Rue des Prêtres (Toulouse)

La rue des Prêtres (en occitan : carrièra dels Capelans) est une rue du centre historique de Toulouse, en France, au cœur du quartier des Carmes, dans le secteur 1 de la ville. Elle appartient au site patrimonial remarquable.

Pour l’article homonyme, voir Rue des Prêtres.

Rue des Prêtres
(oc) Carrièra dels Capelans

La rue des Prêtres vue depuis la place des Carmes.
Situation
Coordonnées 43° 35′ 50″ nord, 1° 26′ 38″ est
Pays France
Région Occitanie
Ville Toulouse
Quartier(s) Carmes (secteur 1)
Début no 28 rue Saint-Rémésy
Fin no 3 place des Carmes et no 49 rue Pharaon
Morphologie
Type Rue
Longueur 81 m
Largeur entre 8 et 20 m
Histoire
Anciens noms Rue du Poids-des-Carmes (début du XIVe siècle), puis du Puits-des-Carmes (début du XVIe siècle)
Rue des Prêtres (début du XVIIe siècle)
Protection Site patrimonial remarquable (1986)
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Toulouse

La rue, qui suit le tracé d'un ancien decumanus de la ville romaine, relie la rue Saint-Rémésy à la rue Pharaon et à la place des Carmes. Profondément bouleversée dans la deuxième moitié du XIXe siècle, qui ont amené la destruction de la plupart des maisons qui la bordaient, elle a conservé l'aspect qu'elle a reçu à cette époque. Elle conserve peu de façade remarquable, mais le no 3 donne accès à la cour de l'ancien hôtel Roguier.

Description

Situation

La rue des Prêtres est une voie publique située dans le centre-ville de Toulouse. Cette rue, large de 8 mètres, dans le prolongement de la rue Saint-Jean, naît perpendiculairement à la rue Saint-Rémésy. Suivant un parcours rectiligne, elle se termine au débouché de la rue Pharaon, qu'elle reçoit par la droite, sur la place des Carmes. À cet endroit, la rue s'élargit à 20 mètres car tandis que les maisons du côté nord suivent le tracé ancien de la rue, celles du côté sud ont été réalignées après 1865. Elle est ensuite prolongée vers l'est par la rue José-Félix et la rue d'Aussargues qui se poursuit jusqu'à la rue Mage.

Voies rencontrées

La rue des Prêtres rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants (« g » indique que la rue se situe à gauche, « d » à droite) :

  1. Rue Saint-Rémésy
  2. Place des Carmes (g)
  3. Rue Pharaon (d)

Odonymie

La rue des Prêtres prend ce nom au commencement du XVIIe siècle. Il lui vient des prêtres de la Douzaine, desservant de l'église Notre-Dame de la Dalbade depuis le XVIe siècle, et qui possédaient deux maisons d'obit dans cette rue. L'une, connue comme la Maison de l'obit des Cinq Prêtres de la Dalbade, était située à l'emplacement des actuels no 4 à 8, l'autre, Maison de l'obit des Quatre Prêtres de la Dalbade, se trouvait à l'angle de la rue Saint-Rémésy (actuel no 25).

Au début du XIVe siècle, la rue était connue comme celle du Poids-de-Notre-Dame-du-Carmel, ou plus simplement du Poids-des-Carmes, car les religieux du couvent voisin des Carmes y avaient établi un hôtel du poids (maison disparue en avant de l'actuel no 5), où se trouvait le poids du blé. En 1499, les divers poids de la ville furent réunis dans la Maison commune, sous le nom de « poids commun ». À partir de cette date, le nom de la rue s'altéra et devint rue du Puits-des-Carmes. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, elle ne perdit pas ce nom, qu'on rencontrait en même temps que celui de rue des Prêtres depuis le XVIIe siècle.

En 1794, pendant la Révolution française, la rue fut quelque temps désignée comme la rue de la Guyane, du nom de la colonie française d'Amérique du Sud. Elle redevint cependant rue des Prêtres après cette date. Après 1815, elle fut parfois désignée comme la rue du Griffon-d'Or, à cause d'une auberge à l'enseigne du Griffon d'Or, dans laquelle s'étaient réunis les assassins du général d'Empire Jean-Pierre Ramel, tué dans son hôtel de la place des Carmes (actuel no 41 de cette place), le , en pleine Terreur blanche[1].

Histoire

Moyen Âge et période moderne

Au Moyen Âge, la rue des Prêtres appartient au capitoulat de la Dalbade. Elle n'est alors qu'une ruelle étroite et tortueuse[2]. Le quartier subit cependant des vicissitudes au début du XIIIe siècle, pendant la croisade des Albigeois. En 1216, durant l'occupation de la ville par les troupes de Simon de Montfort, un incendie est allumé par les soldats croisés près du quartier juif, dans la rue Joutx-Aigues, qui provoque des destructions jusque dans les rues de la Dalbade[3]. Mais elle bénéficie aussi de la proximité du couvent des Carmes, qui y ont installé, au moins depuis le début du XIVe siècle, leur hôtel du Poids, où est conservé un poids de blé (en avant de l'actuel no 5)[4]. À la fin du Moyen Âge, elle abrite principalement, sur le côté nord, des artisans, tandis que du côté sud, les maisons n'y ont pas d'issue et s'ouvrent sur les rues perpendiculaires, la rue Saint-Rémésy et la rue Pharaon[2].

Le , un grave incendie se déclare dans une boulangerie, à l'angle des rues des Chapeliers (actuelle rue du Languedoc) et Maletache, qui provoque des destructions importantes dans toute la ville, et particulièrement dans le quartier de la Dalbade[5]. L'ampleur des destructions permet aux élites locales de réunir de vastes emprises foncières pour faire bâtir leurs hôtels particuliers[6]. Au cours du XVIe siècle, les hommes de loi et les parlementaires se font plus nombreux dans cette rue[2]. L'avocat Jean Roguier, capitoul en 1501-1502, puis en 1511-1512 et en 1518-1519, achète la maison du conseiller au Parlement Antoine Gabré et y fait bâtir un hôtel doté d'une tour capitulaire[7].

Dans la première moitié du XVIe siècle, l'église Notre-Dame de la Dalbade est desservie par un collège de douze prêtres, connus comme les prêtres de la Douzaine. Leur institution est approuvée par une bulle du pape Paul III le . Ce collège de prêtres ne participe pas au gouvernement spirituel de la paroisse, mais essentiellement aux fonctions ecclésiastiques et pastorales[8]. Ils sont financés par la réunion des obits, c'est-à-dire des donations qui avaient été faites à l'église de la Dalbade pour que des messes soient célébrées pour les défunts[9]. Les prêtres sont installés dans deux maisons proches de l'église (actuels no 33 et 35 de la rue de la Dalbade), ainsi que dans trois immeubles de la rue des Prêtres (actuels no 4 à 8), connus comme la Maison des Cinq prêtres de la Dalbade, et deux à l'angle de la rue Saint-Rémésy (actuel no 25 de cette rue), connus comme la Maison des Quatre prêtres de la Dalbade[10]. Mais, à partir des guerres de Religion, des conflits récurrents opposent les prêtres de la Douzaine aux paroissiens. En 1589, les ouvriers de la paroisse obtiennent de les choisir[11]. En 1619, ils décident l'abolition des prêtres de la Douzaine et, avec le soutien du premier président au Parlement, Gilles Le Masuyer, leur remplacement par les Oratoriens[12],[13], congrégation religieuse dont la création a été autorisé en 1611. Ceux-ci mettent les maisons de l'obit en location[4].

Au XVIIIe siècle, une auberge, à l'enseigne du Griffon d'Or, occupe le no 16. Au mois d', alors que la Terreur blanche s'abat sur les représentants du régime impérial et les anciens partisans de la Révolution, un groupe de comploteurs se réunissent dans cette auberge. Ils y organisent l'assassinat du général Jean-Pierre Ramel, tué dans son hôtel, le [14].

Époque contemporaine

Dans la première moitié du XIXe siècle, la municipalité toulousaine développe les projets qui visent à améliorer l'hygiène et la circulation en ville. Un égout est aménagé entre la rue des Prêtres et la Garonnette, en passant par la rue Saint-Rémésy, où il rejoint l'égout Joutx-Aigues, la rue Henri-de-Gorsse et la rue du Pont-de-Tounis[15]. On poursuit également l'aménagement de la place des Carmes par l'alignement des rues qui y débouchent, et particulièrement la rue des Prêtres. Dans le même temps, les travaux doivent permettre d'élargir la rue à 8 mètres. Le chantier, réalisé en 1865, permet d'abattre toutes les maisons du côté sud de la rue et la met au gabarit des rues les plus larges de la ville. Dans le même temps, toutes les immeubles de ce côté reçoivent de nouvelles façades (actuels no 1 à 7). Seules les maisons du côté nord conservent leur alignement médiéval, quoiqu'elles aient été également remanié entre la deuxième moitié du XIXe siècle et le premier quart du XXe siècle.

Lieux et bâtiments remarquables

  • no  3 : hôtel Roguier.
    L'avocat Jean Roguier, capitoul de la ville au début du XVIe siècle, fait bâtir un hôtel doté d'une tour capitulaire, qui s'ouvre sur la rue Saint-Rémésy (actuel no 28). L'hôtel s'organise autour d'une cour centrale. La tour capitulaire est accrochée à l'élévation postérieure du bâtiment à l'est de la cour. L'hôtel s'ouvre peut-être, déjà, sur la rue Pharaon (actuel no 45). Au XVIIe siècle, l'hôtel est remanié : le passage couvert et la façade de la rue Saint-Rémésy sont repris, une fontaine de style Louis XIII est élevée dans la cour, tandis qu'une porte est ouverte sur la rue des Prêtres. La façade sur cette rue est réalignée après 1865[7],[16].
    Entre 1872 et 1887, l'hôtel est le domicile d'Eugène Trutat.
  • no  10 : immeuble.
    L'immeuble, de style Art nouveau, est construit dans la première moitié du XXe siècle. Il s'élève sur trois étages et un comble, mais il possède une façade, particulièrement étroite, d'une seule travée. Le rez-de-chaussée est ouvert par une grande arcade orné d'une agrafe sculptée, qui sert d'appui au large balcon du 1er étage. Ce balcon est orné d'un garde-corps à motifs végétaux. Au 2e étage, la fenêtre possède également un balcon, mais d'un style très différent. Au 3e étage, la fenêtre est surmontée d'une corniche moulurée et possède elle aussi un balcon, d'un style encore différent. Un pignon à redents surmonte la façade[17].
  • no  16 : immeuble.
    L'immeuble, construit au XVIIIe siècle, est d'un style classique très sobre[18]. Il a été habité par le docteur Louis Delherm (1876-1953), électro-radiologiste[19].

Notes et références

  1. Jules Chalande, 1915, p. 110-112.
  2. Jules Chalande, 1915, p. 112.
  3. Jules Chalande, 1915, p. 218-219.
  4. Jules Chalande, 1915, p. 113.
  5. Maurice Bastide, 1968, p. 8-12.
  6. Maurice Bastide, 1968, p. 13.
  7. Jules Chalande, 1915, p. 112-113.
  8. R.-C. Julien, 1891, p. 52-61.
  9. R.-C. Julien, 1891, p. 62-63.
  10. Jules Chalande, 1914, p. 228.
  11. R.-C. Julien, 1891, p. 89.
  12. Jules Chalande, 1914, p. 215.
  13. Maurice Manière, « L'hôtel Le Masuyer », L'Auta, septembre 1986, p. 198.
  14. Jules Chalande, 1915, p. 112 et 114.
  15. Pierre Salies, 1989, vol. 1, p. 416.
  16. Notice no IA31131838, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
  17. Notice no IA31131472, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
  18. Notice no IA31131469, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
  19. Pierre Salies, 1989, vol. 1, p. 363-364.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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