Prieuré de Chanteuges

Le prieuré de Chanteuges situé à Chanteuges (Haute-Loire), conserve l'ancienne église abbatiale dédiée à saint Marcellin, premier évêque d'Embrun, rattachée à l'abbaye de la Chaise-Dieu en 1137. Le prieuré est situé sur un rocher basaltique dominant l'Allier.

Prieuré de Chanteuges

Prieuré
Présentation
Culte Catholique romain
Type Prieuré
Rattachement abbaye de la Chaise-Dieu
Début de la construction XIe siècle
Fin des travaux XVe siècle
Style dominant Roman
Protection  Classé MH (1862, 1889, 1914)
 Inscrit MH (1928)
Géographie
Pays France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Loire
Ville Chanteuges
Coordonnées 45° 04′ 24″ nord, 3° 31′ 56″ est
Géolocalisation sur la carte : Haute-Loire
Géolocalisation sur la carte : France

Historique

Bas-côté nord
Élévation de la nef
Entrée du prieuré
Cloitre du prieuré de Chanteuges.

On possède la charte de fondation de l'abbaye. On apprend que Claude, propriétaire à Chanteuges, et son épouse Engalmode, fondatrice de Saint-Pierre-des-Chazes, veulent fonder une communauté de chanoines à Chanteuges. Dans son testament, il charge son neveu Cunabert, prévôt du chapitre de Saint-Julien de Brioude, de réaliser son souhait. Après en avoir discuté avec Hector, doyen du chapitre de Saint-Julien, Cunabert décide de fonder un monastère en déclarant :"En raison du refroidissement de la charité tandis que l'impiété pénètre partout et qu'un profond désordre s'installe dans le monde, nous ne pouvons nous consacrer à la vie canoniale; du moins, que Dieu prenne en considération notre action consistant à soutenir ceux qui vivent sous la vie monastique". Après avoir demandé conseil à Odon, abbé de Cluny, il s'adresse à Arnulphe, abbé d'Aurillac[1].

Le , Cunabert signe l'acte de fondation de l'abbaye Saint-Marcellin suivant le vœu d'un parent puissant, Claude, avec Godescalc, évêque du Puy, Raymond Pons III, duc d'Aquitaine et le vicomte Delmas. Au moment de la fondation, il est prévu dans l'acte de fondation que l'abbaye ne doit qu'un cens spirituel au chapitre de Brioude. Les premiers moines sont venus de l'abbaye Saint-Géraud d'Aurillac sous la direction de l'abbé Obier[2].

La donation est confirmée en 942 par le roi Louis IV d'Outremer à la demande de Godescalc, évêque du Puy-en-Velay, et Héric, évêque de Langres.

Au XIe siècle, construction de l'église dont il subsiste l'abside.

Une bulle du pape Calixte II datant de 1119 confirme les droits de l'abbaye.

Vers 1130, les moines vivent sans problème jusqu'à ce que le seigneur voisin, Ithier de Mandulphe, de Digons, s'en empare et la transforme en forteresse et en "repaire de voleurs et criminels".

Impuissant, l'abbé Raymond se réfugie en 1137 à l'abbaye de La Chaise-Dieu. Il cède alors le monastère à l'abbaye de La-Chaise-Dieu. Cette dernière doit rétablir ses droits. Cette donation obtient l'approbation de l'archevêque de Bourges et l'évêque de Clermont. À la suite de cette donation les chanoines-comtes de Brioude exigèrent que l'abbaye leur serve deux repas par an. L'abbé de La Chaise-Dieu, Étienne de Mercœur (1111-1146), transforme l'abbaye en prieuré avec 20 moines malgré l'opposition du chapitre de Brioude.
Après la reconquête de ses terres, l'abbé de La Chaise-Dieu entreprend la reconstruction de l'église en reprenant une partie du plan d'un édifice de la fin du XIe siècle.

Les voûtes d'arêtes des bas-côtés sont d'origine. Les chapiteaux rappellent ceux de la basilique Saint-Julien de Brioude et de l'abbaye de Mozac. Ceux de l'abbaye de Mozac doivent dater de 1080, environ[3]. Les chapiteaux de Chanteuges sont parmi les plus beaux du Haut-Allier, ils ont été attribués au meilleur sculpteur de la basilique Saint-Julien de Brioude. D'autres chapiteaux peuvent être rapprochés de ceux de l'église Saint-Georges de Saint-Paulien[4].

En 1275, les chanoines de Brioude abandonnent leur demande de se faire servir deux repas par an par le prieuré.

Porte de la chapelle Sainte-Anne

Le prieuré devient au XVe siècle la résidence des abbés de La-Chaise-Dieu.

À partir de 1491 jusqu'en 1518, l'abbé Jacques de Saint-Nectaire [1491-1518], dernier abbé régulier de la Chaise-Dieu, entreprend la construction de la voûte d'ogives de la nef centrale de l'église. Le fenestrage des façades occidentale et méridionale de l'église est repris. La fenêtre occidentale est agrandie. Il fait construire à ses frais la chapelle Sainte-Anne, chapelle de l'abbé au nord du cloître en mémoire de sa sœur Anne décédée en 1496.

Le prieuré ne subit pas de dégâts pendant les guerres de religion. Il abrite les moines de l'abbaye de La-Chaise-Dieu à la suite de l'incendie de leur abbaye par les Protestants en 1572.

En 1640, l'abbaye passe sous la responsabilité des bénédictins de Saint-Maur.

Le prieuré est vendu comme bien national en 1792. Puis en 1793, la chapelle Sainte-Anne est transformée en magasin de fourrage.

La chapelle est sauvée de la destruction par le Conseil général de la Haute-Loire en 1837. Elle est restaurée. En 1837 et en 1867, restauration des portes de la chapelle Sainte-Anne.

L'église est classée sur la liste des Monuments Historiques en 1840. Le reste du prieuré bénéficie de multiples protections au titre des monuments historiques : classements en 1862 (cloître), 1889 (enceinte), 1914 (chapelle) ; inscription en 1928[5] (bâtiments).

La tour seigneuriale située au nord-ouest de l'abbaye s'effondre en 1896.

En 1970, la galerie nord du cloître est reconstruite.

Description

Statue de Jésus dans le prieuré de Chanteuges.

L'édifice est dépourvu de transept[6]. Chacun des trois vaisseaux s'ouvre sur une abside. La nef compte deux portails, l'un sur la façade occidentale, l'autre sur la troisième travée du bas-côté nord. Ils sont dépourvus de tympan et de linteau. À l'intérieur, les baies sont encadrées de colonnettes. La plupart des chapiteaux font référence à l'Antiquité : sirènes, hommes nus empoignant des végétaux, porte-brebis, aigles aux ailes déployées, et oiseaux picorant. Les chapiteaux figurés ne représentent que 14 des 62 chapiteaux qui constituent le décor sculpté[7], les chapiteaux végétaux sont les plus nombreux et dérivent du corinthien.

Notes et références

  1. Pierre Cubizolles - Le diocèse du Puy-en-Velay des origines à nos jours - pp.116-117 - Créer - Nonette - (ISBN 2-84819-030-2)
  2. Congrès archéologique de France. 133e session. Velay. 1975 - p.440 - Société Française d'Archéologie - Paris - 1976
  3. Jean Wirth, « Remarques sur la fabrication des chapiteaux romans », in Études d'histoire de l'art offertes à Jacques Thirion - Des premiers temps chrétiens au XXe siècle, École des Chartes, 2001, p. 126. (ISBN 2-900791-44-8) Lire en ligne
  4. Congrès archéologique de France. 133e session. Velay. 1975, Société française d'archéologie, Paris, 1976, p. 508.
  5. « Notice n° PA00092645 », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  6. Laurence Cabrero-Ravel, « Saint-Marcellin de Chanteuges : un monument clé dans l'histoire de l’art roman auvergnat », Cahiers de la Haute-Loire : revue d'études locales, , p. 7-42
  7. J. Baschet, JC Bonne et PO Dittmar, « la sculpture en son lieu »,

Voir aussi

Bibliographie

  • Louis Monchalin, La fondation du monastère de Chanteuges. Exemple régional du renouveau monastique au Xe siècle : in Cahiers de la Haute-Loire 1966, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire, (lire en ligne)
  • Dictionnaire des églises de France, Belgique, Luxembourg, Suisse (Tome II-B), Paris, Robert Laffont, p. 38–39.
  • Olivier Beigbeder, Forez - Velay roman, La Pierre-qui-Vire, Zodiaque (collection « La nuit des temps »), 1962, p. 25.
  • Laurence Cabrero-Ravel, Saint-Marcellin de Chanteuges : un monument-clé dans l’histoire de l’art roman auvergnat : in Cahiers de la Haute-Loire 1997, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire, (lire en ligne)
  • Anne Courtillé, Auvergne, Bourbonnais, Velay gothiques, Paris, Picard, 2002, p. 176–183. (ISBN 2708406833)
  • Bernard Craplet, Auvergne romane, 4e édition, La Pierre-qui-Vire, Zodiaque (collection « La nuit des temps », 2), 1972, p. 291–296. (ISBN 2736901916)
  • Jérôme Baschet, Jean-Claude Bonne et Pierre-Olivier Dittmar, « Saint-Marcellin de Chanteuges : une singulière évocation du monde créé », in “Iter” et “locus”. Lieu rituel et agencement du décor sculpté dans les églises romanes d'Auvergne, Images Re-vues, Hors-série 3, 2012, mis en ligne le (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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