The Memphis Horns

The Memphis Horns (« Les Cuivres de Memphis » en français) est une section de cuivres américaine formée en 1969 par d'anciens musiciens de studio travaillant pour Stax Records, et issus pour certains du groupe The Mar-Keys[1]. On a dit d'eux qu'il étaient « sans doute la plus grande section de cuivres soul de tous les temps »[2]. Le groupe, qui connait de nombreuses évolutions au cours de sa carrière, se résume progressivement à un duo composé de Wayne Jackson à la trompette et d'Andrew Love au sax ténor.

The Memphis Horns
Pays d'origine États-Unis
Genre musical Soul, funk
Instruments Cuivres
Labels Stax, Atlantic, Hi, RCA
Composition du groupe
Anciens membres Wayne Jackson
Andrew Love
Floyd Newman
Lewis Collins
Jack Hale
Jack Hale, Jr.
Ed Logan
James Mitchell
Ben Cauley
Roger Hopps
Joe Arnold
Calvin Caples
Gene Miller
Charles Axton

Carrière

Les années Stax

Sur les premières productions du label Stax, ou de son précurseur Sattelite, les musiciens qui jouent des cuivres sont parfois appelés les « Mark-Keys horns », car leur membres sont issus du groupe The Mar-Keys[3]. Il s'agit alors essentiellement de Charles « Packy » Axton au sax ténor (le fils d'Estelle Axton, co-fondatrice du label[4]), de Floyd Newman au sax baryton, et de Wayne Jackson à la trompette. On peut les entendre sur les enregistrements de Rufus Thomas, sa fille Carla Thomas, Otis Redding, Eddie Floyd, Sam and Dave, The Staple Singers et Booker T. and the M.G.'s. Ils sont d'ailleurs fréquemment associés aux musiciens des MG's, à savoir Steve Cropper à la guitare, Al Jackson, Jr. à la batterie, Donald « Duck » Dunn à la basse et Booker T. Jones aux claviers. A partir du milieu de 1965, la composition des Memphis Horns est complétée par Andrew Love au sax ténor et Gene « Bowlegs » Miller à la trompette, tandis qu'Axton se fait moins présent. Entre Wayne Jackson et Andrew Love, l'alchimie fonctionne immédiatement. Les deux hommes, un petit blanc et un grand noir, sont nés à trois jours d'intervalle. « La première fois que j'ai entendu Andrew jouer, j'ai su que nous serions parfaits ensemble. Il avait un ton grave et moi un ton grave. Et je savais qu'ils se mélangeraient de la manière la plus naturelle et la plus belle », disait Jackson à propos de Love[5].

La composition du groupe n'est pas figée, ils peuvent intervenir à deux, trois, quatre ou cinq musiciens. Wayne Jackson et Andrew Love constituent la charnière principale, mais il arrive que l'un ou l'autre ne soit pas présent sur un enregistrement. De temps à autre, ils sont associés à d'autres joueurs d'instruments à vent, comme les saxophonistes James Mitchell ou Charles Chalmers (pour Wilson Pickett notamment). Ce dernier signe aussi parfois les arrangements de cuivres et compose certaines chansons. En plus des sessions pour Stax, ils participent à des enregistrements pour Hi Records ou Atlantic. On peut les entendre sur des albums d'Aretha Franklin ou de Chuck Berry[6]. Dans les années 1967-1969, Joe Arnold (saxophone) se joint régulièrement à eux. Le groupe accompagne aussi les artistes maison en tournée. Ils suivent la caravane Stax lors de la grande tournée européenne de 1967, où on les présente comme étant les Mar-Keys[4], et ils sont derrière Otis Redding au festival pop de Monterey[7].

L'indépendance

En 1969, Booker T. obtient un salaire et des royalties pour les membres de MG's. Andrew Love et Wayne Jackson réclament le même traitement, mais Jim Stewart leur adresse une fin de non-recevoir[1]. Ils décident alors de quitter Stax et fondent le groupe The Memphis Horns[8]. Ils s'adjoignent les services de James Mitchell au sax ténor, Ed Logan au sax baryton, et Jack Hale au trombone. Leur participations avec Elvis Presley sur Suspicious Minds et l'album From Elvis in Memphis est remarquée, ce qui leur permet de travailler ensuite avec Dusty Springfield, Neil Diamond, The Doobie Brothers, Stephen Stills, Jerry Lee Lewis, Canned Heat et Memphis Slim, Rod Stewart, mais aussi Johnny Hallyday[9] et Eddy Mitchell. Ils jouent aussi sur scène avec Stills ou King Curtis. Ils sortent leur premier album homonyme en 1970. Ils entament par ailleurs une longue collaboration avec Al Green, qui débute en 1972 avec l'album Let's Stay Together. Vers 1975, Ed Logan est remplacé par Lewis Collins mais, progressivement, le groupe va se résumer au duo Wayne Jackson et Andrew Love. Ce qui n'empêche pas les coopérations occasionnelles avec Jim Horn, Ben Cauley, ou l'ami de longue date Floyd Newman.

Dans les années 1980, ils accompagnent U2[3], Keith Richards[3], Steve Winwood, Billy Joel ou Zucchero. Dans les années 80 et 90, Jackson et Love collaborent étroitement avec le groupe de blues de Robert Cray[7]. Ils fournissent leurs cuivres funky/soul légendaires à cinq albums du groupe : Strong Persuader (1986), Don't Be Afraid of the Dark (1988), Midnight Stroll (1990), I Was Warned (1992) et Sweet Potato Pie (1997)[7]. Ils jouent aussi avec Joe Cocker, Buddy Guy, Gary Moore, Luther Allison[7], Primal Scream et Sting.

En 1992, ils sortent leur album Flame Out, produit par Terry Manning, un ancien de Stax. Andrew Love se retire en 2004, après qu'on lui a diagnostiqué la maladie d'Alzheimer[10]. Jackson et Tom McGinley, un autre musicien qui travaillait parfois avec les Memphis Horns, continuent d’enregistrer sur des projets tels que Honkin' on Bobo d'Aerosmith ou Prairie Wind (2005) de Neil Young.

En 2007, Wayne Jackson et Jack Hale, ancien membre de longue date, se réunissent pour reformer les Memphis Horns (incluant aussi Tom McGinley) afin de rejoindre le chanteur et compositeur Andrew Jon Thomson dans le cadre de son projet multi-albums All Star Superband. En 2008, cette formation des Memphis Horns joue sur certaines chansons de l'album Consolers of the Lonely des Raconteurs. La même année, les Memphis Horns enregistrent avec Jack White (White Stripes, Raconteurs) et Alicia Keys sur la chanson Another Way to Die, générique du James Bond, Quantum of Solace.

En 2008, les Memphis Horn sont intronisés au Musicians Hall of Fame and Museum de Nashville. En 2017, le groupe entre également au Memphis Music Hall of Fame. En 2012, il reçoit le Grammy Lifetime Achievement Award[11] pour son importance artistique exceptionnelle dans la musique. Il aurait participé à 52 titres classés n°1 dans les charts, et 83 disques certifiés or ou platine[12].

Wayne Jackson s'éteint en 2016[8], quatre ans après son acolyte de toujours, mettant ainsi un point final à l'histoire des Memphis Horns.

Personnel

Memphis Horns

Musiciens Stax ou « Mar-Keys »

Discographie

  • The Memphis Horns (album) (1970)
  • Horns For Everything (1972)
  • High On Music (1976)
  • Get Up & Dance (1977)
  • The Memphis Horns Band II (1978)
  • Welcome To Memphis (1979)
  • Flame Out (1992)
  • The Memphis Horns With Special Guests (1995)
  • Wishing You A Merry Christmas (1996)

Références

  1. Eric Tessier, Booker T & The MG's : Green onions and Memphis soul, Rosières-en-Haye, Camion Blanc, , 436 p. (ISBN 978-2-37848-000-4, lire en ligne)
  2. (en) Ron Wyn, « Biography of The Memphis Horns », sur AllMusic (consulté le ) : « arguably the greatest soul horn section ever »
  3. (en) Colin Larkin, Encyclopedia of Popular Music, Omnibus Press, , 5e éd. (1re éd. 1989), 2054 p. (ISBN 978-0-85712-595-8, lire en ligne), p. 1987
  4. Frédéric Adrian, Otis Redding, Paris, Le Castor Astral, , 271 p. (ISBN 978-2-85920-939-1, lire en ligne)
  5. (en) Daniel Kreps, « Wayne Jackson, Memphis Horns Legend, Dead at 74 », Rolling Stone, (lire en ligne, consulté le ) :
    « The first time I heard Andrew play I knew we would be perfect together. He had a big tone, and I had a big tone. And I knew that they would blend in the most natural, beautiful way. »
  6. John Collis (trad. de l'anglais), Chuck Berry : Le Pionner du rock, Rosières-en-Haye, Camion Blanc, , 400 p. (ISBN 978-2-910196-86-8, lire en ligne)
  7. Eric Doidy, Buried Alive In The Blues : L'histoire du blues rock américain, Marseille, Le mot et le reste, , 350 p. (ISBN 978-2-36054-495-0, lire en ligne)
  8. (en) Bob Mehr, « Memphis Horns' Wayne Jackson dies at 74 », The Commercial Appeal, (lire en ligne, consulté le )
  9. Serge Loupien, Johnny Hallyday : La dernière idole, Paris, Grasset, , 264 p. (ISBN 978-2-246-30991-8, lire en ligne)
  10. (en) Bob Mehr, « Memphis Horns saxophonist Andrew Love dies at 70 », The Commercial Appeal, (lire en ligne)
  11. (en) Booker T. Jones, « Lifetime Achievement Award: The Memphis Horns », sur Grammy Awards, (consulté le )
  12. (en) « About », sur Wayne Jackson Music (consulté le )
  13. (en) « Died On This Date (April 12, 2012) Andrew Love / The Memphis Horns », sur The Music's Over, (consulté le )
  14. (en) Nick Talevski, Rock Obituaries : Knocking On Heaven's Door, Omnibus Press, , 700 p. (ISBN 978-1-84609-091-2, lire en ligne), p. 434
  15. Jérémie Kroubo-Dagnini (dir.), Musiques noires : L'histoire d'une résistance sonore, Rosières-en-Haye, Camion Blanc, , 518 p. (ISBN 978-2-35779-872-4, lire en ligne)
  16. (en) Dave Mac, « Joe Arnold - Out of the Shadows », sur Blues Junction Productions (consulté le )

Liens externes

Sources

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