Prieuré de Drevant

Le prieuré de Drevant est un prieuré bénédictin, situé à Drevant, en France, inscrit comme monument historique, site clunisien. Il représente plus de 7 siècles d'implantation monastique à Drevant.

A l'origine, église primitive de Drevant, qui sera dépendance de l'abbaye du Moutier d'ahun dans la Creuse en 1055, avec le titre de prieuré-cure, consacré avec le vocable St Julien; puis deviendra la chapelle des moines du prieuré au XV ème lorsque l'annexe côté nord sera transformée en église paroissiale.

Historique

Drevant, située sur la voie romaine Néris - Bourges, a été convertie en lieu de baptême au début de la Chrétienté.

Au Moyen Âge, il y est établi un prieuré bénédictin. En 1055, il est enregistré un acte de donation d'un domaine foncier à Drevant à Giraud, abbé du Moutier d'Ahun par Ébraud et Guillaume de Saint-Amand, avec l'autorisation de Aimon de Bourbon, archevêque de Bourges et le consentement de tous les chevaliers ayant des droits sur la dite église[1]. Le prieuré est construit en partie sur les fondations d'un bâtiment gallo-romain. Il a conservé son chœur à chevet plat avec sa voûte plein cintre et sa façade ouvragée. L'abbaye du Moutier d'Ahun établit un prieuré-cure à Drevant.

Cette abbaye, dans la Creuse, a été fondée en 997 par Boson II, comte de la Marche, consacrée à la Vierge Marie, soumise à la règle de Saint-Benoît ; elle possédait plus d'une vingtaine d'églises, chapelles et prieurés répartis sur trois diocèses (Limoges, Bourges, Poitiers) ; elle est d'abord sous tutelle de l'abbaye d'Uzerche en Corrèze (clunisienne depuis 1068), dont elle s'émancipe au XIIIe siècle. Puis, à la suite des guerres de religion, tombée à l'abandon, elle fait appel à l'ordre de Cluny en 1604 (arrêté du Parlement de Paris), afin de rétablir la règle de Saint Benoit et s'agréger à Cluny en 1611.

Le prieuré a joué un rôle essentiel dans la formation du village et un rôle économique lié à la culture de la vigne, propice sur les coteaux du Cher ; il est resté en activité jusqu'à sa vente après la révolution. Les moines en retiraient des redevances en vin, qu'ils envoyaient à l'abbaye du Moutier d'Ahun (50 poinçons par an), outre les revenus en grains et en argent.

Le domaine du prieuré comprenait : bâtiments, terres, port et bac sur le Cher, bateaux, pressoirs, cimetière, dîmes et droits divers sur Drevant, Colombiers, La Groutte, Venesmes.

En 1181, une Bulle du Pape Lucius III confirme la propriété du Prieuré de Drevant à l'Abbaye du Moutier d'ahun.

En 1189, avant son départ pour la Terre Sainte, le chevalier Raoul du Chaîne cède à l'église de Drevant la dîme qu'il possédait sur Colombier.

En 1329, le prieuré de Drevant s'unit à la mense abbatiale du Moutier d'Ahun par l'archevêque Guillaume de Brosse .

Le blason du prieuré royal de Drevant est archivé à l'armorial d'Hozié

et décrit ainsi : « écartelé d'argent et d'azur à un bâton prieural d'or en pal brochant sur le tout ».

En 1712, à la suite d'un incendie, le pignon est rehaussé et la charpente refaite.

Le , un procès-verbal est dressé de l'état du prieuré pour ses bâtiments, dépendances, pressoirs et bateaux : en bon état.

Le , il est vendu comme bien national ; il est transformé en atelier au rez-de-chaussée et à l'étage en habitation.

Depuis 1974, le prieuré est transformé en habitation privée. Une importante restauration du bâtiment a été réalisée en 1974[2].

Classé à la Fédération Européenne des Sites Clunisiens depuis 2015, il s'inscrit sur un itinéraire culturel européen reconnu par le conseil de l'Europe. (voir sur Clunypedia et Coe int)

En 2018, le programme culturel établi par ses propriétaires est labellisé par le ministère de la culture, dans le cadre de l'année européenne du patrimoine culturel pour 2018-2019-2020. Des rendez vous culturels sont organisés chaque année dans le jardin du Prieuré avec l'association CRHEA (cercle de recherches historiques et expression artistique du domaine du prieuré de drevant); présentant 2 expositions : art et histoire, avec des thèmes renouvelés.

En 2020, puis en 2021, il reçoit le label « Nouvelles Renaissances » par la région centre val de Loire.

Description de la façade

La façade remarquable est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, le [3]. Elle est visible de l'extérieur.

Témoin de l'art roman en Berry, la façade, dont la couleur de la pierre joue avec la lumière dans les tons or, est particulière : elle est divisée en trois arcatures voutées en plein-cintre ; elle se distingue par le portail au tympan nu, accosté de colonnettes aux chapiteaux avec un décor de feuilles striées pour l'un et de deux têtes d'homme barbu et un animal renversé pour l'autre. Ses archivoltes sculptées, garnies de gorges sont bordées d'un riche décor composé de motifs géométriques répétitifs (sauf un en forme de rose) de chaque côté du portail, des arcades aveugles ornées.

Au-dessus, un bandeau et huit modillons, polychromes à l'époque, animaliers et humains de style poitevin; aux yeux exorbités ou au corps rapetissé, participent à la recherche d'expressivité : (observez le cheval à la harpe).

Les fouilles

Autour de la chapelle s'est installée une nécropole où reposent sarcophages en calcaire et sépultures en pleine terre, lieu d'inhumation des seigneurs de Charenton pendant plusieurs dizaines d'années, avant qu'ils ne privilégient Noirlac. Concernant les fouilles effectuées sur le terrain longeant l'église à partir de 1974 sous la direction de Jacques Gourvest, conservateur du musée de Châteaumeillant, il y a eu mise en évidence d'une densité et d'une variété des niveaux archéologiques du IIIe siècle apr. J.-C. (ruines d'un habitat) à la fin XVIIe (nécropole), dont un niveau médiéval du haut Moyen Âge avec inhumations en sarcophages[4].

À noter dans le matériel retrouvé :

  • une sépulture à sarcophage avec croix sculptée ; une stèle funéraire gallo-romaine avec un homme barbu.

Une seconde période de fouilles a été effectuée début 1978 sur le Chemin du Prieuré par Jean-Yves Hugoniot[5] ; elle a dégagé :

  • une zone d'inhumation début XVIIIe siècle ; un puits ; des structures de soutènement ; des fragments d'hypocauste

Source

Notes et références

  1. Copie de cet acte aux Archives départementales de la Creuse, série H. Cf. Michel Aubrun, L'ancien diocèse de Limoges des origines au milieu du XIe siècle, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 1981, p. 16.
  2. « Prieuré de Drevant », notice no IA00011093, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. Notice no PA00096785, base Mérimée, ministère français de la Culture sous le libellé « Ancienne chapelle ».
  4. Michel Provost, Le Cher Carte archéologique de la Gaule », 18), Éditions de la MSH, 1992, p. 190, no 5 (en ligne).
  5. J.- Y. Hugoniot, Cahiers du Berry, 53, 1978, p. 23-37.

6. ministère de la culture

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Site du CRHEA : prieurededrevant.monsite-orange.fr

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