Sommets de plus de huit mille mètres

Les sommets de plus de 8 000 mètres sont au nombre de quatorze en ne tenant compte que des sommets principaux. Dix sont situés dans le massif de l'Himalaya et quatre dans le Karakoram, partagés entre l'Inde, le Pakistan, le Népal et la Chine. Le premier sommet à avoir été gravi a été l'Annapurna I, le , par les alpinistes français Louis Lachenal et Maurice Herzog. Les autres ont tour à tour été gravis pour la première fois dans les années 1950 et au début des années 1960.

Situation géographique des sommets de plus 8 000 mètres dans le Karakoram et l'Himalaya

Historique

Au milieu du XIXe siècle, ces hauts sommets restent une terre inconnue pour les Occidentaux qui inventent l'alpinisme dans les Alpes[1]. Il faut attendre le début du siècle suivant pour voir les prémices d'expéditions vers ces sommets[1]. L'altitude de 7 500 mètres est dépassée en 1909 par le duc des Abruzzes. Après la Première Guerre mondiale, c'est le Royaume-Uni avec George Leigh Mallory qui initie une longue série d'ascensions : avant la Seconde Guerre mondiale, une vingtaine de tentatives sont effectuées pour vaincre ces quelques rares 8 000[1].

Si l'attirance vers les sommets de plus de 8 000 mètres date donc de nombreuses décennies et reste internationale, historiquement, certaines nations ont eu tendance à s'attacher à un sommet, voire à s'acharner parfois : l'Everest pour les Britanniques, le Nanga Parbat de façon tragique pour les Allemands surtout dans la première moitié du XXe siècle, l'Annapurna après guerre pour les Français[2] et, dans une moindre mesure, les Américains sur le K2[1]. Le Népal reste fermé jusque après la Seconde Guerre mondiale, interdisant l'accès à de nombreux sommets. Lorsque le pays s'ouvre vers 1950 (et que le Tibet annexé par la Chine se referme), huit sommets de plus de 8 000 mètres deviennent « accessibles », dont trois jamais approchés par les Occidentaux car entièrement situés au Népal, comme le Dhaulagiri ou l'Annapurna[1]. Ce dernier est gravi par Maurice Herzog et Louis Lachenal ce qui va contribuer à populariser, pas seulement en France, ces hauts sommets[1].

Au début du XXe siècle les ascensions sont poussées par une volonté sportive mais également voire surtout nationaliste ; vers la fin de XXe siècle, l'aspect touristique prend le dessus[2]. L'Everest devient un sommet très fréquenté, trop selon certains alpinistes confirmés[2]. Mais la vente des permis par les autorités népalaises rapporte des millions de dollars tous les ans[2].

Les quatorze sommets

# Sommet Image Altitude (m) Situation Coordonnées Première ascension Premiers grimpeurs Origine de l'expédition
1 Everest (ou Sagarmatha ou Chomolangma) 8 849 Chine / Népal 27° 59′ 17″ nord, 86° 55′ 31″ est Edmund Hillary et Tenzing Norgay[3] Britannique
2 K2 (ou Mont Godwin-Austen ou Chogori ou Dapsang) 8 611 Chine / Pakistan[N 1] 35° 52′ 57″ nord, 76° 30′ 48″ est Achille Compagnoni et Lino Lacedelli[4] Italienne
3 Kangchenjunga (ou Kanchanfanga) 8 586 Inde / Népal 27° 42′ 09″ nord, 88° 08′ 54″ est George Band et Joe Brown[5] Britannique
4 Lhotse 8 516 Chine / Népal 27° 57′ 42″ nord, 86° 56′ 00″ est Fritz Luchsinger et Ernst Reiss[6] Suisse
5 Makalu (ou Makalufeng) 8 485 Chine / Népal 27° 53′ 21″ nord, 87° 05′ 19″ est Jean Couzy et Lionel Terray[7] Française
6 Cho Oyu 8 201 Chine / Népal 28° 05′ 39″ nord, 86° 39′ 39″ est Joseph Joechler, Pasang Dawa Lama et Herbert Tichy[4] Autrichienne
7 Dhaulagiri (ou Aulagiri) 8 167 Népal 28° 41′ 54″ nord, 83° 29′ 15″ est Kurt Diemberger, Peter Diener, Nawang Dorje, Nima Dorje, Ernst Forrer et Albin Schelbert[8] Suisse
8 Manaslu (ou Kutang) 8 163 Népal 28° 33′ 00″ nord, 84° 33′ 35″ est Toshio Imanishi et Gyalzen Norbu[9] Japonaise
9 Nanga Parbat (ou Diamir) 8 126 Pakistan[N 1] 35° 14′ 15″ nord, 74° 35′ 21″ est Hermann Buhl[10] Autrichienne
10 Annapurna I (ou Morshiadi) 8 091 Népal 28° 35′ 46″ nord, 83° 49′ 13″ est Louis Lachenal et Maurice Herzog [11] Française
11 Gasherbrum I (ou K5 ou Hidden Peak) 8 068 Chine / Pakistan[N 1] 35° 43′ 28″ nord, 76° 41′ 47″ est Andrew Kauffman et Peter Schoening[12] Américaine
12 Broad Peak (ou Falchen Kangri ou K3) 8 047 Chine / Pakistan[N 1] 35° 48′ 39″ nord, 76° 34′ 06″ est Hermann Buhl, Kurt Diemberger, Marcus Schmuck et Fritz Wintersteller[13] Autrichienne
13 Gasherbrum II (ou K4) 8 035 Chine / Pakistan[N 1] 35° 45′ 30″ nord, 76° 39′ 12″ est Josef Larch, Fritz Moravec et Hans Willenpart[14] Autrichienne
14 Shishapangma (ou Gosainthan ou Xixabangma) 8 027 Chine 28° 21′ 08″ nord, 85° 46′ 47″ est Dix grimpeurs conduits par Hsu Ching[15] Chinoise
Schéma de comparaison des altitudes des quatorze sommets de plus de huit mille mètres (pointes rouges ou roses) et des sept sommets et sept seconds sommets, plus hauts et deuxièmes plus hauts sommets de chaque continent.

Les sommets secondaires

Treize des 14 sommets de plus de 8 000 m sont dits ultra-proéminents, c'est-à-dire que leur proéminence est supérieure à 1 500 m. Le Lhotse n'a lui qu'une proéminence de 610 m par rapport au col Sud qui le sépare de l'Everest. Une vingtaine de sommets secondaires de plus de 8 000 m sont également identifiés, avec des proéminences de quelques dizaines de mètres. Seul le sommet central du Broad Peak (8 011 m), a une proéminence supérieure à 150 m (181 m). Quelques-unes de ces pointes sont encore vierges.

Sommet principal Sommet Altitude Proéminence Premiers grimpeurs Date
Everest (8 849 m) Sommet Sud[16] 8 748 m 11 m Tom Bourdillon et Charles Evans
Everest Épaule Nord-Est[17] 8 423 m 19 m vierge
Everest Pointe Nord-Est III[17] 8 383 m 13 m Russell Brice et Harry Taylor
Everest Sommet Ouest[17] 8 296 m 30 m Dušan Podbevšek et Roman Robas
K2 (8 611 m) Sommet Sud-Ouest[17] 8 580 m 30 m Eiho Ohtani et Nazir Sabir
K2 pointe 8134 (arête sud-ouest)[17] 8 134 m 35 m vierge
Kangchenjunga (8 586 m) Yalung Kang ou Sommet Ouest[17] 8 505 m 135 m Yutaka Ageta et Takao Matsuda
Kangchenjunga Sommet Sud[17] 8 476 m 116 m Eugeniusz Chrobak et Wojciech Wróż
Kangchenjunga Sommet central[17] 8 473 m 63 m Wojciech Brański, Andrzej Heinrich et Kazimierz Olech
Kangchenjunga Épaule du Yalung Kang[17] 8 077 m 40 m vierge
Kangchenjunga Sommet sud-est[17] 8 150 m 30 m vierge
Lhotse (8 516 m) Lhotse central I[17] 8 410 m 65 m Alexei Bolotov, Piotr Kuznetsov, Sergei Timofeev et Evgeni Vinogradski
Lhotse Lhotse Shar (en) [17] 8 382 m 72 m Josef Mayerl et Rolf Walter
Lhotse Lhotse central II ou Lhotse central Est [17] 8 372 m 37 m vierge (pointe sur l'arête entre le Lhotse Central I et le Lhotse Shar
Lhotse Lhotse Pointe Nord III [17] 8 327 m 10 m vierge
Lhotse Lhotse Pointe Nord II [17] 8 307 m 12 m vierge
Lhotse Lhotse Pointe Nord I [17] 8 290 m 10 m vierge
Nanga Parbat (8 125 m) Sommet Sud[17] 8 042 m 30 m Ueli Bühler
Annapurna I (8 091 m) Sommet central[17] 8 051 m ou 8 013 m 49 m Udo Bönning, Ludwig Greissl et Heinz Oberrauch
Annapurna I Sommet Est[17] 8 013 m ou 7 986 m 65 m José Manuel Anglada, Emilion Civis, Jorge Pons
Broad Peak (8 051 m) Sommet central [17] 8 011 m 181 m Kazimierz Głazek, Marek Kęsicki, Janusz Kuliś, Bohdan Nowaczyk et Andrzej Sikorski
Shishapangma (8 027 m) Sommet central[17] 8 008 m 30 m Makato Hara, Hiro Komamiya, Hirofumi Konishi

Difficultés

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Les difficultés particulières pour gravir les sommets de plus de 8 000 m, décrites dans la plupart des ouvrages autobiographiques des himalayistes[18], sont les suivantes :

  • l'altitude à cause de la pression atmosphérique environ trois fois plus basse à 8 500 m qu'au niveau de la mer, et de la température qui décroît de 6,4 °C en moyenne tous les 1 000 m de dénivelé dans la troposphère. La pression est donnée par la formule du nivellement barométrique. La basse pression peut produire le mal aigu des montagnes (MAM). Même sans subir le MAM, chacun voit déjà ses performances considérablement diminuées sous basse pression. De plus, l'organisme ne peut rester longtemps à cause de cela au-dessus de 8 000 m d'altitude sans s'épuiser : en particulier, il se fatigue plus qu'il ne se repose même la nuit à l'abri d'un campement. Pour cette raison, il est difficile d'enchaîner plusieurs ascensions de 8 000 m, et dangereux de passer plus de 24 heures au-delà de cette altitude (dite zone de la mort) surtout sans apport artificiel d'oxygène ;
  • les quantités de neige phénoménales peuvent conduire à des avalanches géantes sur terrain raide. Sur terrain moins raide, il y a accumulation importante de neige puis de glace : les énormes séracs suspendus sont à craindre, tout comme les chutes de glace ;
  • l'isolement (absence de route) empêche les secours classiques, et oblige d'emporter un ou deux mois de ravitaillement et de matériel pour les grimpeurs et les porteurs, plus ou moins nombreux selon le type d'expédition ;
  • les conditions météorologiques inadaptées pendant la mousson, et ne donnant pas souvent des périodes de beau temps suffisamment stables en dehors pour réussir facilement les ascensions. Des vents de 200 km/h, un froid glacial (pouvant conduire à de graves gelures et à l'hypothermie) et des chutes de neige abondantes effaçant rapidement toutes les traces ne sont pas rares. Il y a dix 8 000 en Himalaya et quatre plus au nord dans le Karakoram ; Adam Bielecki explique en complément que pour les dix premiers, « le climat au pied des montagnes est subtropical. […] les marches d'approche commencent dans des jungles pleines d'animaux sauvages et de sangsues. Dans le Karakoram, tout est différent. La mousson n'atteint pas les montagnes, le climat est continental et sec […]. Le trek vers les hauts sommets commence dans un semi-désert. L'hiver y est en moyenne 10 °C plus froid qu'en Himalaya, et les vents soufflent à 40 km/h plus fort. […] À cause de ces différences, les alpinistes ont d'abord gravi en hiver tous les 8 000 de l'Himalaya avant d'attaquer ceux du Karakoram, à l'exception du Nanga Parbat[19]. »

Les difficultés ont considérablement diminué depuis les débuts de l'himalayisme en raison de plusieurs facteurs :

  • amélioration du matériel et de la technique alpine (vêtements d'alpinisme, matériel d'escalade…) ;
  • amélioration des transmissions et des prévisions météorologiques, évitant certaines prises de risque ;
  • amélioration des techniques d'acclimatations ;
  • existence de cartographie et de photos-satellite, etc.

Les himalayistes ont ainsi pu réussir des ascensions auparavant inenvisageables.

Compétition

Une compétition s'est installée entre les grimpeurs de haut niveau pour celui qui serait le premier à gravir les 14 sommets. C'est finalement l'Italien Reinhold Messner qui a été le premier en 1986. Les concurrents qui ont suivi sont le Polonais Jerzy Kukuczka, et le Suisse Erhard Loretan.

Jusqu'en 2019, 43 alpinistes (40 hommes et 3 femmes) ont réussi l'ascension des quatorze « 8 000 » ; parmi eux, 19 alpinistes y sont parvenus sans jamais avoir utilisé de bouteille d'oxygène[20].

En 2019, six ans après avoir gravi son premier 8 000, le Népalais Nirmal Purja réussit l'enchaînement des quatorze 8 000 en 189 jours, l'ancien record étant de 7 ans. À l'inverse, l'Espagnol Òscar Cadiach accomplit son dernier sommet 33 ans après son premier. En moyenne, les alpinistes mettent 14 ans pour faire les 14 ascensions.

L'Espagnole Edurne Pasaban est la première femme alpiniste à avoir gravi les 14 sommets de plus de huit mille mètres, le , en arrivant au sommet du Shishapangma : elle avait commencé cette compétition en 2001[21]. En , la Sud-Coréenne Oh Eun-sun s'était présentée comme la première femme à avoir accompli cet exploit[22]. Mais les soupçons sur son ascension du Kangchenjunga, mise en doute par la fédération coréenne d'alpinisme[23], de surcroît considérée comme « contestée » par la spécialiste de l'himalayisme Elizabeth Hawley[24], ont conduit à ne lui reconnaître, pour le moment, que 13 sommets atteints.

Edurne Pasaban a fait usage à deux reprises d'un apport d'oxygène artificiel (notamment pour l'ascension de l'Everest), alors que le challenge consistant, pour une femme, à boucler les quatorze « 8 000 » sans assistance respiratoire n’a été réussi que par l'Autrichienne Gerlinde Kaltenbrunner, qui a terminé par l'ascension du K2 le [25].

Hommes Période :
1er-14e sommet
Nationalité
1 Reinhold Messner 1970-1986 Italien
2 Jerzy Kukuczka 1979-1987 Polonais
3 Erhard Loretan 1982-1995 Suisse
4 Carlos Carsolio 1985-1996 Mexicain
5 Krzystof Wielicki 1980-1996 Polonais
6 Juanito Oiarzabal 1985-1999 Espagnol
7 Sergio Martini 1983-2000 Italien
8 Park Young-seok 1993-2001 Coréen
9 Um Hong-gil (en) 1988-2001 Coréen
10 Alberto Iñurrategi 1991-2002 Espagnol
11 Han Wang-yong (en) 1994-2003 Coréen
12 Edmund Viesturs 1989-2005 Américain
13 Silvio Mondinelli (en) 1993-2007 Italien
14 Iván Vallejo 1997-2008 Équatorien
15 Denis Urubko 2000-2009 Kazakh
16 Ralf Dujmovits (en) 1990-2009 Allemand
17 Veikka Gustafsson 1993-2009 Finlandais
18 Andrew Lock 1993-2009 Australien
19 João Garcia 1993-2010 Portugais
20 Piotr Pustelnik 1990-2010 Polonais
21 Abele Blanc 1992-2011 Italien
22 Mingma Sherpa 2000-2011 Népalais
23 Vassili Pivtsov 2001-2011 Kazakh
24 Maksut Zhumayev (en) 2001-2011 Kazakh
25 Kim Jae-soo 1990-2011 Sud-coréen
26 Mario Panzeri 1988-2012 Italien
27 Hirotaka Takeuchi 1995-2012 Japonais
28 Chhang Dawa[N 2] (Sherpa) 2001-2013 Népalais
29 Kim Chang-ho 2005-2013 Sud-coréen
30 Jorge Egocheaga 2002-2014 Espagnol
31 Radek Jaroš (en) 1998-2014 Tchèque
32 Romano Benet 1998-2017 Italien
Slovène
33 Peter Hámor 1998-2017 Slovaque
34 Azim Gheychisaz (en) 2008-2017 Iranienne
35 Ferran Latorre 1999-2017 Espagnol
36 Òscar Cadiach (en) 1984-2017 Espagnol
37 Kim Mi-gon 2000-2018 Sud-coréen
38 Sanu Sherpa 2006-2019 Népalais
39 Mingma Gyabu Sherpa 2010-2019 Népalais
40 Nirmal Purja 2014-2019 Népalais
Femmes Période :
1er-14e sommet
Nationalité
1 Edurne Pasaban 2001-2010 Espagnole
2 Gerlinde Kaltenbrunner 1998-2011 Autrichienne
3 Nives Meroi 1998-2017 Italienne

Contestés

Nom Période Naissance Âge Nationalité
Fausto De Stefani (it) (Lhotse 1997)[26]
(Son partenaire Sergio Martini a gravi le Lhotse en 2000, Fausto De Stefani est resté derrière.)
1983–1998 1952 46 Italien
Alan Hinkes (Cho Oyu 1990)[27],[28]
(Alan Hinkes est arrivé au sommet traditionnel mais pas au sommet technique du Cho Oyu en avril 1990.)
1987–2005 1954 53 Britannique
Vladislav Terzyul (Shishapangma Ouest 2000, Broad Peak 1995[29],[30])[31],[32]
(Il n'est pas arrivé au sommet du Shishapangma.)
1993–2004 1953 49 Ukraine
Oh Eun-sun (Kangchenjunga 2009)[33],[34],[35]
(Plusieurs sommets sont contestés.)[34]
1997–2010 1966 44 Corée du Sud
Carlos Pauner (Shishapangma 2012)[36]
(Pauner n'a pas atteint le sommet du Shishapangma en 2012.)[37]
2001–2013 1963 50 Espagne

Accidents mortels

Encore aujourd'hui, l'ascension d'un sommet de plus de huit mille mètres reste donc une entreprise risquée, même pour des alpinistes de très haut niveau. L'accès à la zone de la mort reste toujours dangereux.

Certains de ces 14 sommets sont bien plus mortels que d'autres et environ un quart des victimes sont des sherpas[38]. Certains sommets connaissent ainsi des taux de mortalité élevés lorsque l'on estime ces derniers en rapportant le nombre de décès au nombre de tentatives réussies[39]. L'Everest regroupe un quart des morts, mais le taux de mortalité est faible comparativement à sa fréquentation, même si les grimpeurs peuvent « croiser » jusqu'à 150 cadavres reposant sur les pentes de cette montagne, sur les différents itinéraires. Proportionnellement, l'Annapurna est le plus dangereux[38] : en juillet 2008, on y totalisait 153 ascensions réussies pour 64 décès sur ses pentes (soit un rapport décès/ascension de près de 32 %). Viennent ensuite, selon le même calcul, le K2 (23 %) puis le Nanga Parbat dit la « montagne tueuse » (22 %). L'Everest s'avère en comparaison un sommet bien moins dangereux : le taux de décès rapporté aux ascensions victorieuses est de 5,70 %. Sommet avec deux camps de base très organisés (des agences spécialisées y sont établies), des voies fréquentées et moins engagées que le K2 ou le Nanga Parbat déjà cités, l'encadrement y est supérieur aux autres sommets.

De nombreux alpinistes expérimentés sont décédés lors de l’ascension ou la descente d'un « 8 000 ». Ainsi, en 1989, deux ans seulement après avoir gravi les quatorze 8 000, Jerzy Kukuczka perd la vie dans une nouvelle tentative d'ascension du Lhotse. En 1995, Benoît Chamoux disparaît lors de l'ascension de son onzième 8 000 mètres. En 2000, l'alpiniste basque espagnol Félix Iñurrategi disparaît lors de la descente du Gasherbrum II (son douzième 8 000). En 2006, l'alpiniste Jean-Christophe Lafaille perd la vie dans les pentes du Makalu, après onze 8 000 mètres gravis, sans oxygène et la plupart du temps en solitaire ou en ouvrant de nouveaux itinéraires. En juillet 2009, la Sud-coréenne Go Mi Sun meurt lors de la descente du Nanga Parbat, son onzième « 8 000 »[40]. Tomasz Mackiewicz est porté disparu dans la descente du Nanga Parbat alors qu'il a réussi à atteindre le sommet en style alpin avec Élisabeth Revol, après sa septième tentative.

Notes et références

Notes

  1. Le territoire englobant ces sommets (Cachemire) est aussi revendiqué par l'Inde.
  2. En avril 2013, Chhang Dawa Sherpa devient le 28e alpiniste masculin à réussir cet exploit. Avec son frère Mingma Sherpa (le 22e), il constitue l'unique fratrie ayant réussi les 14 sommets de plus de 8 000 m.

Références

  1. Charlie Buffet, « À l'assaut des cimes », Le 1, no 260, (ISSN 2272-9690)
  2. Sophie Gherardi, « Le rêve et la réalité », Le 1, no 260, (ISSN 2272-9690)
  3. « 1953 : La victoire anglaise historique », sur http://www.alpinisme.com/ (consulté le )
  4. [PDF] Christine Kopp, « Cinquantenaire des premières au K2 et au Cho Oyu », sur http://alpen.sac-cas.ch/ (consulté le )
  5. (en) « Kangchenjunga History », sur http://www.k2news.com/ (consulté le )
  6. « Everest/Lhotse 1956 », sur http://www.alpineresearch.ch/ (consulté le ) : « Six heures après le départ du campement VIa, les deux alpinistes profitaient du soleil que leur offrait le sommet sauvage du Lhotse. »
  7. « 50ème anniversaire de la première ascension du Mont Makalu, par une équipe française (15 mai 2005) », sur http://www.ambafrance-np.org/ (consulté le )
  8. « Dhaulagiri (8167 m) », sur http://www.expe.com/ (consulté le )
  9. (en) « Manaslu Facts and History », sur http://www.k2news.com/ (consulté le )
  10. (en) « Nanga Parbat Overview », sur http://www.summitpost.org/ (consulté le )
  11. « Demain, 3 juin, 60e anniversaire de l'ascension de l'Annapurna », sur http://www.kairn.com/, (consulté le )
  12. (en) « Gasherbrum I Overview », sur http://www.summitpost.org/ (consulté le )
  13. [PDF] Christine Kopp, « Ascension du Broad Peak en 1957 », sur http://alpen.sac-cas.ch/ (consulté le )
  14. (en) « Gasherbrum II: Some background and History », sur http://www.everestnews.com/ (consulté le )
  15. (en) « Shisha Pangma Overview », sur http://www.summitpost.org/ (consulté le )
  16. Mount Everest-South Summit, China/Nepal, peakbagger.com
  17. Subpeaks, 8000ers.com
  18. Messner 1993
  19. Adam Bielecki (trad. du polonais par Agnieszka Warszawska), Le gel ne me fermera pas les yeux, Chamonix/Paris, éditions Paulsen, , 301 p. (ISBN 978-2-35221-288-1), p. 57
  20. « Liste d'alpinistes ayant réussi l'ascension des quatorze "8 000" », sur 8000ers.com, (consulté le )
  21. Shisha Pangma: Edurne Pasaban summits - completes the 14x800ers
  22. Oh Eun-Sun summits Annapurna - becomes the first woman 14x8000er summiteer!
  23. (en) S.Korea rejects woman's world record climbing claim
  24. Miss Hawley : Je ne prends pas position
  25. (en) « Gerlinde on Top of K2! », sur 8000ers.com/cms/ (consulté le )
  26. Elizabeth Hawley, « Seasonal Stories for the Nepalese Himalaya 1985-2014 », The Himalayan Database,  : « But a South Korean climber, who followed in their footprints on the crusted snow three days later [in 1997] in clearer weather, did not consider that they actually gained the top. While [Sergio] Martini and [Fausto] De Stefani indicated they were perhaps only a few meters below it, Park Young-Seok claimed that their footprints stopped well before the top, perhaps 30 meters below a small fore-summit and 150 vertical meters below the highest summit. Now in 2000 [Sergio] Martini was back again, and this time he definitely summited Lhotse. », p. 274
  27. Official records AdventureStats.net, « Climbers that have summited 10 to 13 of the 14 Main-8000ers » (consulté le )
  28. Elizabeth Hawley, « Seasonal Stories for the Nepalese Himalaya 1985-2014 », The Himalayan Database,  : « But his claim to have now climbed all 8000ers is open to question. In April 1990 he and others reached the summit plateau of Cho Oyu. It was misty so they could not see well; nine years later Hinkes said he had “wandered around for a while” in the summit area but could see very little and eventually descended to join the others, one of whom said they had not reached the top. », p. 347
  29. « Vladislav Terz », sur www.russianclimb.com (consulté le )
  30. « AdventureStats - by Explorersweb », sur www.adventurestats.com (consulté le )
  31. Mountaineering World of Russia & CIS Russianclimb.com, « Vladislav Terzyul, List of ascents » (consulté le )
  32. « Sad results on Makalu and Unanswered Questions: 1 missing climber and 1 passed away on Makalu » (version du 12 mai 2012 sur l'Internet Archive), Everestnews2004.com
  33. « Everest K2 News ExplorersWeb - More dark clouds mounting on Anna summit push; Miss Oh's Kanchen summit "disputed" after renewed accusations », Explorersweb.com, (consulté le )
  34. « New doubts over Korean Oh Eun-Sun's climbing record, Hawley to investigate », BBC News, (lire en ligne)
  35. What would appear to be the most serious blow to Miss Oh, on 26 August this year the Korean Alpine Federation, the nation's largest climbing association, concluded that Miss Oh had not reached the top of Kangchenjunga.« Seasonal Stories for the Nepalese Himalaya 1985-2014 », Elizabeth Hawley, , p. 394
  36. « Desnivel; Carlos Pauner consigue la cima del Everest », Desnivel.com (consulté le )
  37. « Carlos Pauner is not sure if they hit the top of the Shisha Pangma (8,027) », lainformacion.com,
  38. Sophie Gherardi, « Mal des montagnes », Le 1, no 260, (ISSN 2272-9690)
  39. Lists of ascents, 8000ers.com
  40. La coréenne Go Mi Sun décède sur le Nanga Parbat.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Louis C. Baume, Sivalaya : explorations of the 8000-metre peaks of the Himalaya, Mountaineers, (ISBN 978-0-916890-71-1)
  • Reinhold Messner, 1er vainqueur des 14 huit mille, Paris, Éditions Denoël, (1re éd. 1987), 247 p. (ISBN 2-207-23392-8)
    Beaucoup de détails sur l'historique des ascensions.

Liens externes

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