RMS Carpathia

Le RMS Carpathia est un paquebot transatlantique britannique appartenant à la compagnie Cunard Line. Accompagné de deux sister-ships plus anciens, l’Invernia et le Saxonia, il est mis en service en 1903. Après neuf années de carrière sans histoires, il vient en aide aux naufragés du Titanic en avril 1912 sous le commandement du capitaine Arthur Rostron. En effet, alors qu'il est sur le point de se coucher, son opérateur radio, Harold Cottam, capte les messages de détresse du paquebot, distant de 93 kilomètres. Le commandant pousse alors son navire à pleine vitesse malgré les glaces pour venir à son secours. Bien qu'arrivé trop tard pour sauver tous les passagers, le Carpathia récupère les 705 rescapés présents dans les canots et les ramène à New York où il arrive à 10 h 30 le . La presse considère alors les membres de l'équipage du navire comme des héros.

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Carpathia
Type Paquebot transatlantique
Histoire
Chantier naval Swan Hunter & Wigham Richardson
Quille posée
Lancement
Mise en service
Statut Torpillé le
Équipage
Équipage 307
Caractéristiques techniques
Longueur 170 m
Maître-bau 19,6 m
Tirant d'eau 10,5 m
Déplacement 8 700 tonnes
Tonnage 13 600 tjb
Propulsion Machines à quadruple expansion actionnant deux hélices
Puissance 10 000 hp
Vitesse 14 nœuds en moyenne (17,5 au maximum)
Caractéristiques commerciales
Pont 3
Passagers 1 704 à sa construction
2 550 après 1905
Carrière
Propriétaire Cunard Line
Armateur Cunard Line
Pavillon Royaume-Uni
Localisation
Coordonnées 49° 25′ 01″ nord, 10° 25′ 01″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Europe
Carpathia

Le Carpathia poursuit son service commercial durant la Première Guerre mondiale et est torpillé le après avoir échappé à plusieurs attaques depuis le début du conflit. L'épave du paquebot a été découverte en 1999. Celui-ci a également donné son nom à une école de Winnipeg.

Le navire n'a pas été conçu pour transporter des passagers aisés et est en priorité destiné aux immigrants d'Europe de l'Est et aux gens de classe moyenne, auxquels il offre un confort supérieur à la plupart des navires de l'époque. Cependant, dès 1905, une première classe est ajoutée, bien que la troisième représente toujours une écrasante majorité. De même, le Carpathia n'est pas conçu pour battre des records de vitesse. Il surpasse cependant les attentes de ses concepteurs le soir du naufrage du Titanic, les ingénieurs ayant coupé le chauffage de l'eau et du navire pour détourner toute la vapeur produite par les chaudières vers les moteurs, atteignant une vitesse record de 17,5 nœuds alors qu'il n'est prévu que pour un maximum de 14.

Histoire

Construction et mise en service

La coque du Carpathia avant son lancement

La quille du Carpathia est posée dans les chantiers Swan Hunter à Wallsend dans le Nord de l'Angleterre, le [1]. Sa coque, alors peinte en blanc, est lancée le . Après dix mois de travaux en cale sèche, le navire est prêt à servir. Comme ses sister-ships, le Saxonia et l’Ivernia mis en service en 1899[1],[2], le Carpathia arbore finalement une coque noire et superstructure blanche, une cheminée rouge à manchette noire et rayures noires (les couleurs de la Cunard) et quatre mâts.

Le Carpathia entame son voyage inaugural le , de Liverpool à Boston via Queenstown. Sa construction a en effet été rallongée à cause d'une grève[3]. Par la suite, il dessert New York et Liverpool en été et New York—FiumeTrieste l'hiver[4]. En 1905, il subit une refonte qui accroît largement ses installations destinées aux passagers de troisième classe[5].

Bien que de bonne qualité, le Carpathia ne reçoit que peu d'attention au début de sa carrière, se trouvant dans l'ombre de paquebots plus luxueux et plus rapides comme le Lusitania et le Mauretania, de la même compagnie[3]. Cependant cette situation change en 1912 lorsque le navire se retrouve impliqué dans l'un des plus grands naufrages de l'histoire.

Naufrage du Titanic

Le Carpathia à New York après avoir débarqué les rescapés du Titanic

Le Carpathia est devenu célèbre pour le rôle qu'il a joué lors du naufrage du Titanic. C'est en effet le premier navire à se rendre sur les lieux de la catastrophe et c'est lui qui recueille les 705 survivants (passagers et membres d'équipage).

La nuit de la catastrophe, le Carpathia se trouve à plus de 58 miles du Titanic. Il a quitté New York le et navigue à destination de Gibraltar, puis de Trieste. Il a à son bord 743 passagers[6], bien loin de sa capacité maximale de 2 000 à 2 500 passagers selon les sources[7]. Les installations de troisième classe, prévues pour près de 2 000 personnes sont presque vides car l'immigration des États-Unis vers l'Europe est presque nulle [5]. À bord, vers minuit, l'opérateur radio Harold Cottam est sur le point de se coucher et, comme il est le seul opérateur à bord, personne ne peut le relever. Cependant, une dernière écoute lui permet de prendre connaissance du naufrage[6]. Cottam avertit le premier officier, alors de quart, et tous deux préviennent Arthur Rostron, le capitaine du navire[8]. Celui-ci est au commandement du Carpathia depuis le [9].

Rostron modifie alors la route du navire et le lance à pleine vitesse en direction de la position indiquée par le Titanic. Il fait préparer le navire en vue du sauvetage, donnant l'ordre de cantonner les passagers à leurs cabines, de préparer des lits, convoquant les trois médecins du bord et faisant ouvrir les portes de coupée et préparer des échelles et des câbles[10],[11].

Margaret Brown a remis une coupe à Arthur Rostron en remerciement pour son rôle dans le sauvetage des rescapés du Titanic.

Le navire atteint la vitesse de 17,5 nœuds, près de trois nœuds au-dessus de sa vitesse habituelle[12]. Malgré cela, il lui faut plusieurs heures pour arriver sur les lieux du drame, sa progression étant troublée par le grand nombre d'icebergs sur sa route[13]. Pendant sa course, le Carpathia entre en contact avec d'autres navires proches, notamment l’Olympic, sister-ship du Titanic. Le paquebot aperçoit le premier canot à 4 h 00 ce . Il s'agit du canot numéro 2, dont le premier passager atteint le Carpathia à 4 h 10. C'est le quatrième officier du Titanic, Joseph Boxhall, qui annonce la nouvelle au commandant du Carpathia[14].

Le sauvetage se poursuit jusqu'à 8 heures, la dernière personne à embarquer étant le second officier, Charles Lightoller. Treize canots de sauvetage sont également récupérés[5], puis le navire met le cap sur New York. Rostron refuse la proposition du capitaine Herbert Haddock, de l’Olympic, de transférer les passagers sur le sister-ship du paquebot naufragé pour éviter tout traumatisme[15]. À bord, Harold Cottam est assisté dans son travail d'opérateur radio par Harold Bride, opérateur rescapé du naufrage. Ils doivent en effet transmettre des listes de survivants et des informations à la Cunard et la White Star. Le Carpathia accoste finalement à New York le jeudi pendant le matin, débarquant dans un premier temps les canots de sauvetage du Titanic dans le quai de la White Star où aurait dû arriver le paquebot, puis les rescapés descendent sur le quai de la Cunard.

Par la suite, plusieurs membres d'équipage du Carpathia dont Rostron et Cottam paraissent à la commission d'enquête américaine sur le naufrage. À la suite de celui-ci, Rostron reçoit de mains de Margaret Brown une coupe de la part des rescapés en remerciement du sauvetage. Il est également invité à la Maison-Blanche par le Président William Howard Taft et reçoit la médaille d'or du Congrès, la plus haute distinction des États-Unis[16].

Première Guerre mondiale

Un U-Boot a eu raison du Carpathia en 1918.

Durant la Première Guerre mondiale, et bien qu'il ait été conçu pour servir de transport de troupes[5], il poursuit son service commercial mais retourne sur la route LiverpoolBoston—New York en 1915, la navigation en Méditerranée devenant difficile. Arthur Rostron quitte son commandement cette même année pour rejoindre le prestigieux Mauretania. Le Carpathia vogue cependant dans des eaux dangereuses et échappe à plusieurs attaques de sous-marins allemands[3].

Le Carpathia coule après son torpillage par l'U-55 au large de Land's End.

Le , il quitte Liverpool au sein d'un convoi. Deux jours plus tard, le convoi se sépare et le Carpathia se retrouve à la tête d'un groupe de sept navires. Ce même jour, il est torpillé par le sous-marin allemand U-55 au large de l'Irlande[3] à la position géographique 49° 25′ N, 10° 25′ O . Une première torpille touche le navire légèrement en avant de la salle des machines à bâbord et une seconde explose au niveau de cette même salle, tuant cinq mécaniciens[17]. L'explosion met hors service tous les systèmes électriques du navire, radio comprise.

Le capitaine Prothero parvient cependant à communiquer avec les navires de son convoi, qui se dispersent, et à alerter d'autres navires proches. Onze embarcations sont mises à l'eau tandis qu'une troisième torpille est tirée sur le navire. Finalement, celui-ci sombre deux heures et demi après le premier tir[3]. Les 215 survivants (dont 57 passagers) sont recueillis par le HMS Snowdrop après le naufrage du navire[5]. Tous sont débarqués à Liverpool le lendemain, trois d'entre eux devant être amenés à l'hôpital[3].

Caractéristiques

Des passagers sur le pont du Carpathia en 1914.

Le Carpathia est un navire aux dimensions honorables par rapport aux navires de l'époque, avec 170 mètres de long sur 19,5 mètres de large et un tonnage de 13 555 tonneaux de jauge brute[1]. Il arbore une cheminée rouge à manchette noire et bandes noires et est pourvu de quatre mâts non destinés à recevoir des voiles.

Le navire n'est pas conçu comme un paquebot luxueux, mais est fait pour transporter des passagers de deuxième et troisième classe. Ces deux classes offrent en revanche un très bon confort pour l'époque. La deuxième dispose d'une bibliothèque, d'un fumoir, d'un salon pour dames et d'une vaste salle à manger. La troisième classe propose les mêmes éléments, sans bibliothèque[3]. La première classe s'ajoute en 1905[18].

En cas de guerre, le Carpathia peut servir de transport de troupes prévu pour 3 000 hommes et 1 000 tonnes de provisions, ou 1 000 hommes avec leurs chevaux[18]. Le navire propose également un orchestre : ainsi, deux des musiciens de l'orchestre du Titanic, Theodore Brailey et Robert Bricoux avaient un temps servi sur le Carpathia[19],[20].

Propulsé par deux hélices mues par des machines à quadruple expansion. Ceci lui permet à l'origine d'atteindre 14 nœuds. Cependant, au soir du naufrage du Titanic, le capitaine Rostron parvient à lui faire atteindre 17,5 nœuds[9].

Postérité

Le Carpathia entraîné par deux remorqueurs en 1912.

Aujourd'hui le navire repose par 155 mètres de fond, à plus de 200 km à l'ouest du Fastnet Rock situé au sud de l'Irlande. L'épave est découverte le et filmée le 22. La nouvelle est annoncée par l'écrivain et plongeur Clive Cussler en 2000[21],[22]. Acquise en 2001 par la RMS Titanic Inc. (déjà en possession de l'épave du Titanic), elle est revendue à la société Seaventures en [5].

La coupe remise au commandant du Carpathia par les survivants du Titanic est restée à bord du bateau jusqu'à son torpillage. Il est donc probable que celle-ci se trouve encore à l'intérieur de l'épave du navire. L'épave est régulièrement visitée par des plongeurs et plusieurs objets ont été remontés et restaurés[23].

En 1953, à Winnipeg, une Carpathia School a été ouverte en l'honneur du paquebot[1].

Notes et références

  1. (en) « Carpathia (1903) », Maritime Quest. Consulté le 24 juillet 2009
  2. (en) « Saxonia », The Great Ocean Liners. Consulté le 3 janvier 2010
  3. (en) « Carpathia », The Great Ocean Liners. Consulté le 3 janvier 2009
  4. (en) « R.M.S. Carpathia », Great Ships. Consulté le 24 juillet 2009
  5. (fr) « Le RMS Carpathia, le bateau des veuves », Le Site du « Titanic ». Consulté le 24 juillet 2009
  6. Gérard Piouffre 2009, p. 178
  7. La Cunard a déclaré, après la refonte de 1905, que le navire avait une capacité de 2 550 passagers, mais James Bisset, second officier du Carpathia en 1912, parle d'une capacité de 2 000 passagers. Ce deuxième chiffre semble plus cohérent, au vu du tonnage du navire.
  8. (en) Titanic Inquiry Project. Consulté le 24 juillet 2009
  9. Mark Chirnside 2004, p. 185
  10. Mark Chirnside 2004, p. 186.
  11. (en) « Testimony of Arthur Rostron », Titanic Inquiry Project. Consulté le 3 janvier 2010
  12. Gérard Piouffre 2009, p. 188.
  13. Gérard Piouffre 2009, p. 192.
  14. Gérard Piouffre 2009, p. 194.
  15. Philippe Masson 1998, p. 87.
  16. (en) « Captain Arthur Henry Rostron », Encyclopedia Titanica. Consulté le 24 juillet 2009
  17. (en) « Carpathia », Wreck Site. Consulté le 24 juillet 2009
  18. (en) « Cunard Line Carpathia », Encyclopedia Titanica. Consulté le 3 janvier 2010
  19. (en) « L'orchestre », Le Site du Titanic. Consulté le 24 juillet 2009
  20. (en) « Mr Roger Marie Bricoux », Enyclopedia Titanica. Consulté le 3 janvier 2010
  21. (en) « Wreck of the Carpathia, Titanic's Rescuer, Found », NUMA. Consulté le 3 janvier 2010
  22. (en) « Discovery of the Carpathia », Titanic-Titanic.com. Consulté le 3 janvier 2010
  23. (en) « Find on Titanic rescue ship », BBC News Player. Consulté le 3 janvier 2010

Annexes

Bibliographie

  • (en) Mark Chirnside, The Olympic-class ships : « Olympic », « Titanic », « Britannic », Tempus, , 349 p. (ISBN 0-7524-2868-3)
  • Philippe Masson, Le drame du « Titanic », Tallendier, , 264 p. (ISBN 2-235-02176-X)
  • Gérard Piouffre, Le « Titanic » ne répond plus, Paris, Larousse, , 317 p. (ISBN 978-2-03-584196-4)

Articles connexes

Liens externes

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