Trêve de Douze Ans

La trêve de Douze Ans est la période de cessez-le-feu de 1609 à 1621, pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648), entre les Provinces-Unies qui contrôlent les États du Nord des Pays-Bas espagnols, en ayant fait sécession en 1581, et l'Espagne qui contrôle les États du Sud.

La trêve de Douze Ans promulguée à Anvers, gravure de Frans Hogenberg, 1616.

Déroulement

Les pourparlers de paix entamés à La Haye en 1608, sous la médiation de l'Angleterre et de la France représentée par Jean Hotman, aboutissent le .

Durant la paix, deux factions émergent dans le camp hollandais, divisées aussi bien sur le plan politique que sur le plan religieux. D'un côté, les remontrants ou arminiens, avec pour champion le grand-pensionnaire Johan van Oldenbarnevelt et Hugo Grotius[1], sont de grands bourgeois républicains ouverts à une interprétation de la Bible moins littérale que les calvinistes de stricte obédience. Leurs adversaires sont les extrémistes gomaristes, partisans d'une théocratie à la Calvin. Ils ont ouvertement fait allégeance au stathouder Maurice de Nassau en 1610[2].

En 1617, l'opposition entre ces deux partis tourne à la guerre civile avec le vote d'un « choix tranché » (en néerlandais scherpe resolutie) par lequel les villes sont autorisées à réprimer l'activisme des gomaristes. Le stathouder Maurice accuse lors du synode de Dordrecht le grand-pensionnaire van Oldenbarnevelt de haute trahison, le fait arrêter et exécuter le à La Haye. Hugo Grotius s'enfuit de la forteresse de Loevestein où il est détenu en attente de son jugement et quitte le pays[1]. Cette affaire ébranle la confiance des États généraux.

En 1621, les exigences des Espagnols mettent fin à la trêve. Ambrogio Spinola maintient le blocus de Bréda (1624) et Maurice de Nassau échoue à reprendre Anvers (1625). À sa mort, le , c'est son demi-frère Frédéric-Henri d'Orange-Nassau qui lui succède, comme stathouder des provinces de Hollande, de Zélande, d'Utrecht, d'Overijssel et de Gueldre et comme capitaine et amiral de l'Union. Il remporte aussitôt de nombreux succès militaires.

Conséquences nationales et internationales

Les Hollandais mettent à profit cette période pour équiper et développer leur marine qui va ultérieurement jouer un rôle déterminant dans le cours de la guerre. La trêve de Douze Ans leur permet aussi de s’assurer le contrôle de l’Asie du Sud-Est face aux Anglais : la Compagnie néerlandaise acquiert des positions importantes : les îles Amboine et Banda sont occupées, un comptoir est installé à Banten. Des traités d’amitiés sont signés avec de nombreux princes locaux, dont celui de Makassar, des agents sont envoyés à Bornéo (diamants). La trêve garantit la paix dans les mers d’Europe et libère une partie de la flotte pour le contrôle des îles à épices. Les actionnaires touchent des dividendes substantiels (17 % en 1605, 75 % en 1606, 40 % en 1607, 20 % en 1609, 50 % en 1610). Le [3], la Compagnie néerlandaise des Indes orientales ouvre un comptoir à Hirado au Japon. L'épanouissement économique favorise le climat artistique. Les peintres, comme Pierre Paul Rubens et Antoine van Dyck, reçoivent de nombreuses commandes.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Twelve Years' Truce » (voir la liste des auteurs).
  1. John L. Motley, « The Life and Death of John of Barneveld », sur Projet Gutenberg, .
  2. (en) J. I. Israel, The Dutch Republic : Its Rise, Greatness, and Fall 1477-1806, Oxford University Press, (réimpr. 2nde (1re éd. 1995)), 431 p., paperback (ISBN 0-19-820734-4).
  3. « Van hier tot Tokio. 400 jaar handel met Japan » D’ici à Tokyo. 400 ans de commerce avec le Japon »] [archive du ], sur gahetna.nl, (consulté le ) : « Le premier poste de commerce néerlandais est situé à Hirado. Dans la lutte japonaise contre le christianisme, le Shôgun décide trente ans plus tard que le pays doit être protégé de toute influence étrangère. Seuls les Hollandais peuvent séjourner sur l’île isolée de Deshima. Chaque année, les principaux responsables néerlandais rendent visite au Shôgun. Ils surchargent le Shôgun des curiosités qu’il commande, comme des chevaux, un plongeur de perles et de la porcelaine bleue de Delft. Aucun effort n’est épargné pour plaire au Shôgun, tout cela pour préserver le monopole commercial [néerlandais]. »

Voir aussi

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