Renaixença valencienne

La Renaixença valencienne est un mouvement littéraire, culturel et social né sur les terres de l'ancien Royaume de Valence à la fin du XIXe siècle. Les personnalités qui participèrent à ce mouvement revendiquaient le rôle que jouait le valencien dans les institutions et, surtout, dans la littérature. Ce mouvement a quelques caractéristiques communes avec d'autres Renaixença, que ce soit en Catalogne ou dans les Baléares.

Caractéristiques générales

Portrait de Constantí Llombart, Ignasi Pinazo i Camarlench, 1885.
  • Ce mouvement trouve ses plus importants soutiens parmi la grande bourgeoisie agricole propriétaire, sa diffusion ayant été moins importante que les mouvements homologues dans d'autres régions. Le centre de ce mouvement était la ville de Valence.
  • Ses moyens de diffusion les plus importants furent les jeux floraux et la presse écrite ; aussi bien celle qui existait déjà - comme Le Mercantile Valencien, Le Quotidien de Valence - que de nouveaux journaux tel que Les Provinces.
  • Le genre de prédilection de ses auteurs, fut la poésie lyrique. Les thématiques typiques de ce mouvement sont l'amour, la patrie et la foi.
  • Malgré le poids important de la nouvelle création littéraire, beaucoup d'écrivains éditèrent et mirent en valeur les écrivains valenciens antérieurs, notamment ceux du Siècle d'Or valencien. Ainsi, Ausiàs March, Jordi de Sant Jordi, Jaume Gassull, ou Jaume Roig furent mieux connus du public.
  • Ce mouvement eut deux secteurs clairement différenciés : d'un côté, un courant conservateur et bourgeoix -représenté par Teodor Llorente- et de l'autre, un courant progressiste et populaire, représenté par Constantí Llombart. La principale différence entre les deux courrants réside dans leur porté politique.

Histoire

Nommer les auteurs précurseurs du mouvement renaixentista qui introduisirent dans la société et les cercles littéraires valenciens un intérêt patriotique pour la langue valenciane est le travail de l'historien et chroniqueur officiel Vicente Boix, des écrivains satiriques tels que Josep Bernat y Baldoví, Eduardo Escalante ou José María Bonilla. L'événement qui marque sans doute le début de ce mouvement est la publication, en 1830, du poème "Lo Somni" par Vicente Salvá. À partir de ce moment se produit un lent mais véritable progrès de l'intérêt pour les thèmes valenciens. Un exemple de ce phénomène est la publication en 1839 de l'essai d'un dictionnaire Valencien-Castillan d'Ignacio Vidal. Le poète originaire de Majorque Marià Aguiló insufla à Wenceslao Querol et Teodor Llorente ce valencianisme si caractéristique de la Renaixença. Aux côtés de Querol et, surtout, de Llorente va naître une génération d'écrivains qui acceptent les préceptes de la renaixença et écrivent des oeuvres en valencien. Parmi ce lent processus se détache la figure de Constantí LLombart, qui dès le début a proposé des collaborations pour que les écrivains et les poètes publient leurs oeuvres. Niu d'Abelles, Cabotes y Calaveres : o melonar de Valensia sont quelqu'uns des premiers projets de Llombart, qui seront cristallisés en 1874, avec la fondation du journal Lo Rat Penat et en 1878, avec la fondation de la société de Lo Rat Penat "Des amoureux des gloires valenciennes". C'est par cette société qu'ont été organisés de nombreux actes culturels et poétiques, comme les jeux floraux -jochs florals- qui reflétaient et supportaient économiquement la production littéraire en valencien.

Caractéristiques

Buste de Constantí Llombart dans les Jardins du Real. Il est l'un des plus importants représentants de la Renaixença, partisan de la revendication des spécificités linguistiques et nationalistes. Ce fut la thèse contraire qui s'imposa cependant, portée par Teodor Llorente, partisan du maintien d'une attitude simplement littéraire.

La Renaixença valencienne du XIXe siècle est née de la volonté de faire renaître le valencien en tant que langue littéraire et de culture après des siècles de diglossie en ce qui concerne le castillan (période nommée Decadència).

De la Renaixença valencienne, Joan Fuster souligne l'attitude purement littéraire dénuée de revendications linguistiques et nationalistes.[1] Fuster l'explique par une absence de progressisme de la Renaixença valencienne, et par le manque d'industrialisation de Valence.

D'autre part, Fuster parle de la juxtaposition d'éléments culturels castillans et catalans, allant jusqu'à qualifier la culture valencienne de “culture satellite” en ce qui concerne le castillan.

Enfin, Fuster signale la “noble et émouvante leçon” des renacentistas : malgré les facilités qu'apportait le castillan, ils préférèrent utiliser leur propre langue maternelle conformément à leur ferme conscience patriotique. Ces hommes, selon Fuster, répondirent à un problème contemporain, et c'est à eux que les écrivains et les poètes valenciens d'aujourd'hui doivent leur existence”.

Origines: étape initiale (1833-1859)

Buste de Bernat i Baldoví, l'un des représentants du courant populiste de la Renaixença, et auteur du fameux sainete El virgo de Vicenteta.

Les origines de la Renaixença dans la Communauté de Valence se sont centrées dans la discussion de considérer la Renaixença soit comme une conséquence de la Renaixença catalane, soit comme un mouvement autonome.

En 1956, Joan Fuster affirme que "la Renaixença valencienne est fille de la Renaixença de Catalogne, et non une prolongation du mouvement local hérité des classiques.[2]

Sanchis Guarner de son côté, considère que l'origine de la Renaixença valencienne est liée en grande partie à l'arrivée de Marià Aguiló au poste de chef de la bibliothèque universitaire, qui encouragea deux jeunes étudiants en droit, Teodor Llorente et Vicente Wenceslao Querol, à écrire des vers en langue vernaculaire[3].

Des études récentes de Vicent Simbor Roig, professeur à l'Université de Valence[4] confirment que la Renaixença valencienne fut un mouvement autonome, avec une première étape entre 1833 et 1859, année où Teodor Llorente rejoint et dirige le mouvement, qui entame une nouvelle étape, celle de la maturité.

Simbor signale une série de signes précureurs qui supposent un fil conducteur sans interruptions depuis la fin du XVIIIe siècle, jusqu'à la consécration de la Renaixença, en 1859. Cela concerne les apologies et drevendications de la langue valencienne du XVIIIe sicècle par Joan Baptista Escorigüela, Manuel Joaquim Sanelo ou Marc Antoni de Orellana, et jusqu'au XIXe siècle en se manifestant dans les deux groupes renacentistas: le groupe culte et le groupe populiste.


Période de plénitude (1859-1909)

En suivant Vicent Simbor en 1859 se célèbre le premier concours poétique et le premier succès de Llorente, tout le monde coïncide en établir cette date comme début de la période de plénitude de la Renaixença valencienne. En ce qui concerne la date de fin, les avis divergent. Ainsi, elle peut être fixée à 1893, année de la mort de Constantí Llombart ; à 1902, année où le vice-président de Lo Rat Penat prononce le discours intitulé Du Régionalisme et de la culture valencienne qui incite les renacentistas à s'impliquer politiquement ; à 1904, année de la fondation de l'entité politique València Nova, qui se propose de forger une Solidarité Valencienne à la manière de la Solidarité Catalane ; ou encore à 1909, année de l'exposition régionale lors de laquelle Llorente est nommé poète officiel de Valence aux cris de “Vive la langue valencienne!”, “Vive Valence Libre!”[5].

Durant cette période de plénitude, nous pouvons distinguer deux moments : un premier, de 1859 à 1874, dominé par Llorente et le groupe conservateur ; et un second, de 1874 à 1909, dominé par Constantí Llombart et le groupe progressiste.

Leadership de Llorente et son groupe conservateur (1859-1874)

Portrait de Teodor Llorente en 1872.

À partir du concours poétique commémorant le IVe centenaire de la mort de Ausiàs March (en 1859), la Renaixença valencienne entre dans une nouvelle étape hégémonique grâce à un nouveau groupe d'écrivains qui rejoignent le mouvement de la Renaixença à partir des années 1850 et qui reconnaissent Teodor Llorente comme chef. À celui-ci, il faut ajouter Vicente W. Querol, Jacinto Labaila, Rafael Ferrer et Félix Pizcueta.

C'est à partir de ce moment que la Renaixença valencienne suit un programme concret déterminé par un chef et ses partisans. Pour atteindre leurs objectifs, les renacentistas peuvent compter sur divers journaux (“L'Opinion” et “Les Provinces” aux mains de Llorente) et sur toute la classe dirigeante[6].

La caractéristique la plus importante des renacentistas menés par Llorente est l'apolitisme du mouvement. Le groupe dirigeant de la Renaixença valencienne avait dès le début forgé son idéologie «apolitique», pareille à la doctrine du Félibrige occitan. C'est pourquoi ils critiquent les renacentistas catalans et leurs revendications politiques. C'est dans ce sens que Teodor Llorente publie en 1865 dans le Calendari Català le poème «Als poetes de Catalunya».

C'est ainsi que se creusent les différences entre renacentistas catalans et valenciens et qui ne cessent d'augmenter avec le temps. Selon Vicent Simbor “le groupe de Llorente, en tant que représentant de la classe dirigeante valencienne, agricole et libérale, devait défendre ses intérêts économiques, si différents des intérêts de la bourgeoisie industrielle catalane. Comme l'explique Joan Regló, les renacentistas valenciens se débattaient dans la «contradiction entre l'histoire -laquelle était liée fraternellement à la Catalogne- et ses structures socio-économiques -qui les opposaient»[7].

La renaixença de Llorente correspondait à un petit groupe de quatre amis, qui s'éloignait de plus en plus du peuple, lequel assistait aux représentations des sainetes, mais ignorait les poèmes lemosinistes. Ceci est précisément ce que le groupe progressiste de Llombart tentera de corriger.

Constantí Llombart et le groupe progressiste (1874-1909)

Siège de Lo Rat Penat à Valence. Association fondée par Constantí Llombart ayant pour objectif d'unir les deux groupes renacentistas (les conservateurs et les progressistes) et qui actuellement représente seulement le régionalisme conservateur et sécessioniste.

L'apparition de Constantí Llombart marque un changement pour la Renaixença valencienne par son effort de cohésion d'abord le groupe populiste ou progressiste, puis des deux deux groupes: celui, conservateur, de Llorente et le groupe progressiste.

Une fois articulé, ce groupe progressiste devait structurer les deux groupes existants : celui, conservateur, de Llorente et celui, progressiste, de Llombart. C'est dans cette intention que Llombart fonde Lo Rat Penat le .


Problématique de la langue valencienne

Malgré le fait que personne ne remette en cause l'unité de la langue des Valenciens, des Catalans et des Baleares, aucun des deux groupes, ni celui de Llorente ni celui de Llombart, n'ose se référer à celle-ci sous le nom de "catalan" ou "langue catalane", les membres des deux groupes utilisent sans distinction les appellations suivantes : «lemosín», «provincial», «régional», «notre dialecte», «valencien» ou «langue valencienne». L'unique exception à la règle est Querol, qui a intitulé une compilation de poèmes publiée en 1877 «Rimas catalanes».

Alors qu'en Catalogne les renacentistas rompent avec le bilingüisme et utilisent uniquement le catalan ; à Valence, aucun des deux groupes renacentistas n'ose bannir le castillan, ni n'ose demander la cooficialité du valencien. Il faudra attendre l'arrivée du valencianisme politique avec la Déclaration Valencianiste de 1918 pour proposer des solutions plus réalistes pour la survivance du valencien.

Selon Vicent Simbor, l'unique différence entre les deux groupes «réside dans l'effort sincère du groupe de Llombart -bien qu'insuffisant- pour récupérer la langue valencienne et la rare contribution du groupe cultiste à une récupération véritable de celle-ci. Les premiers voulaient, mais ne savaient pas ou ne pouvaient pas; les seconds, il faut admettre que, malgré quelque cri poétique, en réalité ne voulaient pas».

Comme preuve de la préoccupation sincère du groupe llombartiano pour la standardisation du valencien se trouvent des oeuvres comme la publication par Llombart et Ramon Andrés Cabrelles de l'édition augmentée du dictionnaire de José Escrig y Martínez en 1887, l'Histoire grammaticale de la langue lemosino-valencienne de Josep Maria Puig i Torralva en 1883, le Dictionnaire général valencien-castillan (1891) de Joaquín Martí Gadea, et le Vocabulaire valencien-castillan. Le plus complet de ceux publiés à ce jour (1900).

En ce qui concerne la codification de la langue valencienne, il faut attendre le début du XXe siècle avec les Normes de Castelló, en 1932, pour l'aborder.

Principaux auteurs

Références

  1. Fuster, Joan: Antología de la poesía valenciana erreur modèle {{Lien archive}} : renseignez un paramètre « |titre= », Fragmento de la Introducción sacado ahora del vol. 5 de las OOCC, pág. 320-324, Barcelona, 1956
  2. Antología de la poesía valenciana (1900-1950), Joan Fuster, 1a edición selecta, Barcelona, (1956).
  3. Renaixença en el País Valenciano. Estudio por generaciones. Manuel Sanchis Guarner, Ediciones 62, Colección tres y cuatro, serie “La Unidad”, Valencia, (1968), p. 33
  4. [Los Orígenes de la Renaixença Valenciana], Vicent Simbor Roig, Instituto de Filología Valenciana, Valencia (1980)Simbor, Vicent: La Renaixença en el País Valenciano, Revista Caplletra 4, ed Publicaciones de la Abadía de Montserrat, pp. 9-43
  5. Manuel Sanchis Guarner “Renaixença en el País Valencià", (1967)
  6. "El sector progresista de la Renaixença valenciana", Manuel Sanchis Guarner, editorial IFV, Valencia (1978).
  7. Joan Regló, “Aproximación a la historia del País Valenciano, Valencia, pág. 191 (1973)
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