Ruby Tuesday

Ruby Tuesday est une chanson des Rolling Stones parue en single en 1967 en double face A avec Let's Spend the Night Together, afin de promouvoir l'album Between the Buttons. Ces deux titres n'apparaissent pas sur la version britannique de l'album, mais la version américaine, remaniée, les inclut.

Ruby Tuesday

Single de The Rolling Stones
extrait de l'album Between the Buttons (US)
Face A Let's Spend the Night Together
Sortie (UK)
(version live, extrait de Flashpoint)
Enregistré du au
Studios Olympic, Londres
Durée 3:13
Genre Pop, Rock psychédélique
Auteur-compositeur Jagger/Richards
Producteur Andrew Loog Oldham
Label Decca / ABKCO
Classement #1 (États-Unis)
#3 (Royaume-Uni)

Singles de The Rolling Stones

Singles des Rolling Stones (Années 1990)

Pistes de Between the Buttons (US)

Genèse

D'après Marianne Faithfull, une première version de la mélodie de cette ballade aurait été présentée au groupe par Brian Jones[1],[2]. Elle se souvient de Brian jouant une ballade folk qui a immédiatement retenu l'attention du guitariste Keith Richards[3] :

« Très joli man, dit Keith en s'installant au piano pour la noter à la hâte. Brian rayonnait. En fait, c'était entre Air On The Late Lord Essex de John Dowland [compositeur britannique de la Renaissance] et un blues de Skip James. [...] Concernant Keith, il n'était ni intéressé par Lord Essex, ni par Skip James. Il avait entendu un riff et ça avait été comme un os pour un chien. Pendant des lustres, Ruby Tuesday n'a pas eu de paroles. [...] C'est une chanson de Brian et de Keith. »[4]

 Marianne Faithfull

Bien que créditée Jagger/Richards, Mick Jagger ne tient aucun rôle dans l'écriture de la chanson, même s'il avoue qu'il s'agit d'une de ses chansons favorites du répertoire des Stones[5] : « Juste une belle mélodie, vraiment. Et un joli texte. Je n'ai rien écrit, mais j'ai toujours pris plaisir à la chanter. »[6]

Quelque temps plus tard, Keith structure la composition de la chanson sur le piano dans son appartement de St John's Wood et écrit les paroles dans lesquelles il évoque sa rupture avec son ancienne petite amie Linda Keith[7]partie dans les bras du poète Bill Chenail[3].

« Ce petit enfoiré se la pétait avec un numéro à la Dylan. Il ne jouait pas d'un instrument. Ersatz de branché, ouais. [...] C'est la première fois que j'ai senti la morsure de la lame. »[8]

 Keith Richards

Avant l'enregistrement de la chanson, Brian Jones travaille sur la bande-son du film policier allemand de Volker Schlöndorff Vivre à tout prix (Mord und Totschlag) (sorti en 1967) dont sa petite amie Anita Pallenberg y joue son premier rôle principal. Il a eu recours à diverses instruments, dont la flûte à bec[3].

Enregistrement

L'enregistrement de Ruby Tuesday a lieu aux studios Olympic (que le groupe fréquentera régulièrement jusqu'aux années 1970) durant les sessions du au consacrées à l'album Between the Buttons[9]. Ces séances sont produites par Andrew Loog Oldham et supervisées par l'ingénieur du son Glyn Johns assisté par Eddie Kramer alors en début de carrière.

Brian Jones joue de la flûte à bec et du piano[9], tandis que la contrebasse est interprétée conjointement par le bassiste Bill Wyman et le guitariste Keith Richards ; Wyman y joue avec les doigts tandis que Keith Richards utilise un archet[3]. Bill Wyman, peu à l'aise avec l'instrument, demande à Keith Richards de tenir l'archet. L'ingénieur du son Glyn Johns s'en souvient[3] :

« Bill n'y arrivait pas, il est plutôt mince et il n'arrivait pas à appuyer sur es cordes et à jouer en même temps, ainsi, avec un stylo blanc, il a marqué les notes sur le manche de la contrebasse. Bref, il n'était pas très sûr de lui et il appuyait les cordes des deux mains pendant que Keith les pinçait [en fait il jouait avec son archet]. C'était vraiment très beau. »[10]

Parution et réception

Ruby Tuesday est sorti avec Let's Spend the Night Together en single double face A en le 13 janvier 1967 au Royaume-Uni (et le lendemain aux Etats-Unis)[11]. Au Royaume-Uni, le single se classe à la troisième place dès le 19 janvier suivant, tandis qu'aux Etats-Unis, les deux chansons sont classées dans le Billboard Hot 100 le 21 janvier,[12] mais c'est Ruby Tuesday qui arrive en tête de classement le 4 mars suivant tandis que Let's Spend the Night Together est n°55[13]. Toujours aux Etats-Unis, les deux chansons paraissent également dans la version américaine de l'album Between the Buttons (alors absentes de la version originale britannique). Ce succès américain est expliqué par le fait que la chanson est beaucoup plus diffusée sur les ondes par rapport à l'autre chanson en raison de la nature controversée de ses paroles.

Durant l'été 1967, la chanson apparait dans la compilation Flowers[14], puis devient un incontournable des principales compilations du groupe, dont Through the Past, Darkly (Big Hits Vol. 2) (1969), Hot Rocks 1964-1971 (1971), Forty Licks (2002) et GRRR! (2012) et, en mono, sur Singles Collection: The London Years (1989).

La chanson n'est jouée en concert que durant la dernière tournée du groupe en 1967 avant l'arrêt des tournées. Il faudra attendre vingt ans après la mort de Brian Jones pour qu'elle soit à nouveau jouée en concert par le groupe en sa mémoire durant la tournée Urban Jungle Tour suivant l'album Steel Wheels. Cette version est publiée dans l'album live Flashpoint le 8 avril 1991 en single le avec en face B la version live de Play with Fire. Le single n'est pas classé à sa sortie, le public préférant Highwire alors enregistrée en studio qui est en tête de classement aux Etats-Unis[15].

Analyse artistique

Analyse des paroles

Ruby Tuesday ne s'adresse pas qu'à Linda Keith mais aussi aux autres femmes qui ont fréquenté les membres du groupe, Anita Pallenberg et Marianne Faithfull en particulier :

« Qui pourrait t'accrocher un nom
Quand changez-vous à chaque nouveau jour ?
Pourtant, tu vas me manquer.[14] »

On peut voir une évolution de la contre-culture florissante à Londres dans la seconde moitié des années 1960 :

« Elle n'a jamais dit d'où elle venait [...]
Attrape tes rêves avant qu'ils ne s'éclipsent [...]
Perds tes rêves et tu perdras ton âme »
[3]

Structure musicale

La chanson débute directement par le premier couplet sans introduction. Jack Nitzsche assure une excellente partie de piano et Mick Jagger chante d'une voix fragile, très nostalgique, soutenu par les bonnes harmonies vocales de Keith Richards. Il maîtrise sa voix en particulier sur les basses, mais il est moins à l'aise sur les notes aigus des refrains. Dès les premières mesures on entend une contrebasse jouée à l'archet. Bill Wyman, peu à l'aise avec l'instrument, est aidé par Keith Richards. Heureusement, le bassiste reprend la basse pour les refrains. L'effet est d'une grande poésie, à la fois pastoral, pop et baroque. Il semble que ce soit Brian qui soit sur un piano honky tonk sur les refrains. Quant à Keith, il assure également l'unique jeu de guitare acoustique de la chanson, tandis que la batterie de Charlie Watts, bien qu’usant les toms, assure une rythmique efficace, soutenue fortement par le tambourin. Ruby Tuesday est une des plus belles mélodies des Rolling Stones et sa production est une réussite[3].

Musiciens

Quelques reprises

Notes et références

  1. « Brian Jones, The bittersweet symphony », Mojo Magazine, juillet 1999, p. 75 et suivantes, avec citation tirée de l'autobiographie de Marianne Faithfull
  2. "Brian Jones", Mojo Magazine, July 1999, p.75
  3. Philippe Margotin et Jean-Michel Guesdon, Les Rolling Stones, la totale, Chêne E/P/A,
  4. Marianne Faithfull, An Autobiography, New York, First Cooper Square Press, 2000
  5. Jann S. Wenner, « Jagger Remembers », 14 décembre 1995 lire en ligne
  6. Bill Wyman, Rolling With the Stones, Londres, Dorlking Kindersley Ltd.,
  7. http://www.songfacts.com/detail.php?id=492
  8. Keith Richards et James Fox, Life, New York, Little, Brown & Company, 2010
  9. Stone Alone - Bill Wyman
  10. « Interview de Valerie Wilmar », Hit Parader,
  11. Erreur de paramétrage du modèle {{livret album}} : les paramètres titre et artiste sont obligatoires.
  12. Billboard, « Hot 100 », Billboard, vol. 79, no 3, , p. 25 (ISSN 0006-2510)
  13. Billboard, « Hot 100 », Billboard, vol. 79, no 9, , p. 24 (ISSN 0006-2510)
  14. « Show 46 – Sergeant Pepper at the Summit: The very best of a very good year. [Part 2] : UNT Digital Library », sur Digital.library.unt.edu (consulté le )
  15. Philippe Margotin et Jean-Michel Guesdon, Les Rolling Stones, La totale, Paris, Chêne E/P/A, , p. 598
  16. Eldorado magazine Vic Chesnutt. Reprise de Ruby Tuesday

Lien externe

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