Vent de couloir

Le vent de couloir est un vent fortement accéléré par l'effet Venturi induit par le rétrécissement d'une vallée, d'un canyon ou au moment de sa circulation entre deux montagnes[1]. La vitesse dépend de plusieurs facteurs et peut atteindre plus de 100 km/h.

Œuvre de l'artiste Christo Javacheff : un rideau étendu en travers d’un canyon. Il était gonflé par le vent qui l'arracha le jour même.

Principe

Schématisation de l'effet Venturi. La pression au point 1 est plus grande qu'au point 2. Et la vitesse du fluide au point 2 est plus grande qu'au point 1.

Le vent dans une région montagneuse est le résultat de la circulation atmosphérique générale au-dessus de la région considérée et des effets locaux de friction. Lorsque l'air doit passer par un rétrécissement du relief d'une vallée, il subit un effet Venturi alors que le volume d'air est comprimé en approchant le rétrécissement. En effet, lorsque le débit de fluide est constant et que le diamètre diminue, la vitesse augmente selon le théorème de Bernoulli par conservation de l'énergie : l’augmentation d'énergie cinétique se traduit par une diminution d'énergie élastique, c'est-à-dire une dépression.

L'accélération dépend également de la stabilité de l'air. Lorsque l'air est très stable, il est contraint de passer par le rétrécissement[2]. Par contre, s'il est instable, une partie peut le contourner par le haut. L'accélération sera donc très variable. En général, les vents de couloir les plus puissants se produisent lors d'inversions thermiques, particulièrement lors du refroidissement nocturne dans les vallées ou lors du passage d’une dépression météorologique importante.

La vitesse dans le rétrécissement dépend donc de la stabilité de l'air, de la hauteur des montagnes ou des collines, du taux de rétrécissement, de la rugosité du sol et de la vitesse en amont de l'obstacle. Ces vents peuvent atteindre plus de 100 km/h dans certains cas.

Exemples

Dans toute zone où le relief est accidenté, un vent de couloir peut se développer. Dans le sud de la France, trois vents de couloirs sont connus pour leur effet asséchant et leurs fortes rafales : le mistral, qui emprunte la vallée du Rhône où il accélère, et la tramontane qui emprunte le sud du Massif central et le nord des Pyrénées. Il a également le vent du Midi qui souffle dans les hautes vallées de l'Allier et de la Loire et qui peut être violent dans les vallées, tandis que sur les haut-plateaux du Massif central ce vent sera beaucoup plus modéré.

Lorsque le Levant, un vent d’est venant de la mer Méditerranée, s’engouffre dans le détroit de Gibraltar, il produit le même effet[2]. Une autre région affectée par ce type de vent se situe dans le détroit de Juan de Fuca entre les montagnes Olympiques et l'île de Vancouver dans l'ouest de l'Amérique du Nord.

Effets

Le vent du couloir peut être particulièrement violent et localisé. Il affecte la navigation, le vol aérien à basse altitude et les populations. Bien qu'il soit prévisible, le manque de stations d'observation dans la région affectée peut mener à une sous-estimation de ce phénomène de la couche limite. Par exemple, le , lors d'un exercice de parachutage de la 82e division aéroporté des États-Unis en Alaska, les vents mesurés en aval et en amont d'une zone de saut étaient de 11 à 18 km/h. Ces vitesses étaient considérés comme sans danger mais le saut s'était effectué dans une zone encaissée du relief dans laquelle le vent réel fut estimé plus tard à 64 km/h. Six soldats perdirent la vie et 158 furent blessés quand ils furent déportés sur le terrain accidenté[3].

Plus globalement, les vents de couloirs affectent le climat local d'une région (ex. sud de la France), ainsi que la végétation. Les rafales peuvent aussi atteindre plus de 100 km/h et causer des dégâts matériels ou causer une tempête de sable ou de poussière. Ils vont également aider à propager de violents incendies naissant dans les zones concernées.

Notes et références

  1. Travaux publics et Service gouvernementaux, « Vent de couloir », sur Termium Plus, Gouvernement du Canada (consulté le )
  2. (en) R. A. Capon, « High resolution studies of the Gibraltar Levanter validated using sun-glint anemometry », Meteorological Applications, Royal Meteorological Society, vol. 13, no 3, (DOI 10.1017/S135048270600226X, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Colin D. Sells, « Forecast Process: Genesis of Gap Wind Weather Advisory », The Front, National Weather Service, vol. 3, no 2, (lire en ligne [PDF], consulté le )

Bibliographie

  • (en) A. A. Bendall, « Low-level flow through the Strait of Gibraltar », The Meteorological Magazine, vol. 111, , p. 149–153
  • (en) B. A. Colle et C. F. Mass, « High-Resolution Observations and Numerical Simulations of Easterly Gap Flow through the Strait of Juan de Fuca on 9–10 December 1995 », Monthly Weather Review, vol. 128, , p. 2398–2422
  • (en) B. A. Colle et C. F. Mass, « Windstorms along the Western Side of the Washington Cascade Mountains. Part I: A High-Resolution Observational and Modeling Study of the 12 February 1995 Event. », Monthly Weather Review, vol. 126, , p. 28–52
  • (en) R.S. Scorer, « Mountain-gap winds; a study of the surface wind in Gibraltar », Quarterly Journal of the Royal Meteorological Society, vol. 78, , p. 53–59
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