Société Lumière

La Société Lumière, préalablement Société Antoine Lumière et ses fils, puis Société anonyme des plaques et papiers photographiques Antoine Lumière et ses fils, est une ancienne importante industrie mondiale française en photographie et cinématographie de 1884, fondée et dirigée successivement par Antoine Lumière, ses fils Auguste et Louis Lumière (les frères Lumière), son petit-fils Henri Lumière, et par la suite ses héritiers.

Société Lumière
Création 5 janvier 1884
Dates clés 1895 : invention du Cinématographe
1903 : invention de l'autochrome (photographie en couleurs)
Disparition 2013
Fondateurs Antoine Lumière et ses fils, Auguste et Louis Lumière
Personnages clés Antoine Lumière, Auguste et Louis Lumière, Henri Lumière
Siège social Lyon
 France
Activité Photographie, cinématographie ...
Produits Plaque photographique, papier photographique, pellicule photographique, produit chimique, cinéma muet, appareil photographique ...

Historique

En 1882, Antoine Lumière fonde une petite usine artisanale dans le quartier Monplaisir du 8e arrondissement de Lyon, rue Saint-Victor (actuelle rue du premier film) avant de fonder le la société Antoine Lumière et ses fils pour produire entre les années 1890 et les années 1950, les « Étiquettes bleues », plaques photographiques instantanées, inventées par lui et ses fils, à base de plaques sèches rapides et faciles à développer, au gélatino-bromure d'argent, annonçant la pellicule photographique et à l'origine du succès mondial et de la fortune des Lumière.

En 1892, l'entreprise adopte le statut de société anonyme et est rebaptisée Société anonyme des plaques et papiers photographiques Antoine Lumière et ses fils, avec un important capital de 3 millions de francs, acquis par le succès commercial de la précédente. L'industrie Lumière de plaque photographique, papier photographique, pellicule photographique, et produit chimique connaît un succès planétaire et le site industriel de Lyon se développe progressivement en surface, sur plus de 8000 m², avec plus de 800 salariés.

La direction de l'industrie familiale est progressivement confiée à Henri Lumière (fils d'Auguste Lumière), alors que les frères Lumière se consacrent à la recherche scientifique et aux inventions novatrices prolifiques en déposant plus de 240 brevets, essentiellement dans le domaine de la photographie. Vers 1900, la production de l´industrie Lumière et fils est d'environ 70000 plaques journalières de divers formats. L'entreprise s'étend dans le monde en rachetant ses concurrents.

En 1895 Auguste et Louis Lumière, sous l'influence de leur père Antoine, qui a assisté à Paris en 1894 à une démonstration du Kinétoscope de Thomas Edison et des premiers films du cinéma réalisés par William Kennedy Laurie Dickson, dévient leurs recherches sur la photographie en couleurs vers l'étude d'un système mécanique permettant de prendre des photographies en mouvement et de reproduire ce mouvement. Auguste mène les premiers travaux qui n'aboutissent pas à la mise au point d'un procédé fiable. Finalement, c'est Louis qui développe un système ingénieux plus performant que la caméra Kinétographe d'Edison, la caméra Cinématographe, qui permet notamment, après la prise de vues, la projection en mouvement sur grand écran devant un public assemblé  comme le fait déjà depuis 1892 le Théâtre optique d'Émile Reynaud  de vues photographiques animées. C'est ainsi que Louis Lumière nomme ses bobineaux, le mot "film" ayant été employé pour la première fois par Edison. La première présentation publique de ce procédé est organisée le , au Salon indien du Grand Café à Paris, utilisant une pellicule de 35 mm de large à deux perforations rondes pour chaque photogramme, tandis que d'autres procédés à peu près identiques voient le jour dans son sillage. Le Cinématographe Lumière détrône ainsi les machines Edison et rend caduc le Théâtre optique. Pour finaliser son invention, Louis Lumière s'appuie sur la collaboration de l'ingénieur parisien Jules Carpentier
« Ainsi, le grand mérite des Lumière est d’avoir réalisé la synthèse des inventions de leurs prédécesseurs. Leur Cinématographe est particulièrement astucieux, il est pratique, le même mécanisme qui sert à la prise de vue se transforme en appareil de projection quand on le munit d’une lanterne à alcool, il peut même copier des bobineaux déjà tournés. Une caméra, un appareil de projection, une tireuse, on dispose de trois appareils en un! À la différence du Kinétographe d’Edison, le Cinématographe des frères Lumière n’est pas entraîné par un moteur électrique, son mécanisme à manivelle a l’avantage d’être léger et permet aux opérateurs de se déplacer très facilement pour filmer en extérieurs naturels. »[1]La pellicule à perforations rondes Lumière (choisies pour éviter la contrefaçon du film 35 mm à perforations rectangulaires déposées par Edison) est abandonnée par la suite au profit du format Edison. Louis Lumière produit des milliers de films tournés dans le monde entier, avant que Léon Gaumont et surtout Charles Pathé ne créent l'industrie cinématographique française, plus puissante encore que l'industrie du cinéma américain.

En 1896, la Société Lumière est introduite en Bourse avec succès. « En février 1897, les Lumière commercialisent le Cinématographe, d'abord livré avec un objectif à mise au point automatique pour les sujets situés au-delà de 6 mètres. Puis, des objectifs Zeiss (foyers de 50 ou 54 mm), plus perfectionnés, sont proposés. 425 exemplaires du Cinématographe sont fabriqués par l'ingénieur Jules Carpentier, 20 rue Delambre à Paris. Renonçant de son côté à développer sa propre caméra, Carpentier est pour beaucoup dans la conception finale de l'appareil. »[2] Le succès international du Cinématographe permet à la famille Lumière de se faire construire de luxueuses villas dont la Villa Lumière en 1899 (siège administratif et lieu de résidence de la famille sur le site industriel de Lyon), Villa de La Ciotat (plus de 40 pièces sur 90 hectares), Villa d'Évian-les-Bains (actuel Hôtel de ville d'Évian-les-Bains), Villa La Pergola de Cap d'Ail de 1899 (détruite par la seconde Guerre mondiale).

En 1903, Louis Lumière invente l'autochrome, un procédé ingénieux de photographie en couleurs qui capture et conserve la couleur. En 1904, la Société Lumière abandonne la production de films, les deux frères comprenant que ce nouveau spectacle à vocation aussi bien artistique qu'industrielle exige des spécialistes de la dramaturgie et de la mise en scène, ce qu'ils reconnaissent ne pas être. « Dépassés par l'industrie, ils se retirent de la compétition. »[3]

Ils n'abandonnent pas cependant la compétition au niveau des produits photographiques. Le , pour contrer Kodak, la société devient Union Photographique des Ets Lumière et Jougla en fusionnant dans le quartier Polangis de Joinville-le-Pont près de Paris, avec sa concurrente, la société anonyme des plaques, pellicules et papiers photographiques, fondée en 1901 par les deux frères Joseph et Zacharie Jougla (avec l’aide du neveu de Louis Ducos du Hauron, inventeur de la trichromie / photographie couleur, l’usine Jougla fabrique et commercialise en 1907 les « omnicolor », premières plaques couleurs du monde, avant les autochromes des frères Lumière). La nouvelle usine Lumière-Jougla industrialise également des appareils photographiques Lumière, jusqu'à sa fermeture en 1966.

Henri Lumière en 1970 (1897-1971).

En 1928 la société est rebaptisée Société Lumière et produit jusqu'en 1970 des surfaces sensibles et produits chimiques pour la photocomposition et la radiographie médicale. Henri Lumière (fils d'Auguste Lumière) en devient le dirigeant en 1940.

En 1975, l'entreprise fusionne avec le groupe Ilford et est transférée à Saint-Priest. Le site industriel historique de Lyon est rasé à l'exception de la Villa Lumière (siège du musée et de l'Institut Lumière), et du Hangar du premier film Lumière (réhabilité et classé au monuments historiques de Lyon en 1994).

En 2013, Ilford Imaging Switzerland GmbH est mis en faillite après être longtemps parvenu à résister dans le domaine de la photographie argentique, à l’innovation technologique de la photographie numérique.

Voir aussi

Articles connexes

Références

  1. Marie-France Briselance et Jean-Claude Morin, Grammaire du cinéma, Paris, Nouveau Monde, , 588 p. (ISBN 978-2-84736-458-3), p. 33
  2. Laurent Mannoni, La Machine cinéma : de Méliès à la 3D, Paris, Lienart & La Cinémathèque française, , 307 p. (ISBN 978-2-35906-176-5), p. 40
  3. Mannoni 2016, p. 40

Liens externes

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