Pseudo-basilique

Le terme de pseudo-basilique, ou d’église pseudo-basilicale, peu usité en francophonie car n’appartenant pas au vocabulaire architectural français[1], désigne, dans les pays de langue allemande et aussi de langue néerlandaise, une église à plan basilical, mais dont la nef centrale ne dépasse en hauteur les nefs collatérales que dans une mesure relativement limitée ; une conséquence de cette disposition est qu’en règle générale la nef centrale ne bénéficie pas d’éclairage direct par voie de Fenêtre-hautefenêtres-hautes. Le terme pseudo-basilical s’applique donc à l’élévation d’une église, non à son plan au sol, lequel est basilical au sens classique.

Vue transversale de la nef de la cathédrale de Poitiers.
Cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, halle escalonnée, édifiée 1166–1474 en gothique angevin
Cathédrale Saint-Étienne de Vienne, halle escalonnée
L’église Sainte-Marie-de-la-Mer à Barcelone est une basilique vraie à proportions d'une halle escalonnée: L’écart de hauteur entre nef centrale et premiers collatéraux est faible, mais la nef possède néanmoins des fenêtres-hautes, en l’espèce circulaires.
Abbatiale Sainte-Croix de Bouzonville, pseudo-basilique
Église Sainte-Marie de l'Assomption de Bad Königshofen (Bavière du Nord), pseudo-basilique

La pseudo-basilique, ainsi que la halle échelonnée (en allemand Staffelhalle ou Stufenhalle, expliquée ci-après), apparurent à différentes phases des époques romane et gothique et représentent une forme architecturale hybride entre l’église-halle (où les trois vaisseaux composant la nef sont de hauteur égale), et la structure basilicale au sens propre.

Pseudo-basiliques et halles échelonnées

Le terme de pseudo-basilique ne recouvre, au sens strict, que des édifices religieux présentant une disposition basilicale de ses toitures, c'est-à-dire que les trois vaisseaux de la nef ont chacun une toiture séparée. Ainsi les collatéraux portent-ils souvent un toit en appentis, dont le faîte vient s’appuyer contre la paroi aveugle, exempte de fenêtres-hautes, de la nef centrale ; en effet, l’espace laissé dans cette paroi entre le bord supérieur de l’appentis et le bord inférieur de la toiture de la nef est trop étroit que pour permettre le percement de baies. Il importe de distinguer cette forme architecturale de la Stufenhalle[2], dont les voûtes des trois vaisseaux sont couvertes d’une seule toiture, commune à tout l’édifice ; toutefois, il advient parfois que les deux termes soient utilisés l’un pour l’autre dans la littérature spécialisée, alors qu’il s’agit en fait de deux types architectoniques distincts.

Le type pseudo-basilical constitue peut-être une réaction aux tendances, perceptibles vers 1400, de regothisation de l’architecture européenne. Il permettait de réunir l’antique plan de base de la basilique et l’ordonnance plus moderne de l’église-halle.

Halle échelonnée

C’est cependant en France, dans le Poitou, que la halle échelonnée (allemand: Staffelhalle) fait son apparition, et ce dès le XIe siècle. Aux alentours de 1150 fut érigée à Poitiers l’église romane Notre-Dame-la-Grande. La cathédrale gothique Saint-Pierre de cette même ville présente l’aspect d’une église-halle, dont la nef centrale n’est qu’en faible surélévation par rapport aux collatéraux. Au XVe siècle, des Staffelhallen apparaissent dans diverses parties d’Europe centrale, en particulier en Franconie, mais aussi au Danemark, régions où nombre d’églises paroissiales seront bâties selon ce modèle.

En Westphalie émergea à la fin de l’époque romane une école locale d’architecture. Se construisirent des églises couvertes de voûtes d’arêtes, à colonnes alternantes, qui adoptent, à l’intérieur, l’aspect de Stufenhallen. L’église collégiale et paroissiale Saint-Ludger de Münster est considérée comme le prototype de ce groupe d’édifices. Jusqu’à 1220 environ, de nombreuses constructions similaires virent le jour, lesquelles cependant seront pour la plupart remaniées ultérieurement. Néanmoins, quelques exemples caractéristiques se sont conservés intacts, en particulier à Billerbeck et à Legden.

La cathédrale d’Ingolstadt, la cathédrale Saint-Étienne de Vienne, l’église Saint-Pierre-et-Paul de Görlitz et la cathédrale de Königsberg représentent des exemples de vastes Staffelhallen au sens propre. L’adjonction de chapelles latérales donne parfois l’impression d’un nef de cinq vaisseaux (p. ex. l’église paroissiale d’Eggenfelden). Au demeurant, on peut remarquer que de tels édifices, couverts par une seule et grande toiture à deux versants, eussent été plus difficilement réalisables si les murs de la nef centrale avaient été trop rehaussés par rapport aux collatéraux (comme dans une basilique ordinaire) ou, à l’inverse, de hauteur égale aux murs des collatéraux (comme dans une église-halle).

Quelques historiens de l’art, en particulier du XIXe et du début du XXe siècle, voyaient dans ces « églises basiliques réduites » la marque d’une carence et ont voulu en expliquer l’apparition par le manque de moyens financiers des maîtres d’ouvrage ou par quelque souci d’humilité volontaire. Cependant, de grands projets d’architecture tels que la cathédrale Saint-Étienne de Vienne tendent au contraire à faire supposer que la Stufenhalle était, comme type particulier d’édifice, fort goûtée des architectes et des bâtisseurs du Moyen Âge.

Pseudo-basiliques

Église Saint-Martin de-Tours de Frómista(es), pseudo-basilique de style roman

Les pseudo-basiliques, plus rares en Allemagne que les Staffelhallen, ne se reconnaissent parfois qu’à une ligne de brisure dans la toiture, trahissant une nef centrale surélevée, et il arrive que le faîte des appentis des collatéraux touchent la paroi du vaisseau central tout juste sous l’égout du toit de celui-ci. Parfois, la partie supérieure des parois intérieures de la nef centrale est scandée de peintures en trompe-l’œil figurant des fenêtres-hautes, destinées à créer l’illusion d’une basilique véritable ; dans l’église paroissiale de Neustadt in Holstein, ces peintures vont jusqu’à figurer des entrelacs gothiques.

Les vastes pseudo-basiliques espagnoles, telles la cathédrale de Barcelone ou l’église Sainte-Marie-de-la-Mer (Santa Maria del Mar), forment un cas particulier : les vaisseaux étant couverts de toits à très faible pente, la partie supérieure de la nef centrale, quoique faiblement surélevée par rapport aux collatéraux, est néanmoins percée de fenêtres-hautes.

Notes

  1. Il ne figure pas, p.ex., dans Architecture. Méthode et Vocabulaire, de Pérouse de Montclos.
  2. De l’allemand Stufe, marche, degré, échelon. Stufenhalle pourrait se traduire par halle échelonnée. Syn. : Staffelhalle.

Bibliographie

  • Norbert Nussbaum: Deutsche Kirchenbaukunst der Gotik. Darmstadt, 2. Aufl. 1994. (ISBN 3-534-12542-8)
  • Rolf Toman, Achim Bednorz: Gotik. Architektur - Skulptur - Malerei. Könemann im Tandem-Verlag, 2005, (ISBN 3-8331-1038-4)
  • Matthias Untermann: Handbuch der mittelalterlichen Architektur. Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2009. (ISBN 978-3-534-20963-7)
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