Sage (1751)

Le Sage est un vaisseau de ligne portant 64 canons sur deux ponts construit à Toulon par Pierre-Blaise Coulomb de 1749 à 1752. Il est mis en chantier pendant la vague de construction qui sépare la fin de guerre de Succession d'Autriche (1748) du début de la guerre de Sept Ans (1755)[3]. Il sert dans la Marine française de 1752 à 1768 en traversant les épreuves de la guerre de Sept Ans.

Pour les articles homonymes, voir Sage (homonymie).

Sage

Le Sage à la bataille de Minorque en 1756
Type Vaisseau de ligne
Histoire
A servi dans  Marine royale française
Chantier naval Toulon
Quille posée
Lancement [1]
Équipage
Équipage 640 à 650 hommes[N 1]
Caractéristiques techniques
Longueur 44,5 m
Maître-bau 12,19 m
Tirant d'eau 5,79 m
Déplacement 1 100 t
Propulsion Voile
Caractéristiques militaires
Armement 64 canons
Carrière
Port d'attache Arsenal de Toulon

Caractéristiques générales

Le Sage est un bâtiment moyennement artillé mis sur cale selon les normes définies dans les années 1730-1740 par les constructeurs français pour obtenir un bon rapport coût/manœuvrabilité/armement afin de pouvoir tenir tête à la marine anglaise qui disposait de beaucoup plus de navires[4]. Il fait partie de la catégorie de vaisseaux dite de « 64 canons » dont le premier exemplaire est lancé en 1735 et qui est suivi par plusieurs dizaines d’autres jusqu’à la fin des années 1770, époque où ils sont définitivement surclassés par les « 74 canons[N 2]. »

Comme pour tous les vaisseaux de guerre français de l’époque, sa coque est en chêne, son gréement en pin, ses voiles et cordages en chanvre[6]. Il est moins puissant que les vaisseaux de 74 canons car outre qu'il emporte moins d'artillerie, celle-ci est aussi pour partie de plus faible calibre, soit vingt-six canons de 24 livres sur sa première batterie percée à treize sabords, vingt-huit canons de 12 sur sa deuxième batterie percée à quatorze et dix canons de 6 sur ses gaillards[1]. Cette artillerie correspond à l’armement habituel des 64 canons. Elle est en fer, chaque canon disposant d'une réserve d’à peu près 50 à 60 boulets, sans compter les boulets ramés et les grappes de mitraille[6].

Pour nourrir les centaines d’hommes qui composent son équipage, c’est aussi un gros transporteur qui doit, selon les normes du temps, avoir pour deux à trois mois d'autonomie en eau douce et cinq à six mois pour la nourriture[7]. C'est ainsi qu'il embarque des dizaines de tonnes d’eau, de vin, d’huile, de vinaigre, de farine, de biscuit, de fromage, de viande et de poisson salé, de fruits et de légumes secs, de condiments, de fromage, et même du bétail sur pied destiné à être abattu au fur et à mesure de la campagne[7].

Historique

L’arsenal de Toulon au milieu du XVIIIe siècle, à l'époque ou le Sage y est construit.

Le Sage est commandé par Joseph-François de Noble du Revest lorsque la guerre reprend en 1755 entre la France et l'Angleterre. Au printemps 1756, il est requis pour faire partie de la flotte de 12 vaisseaux de La Galissonière qui appareille avec plus de 12 000 soldats sur 170 navires de transport pour attaquer la base anglaise de Minorque[8]. Le , il participe à la bataille de Minorque contre l'escadre de John Byng venue secourir la place. Il occupe la dernière position sur la ligne française. C'est le seul vaisseau français réellement endommagé lors de ce combat victorieux[8].

En 1757, le Sage passe sous les ordres du capitaine Dabon lorsqu'il est affecté à la division de 4 vaisseaux du chef d'escadre Noble du Revest qui doit faire voile pour l'Amérique du Nord afin d'y défendre Louisbourg[9]. Le , il appareille de Toulon et réussit à franchir le détroit de Gibraltar malgré la surveillance anglaise et arrive le à destination, participant ainsi à l'importante concentration navale qui sauve Louisbourg de l'invasion cette année-là[10]. En octobre, le Sage quitte la place pour rentrer en France. Comme les autres vaisseaux, il est touché par la grave épidémie de typhus qui ravage les équipages[11].

En 1758-1759, le Sage n'est pas engagé dans les défaites qui voient la perte de nombreuses unités françaises (bataille de Carthagène, de Lagos, des Cardinaux). Il est rayé des listes de la flotte en 1768[1].

Notes et références

Notes

  1. Le ratio habituel, sur tous les types de vaisseau de guerre au XVIIIe siècle est d'en moyenne 10 hommes par canon, quelle que soit la fonction de chacun à bord. C'est ainsi qu'un 100 canons emporte 1 000 hommes d'équipage, un 80 canons 800 hommes, un 74 canons 740, un 64 canons 640, etc. L'état-major est en sus. Cet effectif réglementaire peut cependant varier considérablement en cas d'épidémie, de perte au combat ou de manque de matelots à l'embarquement[2].
  2. Les 74 canons en sont par ailleurs un prolongement technique apparu neuf ans après le lancement du premier 64 canons, le Borée[5]. Sur la chronologie des lancements et les séries de bâtiments, voir aussi la liste des vaisseaux français.

Références

  1. Ronald Deschênes, « Vaisseaux de ligne français de 1682 à 1780 du troisième rang », sur le site de l'association de généalogie d’Haïti (consulté le ). « Le Sage », sur threedecks.org (consulté le ).
  2. Acerra et Zysberg 1997, p. 220. Voir aussi Jean Meyer dans Vergé-Franceschi 2002, p. 105.
  3. Villiers 2015, p. 126.
  4. Meyer et Acerra 1994, p. 90-91.
  5. Acerra et Zysberg 1997, p. 67. Meyer et Acerra 1994, p. 90-91.
  6. Acerra et Zysberg 1997, p. 107 à 119.
  7. Jacques Gay dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1486-1487 et Jean Meyer dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1031-1034.
  8. Lacour-Gayet 1910, p. 270 à 302 et p.505.
  9. Troude 1867-1868, p. 341.
  10. Lacour-Gayet 1910, p. 382-383.
  11. Meyer et Acerra 1994, p. 106-108.

Sources et bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Archives nationales de France, fonds Marine série B5 carton 3, Liste des vaisseaux du Roy pour l'année 1751.
  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins »,
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)
  • Jean-Michel Roche (dir.), Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, t. 1, de 1671 à 1870, éditions LTP, , 530 p. (lire en ligne)
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, notice BnF no FRBNF35734655)
  • Martine Acerra et André Zysberg, L'essor des marines de guerre européennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), , 298 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7181-9515-0, notice BnF no FRBNF36697883)
  • Patrick Villiers, La France sur mer : De Louis XIII à Napoléon Ier, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », , 286 p. (ISBN 978-2-8185-0437-6). 
  • Onésime Troude, Batailles navales de la France, t. 1, Paris, Challamel aîné, 1867-1868, 453 p. (lire en ligne)
  • Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, Honoré Champion éditeur, , 2e éd. (1re éd. 1902)

Articles connexes

Liens externes

  • Portail du monde maritime
  • Portail du royaume de France
  • Portail de la Nouvelle-France
  • Portail de la Marine française
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.