Prix Sade
Le prix Sade est un prix littéraire français créé en 2001, en hommage au marquis de Sade.
Historique
Créé par Lionel Aracil et Frédéric Beigbeder et décerné par un jury qui se présente comme une « réunion d’auteurs, d’éditeurs et autres artistes pour la célébration du libertarisme contemporain »[1], le prix Sade est remis chaque année à la fin du mois de septembre afin de récompenser « un auteur singulier et honnête homme, selon la définition de son siècle. Un authentique libéral qui sera parvenu, par delà les vicissitudes de la Révolution et l'emprise de l'ordre moral, à défaire les carcans de la littérature comme ceux de la politique[1]. »
Le lauréat reçoit une création d'un artiste contemporain, comme Éric Madeleine, Nobuyoshi Araki, Alberto Sorbelli, Fabrice Hybert, ou encore Jean-Paul Gaultier, qui a signé un martinet.
Jury
Sous l’égide de son président, Emmanuel Pierrat, assisté de Jean Streff, secrétaire général, les membres du jury, participants ou ayant participé, sont :
- Lionel Aracil
- Frédéric Beigbeder
- Pierre Bourgeade (†)
- Catherine Breillat
- Catherine Corringer
- Marie L. (Sophie Marie L.)
- Guillaume Dustan (†)
- Marcela Iacub
- Pierre Leroy
- Catherine Millet
- Ruwen Ogien (†)
- Catherine Robbe-Grillet
- Laurence Viallet
- Philippe Brenot
- François Angelier
- Philippe Breno
- Jean-Jacques Lebel
- Guy Scarpetta
Controverse
Annie Le Brun, auteur de plusieurs essais de référence sur Sade, dont son livre-préface (Soudain un bloc d'abîme, Sade, 1986) aux œuvres complètes du marquis éditées par Jean-Jacques Pauvert, a publié dans son essai Ailleurs et autrement (Gallimard, 2011) une lettre qu'elle avait adressée le au président de ce prix, Lionel Aracil, qui avait fait figurer son nom, à son insu, dans le jury. Dénonçant ce qu'elle estime être une mascarade médiatique et culturelle, elle y écrit notamment : « Petite misère culturelle, vous êtes bien mal renseigné : méprisant depuis toujours autant ceux qui reçoivent les prix que ceux qui les donnent, comment pourrais-je consentir à participer à la mômerie d'un prix marquis de Sade ? “Bas les pattes devant Sade”, avais-je écrit avec mes amis surréalistes devant les manigances d'un théâtreux en mal de scandale, à la fin des années soixante. Que pourrais-je dire d'autre avec Jean-Jacques Pauvert, qui s'associe à moi en l'occurrence, au ramassis d'écrivains et artistes que vous sollicitez, les Sollers, Bourgeade, Pingeot, Bramly..., pour peu qu'ils acceptent de patronner cette mascarade bien dans le goût de l'époque ? Sans doute les uns et les autres ne se sont-ils pas assez discrédités pour ne pas rater une occasion d'en rajouter ». Et critiquant le trophée, un fouet « dessiné par le bagagiste de luxe Louis Vuitton », qui lui rappelle « le balai immonde » du roi Ubu, elle conclut : « Que voulez-vous, tout le design du monde ne réussira jamais à maquiller tant d'indignité. »[2]
Lauréats
Prix Sade
- 2001 : Catherine Millet pour La Vie sexuelle de Catherine M.
- 2002 : Alain Robbe-Grillet pour C'est Gradiva qui vous appelle
- 2003 : Louis Skorecki pour Il entrerait dans la légende, éditions Léo Scheer
- 2005 : Jean Streff pour Traité du fétichisme à l'usage des jeunes générations, éd. Denoël
- 2006 : Shozo Numa pour Yapou, bétail humain
- 2007 : Dennis Cooper pour Salopes, éd. P.O.L
- 2008 : Charles Robinson pour Génie du proxénétisme, éd. Le Seuil
- 2009 : Stéphane Velut pour Cadence, éd. Christian Bourgois
- 2010 : Jacques Chessex pour Le Dernier Crâne de M. de Sade, éd. Grasset
- 2011 : Thomas Hairmont pour Le Coprophile, éd. P.O.L
- 2012: Christine Angot pour Une semaine de vacances, éd. Flammarion - refusé par l'auteur
- 2013 : Jean-Baptiste Del Amo pour Pornographia, éd. Gallimard
- 2014 : Alain Guiraudie pour Ici commence la nuit, éd. P.O.L.
- 2015 : Jean-Noël Orengo pour La Fleur du Capital (Grasset), ex-æquo avec Audrée Wilhelmy pour Les Sangs (Grasset)
- 2016 : Agnès Giard pour Un désir d'humain, les Love Doll au Japon, Les Belles Lettres
- 2017 : Gay Talese pour Le Motel du voyeur : une enquête, éd. du Sous-Sol
- 2018 : Jonathan Littell pour Une vieille histoire, éd. Gallimard
- 2019 : Kevin Lambert pour Querelle, Le Nouvel Attila, ex-æquo avec Christophe Siébert pour Métaphysique de la viande, Au diable vauvert
- 2020 : Marie-Pier Lafontaine[3] pour Chienne, Le Nouvel Attila
Prix Sade du premier roman
- 2001 : Éric Bénier-Bürckel pour Un prof bien sous tout rapport, éd. Pétrelle
- 2017 : Raphaël Eymery pour Pornarina : la-prostituée-à-tête-de-cheval, éd. Denoël
Prix Sade de l'essai
- 2004 : Ruwen Ogien pour Penser la pornographie, éd. PUF
- 2011 : Paul B. Preciado pour Pornotopie, Playboy et l'invention de la sexualité multimédia, éd. Climats
- 2020 : Marc Renneville pour Vacher l'éventreur. Archives d'un tueur en série[4], éditions J. Millon.
Prix Sade du livre d'art
- 2006 : Jacques Henric et Jorge Amat pour Obsessions nocturnes, éditions Édite
- 2018 : Mavado Charon pour Dirty, Mania Press
- 2019 : Jean-Jacques Lequeu, bâtisseur de fantasmes, Éditions Norma / Bibliothèque Nationale de France (catalogue d'exposition)
- 2020 : Marc Martin pour Les Tasses - Toilettes publiques, affaires privées[5],[4], éditions AGUA ex-æquo avec Nathalie Latour pour Céroplastie, corps immortalisés[4] , éditions Le Murmure
Prix Sade du jury
- 2009 : Pierre Bourgeade pour Éloge des fétichistes, éd. Tristram
Prix Sade document
- 2012 : Jean-Pierre Bourgeron pour l'édition de trois textes de la collection « Eros singuliers » (éditions HumuS) : L'Aviateur fétichiste (2012), Marthe de Sainte-Anne (2011) et Le Curé travesti (2011)
- 2015 : Trois milliards de pervers : grande encyclopédie des homosexualités, réédition[6] de l’édition saisie en 1973 (éditions Acratie)
Notes et références
- Voir sur le site officiel du prix Sade.
- Annie Le Brun, Addendum à « De l'insignifiance en milieu vaginal » (critique du livre de Catherine Millet, première lauréate du prix Sade), dans Ailleurs et autrement, Gallimard, coll. « Arcades », 2011, p.19-20.
- Thomas Vincy, « Prix Sade 2020 », sur gallimardmontreal.com, (consulté le )
- « Les lauréats du prix Sade 2020 », sur Livres Hebdo (consulté le ).
- « Le livre d'art "Les tasses" de Marc Martin est lauréat du prix Sade 2020 », sur TÊTU, (consulté le )
- Voir sur le site des éditions Acratie.
Lien externe
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