Technique du GREB

La technique du GREB est une technique majeure de l'autoconstruction ou la rénovation en paille pratiquée depuis une vingtaine d'années dans de nombreux pays du monde[1]. Initiée au Québec dans l'Écohameau de la Baie[2], promue plus particulièrement en France,[3], employée dans le monde entier, elle est utilisée pour la réalisation de bâtiments dont les performances techniques et thermiques sont fortement appréciées et en particulier dans les pays nordiques. Selon l'association APPROCHE-Paille[4] qui s'attache à la rendre accessible au plus grand nombre, il y a près d'un millier de constructions réalisées avec cette technique dans le monde. En France il est estimé que ce sont entre 20 et 30 % des bâtiments isolés en paille[5] qui seraient construits avec la technique du GREB ce qui en fait la technique principale en autoconstruction.

La technique du GREB, inventée par Martin Simard et Patrick Déry, est un procédé libre de droit du bâtiment écologique et performant. Elle est adaptable et reproductible à titre privé ou professionnel sans condition. Toutefois, la diffusion d'ouvrage, d'actions de formations ou d'accompagnements nécessitent l'accord de leurs créateurs.

Croquis descriptif du procédé de construction avec la technique du GREB

Historique

L'Écohameau de La Baie, là où a été innovée la technique. En premier plan la maison Gilbert-Thévard, construite en 2001 et source de l'écriture du guide pratique en France

En 1990 au Québec est constitué le Groupe de Recherches Écologiques de la Baie (GREB) afin de chercher des solutions aux problèmes environnementaux[2]. Les expérimentations sur des maisonnettes sont menées par Martin Simard, bachelier en architecture, et Patrick Déry, physicien, de 1995 à 1997. Ensemble, ils jettent les bases sur lesquelles Patrick Dery a construit la première maison avec cette technique en 2000, sa propre maison qu'il habite toujours au sein de l'Écohameau de La Baie. La technique s'est avérée tellement pertinente qu'elle a été immédiatement reproduite dans l'Ecohameau de la Baie et a fait l'objet d'une synthèse rédigée par Patrick Déry en 2004[6].

"Le GREB a reçu le prix Initiative Énergétique du Forum énergie et de l’Agence de l’efficacité énergétique lors du gala de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Ville de La Baie et a été finaliste aux Mercuriades 2002 dans la catégorie PME « Efficacité Énergétique » pour le développement de maisons solaires en ballots de paille.[7],[8]." Extrait de la synthèse.

Après la réalisation de la maison Gilbert-Thévard au GREB en 2001, c'est en 2002 que Vincent Brossamain et Jean-Baptiste Thévard choisissent de faire connaître cette technique en France[9].

En 2005 ils créent l'association APPROCHE-Paille et éditent un guide pratique afin de diffuser la technique et de la rendre la plus accessible possible. Cette technique n'ayant pas de nom, ils l'ont simplement nommée selon ses créateurs, c'est-à-dire le GREB ! La technique dite du GREB était née.

Après 3 édition à compte d'auteur de « Construire son habitation en paille selon la technique du GREB »[10], l'association APPROCHE-Paille a publié la 4ème édition du guide sous le nouveau titre "Construire en paille - Mode d'emploi : La technique du GREB" est la description technique de référence internationale de la technique GREB. Il est préfacé par Patrick Déry et Martin Simard.

Il a été traduit en italien, russe, espagnol et une traduction en anglais est en cours. Depuis sa création, APPROCHE-Paille délivre les formations théoriques et pratiques pour se former à la technique du GREB[11].

En 2012, des règles professionnelles de la construction paille reconnues par l'Agence Qualité Construction (AQC)[12] sont établies par le Réseau Français de la Construction Paille[13] (RFCP) dont APPROCHE-Paille fait partie. Elles encadrent la mise en place de la paille comme matériau isolant et support d'enduit. Le principe constructif du GREB est détaillé (double ossature et enduit coulé). On peut donc utiliser la technique du GREB conformément à ces règles[14].

Originalité du principe constructif

La technique du GREB est un système constructif structurel et isolant spécifiquement conçu pour la réalisation de bâtiments isolés en botte de paille. L'ossature bois et la mise en œuvre du remplissage isolant sont spécifiques. La technique est décrite dans le guide[10] et les pratiques recensées dans les multiples blogs d'autoconstructeurs. La technique du GREB mélange dans un certain ordre, différents matériaux génériques très disponibles.

L'isolation thermique est assurée par les bottes de paille qui sont insérées dans une double ossature formant une structure en tunnel. Elles sont enveloppées de mortier allégé à la sciure de bois et coulé, servant de protection et de contreventement à la structure tout entière. Tous ces éléments sont reliés par des feuillards et liaisons métalliques (vis et clous).

La méthode succinctement décrite ci-après, est la méthode la plus simple, la plus accessible, la plus économique pour l'autoconstruction sans risques de bâtiments de 1, 2 voire 3 niveaux. Toutefois, un chapitre est consacré aux variantes.

Une double ossature en bois

Construction d'une ossature en bois selon la technique du GREB

La double ossature bois porteuse est une ossature non courante que l'on ne retrouve dans aucune autre technique. Elle a été conçue spécifiquement pour enchâsser les bottes de paille et servir de support au coffrage pour la phase coulage. L'orientation longitudinale des poteaux est unique au regard des pratiques courantes de la construction bois.

L'ossature bois réalisée avec la technique du GREB permet des architectures imposantes

Elle est ancrée sur des soubassements avec une garde au sol extérieur minimale de 20 cm. Elle est constituée d'une seule section de bois (au Québec : 2"x4" ou en Europe 40 x 100 mm).

Les deux lisses basses sont posées à plat et déterminent le contour extérieur des murs. La largeur du mur est égale à deux fois l'épaisseur des poteaux plus l'épaisseur d'un ballot, soit couramment 45 cm. Les angles des parois sont réalisés au moyen de poteaux assemblés en angle (encadrement de menuiseries et angles du bâtiment) et placés en bordure extérieure des lisses basses. Des simples poteaux sont ensuite disposés en alignement d'un angle à un autre et on leur donne un écartement moyen de 60 cm.

Des colonnes d'appui peuvent être réalisées pour porter des charges ponctuelles, au moyen de 4 poteaux d'angle disposés en tabouret et dont les écartements sont ceux correspondant à une section de botte de paille (généralement 37 x 47 cm).

Les poteaux sont assemblés sur les lisses au moyen de vis à bois insérées à l'oblique. Des lisses hautes sont ensuite placées à chant, sur le haut des poteaux. Des entretoises sont régulièrement placées entre les lisses hautes pour maintenir l'écartement à l'aplomb des lisses basses et empêcher leur déversement.

Le remplissage isolant et structurel

Détails du remplissage du mur GREB avant la pose des coffrages

Les composants courants

  • La paille : Elle assure les fonctions d'isolant thermique et de support d'enduit. Elle participe dans une certaine mesure à la résistance mécanique de la paroi. Il s'agit d'une botte de paille de céréale (réglementairement de blé, en France) de moyenne densité (environ 80 kg/m3), saine et sèche et de dimension standard (37 x 47 cm, longueur indifférente). Les bottes sont insérées rang par rang, après chaque niveau de coulage, sur chant, en tunnel entre les 2 rangées de montants ou verticalement dans une colonne d'appui. Elles ne sont pas rentrées en force et, si nécessaire, elles seront retaillées à la longueur et à la forme souhaitée. Les espaces vides seront comblés de paille en vrac comprimée. La résistance thermique du mur est de R=7,11 (m2 ·K/W) (le lambda de la paille étant 0,052 W/(m.K)[15])
    Vue du remplissage en paille et du coulage du mortier dans un mur en technique du GREB
  • Les brides : Elles ont pour fonction d'empêcher tout flambement des montants et de maintenir la compression verticale des bottes de paille. Il s'agit de placer un feuillard métallique (ou tout autre système durable) reliant les ossatures de part et d'autre de la paille. L'écartement des montants sous tension doit être tel que les montants ainsi reliés restent parfaitement d'aplomb 2 à 2.
  • Les clous : Ils sont lardés tous les 10 cm sur la petite face des montants, dans l'axe du mur et ont pour fonction d'assurer la liaison entre le mortier coulé et les montants bois. Ils sont protégés contre la corrosion.
  • Les coffrages : d'une dimension supérieure à la botte de paille, les coffrages sont des planches de bois reconstitué de type OSB ou contreplaqué, fixées de chaque côté de la paroi et permettant le coulage du mortier de part et d'autre de la botte de paille entre chaque paire de montants.
  • Le mortier : Il est issu des recherches sur le bois cordé. Il est composé de sable (3 volumes) de sciure de bois (4 volumes), de chaux aérienne (1 volume) et de ciment (1 volume) il est versé dans l'espace entre la paille et le coffrage. Il est ensuite vibré manuellement.
  • Finitions : Lorsque le mur est totalement rempli, que le mortier a terminé sa prise, les parois peuvent être recouvertes d'un enduit, de plaques ou de bardage en bois.
    Remplissage en paille et mortier d'un mur en technique du GREB

Ordre du remplissage

La technique du GREB a de spécifique la mise en œuvre alternée des différents composants dans un certain ordre. L'ordre de remplissage le plus couramment pratiqué (celui décrit dans le guide et celui principalement référencé dans les blogs) est comme suit :

  1. Pose d'un rang de paille ;
  2. Pose des brides métalliques ;
  3. Pose des clous ;
  4. Préparation des coffrages ;
  5. Pose des coffrages ;
  6. Coulage du mortier ;
  7. Recommencer à 1 tant que de besoin ;
  8. Nettoyage et finition.

Variantes

Siège social réalisé avec la technique du GREB de l'éco-centre de Bourgogne à Saint-Vérain, ayant servi de lieu d'accueil de 3 formations pratiques à la technique du GREB

La méthode la plus pratiquée, la plus simple et la plus économique en autoconstruction, à peu près partout dans le monde, est celle décrite ci-dessus. Toutefois, il est possible d'envisager d'autres approches, des variantes qui peuvent répondre à des besoins spécifiques (normes techniques, professionnalisation, dimensions du bâtiment, compétences, motivations ou contraintes de chacun, habitudes techniques ou philosophiques...)

Les variantes peuvent porter sur :

  • l'ossature bois, avec une modification des sections (lisse haute, lisse basse, bois rabotés standardisés...), préfabrication des ossatures, ossatures non porteuses, rainurage des poteaux en lieu et place des clous, colonne d'appui de forme différente...
  • le mortier, avec un remplacement partiel ou total du mortier par un isolant, sur une face voire sur les deux faces et l'ajout des plaques structurelles (plaques de gypse, plaque dense de fibre de bois...), modification de la composition du mortier mais cela nécessite une étude structurelle préalable (béton de chanvre, terre-chaux, terre, plâtre ...). Le coulage peut être mécanisé, le mortier peut aussi être un enduit appliqué à la machine.
  • les autres aspects de la technique comme le remplacement des brides métalliques par d'autres moyens de fixation, utilisation en isolation thermique par l'extérieur, intégration d'une trame métallique au moment du coulage pour le support d'enduit de finition.

Points forts

Fenêtre de vérité réalisée dans un mur en technique du GREB
  • La simplicité de conception et de construction ;
  • La reproductibilité en tout lieu ;
  • Le nombre grandissant de praticiens et de ressources documentaires ;
  • Grande accessibilité à l'autoconstruction ;
  • L'absence de désordres constatés sur les multiples réalisations de par le monde ;
  • La diversité des architectures pratiquées ;
  • La possibilité de réaliser des bâtiments compacts jusqu'à 3 niveaux ;
  • Permet l'expérimentation de pratiques alternatives ;
  • Réalisation de bâtiments rapidement habitables.

Limites

  • Utilisable pour des bâtiments à vocation unifamiliale ;
  • L'épaisseur des murs.

Controverse

La technique du GREB a été sujette à quelques critiques :

  • Présence du ciment dans le mortier[16]

Il est aujourd'hui admis que la présence du ciment est nécessaire pour la mise en œuvre et la résistance mécanique du mortier à base de sciure de bois et le mortier reste très perméable à la vapeur d'eau (µ=9[17]). Toutefois, des alternatives sont pratiquées avec de bons résultats qui ne peuvent pas encore se généraliser, car ils sont eux aussi sujet à controverse.

  • Les murs rectilignes ne correspondant pas aux standards de l'architecture organique courants chez les puristes de l'écologie.

La rectitude des murs correspond à la majorité des pratiques constructives afin d'harmoniser l'insertion de la maison dans son environnement urbain.

  • Son ossature hétérodoxe et la méthode de contreventement par de la maçonnerie, contraignent certains autoconstructeurs à ajouter à leur double structure, une structure[18] indépendante et autoporteuse.

La double ossature GREB et son remplissage sont largement suffisants pour la construction de bâtiment de dimension courante[19].

Notes et références

  1. Une carte du monde déclarative recense quelques bâtiments http://www.mappemonde.net/carte/maisongreb/monde.html
  2. Développée par Patrick Déry et Martin Simard au milieu des années 1990 au éco-hameau du GREB http://www.greb.ca
  3. L'association APPROCHE-Paille en fait la promotion et assure des formations à cette technique depuis 2005 http://www.approchepaille.fr
  4. « Accueil », sur Association APPROCHE Paille (consulté le ).
  5. « Statistiques de la construction paille », sur Base de données des constructions paille en France (consulté le )
  6. « Synthèse des expérimentations en architecture rurale. »
  7. http://www.greb.ca/GREB/Technique_du_GREB.html
  8. Site de la chambre du commerce et de l'industrie du Québec http://www.mercuriades.ca/laureats-2012-2001.php
  9. Première maison GREB en France.
  10. V. Brossamain et JB Thévard, Construire son habitation en paille selon la technique du GREB, Ed. A. Contrevent, juillet 2011, 164 p. (ISBN 978-2952515825).
  11. http://www.approchepaille.fr/formations
  12. Liste des règles professionnelles acceptées par l'AQ.
  13. « Réseau français de la construction paille », sur RFCP (consulté le ).
  14. [PDF] Technique du GREB et règles professionnelles de la construction paille.
  15. « Arrêté du 26 octobre 2010 relatif aux caractéristiques thermiques et aux exigences de performance énergétique des bâtiments nouveaux et des parties nouvelles de bâtiments », sur legifrance.gouv.fr.
  16. « Avis opposé à la technique du GREB dans un blog d'autoconstructeur »
  17. « Rapport d'essai du CODEM -Perméabilité à la vapeur d'eau du mortier GREB »
  18. « Insertion d'une charpente poteau-poutre dans une ossature GREB »
  19. « Article scientifique rédigé par l'Ecole Nationale des Travaux Publics de l'Etat »

Voir aussi

Bibliographie

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