Shakespeare and Company

Shakespeare and Company est une librairie indépendante située dans le 5e arrondissement de Paris. Shakespeare and Company sert à la fois de librairie et de bibliothèque spécialisée dans la littérature anglophone. L'étage sert aussi de refuge à des voyageurs (des « tumbleweeds »), hébergés en échange de quelques heures quotidiennes de travail dans la librairie[1].

Pour les articles homonymes, voir Shakespeare (homonymie).

La librairie Shakespeare and Company en 2011.

Histoire

Sylvia Beach

Le nom Shakespeare and Company fut d'abord celui d'une librairie antérieure, fondée et dirigée par l'Américaine Sylvia Beach, et située au 8, rue Dupuytren (de 1919 à 1921), puis au 12, rue de l'Odéon (de mai 1921 à 1941). Cet établissement fut considéré pendant l'entre-deux-guerres comme le centre de la culture anglo-américaine à Paris. Il était souvent visité par des auteurs appartenant à la « Génération perdue », tels qu'Ernest Hemingway, Ezra Pound, F. Scott Fitzgerald, Gertrude Stein et James Joyce. Considéré comme étant de haute qualité, le contenu de la librairie reflétait les goûts littéraires de Sylvia Beach. Shakespeare and Company, tout comme ses habitués littéraires, sont continuellement mentionnés dans Paris est une fête d'Hemingway. Les clients pouvaient acheter ou emprunter des livres comme le controversé L'Amant de lady Chatterley de D. H. Lawrence, interdit en Angleterre et aux États-Unis.

C'est Sylvia Beach qui a publié, en 1922, la première édition du livre de James Joyce, Ulysse, qui a par la suite été interdit aux États-Unis et en Angleterre. Shakespeare and Company publia plusieurs autres éditions d'Ulysse.

En , la librairie devient l'éditeur-distributeur de la revue d'avant-garde Transition fondée entre autres par Eugène Jolas.

Dans les années 1930, la librairie en difficultés financières obtient le soutien d'André Gide qui crée les Amis de Shakespeare and Co[2]. Il arrange notamment la venue à la librairie du fondateur de la Nouvelle Revue française Jean Schlumberger[2]. Ce dernier fait à son tour venir Jean Paulhan[2]. Elle reçoit également un soutien financier de riches Américaines telles que Helena Rubinstein et Anne Morgan[2].

Cette première Shakespeare and Company fut fermée en à cause de l'occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Le magasin aurait été fermé parce que Sylvia Beach avait refusé de vendre le dernier exemplaire de Finnegans Wake de Joyce à un officier allemand. Le magasin de la rue de l'Odéon n'a jamais rouvert.

George Whitman

George Whitman photographié en 2008 par Olivier Meyer.
Lawrence Ferlinghetti et la jeune Sylvia Whitman devant la librairie en 1981.

En 1951, une autre librairie anglophone fut ouverte à Paris par l'Américain George Whitman (en), sous l'enseigne Le Mistral, au 37, rue de la Bûcherie[3]. Le magasin devint rapidement un centre de la culture littéraire. Le nom de cette seconde librairie fut changé en Shakespeare and Company à la mort de Sylvia Beach en 1962. Dans les années 1950, beaucoup d'écrivains de la Beat Generation, tels qu'Allen Ginsberg, Gregory Corso et William S. Burroughs y logèrent. La fille de Whitman, Sylvia, s'occupe maintenant de la tenue de la boutique, près de la place Saint-Michel et à deux pas de la Seine. Jim Morrison la fréquenta assidûment en 1971[4].

« George Whitman tient depuis cinquante ans ce qu’il appelle « une utopie socialiste se faisant passer pour une librairie ». Sa boutique a longtemps été un centre littéraire attirant des gens comme Henry Miller, Richard Wright, et William Burroughs. Plus important encore, George invite, depuis ses débuts, les gens à y vivre. Il affirme que plus de 40 000 personnes ont dormi à un moment ou à un autre dans un des treize lits parmi les livres. Tout ce qu’il vous demande, c’est de faire votre lit le matin, de donner un coup de main à la boutique et de lire un livre par jour. Cinq mois de vie ici m’ont inspiré mon propre ouvrage sur l’endroit[5]. Jeremy Mercer's top 10 bookshops »

Sylvia Whitman

La fille de George Whitman, Sylvia, reprend la boutique en 2001[6]. Elle a su donner un second souffle à la librairie en organisant plusieurs festivals culturels, qui remportent un franc succès. Par exemple, tous les deux ans depuis 2003 se tient le FestivalandCo qui fait se rencontrer à Paris les écrivains anglophones en vogue et à découvrir. La librairie est également devenue un asile pour les écrivains qui souhaitent rester pour quelques nuits. En contrepartie, il faut respecter certaines conditions : lire un livre par jour, aider deux heures à la boutique, et rédiger une page autobiographique en y joignant une photographie[réf. nécessaire].

Foule venue écouter la lecture par Kate Tempest d'un de ses poèmes à la librairie, juillet 2018[7].

Sylvia Whitman dirige la librairie dans un souci de rencontre perpétuelle entre le livre et le lecteur. L'agencement de la boutique, les animations organisées, telles que la création en 2010 d'un prix littéraire, le Paris Literary Prize (en), ou les lectures hebdomadaires, sont autant de moyens de favoriser cette rencontre.

Hommages

Références à la télévision et dans des films

  • Shakespeare and Company apparaît dans la troisième saison de Highlander comme une librairie parisienne tenue par le Guetteur Don Salzer. Dans la quatrième saison, l'Immortel Methos utilise une pièce cachée dans la cave de la librairie pour entreposer ses journaux anciens.
  • Shakespeare and Company apparaît dans la scène d'ouverture du film Before Sunset où le protagoniste Jesse Wallace est interrogé à propos de son livre.
  • George and Co, Portrait d'une librairie en vieil homme[8] est un portrait documentaire de 52 minutes sur la librairie, ses hôtes et son propriétaire, George Whitman. Il est réalisé par Gonzague Pichelin et Benjamin Sutherland.
  • Les expériences de Jeremy Mercer à Shakespeare and Company sont centrales dans son roman Time Was Soft There.
  • Shakespeare and Company apparaît dans le film Julie and Julia lorsque Julia Child cherche un livre de cuisine française écrit en anglais.
  • Shakespeare and Company apparaît dans le film Minuit à Paris de Woody Allen.
  • Shakespeare and Company apparaît dans l'émission The Late Late Show with Craig Ferguson diffusée en sur CBS[9].

Références dans la littérature

  • Le romancier français Yannick Haenel a fait de Shakespeare and Company un des principaux points du chute pour le protagoniste et narrateur de son roman Cercle, paru aux Éditions du Seuil en 2007.
  • Dans Les Optimistes de Rebecca Makkai, un des personnages principaux, Fiona, passe une journée dans la librairie à la recherche de sa fille.

Références

  1. Hélène Franchineau, « Shakespeare and Co ou les dormeurs du livre », LEMONDE.FR, (consulté le )
  2. (en) Ronald, Susan,, A dangerous woman : American beauty, noted philanthropist, Nazi collaborator : the life of Florence Gould, St. Martin's Press, , 400 p. (ISBN 978-1-250-09221-2 et 1-250-09221-3, OCLC 983559109, lire en ligne), p. 192
  3. Nicolas Ungemuth, « La grande histoire d'une petite librairie », LeFigaro.fr, (consulté le ).
  4. Olivier Nuc, « Sur les traces parisiennes de Jim Morrison », Le Figaro, 17-18 octobre 2020, p. 30 (lire en ligne).
  5. George Whitman has been running what he calls "a socialist utopia masquerading as a bookstore" for 50 years. His store has long been a literary hub, attracting the likes of Henry Miller, Richard Wright, and William Burroughs. More importantly, George has been inviting people to live in his shop from its very first days. There are now 13 beds among the books, and he says that more than 40,000 people have slept there at one time or another. All he asks is that you make your bed in the morning, help out in the shop, and read a book a day. After living here for five months, I was inspired to write my own book about the place.
  6. Pour cette section voir : La librairie Shakespeare and Co de nos jours, sur L'Intermède
  7. « Kate Tempest », sur shakespeareandcompany.com (consulté le )
  8. Portrait of a Bookstore as an Old Man (2003) sur IMDB
  9. . Consulté le 21 mars 2012.

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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