Sarcoscypha coccinea

Pézize écarlate

La pézize écarlate (Sarcoscypha coccinea) est un champignon ascomycète de la famille des Sarcoscyphaceae. Elle est largement distribuée dans l'hémisphère nord, et on l'a signalée sur tous les continents. Elle est reconnaissable par sa forme en coupe, dont l'intérieur rouge écarlate est à l'origine de ses noms scientifique et vernaculaire. Comestible médiocre, elle aurait des propriétés hémostatiques en usage externe utilisés traditionnellement par certains Indiens d'Amérique.

Taxinomie

Le champignon a été décrit sous de nombreux noms et sa nomenclature reste compliquée et débattue. Sa première apparition dans la littérature est l'œuvre du naturaliste italien Giovanni Antonio Scopoli en 1772, qui le nomme Helvella coccinea[1]. À la même époque, il est mentionné sous les noms de Peziza coccinea (Nikolaus Joseph von Jacquin, 1774) et de Peziza dichroa (Theodor Holmskjold, 1799). En 1821, Samuel Frederick Gray le cite comme Macroscyphus coccineus. Le genre Sarcoscypha est créé en 1885 par Émile Boudier. Le nom binominal Sarcoscypha coccinea est ensuite cité comme espèce type pour ce genre par Jean Baptiste Émil Lambotte (1889), Pier Andrea Saccardo (1889), puis Boudier lui-même (1907). L'espèce est ainsi citée dans la littérature mycologique du XXIe siècle sous trois formes différentes :

  • Sarcoscypha coccinea (Scop.) Lambotte, 1889 ;
  • Sarcoscypha coccinea (Scop.) Sacc., 1889 ;
  • Sarcoscypha coccinea (Gray) Boud., 1907.

Description

Initialement sphériques, les ascocarpes (appelés apothécies) prennent ensuite une forme en coupe peu profonde, avec des bords enroulés. Ils mesurent entre 2 et cm de diamètre[2]. La surface intérieure est lisse et rouge écarlate, passant à l'orange lorsqu'elle est sèche. La surface extérieure (excipulum) est blanchâtre à rosée et furfuracée[3] ou tomenteuse[2]. Le stipe, lorsqu'il est présent, est corpulent et peut atteindre cm de long (s'il est profondément enfoui) pour 0,3 à 0,7 cm d'épaisseur. Il est blanchâtre et tomenteux[2]. Certains champignons ont une pigmentation réduite ou absente : ces formes peuvent être orange, jaunes ou même blanches (variété albida). Aux Pays-Bas, des apothécies blanches ont été trouvées poussant dans les polders[4].

Espèces proches

Sarcoscypha dudleyi (gauche) et Sarcoscypha austriaca (droite) ressemblent beaucoup à la pézize écarlate.

Sarcoscypha coccinea présente de nombreuses similitudes avec Sarcoscypha dudleyi et Sarcoscypha austriaca, et la confusion entre les trois espèces est courante dans la littérature mycologique[5]. L'examen des caractéristiques microscopiques est souvent nécessaire pour les différencier définitivement.

Écologie, habitat et distribution

Saprophyte, la pézize écarlate pousse sur des branches mortes.

C'est une espèce saprotrophe[3] qui pousse sur des matières ligneuses en décomposition provenant de divers arbres et arbustes : rosacées (haies d'aubépines, de ronces, de prunelliers[3]), hêtres, noisetiers, saules, ormes et chênes (en Méditerranée). La pézize écarlate est visible en hiver et au début du printemps[3].

Le champignon a une large distribution dans l'hémisphère nord, et se trouve en Afrique, Asie, Europe, Amérique du Nord et Amérique du Sud et en Australie. Elle est devenue très rare sur les îles Britanniques[6].

Usages humains

La pézize écarlate est donnée comme comestible par certains auteurs[2]. Jugée médiocre ou sans intérêt, elle peut éventuellement servir à garnir un plat[3].

Elle était par contre utilisée comme champignon médicinal par les Indiens Onneiouts et peut-être par d'autres tribus des Six-Nations iroquoises. Après avoir été séchée et broyée en poudre, elle était appliqué comme styptique sous des bandages en peau de cerf tannée, en particulier sur les nombrils des nouveau-nés qui ne guérissaient pas correctement après la rupture du cordon ombilical[7].

Annexes

Notes et références

  1. (la) Giovanni Antonio Scopoli, Flora carniolica : Exhibens plantas Carnioliae indigenas et distributas in classes, genera, species, varietates, ordine Linnaeano, vol. 2, Vienne, Inconnu, , 2e éd., 496  p. (lire en ligne), p. 479.
  2. Arora 1986, p. 836.
  3. Courtecuisse et Duhem 1994, p. 132-133.
  4. (nl) Yvonne Van Duuren et Gerrit Van Duuren, « Witte Rode kelkzwammen en op excursie met Hans-Otto Baral », Coolia, vol. 48, no 3, , p. 169–70 (lire en ligne).
  5. (en) Francis A. Harrington, « Sarcoscypha in North America (Pezizales, Sarcoscyphaceae) », Mycotaxon, vol. 38, , p. 417–458 (lire en ligne).
  6. (en) G.B. Butterfill et B.M. Spooner, « Sarcoscypha (pezizales) in Britain », Mycologist, vol. 9, no 1, , p. 20–26 (DOI 10.1016/S0269-915X(09)80243-7, lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Fred Jay Seaver, The North American Cup-Fungi (Operculates), New York, publié par l'auteur, , 377 p., p. 191-192.

Bibliographie

  • Régis Courtecuisse et Bernard Duhem, Guide des champignons de France et d'Europe, Paris, Delachaux et Niestlé, , 480 p. (ISBN 2-603-00953-2).
  • (en) David Arora, Mushrooms Demystified : A Comprehensive Guide to the Fleshy Fungi, Berkeley, Californie, Ten Speed Press, , 959 p. (ISBN 978-0-89815-169-5, lire en ligne).

Liens externes

  • Portail de la mycologie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.