Tables d'Héraclée

Les Tables d’Héraclée sont des tables de bronze trouvées en 1732 dans les vestiges archéologiques de la cité antique d’Héraclée de Lucanie (aujourd'hui Policoro, en Italie du Sud).

« Tables d’Héraclée » ou « Tavole palatine » : tables de bronze découvertes en 1732 dans les vestiges de la cité d’Héraclée de Lucanie. Musée archéologique national de Naples.

Leur contenu[alpha 1] était rédigé en grec et en latin. Elles ont été publiées en 1754 à Naples par le chanoine Symmaque Mazzocchi (it)[1] et sont conservées au musée archéologique national de Naples[2].

Découverte

La table en bronze a été découverte en 1732 dans les alluvions de la rivière Sallandrella (en), entre Héraclée et Métaponte. Elle portait d'un côté une inscription en grec du IVe siècle et de l'autre 163 lignes d'un texte latin incomplet[3].

Description

La datation est assez controversée, le contenu peut rassembler des dispositions législatives venant de textes antérieurs. Selon la vision habituelle des historiens, elles contenaient le texte de la lex Iulia municipalis, promulguée après la dictature de Sylla et probablement par Jules César en 45 av. J.-C.[4] et fixaient les principes à respecter par toute loi municipale d'une cité romaine. Mais de nombreuses études récentes proposent une datation nettement antérieure à l'époque césarienne[5],[6],[7].

Elles constituent un document épigraphique de premier ordre pour constater l'évolution des procédures de recensement romaines, jusque-là centralisées sur Rome, malgré l'extension de la citoyenneté romaine à de nombreuses villes italiennes. Elles définissent notamment les modalités de recensement des citoyens romains, selon une procédure nouvelle, à la fois décentralisée, générale et unifiée pour toutes les municipes : chaque fois que les censeurs à Rome mèneront une opération de cens, les magistrats de la municipalité doivent opérer les opérations de cens dans un délai de soixante jours, en conserver les résultats dans leurs registres publics et envoyer un exemplaire à Rome, à destination des censeurs[8].

Notes et références

Notes

  1. Référencé au Corpus des inscriptions latines sous le numéro CIL I, 00593 (= ILS, 6085).

Références

  1. Alessio Simmaco Mazzocchi, Commentario sulle Tavole Eracleensi, Napoli, 1754.
  2. Inv. 2480-1.
  3. Besnier 1912, p. 40
  4. Claude Nicolet, L'inventaire du monde : géographie et politique aux origines de l'Empire romain, Paris, Fayard, 1988, p. 139-140.
  5. Nicolet Claude, « La Table d'Héraclée et les origines du cadastre romain », Mélanges de l'École française de Rome, (lire en ligne).
  6. Weiss 2016
  7. Yann Le Bohec, César, PUF, coll. « Que sais-je ? », p. 4-9
  8. Claude Nicolet, Censeurs et publicains, économie et fiscalité dans la Rome antique, Fayard, 2000 (ISBN 2213602964), chapitre V, p. 203-205.

Voir aussi

Bibliographie

  • Henri Legras, La table latine d'Héraclée (la prétendue lex Julia municipalis), Paris, Arthur Rousseau, 1907, 402 p. (texte latin, traduction en français et commentaire historique et juridique). En ligne sur archive.org.
  • Maurice Besnier, « La question de la table latine d'Héraclée », Revue des Études Anciennes, t. 14, no 1, , p. 40-52 (lire en ligne)
  • (it) E. Lo Cascio, « Mazocchi e la questione della Tabula Heracleensis », Studi Lucani, 1976, p. 77-107.
  • Claude Nicolet, Censeurs et publicains, économie et fiscalité dans la Rome antique, Fayard, 2000 (ISBN 2213602964), chapitre V, p. 203-205.
  • Claude Nicolet, L'inventaire du monde : géographie et politique aux origines de l'Empire romain, Paris, Fayard, 1988, p. 139 et suiv.
  • Claude Nicolet, « La Table d'Héraclée et les origines du cadastre romain. In: L'Urbs : espace urbain et histoire (Ier siècle av. J.-C. - IIIe siècle ap. J.-C. », Actes du colloque international de Rome (8-12 mai 1985), École Française de Rome, , p. 1-25 (lire en ligne)
  • Emmanuel Weiss, Les Tables d'Héraclée : étude historique et linguistique (extrait de la thèse de doctorat en langues et littératures anciennes, préparée sous la direction de René Hodot, et soutenue en à l'université Nancy-II sous le titre Les parlers grecs anciens d'Italie du Sud : de Rhégion à Tarente, à partir des témoignages épigraphiques), Nancy, Association pour la diffusion de la recherche sur l'Antiquité (diff. Paris, De Boccard), coll. « Travaux et mémoires / Études anciennes » (no 63), , 1re éd., 1 vol., 159 p., 16 × 24 cm (ISBN 978-2-913667-48-8, EAN 9782913667488, OCLC 970015941, notice BnF no FRBNF45202791, SUDOC 197847765, présentation en ligne)
    Abstract : Les Tables grecques d'Héraclée, le plus important témoignage épigraphique de Grande Grèce, ont depuis leur découverte en 1732 retenu l'attention des hellénistes en raison des nombreuses particularités de la langue qu'elles emploient. On y voit traditionnellement le reflet fidèle d'un dialecte particulier charriant des archaïsmes. Cette position nous paraît devoir être remise en cause. L'examen des données historiques et archéologiques relatives à la fondation, puis à l'histoire d'Héraclée de Lucanie, permet tout d'abord d'affirmer le caractère composite de la population d'Héraclée, […] Dans ces conditions, le maintien local d'un dialecte archaïque paraît peu vraisemblable. […] Par ailleurs, l'étude du contexte historique de la rédaction des Tables conduit à adopter une datation plus basse (première moitié du IIIe siècle av. J.-C.) que celle qui est généralement retenue. La même étude permet de caractériser les milieux dirigeants à l'origine de la rédaction des Tables, groupe plutôt conservateur amené à employer un état de langue révolu par souci d'affichage d'une continuité identitaire.

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’archéologie
  • Portail de la Rome antique
  • Portail du droit
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.