Vénus de Quinipily

La Vénus de Quinipily est une statue de granit aux origines incertaines, peut-être antique, qui jusqu'au XVIIème siècle se trouvait sur le territoire de la commune[2] de Bieuzy-les-Eaux (Morbihan). Elle se trouve aujourd'hui dans le parc attenant aux ruines du château de Quinipily, à environ 1,5 km au sud-est de Baud (Morbihan).

En breton, elle est appelée croah houarn[3], expression traduite « la Dame de fer » dans un guide touristique anglais[4].

De Bieuzy-les-Eaux à Baud

Cette statue se trouvait dans la maison de la Couarde à Castennec, près de Saint-Nicolas-des-Eaux, sur la commune de Bieuzy-les-Eaux[5].

Étant l'objet d'un culte local que l'Église finit par considérer comme païen, elle est jetée en 1661 dans le Blavet à la demande de l'évêque de Vannes, Charles de Rosmadec.

En 1664, les gens du pays la sortent de la rivière. En 1670, elle est mutilée, puis de nouveau jetée dans la rivière.

En 1695, elle en est retirée par Pierre de Lannion, seigneur de Quinipily, qui la fait transporter dans son château de Baud[6], entrant en conflit avec le duc de Rohan, qui estime que la statue lui appartient en raison de ses droits sur Bieuzy.

Cependant, la statue mutilée ne peut être décemment présentée[pas clair].

Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques, est venu à Baud et aurait pu s'en inspirer pour écrire sa nouvelle La Vénus d'Ille[réf. nécessaire].

La Vénus est classée au titre des monuments historiques, depuis le [1].

Description

Détail de la statue.

C'est une sculpture de 2,15 m de haut, posée sur le linteau d'une fontaine en granite. Elle représente une femme nue debout, Vénus ou Isis, croisant les bras sous la poitrine et serrant une longue écharpe qui lui cache le mont de Vénus[7].

Cette écharpe rappelle l'Isis égyptienne. On évoque le fait qu'elle aurait été rapportée d'Orient par des soldats romains[3], mais Sylvie Caroff, égyptologue et professeur d'histoire, émet l'hypothèse que ce ne serait qu'une copie datant du XVIIe siècle, qu'elle ne serait donc pas d'époque gallo-romaine[7].

Sur le bandeau qui retient sa coiffure, l'on peut lire TIT, ou LIT.

Elle orne une fontaine monumentale, qui ressemble à une cheminée, ouverte sur le devant et les côtés, portant, gravé sur les quatre faces, le texte suivant : « Érigée à Vénus par Caïus Julius Cesar ; Vénus, oracle des Armoricains, Jules César étant chef, Caius Claudius Marcellus et Lucius Cornelius Lentulus consuls, l'an de Rome 705. Soit six ans avant Jésus Christ; César, après avoir soumis toute la Gaule et pris le titre de dictateur, après avoir passé dans la Bretagne, non seulement se couronna lui-même par ses victoires, mais couronna sa patrie avec lui ; Pierre, comte de Lannion, ayant arraché à la superstition cette divinité païenne, vénérée jusque-là par les peuples, ordonna quelle fut placée en ce lieu. L'an du seigneur 1696. »[8], dans le parc du château, dont l'eau coulait dans une auge en granite monolithique d'environ 3 500 litres (2,10 m de long, 1,80 m de large, 1,10 m de haut), à la paroi avant très fine, provenant, elle aussi, de Castennec. De par sa forme, il est possible que cette auge ait probablement été l'ancienne niche dans laquelle était présentée primitivement la statue.

Le problème de l'origine

Elle a pu être interprétée comme une idole romaine, étrusque ou égyptienne, liée à la présence de soldats romains. les inscriptions sur son socle la présentent comme « Vénus victorieuse ». Le site de Bieuzy se trouvait sur la voie romaine menant de Vannes à Carhaix et le site de Castennec est présenté comme un ancien camp romain portant le nom de Sulim.

Mais il a aussi été dit qu'il s'agirait d'une statue sculptée au début du XVIIe siècle, sur ordre du comte de Lannion, à l'image des cariatides qui ornaient la façade de son château de Quinipily (aujourd'hui détruit), afin de remplacer une statue antique trop dégradée.

Elle est mentionnée dans un manuscrit (Bibliothèque Nationale de Paris) de 1668, écrit par un moine de Saint-Gildas de Rhuys : « Proche du timbre, il y avait, sur une petite butte élevée, une statue de pierre de grain, qui représentait une femme debout, toute nue, haute de sept pieds, qui était certainement l’ydole de la Déesse Vénus. Cette figure était plantée là, de temps immémorial, et la populace l'appelait communément la Vieille de la Couart, ou Couarde, et y avait duré jusqu'en 1660. »

Un autre manuscrit, en possession d'un notaire de Baud, en 1840, disparu depuis, en disait « Dans la paroisse de Bieuzy, il y a une petite montagne qui est presque entourée de la rivière de Blavet. Il y avait, sur cette montagne, une statue antique, grossièrement taillée, qui représentait une grosse femme d'environ sept pieds de hauteur. Le vulgaire l'appelait, en breton, Groa Hoart, qui veut dire, en français « la vieille gardienne ». Il y avait auprès de cette statue une fort belle pierre, ou bassin qui peut contenir près de deux pipes d'eau .../... Les filles qui avaient envie de se marier faisaient aussi leurs offrandes d'une manière indécente, pour obtenir leurs souhaits. »[7].

Notes et références

  1. « Statue classée monument historique le 18 novembre 1943 », notice no PA00091021, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Depuis 2019 intégrée dans la nouvelle commune de Pluméliau-Bieuzy.
  3. « Vénus de Quinipily », sur pierremerel.perso.sfr.fr
  4. (en) The Rough Guide to Brittany and Normandy, Greg Ward, Penguin, (2010)
  5. Pierre Merlat, Les Vénètes d'Armorique, Éditions "Archéologie en Bretagne", , p. 90.
  6. « Jardin de la Vénus de Quinipily », sur www.jardinez.com (consulté le )
  7. [PDF] « La Vénus de Quinipily – Une Isis gallo-romaine au cœur de la Bretagne », sur sahpl.asso.fr (consulté le )
  8. « Images de Baud (18 et 19e photos) », sur mairie-baud.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Louis Richard, « Recherches récentes sur le culte d'Isis en Bretagne », Revue de l'histoire des religions, nos 176-2, , p. 121-151 (lire en ligne)

Articles connexes

Sources

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