missions réaffirmées

La Villa Kujoyama est depuis sa création un outil d’échanges. En tant que lieu de résidence, ce lieu d’exception entièrement destiné à la création contemporaine et aux métiers d’art est un outil d’influence et de rayonnement de l’excellence et du savoir faire français.

L’ouverture du programme aux métiers d’art à Kyoto, cette ville caractérisée par sa tradition artisanale millénaire, trouve une justesse et une pertinence pour les acteurs français et japonais. Cette dimension permet à la fois de multiplier les interactions entre les artistes des deux pays et d’établir un dialogue avec les habitants. L’objectif est ainsi d’ancrer le programme dans le territoire kyotoïte et faciliter les échanges dans cette ville qui a appris à se diversifier et à mêler pratique traditionnelle et activités modernes.

Forte de nombreux partenariats, la Villa Kujoyama met au centre de ses préoccupations sa capacité à être un lieu de rencontre implanté sur la scène japonaise. Elle accompagne les créateurs et les encourage dans leur carrière ; tel un tremplin la Villa Kujoyama s’engage auprès des artistes pendant leur résidence et met un point d’honneur à promouvoir leur travaux à leur retour.

Par ses activités, la Villa invite au dialogue les cultures de ces deux pays et traduit sur le plan de l’art et de la culture les proximités et les passerelles qui existent entre le Japon et la France.

Les lauréats depuis 1992

Architecture

  • 1993 : Franck de Gioanni
  • 1994 : Georges Heintz
  • 1996 : Renaud Djian ; Charles-André Nouvellet
  • 1998 : Philippe Grégoire
  • 1999 : Nikolas Jankovic
  • 2001 : Benoît Maillard ; Elodie Nourrigat
  • 2002 : Florence Lipsky
  • 2003 : Philippe Rahm
  • 2005 : Isabelle Berthet-Bondet ; Didier Goury
  • 2010 : Olivier Boucheron
  • 2015 : Andrew Todd & Kiichiro Hagino
  • 2016 : Benjamin Lafore et Sébastien Martinez Barat
  • 2019 : Benjamin Aubry

Arts plastiques

Art culinaire, gastronomie

  • 1997 : Renaud Tissot Boris
  • 2019 : Luz Moreno & Anaïs Silvestro (binôme)
  • 2020 : Céline Pelcé

Arts numériques

  • 1999 : Véronique Legendre
  • 2000 : Isabelle Dupuy
  • 2001 : Philippe Freling ; Eric Maillet
  • 2002 : Pierre Giner
  • 2004 : Jérôme Duval
  • 2005 : Maïder Fortuné & Loïc Serot ; Julien Maire
  • 2006 : Éric Duranteau
  • 2007 : Matthieu Mercier
  • 2009 : Romain Kronenberg
  • 2012 : Alexandre Maubert
  • 2016 : Thomas Pons et Julie Stephen Chheng
  • 2017 : Bertrand Planes

Arts visuels

  • 2017 : Angela Detanico et Rafaël Lain (binôme)

Bande dessinée

Cinéma

Critique d'art

  • 1997 : Pascal Beausse
  • 2011 : Yoan Gourmel et Elodie Royer
  • 2014 : Anne Bonnin & Thomas Clerc
  • 2015 : Vincent Romagny

Danse

  • 1992 : Susan Buirge
  • 1994 : Santiago Sempere
  • 1995 : Cécile Proust
  • 1996 : Didier Theron
  • 1998 : Pal Frenak ; Jean-Marc Zelwer & Françoise Lattuada
  • 1999 : Héla Fattoumi & Éric Lamoureux ; Alain Rigout & Satchie Noro
  • 2001 : Joël Borgès de Freitas ; Emmanuelle Huynh ; Alain Michard
  • 2002 : Mié Coquempot & Jérôme Andrieu
  • 2003 : Nadia Lauro & Jennifer Lacey
  • 2004 : Claudia Triozzi
  • 2007 : Vienne
  • 2009 : Franck Micheletti
  • 2010 : Matthieu Doze
  • 2011 : David Wampach
  • 2012 : Maria Donata d'Urso & Wolf Ka
  • 2015 : Damien Jalet & Nawa Kohei
  • 2017 : Mylène Benoit
  • 2018 : Emmanuel Guillaud & Takao Kawaguchi
  • 2019 : Benjamin Bertrand ; Camille Mutel
  • 2020 : Jann Gallois ; Éric Minh Cuong Castaing et Anne-Sophie Turion

Design / Graphisme

  • 1994 : Charles Bove ; Martine Harlé
  • 1995 : Christian Ghion & Patrick Nadeau
  • 1997 : Florence Bost
  • 1998 : Vincent Beaurin ; Nestor Perkal
  • 1999 : Sidonie Camplan & Florence Doléac-Stadler ; Jean-Michel Letellier
  • 2000 : Xavier Moulin
  • 2001 : Vincent Tordjman
  • 2005 : Aboubackar Fofana
  • 2006 : Laurence Brabant
  • 2008 : Sébastien Cordoléani & Franck Fontana
  • 2009 : Benjamin Graindorge
  • 2010 : Armel Barraud
  • 2011 : José Lévy
  • 2012 : Pierre Charpin (2012) ; Alexandre Dimos
  • 2014 : Quentin Vaulot & Goliath Dyèvre
  • 2015 : François Azambourg
  • 2016 : Felipe Ribon et Ryōko Sekiguchi ; Anne Xiradakis
  • 2017 : Jean-Sébastien Lagrange, Laureline Galliot et Mathieu Peyroulet-Ghilini (binôme)
  • 2019 : André Baldinger ; Samy Rio
  • 2020 : Émilie Rigaud

Littérature / livre

Métiers d'art

  • 2014 : Manuela Paul-Cavallier
  • 2015 : Mylinh Nguyen ; Nelly Saunier ; Céline Sylvestre
  • 2016 : Karl Mazlo ; Émilie Pedron
  • 2019 : Marion Delarue ; Laurel Parker et Paul Chamard (binôme)
  • 2020 : Johan Després ; Flore Falcinelli

Mode, parfum

  • 2005 : Olivier Saillard
  • 2009 : Michèle Chatenet
  • 2011 : Ligia Dias
  • 2015 : Aurore Thibout
  • 2017 : Violaine Blaise, François-Xavier Richard, Baptiste Ymonet et Vincent Jousseaume (binôme)
  • 2019 : Daniel Pescio
  • 2020 : Marie Labarelle

Musique

Photographie

Recherche

  • 1994 : Catherine Grout
  • 1995 : André Kneib ; Éric Mézil ; Julie Brock-Peverelly
  • 1996 : Antoine Gournay ; Martine Jullien
  • 1998 : Christine Buci-Glucksmann ; Biruta Kresling
  • 1999 : Philippe Bonnin
  • 2000 : Claude Estèbe
  • 2001 : Catherine Jami
  • 2002 : Nicolas Fiévé
  • 2003 : Corinne Atlan
  • 2004 : Laurence Martin ; Olivier Reneau
  • 2005 : Xavier Martel
  • 2006 : Éric Germain
  • 2010 : Agnès Giard

Scénographie

Théâtre

Arts de la rue, cirque, marionnettes

  • 2019 : Simon Moers et Tomoe Kobayashi (duo)

Jeux-vidéo

  • 2019 : Christophe Galati

Commissariat d’expositions

  • 2019 : Annie Claustres

Les directeurs

De 1992 à 2012

Entre 1992 et 2012, la direction de la Villa Kujoyama est assurée par le directeur de l’Institut franco-japonais du Kansai.

  • 1986-94 : Michel Wasserman
  • 1994-98 : Claude Hudelot
  • 1998-00 : Jérôme Delormas
  • 2000-02 : Jean-Claude Duthion
  • 2002-06 : Pierre Fournier
  • 2006–10 : Jean-Paul Ollivier
  • 2010–13 : Philippe Janvier-Kamiyama

De 2014 à aujourd’hui

Depuis 2014, la Villa Kujoyama est un des cinq établissements de l’Institut français du Japon. Elle a un fonctionnement et une direction propre au même titre que les quatre autres instituts français (Tokyo, Kyoto, Fukuoka, Yokohama), les quatre Alliances françaises (Sapporo, Sendai, Aichi, Tokushima) et l’Institut de recherche du réseau culturel français au Japon

Les directeurs depuis la réouverture sont :

  • 2014-17 : Christian Merlhiot et Sumiko Oé-Gottini ;
  • 2017- : Charlotte Fouchet-Ishii[8].

Notes et références

  1. « Villa Kujoyama. Retour de résidence », sur mcjp.fr, (consulté le ).
  2. Martine Robert, « La Villa Kujoyama, temple de l'épure », Les Échos, (consulté le ).
  3. (en) Philippe Pons, « Villa Kujoyama reopening cements France-Japan cultural collaboration », The Guardian, (consulté le ).
  4. Philippe Pons, « Le soleil se lève à nouveau sur la Villa Kujoyama », Le Monde, (consulté le ).
  5. Olivier Sévère, « La Villa Kujoyama au musée », sur chassenature.org, mai à septembre 2017 (consulté le ).
  6. Arnaud Vaulerin, « La Villa Kujoyama, une belle endormie se réveille au Japon », Libération, (consulté le ).
  7. Benjamin Locoge, « La France hisse son pavillon d’art », Paris Match, (consulté le ).
  8. Élodie de Dreux-Brézé, « Charlotte Fouchet-Ishii devient la directrice de la Villa Kujoyama à Kyoto », sur connaissancedesarts.com, Connaissance des arts, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la culture
  • Portail de la France
  • Langue française et francophonie
  • Portail de Kyoto et de sa préfecture
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.