Prieuré Saint-Jean de l’Habit

Le prieuré Saint-Jean de l’Habit est un prieuré de l'abbaye de Fontevraud. Son nom - sans aucun rapport avec le vêtement monastique - renvoie expressément à la dernière scène de la vie terrestre du Christ[1]. Ce prieuré était situé au nord-est de l’enceinte abbatiale proprement dite. Il était relié à elle par une allée d’ormeaux. Le tableau de François-Roger de Gaignières[2] donne encore aujourd’hui de ce prieuré dominant assez nettement l’enceinte abbatiale - intégralement détruit depuis- et implanté à l’emplacement actuel du cimetière du bourg, une image nostalgique[3]. Le prieuré Saint–Jean de l’Habit de Fontevraud, à l’imitation des dispositions initialement prévues pour l’ensemble des implantations fontevristes, constituait le prieuré masculin de l’abbaye royale de Fontevraud. Les moines prêtres qui y résident et qui sont dispensateurs des sacrements aux moniales de l’ensemble du site fontevriste sont soumis à la règle de saint Augustin.

Situation dans l’ensemble abbatial de Fontevraud l’Abbaye

L’ensemble abbatial de Fontevraud l’Abbaye unit en son sein sur environ 14 hectares[4] Une implantation monastique parmi les quatre qui composent l'ensemble monastique], conformément aux prescriptions de son fondateur Robert d’Arbrissel, bâtiments monastiques affectés aux Moniales que l’on connaît sous le nom de Grand Moutier et bâtiments monastiques accueillant les Moines ( Prêtres et frères convers ou frères lais)[5]. . La répartition des tâches y est la suivante : » Le couvent de Saint-Jean-de-l'Habit regroupe les hommes. Commandés par un prieur soumis à l’abbesse, les prêtres assurent la célébration de la messe et l’administration des sacrements pour les moniales, alors que les frères laïcs assument les tâches manuelles moins gratifiantes spirituellement »[6]. Même si le projet initial de Robert d’Arbrissel a pu être d’implanter des structures monastique doubles (Moniales /Moines) en un même lieu peu fréquents sont les endroits ou un tel projet a pût être mené à bien et assez peu nombreux aussi sont les édifices qui ont pu subsister. Parmi eux : Boubon, commune de Cussac dans la Haute-Vienne; Guesnes dans la Vienne; Paravis, commune de Feugarolles dans le Lot et Garonne; Tusson en Charente). Le prieuré Saint-Jean de l’Habit a été implantée un peu en hauteur, dominant l’Abbaye et hors clôture , clôture qui englobait le Grand-Moutier, - Abbaye mère- le quartier Saint Benoît , le Prieuré Saint Lazare et le prieuré de la Madeleine ainsi qu’on le voit figurant à droite l’œuvre de Louis Boudan cité immédiatement infra.

Un ensemble qui a malgré tout grandement survécu aux secousses historiques.

"Juste" retour des choses l'odonymie fait apparaître aujourd'hui une rue Saint jean de l'Habit conduisant du cœur du bourg au cimetière tracé sur l'emplacement de l'ancien prieuré[7].

Illustrations présentant le prieuré Saint-Jean de l’Habit

Le site Gallica présentant les œuvres de Louis Boudan est d'un puissant secours pour se représenter ce prieuré dont il ne reste rien suite aux démolitions consécutives à la période révolutionnaire. Ainsi en est il de cette vue [8] et encore plus nettement à gauche du même ensemble de bâtiments monastiques[9] et [10]. Ces deux vues appartenant à la collection de l’antiquaire - c'est-à dire personne s'intéressant aux choses anciennes- François Roger de Gaignières[11]. Cette dernière gravure gagnera à être comparée avec le schéma explicatif (2éme illustration) qu’en donne la synthèse à laquelle conduit le lien suivant [12]. Une grande allée bordée d’Ormeaux conduisait à ce prieuré sis au Nord-Est et dominant assez nettement l’abbaye ainsi qu’on le voit toujours aujourd’hui puisque le cimetière du bourg a été implanté à l ‘emplacement de l’ancien prieuré. Seconde vue permettant de situer Saint Jean de l'Habit.] et [10] .

L’église du prieuré Saint-Jean de l’Habit

Cette église deux fois plus grande que celle servant au culte dans le prieuré de la Madeleine du même ensemble monastique fontevriste était orientée classiquement à l’est. En revanche elle était située au sud du Cloître se différenciant ainsi de la disposition adoptée pour les autres monastères de Fontevraud [13]. Quant à son clocher, il a abrité jusqu’en décembre 1791 cinq cloches époque à laquelle un charroi leur fit prendre la route de Saumur pour y être fondues[14].

Les autres bâtiments monastiques

Le plan du réseau des collecteurs alimentant en eau potable l’ensemble monastique vers la fin du XVIII éme permet de situer tant les différents bâtiments de l’ensemble monastique fontevriste implanté au Nord de l’église que, s’agissant du prieuré auquel ces lignes sont consacrés, l’emplacement de l’église, de la sacristie, du cloître, et des autres bâtiments monastiques/[15].

La sacristie

L’inventaire de la sacristie réalisé au début des événements révolutionnaires le 30 avril 1790 par le moine de Saint-Jean de l’Habit Alexandre Guerrier à l’époque curé de Fontevraud et ce jusqu’au 7 novembre 1790 et, au surplus, à la tête de la municipalité donne un précieuse liste de tout ce qui était en rapport avec l’exercice du culte qui se tenait dans l’église voisine ; « des calices, ciboires et ostensoirs d’argent, des croix, reliquaires et chandeliers, des lutrins, un buffet d’orgue, des vêtements et du linge d’autel, de livres de chant, des meubles et tapisseries , des tableaux et une châsse – contenant le cœur du bienheureux Robert, fondateur- »[16].

La bibliothèque du prieuré

Elle était répartie entre deux salles, qui contiennent l’une quatre mille volumes, et l’autre mille cinq cents [17].

Les cellules

Les trente neufs modestes cellules qui servaient de logements tant aux pères qu'aux frères ont été en grande partie (20 sur 39) désertées par leurs occupants puisque le 13 février 1790 les vœux solennels prêtés par ceux qui voulaient entrer dans les Ordres et Congrégations ont été supprimés par la Constituante[18]. Les envoyés de la municipalité n’y trouvent qu'« un mauvais lit, avec une paillasse, deux matelas, deux draps, une couverture de laine, quelques-uns avec des rideaux, d’autres sans rideaux, une mauvaise table, deux chaises[19].

Prieurs de Saint-Jean de l’Habit

jean Lardier

Jean Lardier né à Château-Gontier le 25 novembre 1601 est probablement le prieur, nommé en 1640, puis Visiteur de l'Ordre en 1643[20], le plus connu du prieuré Saint-Jean de l’Habit grâce à ses travaux de médiatisation de l’Ordre de Fontevraud. Nous avons même la chance d’en avoir une représentation sur le frontispice gravé par F. Poitty de la Règle de l'Ordre imprimée, en 1642, chez A. Vitray, à la demande de la 33e abbesse Jeanne-Baptiste de Bourbon, après qu'elle ait mis fin au conflit avec les religieux[21]. Au-delà des événements liés à la révolution française et aux pertes qui s’ensuivirent demeure aujourd’hui conservé le célèbre « Inventaire des titres » en sept grand volumes manuscrits rédigés de 1646 à 1658[22].

Liste des Prieurs

Parfois aidé d’un Sous-prieur également nommé par l’Abbesse ; ils sont nommés en moyenne pour trois ou quatre ans mais ne reçoivent aucune lettre de nomination, ce qui permet de les révoquer Ad nutum (sans formalité).

  • 1166-1174. Pierre de Raonnes puis
  • 1737-1741. Charles Daubigeon,
  • 1742-1747. René-Louis Cherbonnel,
  • 1748-1753. Antoine Fleury-Cosnard,
  • 1754-1756. Henri David,
  • 1756-1760. Philippe Halbert,
  • 1760-1761. Philippe Cherbonnel,
  • 1761-1765. Jean-Charles Bodeau (Visiteur de la Province d’Auvergne en 1773),
  • 1765-1771. Nicolas Duclos,
  • 1771-1774. Claude-Louis Hénin,
  • 1774-1777. Jean Saulais,
  • 1777-1780. Nicolas Duclos,
  • 1780-1783. Jean-Baptiste Marais,
  • 1783-1786. Cyprien Curieux,
  • 1786-1789. Alexandre Guerrier,
  • 1789-1791. Hilaire-François Guillon du Plessis[17],[23].

La vue de l’église de Saint Jean-de-L'Habit ruinée

La gravure ancienne référencée ci-dessous [24] donne une vue particulièrement romantique des ruines gothiques de Saint-Jean-de-l’Habit .L’on y aperçoit au travers des Arcades ogivales de la Nef en voie de destruction la silhouette de l’abbatiale Sainte Marie de Fontevrault (Grand Moutier)- État vers 1815

Œuvre de fiction

Un moine de Saint-Jean de l’Habit, Adso de Melk est l'un des héros du roman Le Nom de la rose d'Umberto Eco. Il s’est réfugié à Melk, en Autriche[25].

Références

  1. Habit pour habitation.
  2. .Un témoignage précieux.
  3. La nostalgie porte pierres.
  4. Frères se consacrant aux travaux manuels et parfois de l’administration. Revue 303. Arts, Recherches et Créations.La revue des Pays de Loire. 2000. P12.
  5. Différenciation des moines prêtres et des fréres lais.
  6. Une des rues les plus longues du bourg de Fontevraud.
  7. Vue depuis le Nord-Est.
  8. Seconde vue permettant de situer Saint Jean de l'Habit.
  9. https://www.tombes-sepultures.com/crbst_2359.html vu depuis le Sud par le même illustrateur
  10. Ibidem
  11. Voir la 3 éme illustration
  12. Daniel Prigent. Le cadre de vie à Fontevraud dans la seconde moitié du XII éme siècle. Fontevraud. Histoire-Archéologie. n° 5. Comité histoire fontevriste 1997-1998 p.50 -51
  13. Le départ des religieuses et religieux Revue 303. Arts, Recherches et Créations. La revue des Pays de Loire. 2000.P 44
  14. NOTE : Plan figurant à la fin de l’étude de Daniel Prigent intitulée « L’eau à Fontevraud » Revue 303. Arts, Recherches et Créations. La revue des Pays de Loire. 2000. P 93
  15. Un moine de Saint-Jean de l’Habit devenu maire. Revue 303. Arts, Recherches et Créations. La revue des Pays de Loire. 2000. P 43.
  16. Ibidem
  17. Une conséquence de suppression des vœux religieux
  18. Le départ des religieuses et religieux Revue 303. Arts, Recherches et Créations. La revue des Pays de Loire. 2000.P 591
  19. Dom Jean Lardier, l'homme à tout faire de l'Ordre de Fontevraud
  20. Jean Lardier, historiographe de l' Ordre de Fontevraud.
  21. Un "trésor" fontevriste aux Archives d'Angers
  22. n° 5. Patricia Lusseau. Moniales et frères au XVII émes et XVIII éme siècle n° 5 des publications du Comité d’histoire fontevriste 1997-1998 p. 90.
  23. "x"%3A0.5%2C"y"%3A0.5%2C"z"%3A9.144191509652504%2C"size"%3A%7B"width"%3A2.5624546252527542%2C"height"%3A1.2375000000000007%7D%7D Vue de ruines
  24. https://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2012/09/28/f-oeuvre-de-fiction-un-moine-de-saint-jean-de-lhabitabbaye-royale-adso-ou-adson-un-des-heros-de-au-nom-de-la-rose-sest-refugie-a-melk-autriche/
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