Valérie André

Valérie André, née le à Strasbourg (Bas-Rhin), est une résistante, médecin militaire et pilote d'hélicoptère française.

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Première femme à devenir officier général en France, elle termine sa carrière militaire avec les trois étoiles de médecin général inspecteur du Service de santé des armées. Elle est également la troisième femme à être élevée à la dignité de grand-croix de l'ordre national de la Légion d'honneur et la première à être élevée à celle de grand-croix de l'ordre national du Mérite.

Biographie

Jeunesse

Née à Strasbourg le , Valérie André est la fille de Philibert et Valérie André[1]. Adolescente, elle est fascinée par le monde de l'aviation, et, en 1939, profite de la croissance de l'aviation populaire pour prendre des cours de pilotage à l'aéroclub de sa ville natale sur un avion Potez. Quand la Seconde Guerre mondiale commence, elle doit quitter le cours.

Avec l'invasion allemande en mai-juin 1940, elle se rend à Clermont-Ferrand, où est transférée temporairement la Faculté de médecine de Strasbourg. Lors de l'invasion de la zone sud par les Allemands, en novembre 1942 elle s'échappe et se réfugie clandestinement à Paris, car les autorités allemandes traquent les étudiants alsaciens pour les déporter en Allemagne[2].

Guerre d'Indochine

Après la guerre, Valérie André obtient son diplôme de médecine de l'université de Paris[1] pour l'année scolaire 1946-1947. Elle encadre médicalement une préparation militaire parachutiste et fait ses premiers sauts[3]. Puis elle suit un cours de vol à voile à Beynes[2] et obtient son brevet de parachutisme au cours de l'année 1948[4], au moment où elle devient à la fois pilote et médecin militaire, des professions alors peu accessibles aux femmes en France (elle ne recevra un brevet de pilote militaire qu'en 2010).

En 1948, à la suite d'une pénurie de médecins militaires, le doyen de la faculté de médecine de Paris propose aux étudiants qui le veulent de servir en Extrême-Orient. Elle saisit l'occasion et rejoint l'Indochine en tant que médecin militaire avec le grade de capitaine[5] pendant l'hiver 1948-1949[1]. Affectée au premier hôpital de Mỹ Tho, elle devient plus tard adjointe de neurochirurgie à l'hôpital de Saïgon[3].

Après avoir appris qu'elle possédait le brevet de parachutiste, ses supérieurs l'amènent à suivre le cours de chirurgien de guerre et à servir dans une zone frontalière entre l'Indochine et le Laos qui ne pouvait être atteinte que par parachutage.

Elle retourne en France pour obtenir la licence de pilote d'hélicoptère à l'école de vol de Pontoise. En Indochine en effet, elle s'était rendu compte à quel point des endroits isolés ou couverts par la forêt sont difficiles d'accès pour les avions du transport médical. De retour en Indochine, le , elle se spécialise dans le service d'évacuation médicale de pilotage des hélicoptères Hiller 360 et Sikorsky H-34 . Entre sa première mission, le , et son départ de l'Indochine en 1953, elle effectue 129 vols d'exploitation, assurant l'évacuation de 165 blessés vers des postes médicaux ou vers l'hôpital le plus proche.

Le , elle participe à une mission d'évacuation immédiate de blessés de Tu Vu sur la rivière Noire. Le seul hélicoptère disponible, stationné près de Saigon, est partiellement démonté, puis transporté à bord d'un avion Bristol Freighter à Hanoï, où il est remonté. Il s'envole ensuite vers Tu Vu, malgré le brouillard et le feu antiaérien intense ; elle y soigne les blessés, évacués deux par deux à Hanoi[6].

Guerre d'Algérie

Le [1], elle est affectée au centre de vol expérimental de Brétigny-sur-Orge, qui fournit une assistance médicale aux équipages. Elle obtient la qualification pour la conduite du Morane-Saulnier MS.733 Alcyon, du Nord 1101 hélicoptères Djinn Aerospatiale et Sikorsky S-55, en participant à différents vols expérimentaux. Dans cette période, elle participe à la création du laboratoire de médecine aérospatiale.

De 1959 à 1962, elle sert[1] en Algérie en tant que commandant adjoint du service médical à la base de Boufarik, puis en tant que commandant de l'hélicoptère de service de sauvetage stationné sur la base de Réghaïa, Oran. Devenue pilote d'hélicoptère d'activation Aérospatiale SA-318 Alouette II, puis Sikorsky H-34, en trois ans de service, elle effectue plus de 350 missions. En 1961, elle est nommée médecin-chef de l'ensemble de la base de Reghaïa. À la fin de la guerre en Algérie, elle revient en France et continue sa carrière d'officier du service de santé, promue lieutenant-colonel en 1965 et colonel en 1970. Elle est d'abord chirurgienne sur la base aérienne 107 Villacoublay, puis conseillère auprès du Commandement du transport aérien militaire (COTAM).

Officier général

Valérie André est promue médecin général (avec rang et prérogatives de général de brigade) en , ce qui fait d'elle la première femme à devenir officier général en France[7]. L'année de sa retraite, en 1981, elle est promue médecin général inspecteur (avec rang et prérogatives de général de division). Ses derniers postes sont ceux de directrice du service de santé de la 4e puis de la 2e région aérienne[8],[1].

Retraite

Admise dans la 2e section des officiers généraux en 1981, Valérie André devient présidente du Comité des femmes militaires. Elle y travaille à la promotion de l'emploi des femmes dans les forces armées.

Elle est membre fondateur de l'académie de l'air et de l'espace de Toulouse en 1983.

En 1987, elle est élevée à la dignité de grand-croix de l'ordre national du Mérite.

En 1999, le président de la République Jacques Chirac l'élève à la dignité de grand-croix de l'ordre national de la Légion d'honneur[9] : elle est la troisième femme à recevoir la plus haute distinction française après Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion.

Le , au cours d'une cérémonie spéciale sur la base aérienne 107 Villacoublay et en présence du général d'armée aérienne Jean-Paul Paloméros, chef d'état-major de l'Armée de l'air, elle reçoit le numéro de brevet de pilote d'hélicoptère militaire no 001[7],[10].

Elle est la veuve du pionnier des hélicoptères de l'Armée de l'air, le colonel Alexis Santini (1914-1997), premier pilote d'hélicoptère de l'Armée de l'air (brevet no 23, février 1950)[11],[12],[13] qui lui a appris à piloter un hélicoptère en Indochine, donc la tante par alliance de l'homme politique André Santini.

Honneurs

Décorations

Intitulés

Distinctions

Publications

  • La pathologie du parachutiste (thèse de doctorat de médecine), Paris, Imprimerie de R. Foulon, , 84 p. (notice BnF no FRBNF31720453)
  • Ici ventilateur ! Extraits d'un carnet de vol (souvenirs), Paris, Calmann-Lévy, , 229 p. (notice BnF no FRBNF31720454) — Avec planches, cartes et portrait couleur en couverture.
  • Madame le général (souvenirs), Paris, Perrin, , 248 p. (notice BnF no FRBNF34938568, lire en ligne) — Préface de Jean Lartéguy. Avec 16 pages de planches.

Bibliographie

Inauguration de la place Valérie André à Brétigny-sur-Orge.

Compléments

Toponymie

  • Une place à Brétigny-sur-Orge[14] et une autre à Dugny[15] portent son nom, comme une rue et une station de bus de Vélizy-Villacoublay, et une rue de Yutz en Moselle[16].
  • Depuis le , une promotion (FI-SSSM 2018) du Service de santé et de secours médical de l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP) porte son nom.

Notes et références

Liens externes

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