Sujet de l'inconscient

Le sujet de l'inconscient désigne pour Jacques Lacan le véritable sujet, par opposition au Moi, aliénant.

« Le sujet, donc, on ne lui parle pas. Ça parle de lui et c'est là qu'il s'appréhende (Jacques Lacan, Position de l'inconscient, in Écrits) . »

Es

Pour Jacques Lacan le sujet de l'inconscient se note S, en référence à l'allemand es, terme désignant le ça freudien. Le ça est l'instance du désir inconscient, des pulsions refoulées. Ça parle : ce pôle semble référer au sujet dans son ineffable et stupide existence, authenticité du désir, là où le moi cherche le compromis, l'unité, et n'atteint finalement que l'imaginaire.

Ça parle : en effet, le sujet de l'énonciation ne coïncide pas avec le sujet de l'énoncé.

Subjectivation

Lacan, dans Le temps logique et l'assertion de certitude anticipée (1945), examine le paradoxe des prisonniers ; il qualifie alors la subjectivation comme comportant trois temps :

  • instant du regard, faisant émerger la forme générale du sujet noétique : on sait que ;
  • temps de comprendre, dégageant la forme personnelle du sujet de la connaissance, l'assertion subjective (forme logique essentielle du Je) ;
  • et moment de conclure, faisant éclore l'acte, par lequel le sujet de l'inconscient advient sujet en acte.

Sujet barré $

Le sujet barré est divisé face à l'objet a : ceci décrirait le fantasme. Le sujet est tant séparé qu'aliéné à l'Autre, et le fantasme pare à la détresse face à la vacuité de l'Autre.

La fonction phallique est ce qui relie le sujet marqué par le signifiant ou Sujet de l'inconscient ($) à l'objet du désir (a), lien noté par le poinçon , pour constituer la chaîne du fantasme (notée $ ◇ a) où sujet et objet peuvent s'intervertir.

L'inconscient est structuré comme un langage

La formation de l'inconscient décrit pourtant la spaltung, clivage, la pulsion étant non seulement refoulée mais se fixant également à un représentant-représentation chargé de la représenter, dans le domaine psychique.

Cette liaison à une délégation dans le psychisme inaugure la primauté du signifiant, de l'image acoustique plutôt que de ce qu'elle signifie ; cette primauté du signifiant pouvant seule décrire un sujet de l'inconscient.

L'inconscient est structuré comme un langage. Un signifiant, c'est ce qui représente un sujet pour un autre signifiant. Il n'y a donc de sujet que dans le discours, et dès lors que le discours cesse il n'y a plus de sujet. Le sujet articule un discours qui ne saurait donc tenir lieu que de discours de semblant, eu égard de la vérité de son désir, le Je de l'énoncé se figeant et tendant à occulter la vérité du désir.

C'est que le sujet de l'inconscient se voit en a ; raison pour laquelle il y a un moi, objectivation imaginaire, aliénation du sujet originel.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Jacques Lacan, L'étourdit, 1972, in Scilicet
  • Jacques Lacan, Position de l'inconscient, in Écrits
  • Jacques Lacan, Subversion du sujet et dialectique du désir, in Écrits
  • Jean-Claude Milner, L’Œuvre claire : Lacan, la science et la philosophie, Le Seuil, collection « L’Ordre philosophique », 1995

Liens externes

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