Trésor ecclésiastique de Lima

Le trésor ecclésiastique de Lima est un trésor amassé par l'église pendant l'occupation de Lima par l'Empire espagnol. Lors de la guerre d'indépendance, le trésor fut évacué et perdu. Il a donné lieu depuis à une chasse au trésor.

Histoire

Les événements de 1820-1821

L'Empire espagnol contrôlait Lima depuis le XVIe siècle, après avoir vaincu les Incas. Dans les siècles suivant, l'Église catholique rassembla un énorme trésor, sous forme de pierres et métaux précieux. Selon un inventaire repris par les archéologues[1], ce « trésor de Lima » comptait 113 statues religieuses en or, dont des statues de Marie tenant l'enfant Jésus, 200 couronnes de joaillerie, 273 épées incrustées de pierre, environ un millier de diamants et couronnes en or, 150 calices et des centaines de barres d'or et d'argent[2]. Le trésor dans son ensemble a été évalué entre 12 millions et 60 millions de dollars[3].

Mais au début du XIXe siècle, l'Empire espagnol commença à connaître des difficultés avec ses colonies en raison des guerres d'indépendance en Amérique du Sud. Lima ne fit pas exception, et en 1820, la ville subit une forte pression militaire avant d'être finalement évacuée. Avant même l'évacuation, le vice-roi de Lima avait décidé de transporter hors de la ville les fabuleuses richesses du trésor.

Un terre-neuvien, le capitaine William Thompson, commandant de la Mary Dear, fut chargé du transport du trésor vers Mexico[réf. nécessaire]. Il était accompagné de six gardes armés et d'ecclésiastiques espagnols[1].

Thompson et son équipage ne purent résister à la tentation ; après avoir tranché la gorge des gardes et des prêtres, ils jetèrent leurs corps à la mer[2],[4].

Thompson se dirigea vers l'île Cocos[réf. nécessaire], à 350 miles au large de la côte de l'actuelle Costa Rica[2], où lui et ses hommes auraient enterré le trésor, puis décidé de se séparer et de faire profil bas jusqu'à ce que la situation se soit calmée, pour plus tard se répartir le butin. Ils brûlèrent la Mary Dear et regagnèrent l'île sur des canots de sauvetage.

Cependant, ils ne purent échapper à un procès pour piraterie, car les corps de certains des prêtres égorgés furent retrouvés. Thompson et son second furent condamnés à être pendus. Pour sauver leur vie, ils acceptèrent de guider les Espagnols vers le trésor volé. Une fois sur l'île Cocos, ils réussirrent à s'échapper dans la jungle, où ils passèrent six mois. Thomson retourna par la suite à Terre-Neuve avec l'aide d'un baleinier où il vécut jusqu'à sa mort.

Il confia, peu avant sa mort, son histoire et une carte du trésor à l'aventurier canadien John Keating[1]. Celui-ci réunit associés et capitaux pour fouiller l’île, où il fut victime d’une mutinerie et dut s’enfuir à la hâte, à bord d’une chaloupe, puis mourut avant d’avoir pu organiser une seconde expédition[1].

L'île Cocos du Costa Rica

Les chasseurs de trésors du monde entier ont entrepris plus de 500 expéditions entre 1846 et 1997 à la recherche du Trésor ecclésiastique de Lima[2], essentiellement sur l'île Cocos, à 350 miles à l'ouest du Costa Rica. Le trésor n'a jamais été retrouvé sur cette île, très pluvieuse, infestée de rats, dont le sol a été troué de toutes parts.

Les rivières et les cascades de l'île recèlent de nombreuses grottes cachées, selon les scientifiques et celle où William Thompson aurait mis à l’abri le trésor a probablement vu son accès bouché par un glissement de terrain, selon l'archéologue Shaun Whitehead[1].

L'un des chasseurs de trésors les plus notables a été l'Allemand August Gissler, qui a vécu sur l'île de 1889 à 1908 [réf. nécessaire]. Un autre a été le gangster américain Bugsy Siegel[réf. nécessaire]. Une théorie est que le trésor n'a pas été enterré sur les îles Cocos, mais sur une île inconnue au large de la côte de l'Amérique centrale[réf. nécessaire]. Néanmoins, la légende du trésor sur l'île Cocos continue d'attirer des dizaines de chasseurs de trésor chaque année[5].

L'ex-île Cocos de Polynésie

Dans un livre paru en allemand en 2005, traduit en français en 2017 avec des ajouts[6], l'écrivain franco-suisse Alex Capus a soutenu la thèse voulant que le trésor de Lima n'ait pas été dissimulé par ses voleurs sur l’île Cocos, mais sur Tafahi, une petite île de Polynésie aux dimensions quasi-similaires[6], elle aussi issue d'un strato-volcan, dans l'archipel des Tonga, à moins de 24 heures en pirogue du lieu de l’archipel des Samoa où le romancier écossais Robert Louis Stevenson a passé les quatre dernières années de sa vie[6], avant de décéder en 1893 à seulement 44 ans[6].

Selon lui, Robert Louis Stevenson a découvert que cette île était appelée île Cocos sur les anciennes cartes navales[1], et qu'avec les courants marins, il était tout à fait possible que le navire de William Thomson, en prenant la fuite depuis le Pérou, se soit échoué dans les environs[6]. Pour Alex Capus, Stevenson a passé la fin de sa vie à y chercher le trésor[1] et l'a peut-être trouvé, ce qui expliquerait son choix d'y investir tout son patrimoine[6], dont la valeur a fortement augmenté à cette période[6], ses héritiers se chargeant ensuite de continuer à recycler, peu à peu et discrètement, les biens ecclésiastiques découverts à Tafahi[6].

L'exposition artistique des années 2010

Trésor de Lima : une exposition enterrée est un projet d'art organisé par Nadim Samman pour le musée Thyssen-Bornemisza et commandé par Francesca Thyssen-Bornemisza[7], qui a réuni des biologistes marins, des collectionneurs, et des marins pour s'engager sur les questions de conservation de la nature, tout en explorant l'histoire de la piraterie sur l'Île Cocos. Des artistes de renom ont été mobilisés pour une exposition ; leurs œuvres ont été enfermées dans un coffre, conçu par les architectes Aranda / Lasch[8], puis enterrées dans un lieu secret sur l'île Cocos en . Les coordonnées GPS cryptées du lieu d'exposition ont été placées à l'intérieur d'une deuxième version du coffre et vendues aux enchères le pour amasser des fonds pour une recherche sur les requins et la conservation de la nature à l'Île Cocos.

Notes et références

  1. Costa Rica : L'île au trésor va enfin livrer ses secrets, par Renaud Malok, dans Le Matin du 10 août 2012
  2. "", par Jasper Copping, dans le Daily Telegraph du 5 août 2012
  3. « Legends and Lore (Part 2) », PBS.org (consulté le )
  4. Joe MacInnis, Underwater Man, New York, Dodd, Mead & Company, (ISBN 0-396-07142-2, LCCN 75-680), p. 28
  5. (en) « Briton given permission to look for legendary treasure of Lima », The Daily Telegraph, (lire en ligne)
  6. Alex Capus, Voyageur sous les étoiles, Éditions Actes Sud,
  7. « Sur Isla del Coco, l'art de la chasse au trésor », sur Le Monde,
  8. (en) « Treasure Chest », sur Aranda / Lasch

Voir aussi

Articles connexes

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