Préciosité

La préciosité[1] est un mouvement et une mode littéraire française du XVIIe siècle visant à raffiner les mœurs et la langue française.

Madeleine de Scudéry, célèbre Précieuse.

Histoire

La mode précieuse, entre 1626 et 1662, visait à modifier et embellir les mœurs et la langue française. Ses excès furent la cible des satires de Molière dans Les Précieuses ridicules et Le Misanthrope ou l'Atrabilaire amoureux, de Jean de La Fontaine dans La Fille, de Michel de Pure avec La Précieuse (1656-1658)[2], ou encore d'Antoine Baudeau de Somaize [3]. Le classicisme, tel celui de Jean Racine, s'en est différencié.

Les ruelles

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Les précieuses, dames nobles oisives, aimaient à se réunir dans leur chambre à coucher, voire dans leur ruelle, l'espace entre leur lit et le mur, pour y discuter de littérature.

Ces réunions furent en vogue en Provence et à Paris. Pour y accéder, mieux valait avoir noblesse de sang et « noblesse de l’âme ». Certaines furent plus distinguées comme la « chambre bleue » de Catherine de Vivonne à l'hôtel de Rambouillet à Paris, celle de la comtesse de Fiesque place Royale, celle de Madeleine de Scudéry, ou celle de Madame de Lafayette. On y discutait dans un langage appliqué, on y parlait de littérature, on y écrivait, on lisait des poèmes, presque tous sur l’amour, ou des extraits d’œuvres.

Les auteurs de ce courant, par le portrait littéraire, la maxime, le roman, la lettre, renouvelèrent la littérature dans le sens d'un raffinement extrême, qui inspirera le libertinage. Au siècle suivant, qui fut celui des Lumières, les nobles et bourgeois cultivés prirent l’habitude de se réunir non plus dans les chambres, mais dans des « salons », axés notamment sur les sujets littéraires.

Influence sur la langue française du XVIIe siècle

Les opinions grammaticales des précieuses et précieux ont influencé la langue française[4], principalement de deux manières.

Orthographe

On leur doit en partie la simplification d’une orthographe de la langue française jugée trop éloignée de la parole. Nombre de leurs rectifications ont été retenues par le dictionnaire de l’Académie française : « autheurs » devint « auteurs » ; « respondre » devint « répondre » ; « aisné » devint « aîné », etc.

Vocabulaire

Les précieux sont surtout connus pour leurs inventions lexicales à prétention pudique. Les mots « nobles » étaient privilégiés, et les mots « bas », ou dont les sonorités étaient jugées cocasses ou sales, comme écu, cul de sac, conçu, devaient être évités [5].

Le discours se voulait raffiné, distingué des tournures brutales du peuple : on usait de périphrases hyperboliques, de métaphores recherchées, de pointes, etc. Certaines expressions ont subsisté dans le français actuel, comme « travestir sa pensée », « châtier la langue », « un billet doux », « le mot me manque », « être brouillé avec quelqu’un », « avoir de l’esprit », « perdre son sérieux », « briller dans la conversation », etc., et notamment celles qui étaient alors des néologismes, comme « féliciter », « enthousiasmer », « obscénité »[6], « anonyme », « incontestable », « furieusement », « s’encanailler », etc.

D’autres formules, déjà tournées en dérision au XVIIe siècle, ont perduré à travers la littérature, telles que « conseiller de la beauté » qui désigne un miroir, « le visage de l’âme » pour « le discours », « donner dans l’amour permis » pour « se marier » ou « les miroirs de l'âme » pour « les yeux »[7].

Références

  1. Cet article reprend des éléments de René Bray, La Préciosité et les précieux, Paris, A. Michel 1948.
  2. http://www.siefar.org/publications-articles/michel-de-pure-la-precieuse-ou-le-mystere-de-la-ruelle.html.
  3. Antoine Baudeau de Somaize, Le Grand Dictionnaire des précieuses ou la clef de la langue des ruelles, 1660.
  4. Roger Lathuillère, La préciosité. Étude historique et linguistique, Genève, Droz, 1966.
  5. Victor Hugo leur reprochera d’avoir séparé les mots « nobles » et les mots « plébés ».
  6. Molière se moque de ce mot dans La Critique de l'École des femmes.
  7. La langue française : une longue histoire riche d'emprunts[PDF] Dossier du linguiste Jean Pruvost.

Annexes

Bibliographie

  • René Bray, La Préciosité et les Précieux : de Thibaut de Champagne à Jean Giraudoux, Paris, Éditions Albin Michel, , 406 p.
  • Georges Mongrédien, « La préciosité », dans Jean Tortel, Le préclassicisme français, Paris, Les Cahiers du Sud, , 374 p., p. 162–174
  • Myriam Dufour-Maître, Les Précieuses. Naissance des femmes de lettres en France au XVIIe siècle, Honoré Champion, Coll.Champion Classiques Essais, 2008 (ISBN 978-2-7453-1802-2) (1re éd. Honoré Champion, 1999, Coll. Lumière Classique, (ISBN 2-7453-0159-4))

Articles connexes

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