Service de protection de la communauté juive

Le Service de protection de la communauté juive (SPCJ) est un organisme créé et sponsorisé par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) en 1980. Il s'est donné comme mission notamment de recenser les actes antisémites en France. Il travaille en collaboration avec les services de police, notamment dans le décompte des actes antisémites[1].

Présentation du SPCJ par lui-même

En introduction sur son site on peut lire :

  • qu'il a été créé au lendemain de l’Attentat de la rue Copernic à Paris.
  • Le SPCJ est la concrétisation d’une volonté commune
  • Le Président du SPCJ est Éric de Rothschild.
  • L’existence du SPCJ depuis les années 80 se justifie par la menace terroriste et antisémite qui perdure sur le territoire et - de fait - par la nécessité d’œuvrer à l’épanouissement de la Communauté juive en France, en garantissant l’intégrité et la libre expression de l’identité juive sous toutes ses formes.
  • Le SPCJ est une organisation apolitique, à but non lucratif. Sa vocation exclusive est la protection de la vie juive dans toutes ses pluralités.

Les rapports annuels du SPCJ

  • Les rapports sont établis à partir des relevés fournis par le ministère de l'intérieur. Voir le Rapport 2012.
  • Les rapports pointent, avec inquiétude, une augmentation des actes antisémites en France avec des pics après des événements gravissimes comme les assassinats de Mohamed Merah.
  • Ces rapports servent de données d'entrées pour les actions du ministère de l'intérieur.

Polémiques sur ces rapports

En 2009, trois ans avant les attentats de Toulouse, le sociologue et directeur de recherche au CNRS, Laurent Mucchielli, a repris de façon critique ces rapports. Il affirme, a contrario, que l'antisémitisme sur une longue période a diminué dans le pays. Le pic d’actes antisémites effectivement constaté en s’explique par une raison conjoncturelle : la guerre de Gaza. Ce phénomène avait déjà été observé lors de la deuxième Intifada en 2000. Selon Mucchielli, il n’y a pas d’augmentation tendancielle de l’antisémitisme en France, 90 % des Français considérant en outre les juifs comme des Français comme les autres »[2].

Cette position et cette analyse ont été, à leur tour, contestées dans une chronique du journaliste Meïr Waintrater reprise par le site Internet du Conseil représentatif des institutions juives de France[3].

Concurrence victimaire

Ces rapports ne relevant que les actes antisémites en France et le fait que le SPCJ travaille en étroite collaboration avec le ministère de l’Intérieur, irritent d'autres communautés. Une partie de l'internet musulman notamment, reproche aux médias français nationaux de plus couvrir, de ce fait, l'agression d'un juif que d'un musulman par exemple[4]. Les réactions de ces communautés sont alors de se calquer sur le SPCJ. Ainsi, le CCIF, Collectif contre l'islamophobie en France a-t-il été créé dès le départ pour être le miroir musulman du CRIF juif, d'où la quasi-équivalence des sigles. Les relevés du CCIF sous forme de rapport des actes islamophobes[5] répondent aux rapports sur l'antisémitisme du SPCJ[6]. De même, à la critique de ces rapports du CCIF par la communauté juive[7], répond la critique similaire de ce que CCIF appelle « les actes prétendument antisémites »[8].

Les médias ont qualifié ces échanges de concurrence victimaire[9],[10],[11].

Certaines personnes disent que cette concurrence victimaire s'étend aux autres communautés. Ainsi, en 2010, a été créé l'« observatoire de la christianophobie »[12] recensant les actes contre la religion chrétienne. La même année, le terme « négrophobie » apparaît avec notamment les actions de la « Brigade antinégrophobie »[13],[14].

Le CCIF reproche aux gouvernements français de droite comme de gauche - dans ce dernier cas les cibles visées sont principalement Manuel Valls mais aussi Najat Vallaud-Belkacem - de privilégier la protection des juifs au détriment de celle des musulmans. Marwan Muhammad, le porte-parole du CCIF résume la position de Manuel Valls en disant qu'il « protège les synagogues et surveille les mosquées »[15]. Il déclare de même : « De la même façon que l’on lutte contre l’antisémitisme, il faut lutter contre l’islamophobie. Quand on entend le ministre de l’Intérieur dire que nos compatriotes juifs peuvent porter leur kippa avec fierté, j’aimerais l’entendre dire que tous nos compatriotes musulmans – les dames qui le portent – peuvent porter le hijab avec fierté également »[16].

Le sociologue Michel Wieviorka révèle la façon dont ce processus de concurrence victimaire a permis un recyclage de l'antisémitisme[17].

Notes et références

Bibliographie

  • Philippe Bourdrel, Histoire des juifs de France, vol. II : De la Shoah à nos jours, Albin Michel, , 464 p. (ISBN 978-2226142160)
  • (fr + en) Pauline Côté et Thomas Jeremy Gunn, La nouvelle question religieuse : Régulation ou ingérence de l'État ?, European Interuniversity Press, , 398 p. (ISBN 978-9052010342)
  • Michel Wieviorka, L'antisémitisme, est-il de retour ?, Larousse, , 128 p. (ISBN 978-2035843111)
  • (en) Michel S. Laguerre, Global Neighborhoods : Jewish Quarters in Paris, London, and Berlin, State University of New York Press, , 300 p. (ISBN 978-0791475522)
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