Royaume du Saloum

Le royaume du Saloum (variantes : Saalum ou Saluum en langue sérère) est un ancien royaume Sérère de l'ouest du Sénégal, renommé Saloum par le Sérère-Guelwar Maad Saloum Mbegan Ndour (roi du Saloum) entre le milieu et la fin du XVe siècle (1494). L'ancienne capitale du Saloum est la ville de Kahone. Avant cela, le royaume était connu sous le nom de Mbey (en sérère). Le Saloum est un royaume frère du Royaume du Sine ; ils sont tous les deux habités par le peuple sérère. Leur histoire, leur géographie et leur culture étaient étroitement liées et il était courant de se référer à eux comme le Sine-Saloum.

Royaume du Saloum

14931969

Le Saloum et ses voisins (fin XIXe siècle)
Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Kahone
Langue(s) Wolof
Religion Religion sérère
Histoire et événements
1494 avènement du premier roi de Saloum (période Guelwar)
Traité de Protectorat de la France avec le Saloum et ses vassaux, signé à Nioro du Rip
1969 décès du dernier roi du Saloum
Maad Saloum (roi du Saloum)
1494-1520 Mbegan Ndour
1935-1969 Fode N'Gouye Joof

Entités précédentes :

  • Mbey

Entités suivantes :

Douane de Kaolack, 1890 : « Le Bour Saloum Semou (Maad Saloum Semou) rend visite au Richelieu »[1]

Histoire

Le royaume du Saloum, tout comme le Royaume du Sine, est connu pour ses nombreux tumuli contenant les tombes des rois et des autres nobles. Le royaume possède de nombreux cercles de pierres mystérieuses dont les fonctions et l'histoire étaient inconnus jusqu'à tout récemment[2].

Le Royaume du Saloum était précédemment connu sous le nom de Mbey (en sérère). Il aurait été rebaptisé Saloum par le Maad Saloum Mbegan Ndour dans la seconde moitié du XVe siècle (c. 1494)[3]. Selon la tradition orale sérère, ce nom lui aurait été donné d'après Saalum Suwareh, un marabout de Mbegan Ndour.

Le récit traditionnel raconte que Saalum Suwareh a offert un juju fétiche à Mbegan Ndour afin de vaincre le conquérant Toucouleur et ses marabouts musulmans, à condition qu'il promette de renommer le pays d'après lui une fois la victoire acquise. Mbegan Ndour aurait alors accepté le marché et après ce contrat oral, Mbegan Ndour a battu Ali Elibana Sall et a règné sur le pays.

Le consensus parmi les historiens est qu'il y a probablement eu une invasion du Saloum par le Royaume du Sine. L'hypothèse précédente qui donnait Saalum Suwareh comme un ancien roi du Saloum qui a donné son nom au pays a été écartée. Au lieu de cela, le consensus s'accorde à faire de Saalum Suwareh un marabout installé en Gambie, où la plupart de ses descendants se trouvent[4]. Mbegan fut aidé par Wali Mbéru Mbacké Ndao originaire de Youndoume dans le Boundou[5]. Pour le remercier, Mbegan lui offre la province du Ndoucoumane.

Comme le Royaume du Sine, la population du Saloum est essentiellement d'origine sérère. Les deux sont généralement appelés les royaumes sérères. De nombreuses parties de l'actuelle Gambie étaient d'anciens territoires du Royaume du Saloum. À l'origine, le royaume s'étendait du sud du fleuve Saloum au nord du fleuve Gambie. Aujourd'hui les anciens territoires du Saloum situés en Gambie sont appelés Bas Saloum. Le Haut Saloum correspond aux territoires du Saloum situés au Sénégal. Le Saloum a également contrôlé pendant un certain temps le Royaume de Baol.

Les États de Sabakh et Sandial étaient gouvernés respectivement par le Fara Sabakh et le Fara Sandial ; ils étaient tributaires du roi, le Maad Saloum[6]. Autour de 1862[6], Sambou Oumanneh Touré, un disciple de Maba Diakhou Bâ a lancé un djihad dans le Sabakh et le Sandial. Après avoir battu le Fara Sabakh et le Fara Sandial, il a joint les deux provinces, (d'où : Sabakh-Sandial)[6]. Les tout derniers Fara Sabakh et Fara Sandial sont morts dans ce djihad[6],[7].

Selon la tradition, du XVè siècle à 1969, près de 50 rois issus des lignées royales patrilinéaires Sérères et de la lignée royale matrilinéaire Guelwar, ont été intronisés[8],[3]. Les rois ont continué à tenir leur tribunal à Kahone, mais la ville a été éclipsé par le comptoir voisin de Kaolack.

Les explorateurs portugais au xve siècle, ont appelé le Saloum "royaume du Borçalo", d'après « Bor-ba-Saloum » (la corruption en wolof le roi du Saloum - Maad Saloum)[9]

Auparavant vassal du Djolof, le Saloum était divisé en plusieurs provinces, chacune dirigée par de grandes familles nobles venant de tout le Sénégal. Le Ndoukoumane, le Koular, le Ngaye-signy, le Djonik ou Djilor, le Kayemor, le Log, Kahone, le Gandiaye et le Badibou, ancien nom du Rip, étaient les principales provinces, toutes avec leurs particularités en termes d'ethnies et de ressources.

Sur le plan ethnique, le Saloum a toujours été habité par des Sérères, mais peu à peu des migrants wolofs se sont installés ainsi que des Peuls, des Mandingues, etc.[10],[11]. Contrairement au Royaume du Sine qui est ethniquement Sérère et profondément enraciné dans un « conservatisme sérère », tels que la préservation de la religion sérère, la culture sérère, les traditions sérère, etc., le Saloum est plus cosmopolite[11],[10]. La langue sérère et le wolof sont l'une et l'autre largement parlé dans le Saloum. Les langues cangin sont également parlées.

Organisation sociale

Chez le roi du Saloum (1821)

Les rois du Saloum portaient le titre de Maad Saloum. C'est le titre approprié pour les rois Sérères du Saloum. Le titre vient du mot sérère Maad ou Mad roi » en sérère). Le nom Bour Saloum est parfois utilisé pour désigner les rois Sérères du Saloum. Cependant, cela est faux. Bour (ou bur, buur) est un mot utilisé par les Wolofs. Cela signifie roi en wolof. Les Sérères, notamment les Sérères conservateurs n'utilisent pas Bour en se référant à leurs rois.

Au Saloum la noblesse était divisée en plusieurs sections. Les rois ou Maad Saloum sont au sommet, puis viennent les grands Diaraf, le Farba Kaba, chef des armées, etc.

Le Saloum connaît une grande diversité de paysages, savanes et forêts claires au nord et au centre, au nord-est paysages de savanes sec presque la steppe, puis le fleuve Saloum qui traverse la région avec ses mangroves, et ses forêts plus denses, ainsi que le littoral de l'océan Atlantique. L'agriculture, l'élevage, la pêche, le commerce de différents produits fournissaient la richesse du Saloum[12]. Des comptoirs commerciaux européens s'installent au Saloum à partir du XVIIIe siècle.

Rois du Saloum

La liste ci-dessous[13] comporte, outre le patronyme de chaque roi du Saloum, la durée et la date de début de son règne.

  1. Mbégan Ndour (20 ans, 1493-) (aussi : Maad Saloum Mbegan Ndour)
  2. Guiranokhap Ndong (7 ans, 1513-)
  3. Latmingué Diélèn Ndiaye (23 ans, 1520-)
  4. Samba Lambour Ndiaye (4 ans, 1543-)
  5. Séni Ndiémé Diélèn Ndiaye (3 ans, 1547-)
  6. Lathilor Badiane (9 ans, 1550-)
  7. Walboumy Diélèn Ndiaye (8 ans, 1559-)
  8. Maad Saloum Maléotane Diouf (45 ans, 1567-)
  9. Sambaré Diop (2 ans, 1612-)
  10. Biram Ndiémé Koumba Ndiaye (23 ans, 1614-)
  11. Ndéné Ndiaye Marone Ndao (2 ans, 1637-)
  12. Mbagne Diémel Ndiaye (6 ans, 1639-)
  13. Waldiodio Ndiaye (9 ans, 1645-)
  14. Amakodou Ndiaye (35 ans, 1654-)
  15. Amafal Fall (6 mois, 1689-)
  16. Amadiouf Diouf (6 ans, 1690-)
  17. Sengane Kéwé Ndiaye (30 ans, 1696-)
  18. Lathilor Ndong (4 ans, 1726-)
  19. Amasiga Seck Ndiaye (2 ans, 1730-)
  20. Biram Khourédia Tièk Ndao (2 ans, 1732-)
  21. Ndéné Ndiaye Bigué Ndao (19 ans, 1734-)
  22. Mbagne Diop (7 ans, 1753-)
  23. Mbagne Diogop Ndiaye Mbodj (7 ans, 1760-)
  24. Sandéné Kodou Bigué Ndao (2 ans, 1767-)
  25. Sengane Diogop Mbodj (7 ans, 1769-)
  26. Ndéné Diogop Mbodj (2 ans, 1776-)
  27. Sengane Dégèn Ndiaye (6 mois 10 jours, 1778-)
  28. Sandéné Kodou Fall Ndao (9 ans, 1778-)
  29. Biram Ndiémé Niakhana Ndiaye (16 ans, 1787-)
  30. Makoumba Diogop Mbodj (7 ans, 1803-)
  31. Ndéné Niakhana Ndiaye (7 ans, 1810-)
  32. Biram Khourédia Mbodj Ndiaye (6 ans, 1817-)
  33. Ndéné Mbarou Ndiaye (1 mois, 1823-)
  34. Balé Ndoungou Khourédia Ndao (28 ans, 1823-) (Maad Saloum Ballé N'Gougou N'Dao)
  35. Bala Adama Ndiaye (3 ans, 1851-)
  36. Socé Bigué Ndiaye (16 jours, 1854-)
  37. Koumba Ndama Mbodj (4 ans, 1855-) (Maad Saloum Coumba N'Dama Mbodj)
  38. Maad Saloum Samba Laobé Latsouka Fall (5 ans, 1859-)
  39. Fakha Fall (7 ans, 1864-)
  40. Niawout Mbodj (5 ans, 1871-)
  41. Sadiouka Mbodj (3 ans, 1876-)
  42. Maad Saloum Guédel Mbodj (17 ans, 1879-)
  43. Maad Saloum Sémou Djimit Diouf (3 ans, 1896-)
  44. Ndiémé Ndiénoum Ndao (3 ans, 1899-)
  45. Ndéné Diogop Diouf (1 an, 1902-)
  46. Sémou Ngouye Diouf (10 ans, 1903-)
  47. Gori Tioro Diouf (6 ans, 1913-)
  48. Mahawa Sémou Diouf (16 ans, 1919-)
  49. Maad Saloum Fodé N'Gouye Diouf (34 ans, 1935-1969)

Voir aussi

Articles connexes

Notes

  1. Légende de la photo : « À Kaolak : le Bour Saloum Semou rend visite au "Richelieu", premier navire de cette importance ayant remonté le Saloum jusqu'à Kaolak (Sénégal) où il charge 400 tonnes d'arachides. À la douane de Kaolak ». (in 15 photographies de la région du Saloum (Sénégal) en 1890, dont le navire Le Richelieu en rade de Kaolack)
  2. (fr) Becker, Charles. "Vestiges historiques, témoins matériels du passé clans les pays sereer". Dakar. 1993. CNRS - ORS TO M
  3. (fr)Bâ, Abdou Boury, « Essai sur l'histoire du Saloum et du Rip », Avant-propos par Charles Becker et Vctor Martin. Publié dans le Bulletin de l'Institut fondamental d'Afrique noire. Tome 38, Série B, no 4, octobre 1976, P. Volume 38
  4. Jabell Samba [in] Radio Gambia Programmes, maintenant : GRTS : "Chossani Senegambia".
  5. Sarr, Alioune, « Histoire du Sine Saloum » p. 27-28
  6. Ba, Abdou Bouri, "Essai sur l’histoire du Saloum et du Rip. Avant-propos par Charles Becker et Victor Martin", p. 18
  7. (en) Klein, Martin A., "Islam and Imperialism in Senegal Sine-Saloum, 1847–1914", Edinburgh University Press (1968), p. 74-74
  8. Sarr, Alioune, « Histoire du Sine-Saloum », Introduction, bibliographie et notes par Charles Becker, BIFAN, Tome 46, Serie B, n° 3-4, 1986–1987
  9. (pt) Teixeira da Mota (1946: Pt 1, p 58). Pour une description détaillée du xvie siècle du Royaume du Saloum par les Portugais, voir Almada (1594: chap. 2)
  10. (en) Klein, Martin A., "Islam and Imperialism in Senegal Sine-Saloum, 1847–1914", p 7, Edingburg University Press (1968), (ISBN 0-85224-029-5) (OCLC 18810)
  11. Diange, Pathé, « Les Royaumes Sérères », Présence Africaine No.54 (1965), pp 142-72
  12. (en) Clark, Andrew F. & Phillip, Lucie Colvin, "Historical Dictionary of Senegal", Second Edition, (Metuchen, New Jersey: The Scarecrow Press, 1994) p 232
  13. Cette liste, citée par Félix Brigaud (Histoire traditionnelle du Sénégal, Études sénégalaises, n° 9, Saint-Louis, CRDS, 1962, p. 161-162), a été fournie à Fodé Diouf par A. B. Ba. La liste a été découverte par ce dernier dans une vieille famille musulmane du Rip, à Keur Sountou. On précise ici, plus que dans le texte de F. Brigaud, les patronymes des rois du Saloum

Bibliographie

  • (en) Martin A. Klein, Sine-Saloum 1847-1914 : The traditional States and the French Conquest, Chicago, University of Chicago, 1964 (Thèse)
  • (fr) Jean Boulègue, « Contribution à la chronologie du royaume du Saloum », Bulletin de l'IFAN, série B, Dakar, IFAN, 1966, tome 28, no 3-4, p. 657-662
  • (fr) Gorgui Alioune Diouf, Les Royaumes du Siin et du Saalum des origines au XIXe siècle : mise en place du peuplement. Évolution du système économique et socio-politique, Dakar, Université de Dakar, 1984, 289 p. (Thèse de 3e cycle)
  • (pt) Almada, André Alvares (1594) Tratado breve dos Rios de Guiné do Cabo-Verde: desde o Rio do Sanagá até aos baixos de Sant' Anna 1841 édition, Porto: Typographia Commercial Portuense. online
  • (en) Clark, Andrew F. and Lucie Colvin Phillips, Historical Dictionary of Senegal, Second Edition Published as No. 65 of African Historical Dictionaries, (Metuchen, New Jersey: The Scarecrow Press, 1994) p. 246-247
  • (pt) Teixera da Mota, Avelino (1946) "A descoberta da Guiné", Boletim cultural da Guiné Portuguesa, p. 1 in Vol. 1, No. 1 (Jan), p. 11-68.
  • (fr) Sarr, Alioune, "Histoire du Sine-Saloum", Introduction, bibliographie et Notes par Charles Becker, BIFAN, Tome 46, Serie B, no 3-4, 1986–1987
  • (fr) Gravrand, Henry, "La civilisation sereer, I. Coosan." Dakar, Nouvelles Éditions Africaines (1983)
  • (fr) Diagne, Pathé, "Les Royaumes Sérères", Présence Africaine, No. 54. (1965). p. 142–172
  • (fr) Becker, Charles, "Vestiges historiques, trémoins matériels du passé clans les pays sereer", Dakar. 1993. CNRS - ORS TO M
  • (fr) Ba, Abdou Bouri, "Essai sur l’histoire du Saloum et du Rip"(avant-propos par Charles Becker et Victor Martin), Bulletin de l'IFAN, tome 38, série B, numéro 4,

Liens externes

  • Portail des Sérères
  • Portail du Sénégal
  • Portail de la Gambie
  • Portail de l’histoire
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.