Union nationale (Suisse)

L'Union nationale est un parti politique genevois créé en 1932 et disparu en 1945. Le parti fut le plus important des mouvements frontistes en Suisse romande.

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Ses origines

Union de défense économique

L'Union de défense économique (UDE) se constitue en 1923 à travers un recrutement chez les membres Radicaux et Libéraux[1]. En 1924, le but du parti était de travailler à la restructuration des finances cantonales et municipales, l'UDE voulait lutter également contre les abus du parlementarisme et contre l'étatisme, tout en étant violemment anticommuniste[2]. De 1923 à 1925 Théodore Aubert fut député au Grand Conseil genevois tout en étant le président du parti[3]. Lors des élections fédérales suisses de 1925 et en 4 ans plus tard lors des élections fédérales suisses de 1928, l'UDE remporte chaque fois un siège. Mais dès le début des années 1930 l'UDE perd de son influence et en 1932, le parti fusionne avec un autre groupement frontiste, l'Ordre politique national.

Ordre politique national

Le parti est créé en 1930 et dirigé par son fondateur Georges Oltramare. Se présentant aux élections cantonales, il ne gagne aucun mandat, et se rapproche dès 1932 de l'Union de défense économique afin de créer l'Union nationale dont Oltramare deviendra le chef.

Doctrine politique et résultats électoraux

L'Union nationale épouse les thèses fascistes d'un régime fort, le corporatisme au niveau économique et la lutte contre le marxisme et les juifs. Le parti réclame « une Suisse chrétienne, fédérative et corporative »[4]. Elle a pour devise « une doctrine, une foi, un chef ». Son organisation est militaire avec un cérémonial et une discipline fasciste et le parti compte jusqu'à 1000 membres en 1937. Ses militants défilent dans les rues de Genève en uniforme (béret basque et chemise grise) au son d'une clique.

Le , l'Union nationale met en accusation publique à la salle communale de Plainpalais deux dirigeants socialistes : Léon Nicole et Jacques Dicker. Une contre-manifestation est organisée par les militants de gauche. Pour maintenir l'ordre, le gouvernement genevois fait intervenir les recrues de l'école d'infanterie de Lausanne. Certains des soldats ouvrent le feu sur la foule des manifestants faisant 13 morts et 65 blessés. Le gouvernement dominé par la droite, à qui l'Union nationale assure une majorité au Grand Conseil et qui y est représentée par Edmond Turrettini, intervient pour que Nicole et d'autres socialistes soient inculpés pour ces troubles. Condamné, Nicole est pourtant élu six mois plus tard, à sa sortie de prison, au gouvernement.

Entre 1932 et 1939, le parti obtient environ 10 % des voix dans le Canton de Genève[5]. En 1935, l'Union nationale envoie Théodore Aubert, qui bat de quelques voix son colistier Georges Oltramare[6], au Conseil national pour un mandat de quatre ans. G.Oltramare est alors surnommé « Le petit Duce de Genève ». À la mi-, il assiste au congrès fasciste de Montreux, avec d'autres leaders tels que Ante Pavelić, Léon Degrelle et José Antonio Primo de Rivera. En 1936, l'Union nationale obtient dix sièges au Grand Conseil genevois. Oltramare bénéficie de l'aide et des subsides du dictateur italien Benito Mussolini qui le reçoit en mai 1937 à Rome avec un groupe de militants.

En 1938, Oltramare se rallie au nazisme. Après l'échec d'un projet de fusion entre l'Union nationale et le Parti démocratique (actuel Parti libéral) genevois, le président quitte le parti en 1939 alors que son mouvement périclite et qu'il devient une organisation dans l'ombre jusqu'à la fin de la Guerre où il disparaît totalement.

Notes et références

    • O.Meuwly, Les partis politiques : acteurs de l'histoire suisse, Lausanne, Le Savoir suisse, , 140 p. (ISBN 978-2-88074-874-6, lire en ligne), p. 83
  1. Histoire d'une famille entre Genève et Savoie: les Chamay
  2. « Aubert, Théodore » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
    • G.Sauser-Hall, Guide politique suisse, Payot & Cie, , p. 49
  3. « Frontisme - Les organisations extrémistes » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  4. Claude TORRACINTA, Genève 1930-1939, le temps des passions, Genève, Tribune éditions, coll. « Collection TV », , 232 p., p. 51

Lien externe

Georg Kreis, « Union nationale » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .

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