Refuges solidaires

Refuges solidaires est une association loi de 1901 reconnue d'intérêt général[1], dont le siège est à Briançon (Hautes-Alpes), où elle gère le « Refuge solidaire de Briançon ».

Refuges solidaires

Cadre
Forme juridique Association loi de 1901
But Solidarité active avec les migrants et les demandeurs d'asile
Surnom Refuge solidaire
Zone d’influence Briançon (Hautes-Alpes)
Fondation
Fondation 21 juillet 2017
Identité
Siège 35 rue Pasteur 05100 Briançon (France)
Publication Le billet
Site web https://refugessolidaires.wordpress.com

Historique et objectifs

Enregistrée le sous le nom de « Collectif peuples solidaires » (inscrite au RNA avec le numéro W051001742)[2], l'association prend le nom de « Refuges solidaires (rs) » en [3], et apparaît désormais ainsi dans le SIREN, avec le même numéro RNA[4].

Un grand nombre de migrants arrivant par bateau sur les côtes italiennes, isolés ou avec leur famille, cherchent à passer en France, soit pour s'y établir, soit pour atteindre le Royaume-Uni. En 2017, l'intensification des contrôles frontaliers dans les Alpes-Maritimes incite ces migrants à aller plus au nord, là où les cols transalpins entre l'Italie et la France sont les plus bas : celui de l'Échelle (1 762 m) et celui de Montgenèvre (1 850 m), aux environs de Briançon[5]. Cette ville devient ainsi un point de transit important pour ces personnes. Un journaliste du Corriere della Sera écrit alors que les Alpes deviennent la seconde Méditerranée, et Briançon, la Lampedusa des Alpes[6].

La mission que se fixe l'association est de proposer aux migrants un temps de repos, une pause de quelques jours, le plus souvent deux à quatre jours[3], dans leur parcours de demandeurs d'asile, en leur offrant le gîte et le couvert, en assurant aussi leur suivi médical, et en les informant sur les réglementations européenne et française[7]. Les demandeurs d'asile peuvent ensuite se rendre vers une structure administrative appropriée (SPADA), généralement à Marseille.

Le , en partenariat avec Médecins du monde, l'association co-signe une convention avec la communauté de communes du Briançonnais pour la mise à disposition par cette dernière de locaux vides situés 37 rue Pasteur à Briançon, à proximité de la MJC et de lieux associatifs. L'installation peut se faire rapidement grâce à l'équipement et l'aide fournis par le Secours populaire et le Secours catholique, qui servait déjà des repas aux exilés, et grâce à de nombreux dons, notamment d'Emmaüs[3].

Devant la hausse des chiffres de fréquentation de la structure, qui dépassent de loin le quota sur lequel s'était engagée l'association, celle-ci demande la mise en place d'une nouvelle convention, qui ne sera acceptée et signée qu'en [3]. En , le conseil municipal met à disposition des bénévoles d'Emmaüs extérieurs à Briançon, qui aident ceux du Refuge solidaire, un appartement communal inoccupé[8].

Mais fin , la nouvelle municipalité et la communauté de communes donnent à l'association un délai de deux mois pour quitter ses locaux[5].

À l'annonce du risque de fermeture du Refuge solidaire, des personnalités se mobilisent et signent dans le journal Libération du une tribune en soutien à l'association Refuges solidaires intitulée Pour que le Briançonnais reste un territoire solidaire avec les exilés. Parmi les signataires, on trouve notamment l'évêque de Gap Xavier Malle, Isabelle Autissier, Julien Bayou, Jean-Luc Bennahmias, Laurent Berger, Annie Ernaux, Ariane Mnouchkine, Edgar Morin, E-M Mouhoud, Thomas Piketty, Pierre Rosanvallon, Lilian Thuram, Philippe Torreton, Michel Wieviorka[9]...

En un sursis de six mois lui est accordé. Grâce à l'aide financière et matérielle de bénévoles et d'entités privées, un nouvel espace d'environ 1 600 m2, nommé les Terrasses solidaires, est trouvé[10],[11],[12],[13], mais il nécessite des aménagements, ce qui amène à reporter de nouveau le transfert, avec espoir de déménager dans les nouveaux locaux à la rentrée 2021. Cependant les restrictions sanitaires dans les transports en commun dues à la pandémie de Covid-19, principalement la problématique d'accès au passe sanitaire, empêchent le départ des migrants, ce qui provoque une saturation des lieux d'accueil[14]. En juillet et , les demandes faites auprès des pouvoirs publics d'un plan d'hébergement d'urgence n'ayant pas eu de suite[15],[16], les gestionnaires décident de fermer symboliquement le Refuge[17].

En , des eurodéputés, tels que la Luxembourgeoise Tilly Metz, prévoient de se relayer à la frontière chaque fin de semaine « jusqu'à nouvel ordre »[18].

Le , le Refuge solidaire déménage et s'installe dans les Terrasses solidaires, ancien sanatorium réhabilité situé 34, route de Grenoble à Briançon[19], géré par l'association créée le sous ce même nom[20].

Fonctionnement

Pour faire face aux différentes tâches à réaliser, et assurer une permanence de service, l'association s'est organisée en six équipes : accueil, linge/ménage, repas, vestiaire (tri, stockage, organisation des dons), entretien/logistique (bâtiment, gestion des fluides et de l'énergie, etc), et permanence médicale[21]. La totalité du personnel est constituée de bénévoles (plus d'une centaine)[3],[22]. Quelques données montrent l'ampleur de la tâche, et du service rendu[23],[24],[25],[26],[27],[28] :

En 2018, 6 000 exilés ont été hébergés, dont 2 000 mineurs. Plus de 53 000 repas ont été préparés à partir des dons reçus localement[29].
En trois ans depuis , 10 000 personnes ont été accueillies[5].
Une convention avec l’Agence régionale de santé et Médecins du monde permet l'incorporation du linge au circuit de blanchissage de l'hôpital de Briançon : cela représente la logistique d'environ 350 kg par semaine.
Il faut 4 à 5 heures pour nettoyer toute la maison. Les jeunes migrants aident dans cette tâche.
L’équipe repas prépare les petits déjeuners, les repas de midi et du soir, sans jamais connaitre à l’avance le nombre de personnes qui vont manger.
Le rôle de la cellule médicale est d’assurer une veille sanitaire, elle doit permettre :
De faire un premier bilan de santé des arrivants.
De les orienter en conséquence, si nécessaire vers l'urgence hospitalière, ou de proposer des consultations pour répondre aux maux.
D’informer et former les bénévoles, aidants et accueillants, sur des questions de pathologies contagieuses et les premiers soins à donner en cas de gelures.
Grâce à la création d'une permanence d'accès aux soins de santé (PASS), des médecins/infirmiers de l’hôpital sont présents au Refuge deux matinées et demie par semaine et des consultations à l’hôpital sont possibles. Selon les disponibilités, des médecins/infirmiers bénévoles de Médecins du monde complètent les autres jours[30],[3].
Un médecin psychiatre est présent un vendredi sur deux[31].

Un journal de la vie du Refuge, Le billet, est publié et consultable en ligne[32].

Impact médiatique

Depuis 2017, l'association a fait l'objet de nombreux reportages dans la presse nationale et internationale :

BFM TV (2021), Le Courrier (quotidien suisse) (2018), La Croix (2018), Le Dauphiné libéré (2018, 2019, 2021), Le Figaro (2018), France Inter (2018), Huffington Post (2018), L'Humanité (2020), Institute of Current World Affairs (ONG américaine) (2018), Libération (2018,2020), Marianne (2019), Mediapart (2020, 2021), Le Monde(2019, 2020, 2021), Montagnes Magazine (2020), National Geographic (2020), Nice-Matin (2021), Le Point (2020), La Provence (2021).

Références

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  1. « Nous aider : Aider financièrement », sur refugessolidaires.wordpress.com (consulté le ).
  2. Journal officiel (Numéro RNA : W051001742), « Association loi du 1er juillet 1901 : Collectif Refuge solidaire (CRS) », sur www.journal-officiel.gouv.fr (consulté le ).
  3. Aude Vinck-Keters et Olivier Clochard (dir.), Université de Poitiers, « Briançon ville refuge : à l'heure de la criminalisation de la solidarité » (Mémoire universitaire de Master 2), sur dumas.ccsd.cnrs.fr, (consulté le ), p. 36-44. .
  4. L'annuaire des entreprises (SIREN 844795559), « Refuges solidaires (rs) », sur annuaire-entreprises.date.gouv.fr (consulté le ).
  5. Julia Pascual, « A Briançon, le maire LR veut fermer le refuge ouvert aux migrants », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  6. (it) Francesco Battistini, « A piedi nudi nel ghiaccio : è sulle Alpi l’ultima rotta dei migranti » Pieds nus dans la glace »], Corriere della Sera, (lire en ligne, consulté le ).
  7. helloasso, « Faire un don à Refuges solidaires », sur www.helloasso.com (consulté le ).
  8. Michel Toupet, « Un logement pour les bénévoles du Refuge solidaire », sur www.ville-briancon.fr, D!CI TV, (consulté le ).
  9. Un collectif de personnalités civiles et culturelles, « Pour que le Briançonnais reste un territoire solidaire avec les exilés » (Tribune), Libération, (lire en ligne, consulté le ).
  10. « Migrants : le Refuge solidaire de Briançon a trouvé de nouveaux locaux », sur www.bfmtv.com, (consulté le ).
  11. Les Terrasses solidaires, « Un tiers-lieu pour l'accueil et l'économie sociale, solidaire et écologique du Briançonnais », sur www.lesterrassessolidaires.org (consulté le ).
  12. helloasso, « Les Terrasses solidaires », sur www.helloasso.com (consulté le ).
  13. Nejma Brahim, « Sauvé, le refuge solidaire de Briançon s’adapte à de nouveaux arrivants », Mediapart, (lire en ligne, consulté le ).
  14. Samileï Hoarau, « Hautes-Alpes : Le Refuge solidaire de Briançon ferme ses portes, faute de soutien des pouvois publics », actuHautes-Alpes, (lire en ligne, consulté le ).
  15. A. Vallauri, « Hautes-Alpes : Claire Bouchet interpelle le Ministre de l’Intérieur », Alpes 1 Alpes du sud, (lire en ligne, consulté le ).
  16. « Face à l'afflux de réfugiés à Briançon, les associations demandent à l'Etat de "respecter ses obligations à l'égard des exilés" », Nice-Matin, (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Hautes-Alpes : aux abois, le Refuge solidaire de migrants de Briançon ferme symboliquement », La Provence, (lire en ligne, consulté le ).
  18. Juliette Benas, « Hautes-Alpes / migrants : "Il faut stopper ce jeu du chat et de la souris à la frontière" : Tilly Metz », Dici, (lire en ligne, consulté le ).
  19. Justin Mourez, « A Briançon, le 37, rue Pasteur n’est plus un refuge pour les exilés », Le Dauphiné libéré, (lire en ligne, consulté le ).
  20. L'annuaire des entreprises (SIREN 900199670), « Les terrasses solidaires », sur annuaire-entreprises.date.gouv.fr (consulté le ).
  21. Association Refuges solidaires, « Les équipes », sur refugessolidaires.wordpress.com (consulté le ).
  22. « Refuges solidaires », sur www.lilo.org (consulté le ).
  23. (en) Karina Piser, Institute of Current World Affairs (ICWA), « Migration tests French values » Les valeurs de la France à l'épreuve de la migration »] (Reportage), sur www.icwa.org, (consulté le ).
  24. « Briançon : la gare SNCF transformée en dortoir pour les migrants », Le Dauphiné libéré, (lire en ligne, consulté le ).
  25. Giv Anquetil, Charlotte Perry et Antoine Chao, « Briançon solidaire », France Inter – Comme un bruit qui court, (lire en ligne, consulté le ).
  26. « Enquête après la découverte du corps d'un homme dans les Alpes », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
  27. « Le nombre de migrants en baisse cet été au refuge solidaire », Le Dauphiné libéré, (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  28. Manon Meyer-Hilfiger, « Dans les Alpes, des montagnards viennent en aide aux exilés », National Geographic, (lire en ligne, consulté le ).
  29. Association Refuges solidaires, « Catégorie : actualités », sur refugessolidaires.wordpress.com (consulté le ).
  30. Association Refuges solidaires, « Refuges solidaires – La permanence médicale », sur refugessolidaires.wordpress.com (consulté le ).
  31. Vladimir de Gmeline, « Psychiatre, elle traite les migrants dévastés par les épreuves », Marianne (magazine), (lire en ligne, consulté le ).
  32. Refuges solidaires, « Lettres d'information », sur refugessolidaires.wordpress.com (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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