Site paléontologique de Cerin

Le site paléontologique de Cerin est un gisement de fossiles du massif du Jura, situé à Cerin, un hameau de la commune de Marchamp dans l'Ain. Il est d'une étonnante diversité et de réputation internationale[1].

Site paléontologique de Cerin

Moulage de Crocodileimus robustus issu du site paléontologique de Cerin et exposé au muséum des sciences naturelles de Belgique
Localisation
Pays France
Région Rhône-Alpes
Département Ain
Commune Cerin
Coordonnées géographiques 45° 46′ 47″ N, 5° 32′ 57″ E
Caractéristiques
Type Gisement de fossiles
Nature de la roche Calcaire lithographique
Âge de la roche
153–153 Ma
Âge de la formation Kimméridgien (Jurassique supérieur)
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Auvergne-Rhône-Alpes
Géolocalisation sur la carte : Ain

Le gisement est situé sur ce qui était une lagune tropicale vers la fin de l'étage du Kimméridgien (Jurassique supérieur. Il est daté de la biozone à Pseudomutabilis, dont l'équivalent dans le domaine méditerranéen est la biozone à Eudoxus, datée d'environ 153 Ma (millions d'années)[2],[3].

Situation

Le site paléontologique est situé à Cerin, un hameau de la commune de Marchamp, dans l'Ain. C'est un village du Bugey situé à 560 m d'altitude et qui se trouve à 20 km de Belley, 75 km de Lyon, 80 km de Grenoble et 90 km de Genève[4].

Le calcaire lithographique

Vue d'artiste:
une lagune du temps des dinosaures.

Cerin était connu à la fin du XIXe siècle pour la qualité de son calcaire lithographique. En effet, la région était, au Jurassique supérieur, une lagune tropicale. Le calcaire lithographique se forme par la sédimentation d'une boue carbonatée très fine déposée au fond d'une lagune il y a environ 153 millions d'années. Ces sédiments se disposent en strates.

L'exploitation de la carrière, à partir de 1835, pendant l'âge d'or de la lithographie, avait permis de découvrir périodiquement des empreintes d'animaux et de plantes préhistoriques fossilisés dans la roche. La paléontologie en était à ses débuts et ces trouvailles restaient méconnues[3].

Découverte du site

Une planche lithographiée des « Descriptions des poissons fossiles provenant des gisements coralliens du Jura dans le Bugey », de Victor Thiollière.

En 1838, grâce à l’ingénieur Aimé Drian, amateur passionné de géologie, et de géologues lyonnais, dont Victor Thiollière, on découvre ces fossiles et révèle au monde scientifique l'existence du gisement paléontologique de Cerin. Le gisement acquiert une réputation internationale et rivalisent avec celui de Solnhofen, en Bavière. Jusqu'à sa mort, Victor Thiollière ne cessa alors de rassembler et d'étudier un maximum de fossiles issus du site et ce fut, en grande partie, grâce à l’étude des fossiles de Cerin qu'il fut reconnu dans le monde de la paléontologie.

Ses travaux ont démontré la similitude des calcaires lithographiques de Cerin et de Solnhofen. Il décrivit de nombreuses nouvelles espèces de poissons. Il publia en 1854 la première partie de sa « description des poissons fossiles provenant des gisements coralliens du Jura dans le Bugey », mais mourut avant la publication de la seconde partie, les descriptions et les planches lithographiques étant achevées[5].

La fouille du site

Piste de tortue sur une plage du Japon.

La fouille de ce site du Kimméridgien supérieur (Jurassique supérieur, environ - 153 Ma)[6], de 1975 à 1995, a représenté une opération unique en son genre et de haut niveau technologique. Dirigé par des géologues de l’université Claude-Bernard à Lyon, il a nécessité du gros matériel de travaux publics.

Cette opération a permis la récolte d'algues, fougères, conifères, mollusques, oursins, étoiles de mer, crustacés[8], reptiles, poissons, ainsi que des traces de tortues et de reptiles[9]. Une étude minutieuse a permis de déterminer l’époque et la nature du site (une lagune tropicale datant d’environ 153 millions d’années) et de comprendre les causes de cette fossilisation exceptionnelle[1].

Il a été découvert à Cerin, inscrit dans la pierre, une piste de tortues géantes du Jurassique supérieur, actuellement unique au monde.

Le processus de fossilisation à Cerin

Image aérienne de l'île d'Aldabra et de son lagon.

Pour comprendre le processus de fossilisation à Cerin, les scientifiques sont partis en expédition dans l’océan Indien, sur l’île d’Aldabra, pour observer un processus de fossilisation identique à celui qui s'est produit sur le site et dont voici les phases :

Il y a 153 millions d’années, le climat était tropical. La lagune ne communiquant que très difficilement avec la haute mer, l’évaporation était intense. Les animaux terrestres qui s’aventuraient sur le bord de la lagune laissant leurs empreintes dans une boue qui séchait rapidement.

En cas de tempête, des masses d’eau salées importantes, chargées en boue, en débris de végétaux et en animaux vivants ou morts, pénétraient dans la lagune; de l'eau douce, apportées par la pluie et le ruissellement, entraînait également des particules fines en grande quantité. Quand le calme revenait, les fines particules de sédiments se déposaient en une couche régulière qui tapissait le fond et recouvrait débris et empreintes.

Cette couche donnait alors naissance à un banc de calcaire lithographique.

Quand l’évaporation faisait à nouveau baisser le niveau de l’eau, celle-ci devenait sous-oxygénée et sur-concentrée en sels, ce qui entraînait la mort de nombreux êtres vivants, tout en protégeant leurs cadavres des charognards. Les tapis microbiens, qui prospéraient, recouvraient les cadavres et les débris végétaux, facilitant leur conservation sous forme de fossiles[1].

Musées

Notes et références

    1. « Cerin Marchamp : un site de fouilles mondialement connu », sur voixdelain.fr, Voix de l'Ain,
    2. (en) Schweigert, G. 2007b. Ammonite biostratigraphy as a toolfor dating Upper Jurassic lithographic limestones fromSouth Germany – first results and open questions. NeuesJahrbuch für Geologie und Paläontologie Abhandlungen,245(1), 117–125
    3. (fr) http://www.museedesconfluences.fr/fr/ressources/collection-des-fossiles-de-cerin
    4. Cartes IGN consultées sur Géoportail.
    5. [PDF]« Actes du colloque « Histoire des collections», Lyon, Avril 2007: Collectionneurs et collections au XIXe siècle : Eugène Dumortier et Victor Thiollière », sur www.museedesconfluences.fr.
    6. Pierre Thomas, « La carrière de Cerin (commune de Marchamp, Ain) et ses faciès sédimentaires », Images de la semaine, sur Laboratoire de Sciences de la Terre / ENS Lyon, Olivier Dequincey, (consulté le ).
    7. (en) Audo D., Charbonnier S., Schweigert G. & Saint Martin J.-P. 2014. — New eryonid crustaceans from the Late Jurassic Lagerstätten of Cerin (France), Canjuers (France), Wattendorf (Germany) and Zandt (Germany). Journal of Systematic Palae-ontology 12 (4): 459-479
    8. dont les holotypes de Cyclerion bourseaui et de Soleryon amicalis[7]
    9. , les fouilles de Cerin sur c3g.univ-lyon1.fr].

    Voir aussi

    Articles connexes

    Bibliographie

    • Victor Thiollière, Descriptions des poissons fossiles provenant des gisements coralliens du Jura dans le Bugey, Paris, Editions J.-B. Baillière, 1854.
    • Victor Thiollière et Paul Gervais, Descriptions des poissons fossiles provenant des gisements coralliens du Jura dans le Bugey. 2e partie revue et annotée par Paul Gervais avec l’aide de Gaston de Saporta, Falsan et Dumortier, Lyon, Éditions H. Georg, 1873.
    • Louis David, Une lagune tropicale au temps des dinosaures, édition du CNRS, 1985.

    Lien externe

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