SS-Truppenübungsplatz Heidelager

La SS-Truppenübungsplatz Heidelager ou dénommé aussi camp de concentration de Pustków, était l'un des complexes militaires de la SS et un camp de concentration nazi en Pologne occupée pendant la Seconde Guerre mondiale[1]. L'installation nazie a été construite pour former des unités militaires collaborationnistes, y compris la 14e division ukrainienne de la Waffen SS et des unités estoniennes[2]. Cette formation comprenait des opérations de mise à mort à l'intérieur des camps de concentration — notamment dans les camps voisins de Szebnie et Pustków — et des ghettos juifs à proximité du « Heidelager »[3],[4]. La zone militaire était située dans le triangle des rivières Wisła et San, dominé par de vastes zones forestières. Le centre du Heidelager était à Blizna, l'emplacement du site secret de lancement de missiles V-2, qui fut construit et occupé par des prisonniers du camp de Pustków.

Camp de concentration de Pustków

Musée du camp.
Présentation
Type Base militaire, camp d'entraînement SS et camp de concentration
Gestion
Utilisation originelle Camp de travail forcé et d'internement de prisonniers de guerre
Date de création Janvier 1940
Créé par Heinrich Himmler
Géré par Schutzstaffel
Dirigé par Bernhardt Voss
Date de fermeture Août 1944
Fermé par l'Armée rouge et l'Armia Krajowa
Victimes
Type de détenus Juifs, Polonais, Russes
Morts 15 000
Géographie
Pays Pologne
Région Voïvodie des Basses-Carpates
Localité Pustków
Coordonnées 50° 08′ 25″ nord, 21° 29′ 20″ est
Géolocalisation sur la carte : Europe
Géolocalisation sur la carte : Pologne

Histoire

Les nazis avaient initialement prévu d'ériger un grand camp d'entraînement SS près de Pustków comprenant des casernes, entrepôts et bâtiments pour les services de renseignement. L'installation a été construite sur ordre du Reichsführer-SS Heinrich Himmler en vertu de la disposition OKW n ° 3 032 du , qui a permis la construction d'un centre d'entraînement militaire SS dans la zone à l'est de Dębica dans le Generalgouvernement Polen. Le site d'entraînement devait être construit comme un camp de caserne avec quatre rocades (appelé : Lager Flandern). Il devait être achevé le afin d’accueillir deux régiments d'infanterie renforcés. Afin de mener le projet à bien, une dizaine de villages près de Pustków ont été évacués puis rasés[1].

Afin de fournir suffisamment de main-d'œuvre pour construire ce projet, les nazis mettent initialement en place un camp de travailleurs. Le camp ouvre ses portes le avec l'arrivée des premiers travailleurs forcés, pour la plupart Juifs[5] et des prisonniers belges. La plupart des prisonniers juifs ont été transférés des ghettos de Cracovie, Rzeszow et Tarnow et amenés au camp. Le camp juif comprenait deux casernes accueillant environ 465 prisonniers[6]. Les conditions étaient si terribles que la plupart des prisonniers n'ont pas survécu les premiers mois[7]. Au cours de ses quatre ans d'histoire, le nom du centre d'entraînement militaire changea plusieurs fois[8]. Pendant les phases de planification, il fut dénommé « Ostpolen » (entre le et le ). Lors de la pose de la première pierre le , il fut rebaptisé « Dębica ». À partir du , le site est désigné « Heidelager ». Il fut commandé à compter de l'automne 1941 par l'Oberführer-SS Werner von Schele[1].

L'endroit a été transformé en camp de prisonniers de guerre pour les soldats de l'Armée rouge capturés dans la zone soviétique de la Pologne occupée après la mise en œuvre de l'opération Barbarossa. Les premiers d'entre eux arrivèrent en [5],[9]. Au début, le camp de prisonniers de guerre n'était plus qu'un espace clos. Les prisonniers recevaient peu ou pas de nourriture et étaient réduits à manger de l'herbe et des racines. Il n'y avait pas de caserne, les prisonniers devaient donc dormir dehors. Ce manque d'abri tua de nombreux prisonniers au cours de l'hiver rigoureux de 1941-1942. Beaucoup furent torturés, maltraités, ou exécutés en masse au pied de ce qui devint tristement célèbre, la Góra Śmierci (« Colline de la mort »), son vrai nom étant Królowa Góra[10]. En ces lieux, les détenus morts furent incinérés dans des bûchers funéraires spécialement construits.

Un troisième camp de travailleurs forcés polonais a été créé en [5]. Les conditions y étaient pas moins bonnes que celles des deux premiers camps. Les travailleurs forcés ont participé au développement et à la production des missiles V-1 et V-2 sur le site de lancement de missiles à Blizna. À partir de 1943, le camp était gardé par des unités du 204e Schutzmannschafts Battalion, un bataillon composé d'Ukrainiens de la région de Lviv. Les Juifs du camp de Pustków furent également exploités par l'entreprise AEG pour des installations électriques dans les zones d'entraînement de la Waffen-SS à Dębica à partir de 1941[11]. Ils furent parqués dans des ghettos à la demande du chef de la Gestapo de la ville, Julius Gabler.

Le nombre total de victimes dans le camp de Pustków est inconnu. En 1944, l'armée soviétique progressant, le camp est dissous. Tous les prisonniers survivants ont été envoyés dans des camps voisins, tels que le camp de Cracovie-Płaszów[12],[7]. On estime qu'au moins 15 000 personnes sont mortes ou ont été tuées, dont environ 5 000 prisonniers de guerre russes, 7 500 juifs et 2 500 Polonais[5]. Le dernier commandant de la base d'entraînement était un membre de la Totenkopfverbände, l'Oberführer-SS Bernhardt Voss, jusqu'à l'été 1944[1].

Heinrich Himmler visitant le camp de concentration SS-Truppenübungsplatz Heidelager avec son entourage nazi le .

L'installation ressemblait à une petite ville avec sa propre ligne de chemin de fer à voie étroite, quelque 3 600 hommes de différentes nationalités, comprenant cinémas, salles à manger, des dizaines de villas, un bulletin d'information, un grand bordel de camp composé de femmes détenues du camp de travaux forcés à proximité, et parties de chasse régulières pour les officiers supérieurs. C'est là que la division Galizien vit le jour. La chaîne fut visitée par le Reichsführer-SS Heinrich Himmler le , et abandonnée à l'été 1944 avant l'avance soviétique[1].

Après l'abandon du camp, la zone était toujours défendue par un groupe de combat des Waffen-SS. Le camp a été en grande partie détruit par un incendie lors de l'évacuation du centre d'entraînement militaire.

En raison des crimes commis sur le terrain d'entraînement militaire, des accusations criminelles ont été déposées par des Polonais auprès de la commission des crimes de guerre nazis. À partir de 1959, de vastes enquêtes ont été menées en Allemagne pour découvrir les crimes[13].

Postérité

Reconstitution du bureau privé du commandant du camp Bernhardt Voss.

Aujourd'hui, le site abrite une reconstruction de huttes. À l'intérieur des celles-ci se trouve un musée, comprenant des objets originaux du site, y compris une reconstitution du bureau privé du commandant du camp Bernhardt Voss. Des monuments aux morts et le crématorium d'origine subsiste sur la « colline de la mort » voisine.

Galerie de photo

Notes et références

  1. (pl) « Historia poligonu Heidelager » [archive du ], Republika.pl (consulté le )
  2. Terry Goldsworthy, « Valhalla's Warriors » [Google Book preview], A History of the Waffen-SS on the Eastern Front 1941–1945, Dog Ear Publishing, (ISBN 1-60844-639-5, consulté le ), p. 144
  3. (en) Howard Margolian, Unauthorized entry : the truth about Nazi war criminals in Canada, 1946–1956, Toronto (Ont.), University of Toronto Press, , 327 p. (ISBN 0-8020-4277-5, lire en ligne), p. 132
  4. (pl) Jacek Bracik, Józef Twaróg, « Obóz w Szebniach (Camp in Szebnie) » [archive du ] [Internet Archive], Region Jasielski, nr 3 (39), (consulté le )
  5. Metz, « SS-Truppenübungsplatz Heidelager / Concentration Camp Pustkow » [archive du ], Traces of War.com, Traces of War (consulté le )
  6. « Pustków Concentration Camp », www.jewishgen.org (consulté le )
  7. « Forgotten Camps – Pustków » [archive du ], jewishgen.org, JewishGen.org (consulté le )
  8. (de) « Truppenübungsplatz der Waffen-SS Dębica "Heidelager" » [archive du ], lexikon-der-wehrmacht.de, Lexikon der Wehrmacht.de (consulté le )
  9. Schulte, Jan Erik Zwangsarbeit und Vernichtung: Das Wirtschaftsimperium der SS. Oswald Pohl und das SS-Wirtschafts-Verwaltungshauptamt 1933–1945. Mit einem Vorwort von Hans Mommsen. Schöningh, Paderborn u. a. 2001, (ISBN 3-506-78245-2) (Zugleich: Bochum, Universität, Dissertation, 1999). (in German)
  10. (pl) Staff writer, « Poligon – Blizna » [archive du ], Teren obozu zaglady w Pustkowie, Bizna OVH.org, (consulté le )
  11. The United States Holocaust Memorial Museum encyclopedia of camps and ghettos, 1933-1945 Volume 1, Early camps, youth camps, and concentration camps and subcamps under the SS-Business Administration Main Office (WVHA), Bloomington, Indiana University Press, , 30 p. (ISBN 978-0-253-00350-8, OCLC 644542383, lire en ligne)
  12. « Nowy Sącz, Poland (Pages 158-179) », www.jewishgen.org (consulté le )
  13. (de) Melanie Hembera – Mitteilungen aus dem Bundesarchiv – Themenheft, « Ermittlungsakten aufgeschlagen: Aufklärung und Strafverfolgung von NS-Verbrechen an den Häftlingen des jüdischen Zwangsarbeitslagers Pustków » [archive du ] [PDF], Die Außenstelle Ludwigsburg, German Federal Archives, (consulté le )
  • La version initiale de cet article est basée sur une traduction de l'article Kamp Pustków de l'édition néerlandaise de Wikipédia.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Stanisław Zabierowski, „Pustków hitlerowskie obozy wyniszczenia w służbie SS” KAW, Rzeszów 1981. (pl)

Liens externes

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