Sultanat d'Adal

Le sultanat d'Adal (somali : Saldanadii Cadal, arabe : سلطنة عدل) est un sultanat musulman de la Corne de l'Afrique situé sur les territoires actuels de Djibouti, du Nord de la Somalie, du Sud de l'Érythrée, et de l'Éthiopie. Il est le successeur du sultanat d'Ifat.

Sultanat d'Adal
سلطنة عدل
Saldanadii Cadal

1415–1577

Informations générales
Statut Sultanat
Dirigeant Sultan, imam
Capitale Zeilah (1415-1420)
Däkär (1420-1520)
Harar (1520-1577)
Aussa (1577-1577)[1]
Langue(s) Somali, , harari, guèze,
Religion Islam
Histoire et événements
1415 Établissement du sultanat à Zeilah
1415-1429 Guerres contre Yeshaq Ier d'Éthiopie
1520 Déplacement de la capitale à Harar
1529-1543 Guerre adalo-éthiopienne
1577 Installation du Sultanat à Assayta, Harar devient indépendante.

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Son histoire est marquée par une lutte guerrière menée par le chef religieux afar Ahmed Gragne, qui s'alliera aux Ottomans contre l'État chrétien d'Éthiopie et du Portugal.

Histoire

Le sultanat d'Adal vers 1500.

En 1415, l’empereur Yeshaq Ier d'Éthiopie est victorieux du sultan d’Ifat Sa'ad ad-Din II, prend le port de Zeilah et le tue. Les dix fils du sultan se réfugient au Yémen après la défaite[2]. En 1424, ils attaquent de nouveau l’Éthiopie. L’un d’eux s’empare de la capitale Jédaya[C'est-à-dire ?][Zeilah ?] et envoie en déportation un grand nombre d’Éthiopiens[3]. À partir de 1435, la dynastie Walashma s'installe à Däkär, près de Harar, et ses membres prennent désormais le titre de sultan de l'Adal. La région connaît une épidémie de peste en 1434-1436[4]. Le [5], le roi éthiopien Zara Yacoub bat le sultan d’Adal Badlay à Gomit. Muhammad, fils de Badlay, lui succède avec le titre de roi. Il négocie une trêve avec Baéda-Maryam, fils de Zara Yacoub, contre le versement d'un tribut[6].

Vers 1471, les musulmans de l’Adal, Danakil et Somali, mené par le célèbre imam somali Ahmed Garren où Ahmed gragne le conquérant, lancent une véritable guerre sainte contre l’Éthiopie. Ils sont vaincus dans un premier temps[4]. À la mort de Muhammad le , son fils Ibrahim ne règne que jusqu'au . Son frère Shams ad-Din le remplace. En 1480, les troupes du nouveau roi d'Éthiopie Eskender dévastent Däkär. Elles sont taillées en pièces par les musulmans à leur retour. Le conflit reste latent, et le négus intervient peut-être contre les razzias du gouverneur de Zeilah[6].

Les ruines du palais du sultan d'Adal à Zeila, en Somalie.

Shams ad-Din est assassiné en avril/mai 1487 et remplacé par un usurpateur, Ibrahim, qui est tué peu après[6]. Muhammad ibn Azhar ad-Din règne ensuite jusqu'en 1518. Il fait la paix avec le roi d'Éthiopie Naod, mais l’émir fanatique de Harar, Mahfouz, profite des moments de jeûne imposés par l’Église copte pour lancer des raids contre les Éthiopiens. En 1516, renforcé par des troupes et un étendard venus d’Arabie, il lance une expédition contre le Fatajar. Dawit II lui tend une embuscade, le tue en juillet 1517, et envahit l’Adal où il détruit le palais du Sultan au moment où la flotte portugaise de Lope Soares prend Zeilah et brûle la ville. L'assassinat du sultan Muhammad en 1518 plongent l'Adal dans l'anarchie. En juillet/août 1520, le sultan Abu Bakr, fils de Muhammad, transfère sa capitale de Däkär à Harar[6]. Avec l'aide du garad Abun ibn Adash, il rétablit l’ordre dans le Royaume, mais en 1525, il le tue parce qu'il s'opposait à sa politique de conciliation avec les chrétiens[7].

À la mort d'Abun, un de ses partisans, l’imam Ahmed Ibn Ibrahim Al-Ghazi, dit Gragn en Éthiopie, devient le chef de l'opposition. Son mariage avec une fille de Mahfouz lui assure le soutien des extrémistes religieux. En 1526, renforcé par ses premières victoires sur les Éthiopiens, il élimine Abu Bakr, le remplace par son frère Umar Din, un souverain fantoche, et prend le titre d'imam[6].

L'année suivante, Ahmed Gragne refuse de payer le tribut à Dawit II, déclenchant les hostilités. Attaqué par l’armée éthiopienne du gouverneur du Bali, Gragne la défait aussitôt, puis reforme ses troupes avec la masse des Somalis fanatisés et entreprend la guerre sainte (djihad) en 1529. En mars, il remporte une bataille décisive à Sembera Kure, mais ne peut avancer plus avant à cause de la défection de ses troupes. Il reprend l'offensive en 1531 avec une armée mieux organisée. En deux ans, il s'empare des trois quarts de l'Éthiopie. Il atteint la côte du Tigré en 1535. Dawit II, traqué, fait appel aux Portugais, qui débarquent 400 hommes à Massaoua en juillet 1541. Éthiopiens et Portugais battent les troupes de Gragne en grâce à leurs armes à feu[7]. Celui-ci se replie, puis renforcé par 900 mousquetaires et dix canons reçus du pacha des Turcs de Zabid au Yémen, il reprend l'offensive et met les Portugais en déroute le à la bataille de Wofla. Mais le , ses troupes sont surprises et décimées par l’empereur Gelawdewos d'Éthiopie à la bataille de Wayna Daga, près du lac Tana, où il est lui-même tué. Privés de leur chef, ses soldats se dispersent et sont taillés en pièces dans leur fuite vers l’Adal.

Nur ibn al-Wazir Mujahid, neveu d'Ahmed Gragne, prend le titre d'émir, encouragé par la veuve de Gragn, Bati Del Wambara qui lui promet le mariage en cas de victoire[4]. En 1550-1551, Harar est mise à sac par les Éthiopiens en réplique à ses premières attaques[8]. Nur ibn al-Wazir subit les attaques des Oromos qui profitent de l'affaiblissement des deux antagonistes après la guerre et doit fortifier Harar[9]. En 1559, il envahit le Fatajar. Le roi d'Éthiopie Gelawdewos est battu et tué le . Nur meurt de la peste en 1567. Après sa mort le sultanat subit les attaques des Oromos, repoussés par Sarsa Dengel d'Éthiopie et se divise. En 1577, le petit-cousin d'Ahmed, Ibrahim Gasa, quitte Harar et fonde le sultanat d'Aussa avec pour capitale Assayta en pays Afar[4].

Notes et références

  1. Mordechai Abir, Ethiopia and the Red Sea, Routledge (lire en ligne), p. 139.
  2. Richard Pankhurst, The Ethiopian borderlands: essays in regional history from ancient times to the end of the 18th century, The Red Sea Press, 1997] (ISBN 978-0-932415-19-6), voir en ligne sur Google Livres.
  3. Jean Doresse, L'empire du Prêtre-Jean, voir en ligne sur Google Livres.
  4. Didier Morin, Poésie traditionnelle des Afars, Peeters Publishers, 1997 (ISBN 978-90-6831-989-7), voir en ligne sur Google Livres.
  5. J. Christoph Bürgel, Marianne Chenou, Der Islam im Spiegel zeitgenössischer Literatur der islamischen Welt : Vorträge eines internationalen Symposiums an der Universität Bern, 11.-14. Juli 1983, Universität Bern, Michael Glünz, Marguerite Reut, Brill Archive, 1985 (ISBN 90-04-08311-1), voir en ligne sur Google Livres.
  6. Joseph Cuoq, L'islam en Éthiopie des origines au XVIe siècle, Nouvelles éditions latines, 1981 (ISBN 978-2-7233-0111-4), voir en ligne sur Google Livres.
  7. Anqasa Amin, Brill Archive, voir en ligne sur Google Livres.
  8. Martijn Theodoor Houtsma, E.J. Brill's first encyclopaedia of Islam, 1913-1936, Brill, 1987 (ISBN 978-90-04-08265-6), voir en ligne sur Google Livres.
  9. Berhanou Abebe, Histoire de l'Éthiopie d'Axoum à la révolution, https://books.google.fr/books?id=iPPOqqHz2AwC&pg=PA53 voir en ligne sur Google Livres.

Bibliographie

  • Amélie Chekroun, Le «Futuh al-Habasa» : écriture de l'histoire, guerre et société dans le Bar Sa'ad ad-din (Éthiopie, XVIe siècle), thèse d'histoire sous la direction de Bertrand Hirsch, université paris I, 2013, 482 p., voir en ligne sur TEL.
  • Joseph Cuoq, L'islam en Éthiopie des origines au XVIe siècle, Nouvelles éditions latines, 1981, 288 p.
  • Hervé Pennec, Des jésuites au royaume du prêtre Jean (Éthiopie), Paris, Centre culturel Calouste Gulbenkian, 2003, 372 p.

Articles connexes

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