Under My Thumb

Under My Thumb est une chanson écrite par Mick Jagger et Keith Richards et interprétée par les Rolling Stones. Elle apparut pour la première fois sur l'album Aftermath de 1966, et ne fut jamais éditée en simple. Ce fut l'une des plus populaires chansons des Stones de l'époque et c'est probablement la plus connue des chansons d'Aftermath avec Paint It, Black[1], apparaissant sur de nombreuses compilations du groupe.

Under My Thumb

Chanson de The Rolling Stones
extrait de l'album Aftermath
Sortie
Enregistré 6 au
Studios RCA à Hollywood
Durée 3:41
Genre Rhythm and blues, rock psychédélique
Auteur-compositeur Jagger, Richards
Producteur Andrew Loog Oldham
Label Decca / ABKCO

Pistes de Aftermath

Histoire

Enregistrée lors des sessions d'enregistrement d'Aftermath de aux studios de RCA Records (Hollywood), cette chanson existe en deux versions, l'une longue de 3 minutes et 41 secondes, et l'autre écourtée de vingt-et-une secondes. Ces deux versions sont issues de la même prise, la seconde s'étant vue retirer quelques passages instrumentaux. On peut observer cette même multiplicité des versions sur le titre Paint It, Black, datant de la même époque[2].

Brian Jones fait dans Under My Thumb intervenir pour la première fois un marimba. En effet lors des enregistrements d'Aftermath aux studios RCA, Jones trouva une multitude d'instruments aux sonorités étranges. Celui-ci avait de telles pratiques et connaissances musicales qu'il fut quasi instantanément capable d'en jouer de la plupart. De retour en Angleterre, Brian Jones fera une utilisation massive du mellotron, qui combine également nombre de sons exotiques[2].

Paroles et mélodie

Thème

Les paroles de cette chanson, chronique de la lutte de pouvoir opposant les sexes, était en accord avec l'attitude rebelle et vaguement misogyne que les Rolling Stones cultivaient, sous la houlette d'Andrew Loog Oldham, au milieu des années 1960, bien que le concept de « under my thumb » (littéralement « sous mon pouce » c'est-à-dire sous ma coupe, en mon pouvoir…) soit, mais c'est discutable, plus subtil que ne l'étaient les autres controverses que le groupe avait suscitées. C'est le mannequin Chrissie Shrimpton, avec qui Mick Jagger sortait à l'époque, qui lui inspira en partie les paroles de cette chanson[3].

Ces paroles célèbrent la satisfaction finale du contrôle et de la maîtrise d'une femme précédemment arriviste et dominante. Les paroles qui savourent une « la mégère apprivoisée » moderne avec allégresse (comparant la femme en question à un « animal de compagnie » ou à un « chat »), provoquèrent de larges réactions négatives parmi quelques auditeurs, particulièrement des féministes. Mais on peut raisonnablement dire que la chanson n'est qu'une image et que les mots de Jagger sont théâtraux et ne préconisent pas la domination masculine.

La femme qui est le sujet de la chanson était précédemment la figure dominante dans le rapport, et le narrateur était à l'origine totalement soumis à elle, ce qui fait des implications de la chanson davantage qu'une simple misogynie. Jagger s'exprima d'ailleurs beaucoup plus tard sur ce sujet dans une interview de 1995 : « Ce n'est pas une chanson plus anti-féministe que les autres ... Oui, c'est une caricature, et elle est en réponse à une fille qui était une femme très agressive. ».

Musique

Comme plusieurs chansons de la période d'Aftermath, « Under My Thumb » emploie davantage une instrumentation novatrice que ce que les Stones avaient réalisé auparavant, comme une ligne de basse utilisant audacieusement pour l'époque une pédale Fuzz jouée probablement par Bill Wyman. C'est en partie grâce à ce morceau de basse hors du commun que Wyman fut vraiment reconnu. Une légende voudrait que Keith Richards soit à l'origine de cette pédale et même que ce soit lui qui en joue sur ce morceau. Cependant les vrais débuts de Richards à la basse se firent plus certainement sur le morceau Let's Spend the Night Together, enregistré un an plus tard[2].

Des riffs de marimba, joués par Brian Jones, créent vraiment l'atmosphère si spéciale de la chanson. Ils sont inspirés du riff d'ouverture de It's the Same Old Song des Four Tops, quartet de rhythm and blues américain.

Le pianiste (Stewart, Jones ou Wyman, il est impossible d'assurer avec certitude son identité) utilise un piano tout le long de la chanson mis à part pour la toute fin (la coda) où il utilise un orgue. Enfin, Charlie Watts reprend dans certaines parties la même partition de batterie que sur (I Can't Get No) Satisfaction.

Du point de vue de la mélodie, la chanson — comme l'ensemble de l'album Aftermath — incorpore quelques sonorités et des influences des débuts du psychédélisme tandis que la majeure partie de l'air reste fondé sur un Rhythm and blues sombre et morose.

Musiciens ayant participé à l'enregistrement original

Il est difficile de dire avec précision les musiciens présents lors de l'enregistrement final ainsi que les instruments qu'ils utilisaient. De plus l'instrumentation diffère (car l'enregistrement est en stéréo) entre la plage droite et la plage gauche. On peut néanmoins conjecturer l'instrumentation suivante[2]:

InstrumentGaucheDroite
Chant Mick Jagger
Guitare électrique Keith Richards (ou/et Brian Jones)
Guitare acoustique Keith Richards (ou/et Brian Jones)
Marimba Brian Jones
Guitare basse Bill Wyman
Basse fuzz Bill Wyman
Piano Ian Stewart (ou Brian Jones ou Bill Wyman)
Orgue Ian Stewart (ou Brian Jones ou Bill Wyman)
Batterie Charlie Watts
(Percussions) (Jack Nitzsche)

Les incertitudes sont entre parenthèses.

Albums des Rolling Stones où apparaît la chanson

Interprétation en concerts

Étant une des chansons les plus appréciées d'Aftermath, Under My Thumb fut interprétée à la sortie de l'album (vers 1966) dans une version très ressemblante à la version studio, avec toutefois un tempo légèrement accéléré. Les parties de marimba étaient pour des raisons logistiques évidentes remplacées par des riffs de guitares, comme on peut le constater dans l'enregistrement live de l'époque, Got Live If You Want It! (1966). La chanson fut ensuite au fur et à mesure délaissée des concerts, au profit de nouveaux tubes.

C'est durant l'interprétation de cette chanson[4],[5] (et non de Sympathy for the Devil, comme le veut une vieille rumeur)[6] lors du festival d'Altamont (1969) que fut tué Meridith Hunter, noir américain, par des Hells Angels alors qu'il avait sorti une arme en se rapprochant de la scène.

Au début des années 1980, plus précisément lors des tournées aux États-Unis et en Europe de 1981 et 1982, l'époque étant à la fois un retour au source et un retour au succès pour les Stones, ceux-ci réinterprétèrent en concert Under My Thumb dans une version retravaillée, new wave, presque méconnaissable, en faisant appel à beaucoup de guitares qui tirent vers une musique metal. Cette version, que l'on peut retrouver sur Still Life: American Concert 1981 (1982) n'est pas beaucoup appréciée par les fans « puristes »[2].

Reprises

Lors de l'été 1967, après l'arrestation de Mick Jagger et de Keith Richards pour détention de drogue, les Who enregistrèrent en moins de 24 heures des reprises de Under My Thumb et The Last Time, avec exceptionnellement Pete Townshend à la basse (car John Entwistle était à cette époque en voyage de noces)[7], pour les sortir en 45 tours. Le but était alors de faire pression pour la libération de Jagger et Richards. Les deux musiciens furent toutefois libérés avant la sortie officielle du simple[8]. Depuis les morceaux ont été intégrés à des compilations du groupe telles que Two's Missing et Rarities Vol. 1.

Le groupe de rock canadien Streetheart a également enregistré une reprise de Under My Thumb en 1979. Cette reprise fut d'ailleurs leur meilleur résultat dans les charts canadiens.

Au début des années 1980, le groupe de punk Social Distortion fit une reprise de la chanson avant la réalisation de son premier album. Cette version est disponible sur leur collection de raretés, Mainliner: Wreckage from the Past. Au milieu des années 1990 le groupe l'a réenregistrée en tant que morceau caché sur White Light, White Heat, White Trash et elle apparaît aussi sur leur Live at the Roxy, car elle est désormais devenue un de leurs classiques sur scène.

Le groupe de rock chilien Los Miserables a enregistré une reprise de Under My Thumb, basée sur la version de Social Distortion, avec des paroles en langue espagnole. Le nom de la chanson est Bajo este sol (« sous ce soleil »), et les paroles n'ont rien à voir avec les paroles originelles des Rolling Stones, mais ont été totalement réimaginées, le groupe ne conservant que la ligne mélodique du Under My Thumb de Jagger et Richards. Bajo este Sol est inclus dans l'album Date Cuenta (2000).

D'autres groupes ont repris Under My Thumb, dont les Stinky Toys au milieu des années 1970, les Kingsmen au début des années 1980, ou les Flamin' Groovies dans les années 1990.

Under My Thumb est également repris par le groupe de metal industriel Ministry sur l'album de reprises Cover Up en 2008.

Une reprise a été jouée en public lors de l'émission Taratata (France 4) numéro 222 du par Les Rita Mitsouko et Philippe Katerine.

Le groupe de Doom metal Pentagram a interprété la chanson en studio en 1974. On peut l'entendre sur la compilation First Daze Here Too sortie en 2006 une version live de bonne facture réalisée dans les années 1990 par Terence Trent d Arby.

En 2010, le duo La Roux en fait une reprise / remix électro.

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Tout du moins pour ce qui est de la version britannique de l'album puisque Paint It, Black, qui figure uniquement sur la version américaine de l'album, bénéficie d'une grande popularité.
  2. (en)D'après le site internet http://www.godgammeldags.nu/rolling/stones/aftermath/, menu « After-song » puis « Under My Thumb »
  3. (en) D'après le site internet http://www.songfacts.com
  4. D'après le livre de Bill Wyman et Richard Havers, Rolling with the Stones, EpA, 2003, page 353
  5. Vidéo témoignage de la préoccupation de Mick Jagger à Altamont et de l'ambiance "étrange" sur scène
  6. Les avis divergent sur ce point ; dans le film Gimme Shelter on peut observer que c'est lors de l'interprétation de Carol qu'apparaissent les premiers dérapages à coups de cannes de billard.
  7. (fr)D'après Le Dictionnaire du rock, œuvre collective sous la direction de Michka Assayas, article "The Who" écrit par Michka Assayas et Bruno Blum, page 2135
  8. Pour remercier le public de sa mobilisation lors de leur emprisonnement, les Rolling Stones composèrent d'ailleurs à ce moment la chanson We Love You qui contient des bruits de chaînes et de portes de prisons qui claquent (Paul McCartney et John Lennon font partie des chœurs), avec un clip promotionnel axé sur la stupidité des tribunaux britanniques.
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