Valentine Visconti (1368-1408)

Valentine Visconti (Milan, 1366 ou 1368 - Blois, ) est une princesse milanaise devenue duchesse d'Orléans par son mariage avec Louis d'Orléans, frère du roi de France Charles VI, et mère du poète Charles Ier d'Orléans.

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Valentine Visconti

Honorat Bovet offrant son œuvre à Valentine Visconti, miniature tirée de l'Apparicion maistre Jehan de Meun, BnF, ms. Français. 811, f. 1v., vers 1398.
Titre
Duchesse d'Orléans et de Valois

(15 ans, 5 mois et 19 jours)
Prédécesseur Blanche de France
Successeur Isabelle de France
Comtesse d'Angoulême
Prédécesseur Marguerite de Blois
Successeur Marguerite de Rohan
Comtesse de Blois
Prédécesseur Marie de Namur
Successeur Isabelle de France
Comtesse de Périgord
Prédécesseur attaché au domaine royal
Successeur Marguerite de Rohan
Biographie
Dynastie Famille Visconti
Date de naissance 1366 ou 1368
Lieu de naissance Milan
Date de décès
Lieu de décès Blois
Sépulture Couvent des Célestins de Paris
Père Jean Galéas Visconti
Mère Isabelle de France
Conjoint Louis Ier d'Orléans
Enfants Charles
Philippe
Jean
Marguerite

Biographie

Famille

Fille de Jean Galéas Visconti (1351-1402), seigneur puis duc de Milan, et d'Isabelle de France (1348-1372), fille du roi Jean II le Bon, Valentine passe son enfance au château de Pavie, où elle reçoit une éducation soignée grâce à sa grand-mère, Blanche de Savoie.

Mariage et enfants

Elle épouse le , à Melun, Louis de France (1372-1407), fils du roi de France Charles V, alors duc de Touraine, devenu duc d'Orléans le . De cette union, naissent dix enfants, dont :

Vie à la cour

Pendant son séjour à Paris, elle demeure à l'hôtel de Navarre[2]. Le jeune couple d'Orléans mène une vie fastueuse. Mais elle ne reste que sept ans dans la capitale, jusqu'en 1396 : on raconte que le roi Charles VI, devenu fou depuis 1392, est plus attaché à elle qu'à sa propre femme la reine Isabeau de Bavière, qui passe réciproquement pour la maîtresse du duc d'Orléans[3] ; on murmure aussi que son père Jean-Galéas Visconti, à son départ de Milan, lui a dit qu'il ne voulait plus la voir avant qu'elle soit reine de France (« Adieu, belle fille, je ne vo quiers jamais veoir que vous ne soiiez roueyne de Franche »[4]). La même année, en 1396, Louis éloigne sa femme de la cour où s'exacerbent les tensions autour du roi fou. Elle rejoint alors les domaines du duché d'Orléans.

Veuvage et mort

Son mari le duc d'Orléans est assassiné le par des sbires de son cousin et rival politique le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Elle revient alors deux fois à Paris, en , pour le , en son nom et celui de ses enfants, rendre hommage au roi pour les duchés d'Orléans et de Valois, les comtés et vicomtés de Blois, de Dunois, de Beaumont-sur-Oise, d'Angoulême, de Périgord, de Vertus, de Porcien, pour la terre et baronnie de Coucy, les terres de Champagne, pour les châtellenies de la Ferté-Alais, de Nogent-l'Artaudet de Gandelu, pour les droits acquis de Marie Ire de Coucy sur les villes de Soissons, et de Ham et sur diverses seigneuries de Thiérache, enfin pour une rente de 1 800 livres tournois sur le trésor et toutes possessions qui étaient échues à elle et à ses enfants par le trépas de Louis d'Orléans, à l'exception dit l'acte d'hommage du comté de Vertus qui lui appartenait de son héritage[5], et en , pour réclamer justice.

Détail du gisant de Valentine Visconti, basilique Saint-Denis.

Retirée au château de Blois, elle fait graver sur les murs et sur le tombeau de la chapelle des Célestins la phrase devenue célèbre : « Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien. » Valentine meurt à peine plus d'un an après l'assassinat de son époux, au château de Blois. Inhumée auprès de son mari dans la chapelle des Célestins de Paris, on peut voir aujourd'hui son gisant à la basilique Saint-Denis.

Eustache Deschamps a écrit une poésie en son honneur. Elle est aussi la mère de l'un des plus célèbres poètes du XVe siècle, Charles d'Orléans.

Représentation dans l'art

Au XIXe siècle, Valentine a été représentée à plusieurs reprises par les peintres du mouvement troubadour. On la met en scène pleurant la mort de son époux assassiné (Valentine de Milan pleurant la mort de son époux de Fleury Richard vers 1802, Valentine de Milan pleurant au tombeau de son époux de (Marie-Philippe Coupin de La Couperie en 1822) ou réclamant justice (Valentine de Milan implore la justice du roi Charles VI d'Alexandre Colin en 1836).

Une statue la représentant, réalisée par Victor Huguenin en 1846, figure dans la série des Reines de France et Femmes illustres dans le jardin du Luxembourg à Paris.

Le personnage a aussi inspiré un opéra, Valentine de Milan (en)[6], au compositeur Étienne Méhul sur un livret de Jean-Nicolas Bouilly. L'oeuvre inachevée, complétée par le neveu de l'auteur, Louis Joseph Daussoigne-Méhul, est présentée pour la première fois à Paris à l'Opéra-Comique le .

Notes et références

  1. Généalogie de l'histoire de France (consulté le 5 décembre 2006)
  2. Situé à l'emplacement de l'hôtel de Châteauvieux, 47-49 rue Saint-André-des-Arts, dans l'actuel 6e arrondissement.
  3. Isabeau de Bavière est en plus (par sa mère Taddea Visconti), la petite-fille de Barnabé Visconti, éliminé par Jean-Galéas Visconti en 1385.
  4. Citation de la Chronique d'Enguerrand de Monstrelet.
  5. Charles Prieur, Histoire de Vertus, Paris, Office d'édition du livre d'histoire, réédition, 1996, p.91, note 24 : Arch. nat. P.16, n°5762.
  6. « Valentine de Milan », notive de l'oeuvre, sur Catalogue général - Bibliothèque nationale de France, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Tracy Adams, « Valentina Visconti, Charles VI, and the Politics of Witchcraft », Parergon, vol. 30, no 2, , p. 11-32 (DOI 10.1353/pgn.2013.0097).
  • Thierry Crépin-Leblond, « Le mécénat et les collections de Valentine Visconti: une autre approche des rapports franco-italiens », dans Élisabeth Taburet-Delahaye (dir.), La Création artistique en France autour de 1400 (actes de colloque), Paris, École du Louvre, , p. 95-101.
  • Laurent Hablot, « Valentine Visconti ou le venin de la biscia », dans Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud et Myriam Soria (éditeurs), Figures d'empoisonneuses de l’Antiquité à nos jours, Presses universitaires de Rennes, (lire en ligne), p. 179-194.
  • Alain Marchandisse, « Milan, les Visconti, l'union de Valentine et de Louis d’Orléans, vus par Froissart et par les auteurs contemporains », dans Paola Moreno et Giovanni Palumbo (dir.), Autour du XVe siècle. Journée d'étude en l'honneur d'Alberto Varvaro : communications présentées au symposium de clôture de la chaire Francqui au titre étranger (Liège, 10–11 mai 2004), Liège, Publications de l'Université de Liège, (ISBN 978-2-87019-292-4, lire en ligne), p. 93–116.
  • (en) Anna Kłosowska, « Tearsong: Valentine Visconti’s Inverted Stoicism », Glossator: Practice & Theory of the Commentary, vol. 5, , p. 173-198 (ISSN 1942-3381 et 2152-1506, lire en ligne).

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