Michel de Pure
Michel de Pure, abbé, né à Lyon en 1620, mort à Paris en mars 1680, était aumônier et conseiller du roi Louis XIV (nommé comme tel en 1647). Auteur, traducteur, il a entre autres rédigé un manuel consacré à la danse, ainsi que des ouvrages critiquant le développement de la préciosité[1],[2] ; il est par ailleurs nommé historiographe de France en 1653.
Son nom, plus que le personnage, est resté attaché à la moquerie dont Nicolas Boileau l'a couvert, sans quoi il serait quasiment inconnu aujourd'hui. Il était cependant à son époque reconnu pour son érudition[3].
Si Michel de Pure était surtout connu pour son précieux ouvrage consacré à la danse et aux ballets de son temps, Idée des spectacles anciens et nouveaux (Paris, Michel Brunet, 1668), on sait maintenant, grâce aux travaux de Lise Leibacher-Ouvrard et Daniel Maher, qu'il est également l'auteur d'un des premiers romans d’anticipation, Épigone, histoire du siècle futur (1659), reconnu comme « la première uchronie véritable ». Sa tragédie Ostorius, créée à l'hôtel de Bourgogne en 1659, est un échec cuisant: elle fut jouée une seule fois avant d'être rayée du programme. Le sujet était bien trop obscur pour le goût du public parisien: le héros de la pièce, le jeune romain Ostorius, fils d'un propréteur en Bretagne, aurait été une des victimes de l'empereur fou Néron, qui le fait injustement condamner à mort; il est mentionné en passant par Tacite dans les Annales[4].
Œuvres
Ses traductions
L'abbé de Pure a traduit :
- Quintilien, 1663
- L'Histoire des Indes de Giovanni Pietro Maffei, 1665
- la Vie de Léon X
- la Vie de Paul Jove
Son œuvre personnelle
Il a donné lui-même :
- Le Roman de la précieuse, ou les Mystères de la ruelle, Paris : G. de Luyne, 1658 (1re, 2e, 3e et 4e parties lire en ligne sur Gallica).
- Vita Alphonsi Ludovici Plessaei Richelii, S. R. E. presbyteri cardinalis... Galliarum primatis..., auctore M. D. P. (M. de Pure), Paris : A. Vitré, 1663.
- Idée des spectacles anciens et nouveaux, Paris : M. Brunet, 1668. Réédition Genève : Minkoff, 1972.
- La Vie du mareschal de Gassion, Paris : G. de Luyne, 1673, 4 vol.
Il a aussi composé quelques pièces de théâtre :
Satires de Boileau
Pour se venger d'un pamphlet que l'Abbé de Pure avait fait contre lui, Boileau tourne à plusieurs reprises son nom en ridicule. On le trouve brocardé dans les Satires II, VI et IX de Boileau :
- Si je veux d'un galant dépeindre la figure,
- Ma plume pour rimer, trouve l'abbé de Pure[5]
- Si je pense exprimer un auteur sans défaut,
- La Raison dit Virgile, et la Rime Quinaut.
- (Boileau - Satire II, À M. de Molière)
- Ce n'est pas tout encore. Les souris et les rats
- Semblent, pour m'éveiller, s'entendre avec les chats.
- Plus importuns pour moi, durant la nuit obscure,
- Que jamais, en plein jour, ne fut l'abbé de Pure.
- (Boileau - Satire VI, dite des Embarras de Paris)
- Phebus a-t-il pour vous aplani le Parnasse ?
- Et ne savez-vous pas que sur ce mont sacré,
- Qui ne vole au sommet tombe au plus bas degré,
- Et qu'à moins d'être au rang d'Horace ou de Voiture,
- On rampe dans la fange avec l'abbé de Pure?
- (Boileau - Satire IX)
Bibliographie
- Lise Leibacher-Ouvrard, Daniel Maher, Épigone, histoire du siècle futur (1659) Par Michel de Pure, Presses de l’Université Laval, 2005 (réédition de l’œuvre de Michel de Pure, accompagnée d’une étude universitaire)
- La Précieuse ou le Mystère de la Ruelle, édition établie, présentée et commentée par Myriam Dufour-Maître, Paris, Honoré Champion, 2010 (Sources classiques No. 98).
- Myriam Dufour-Maître (éd.), Michel de Pure (1620-1680). Abbé polygraphe et galant. Classiques Garnier, 2021.
Références
- « Larousse »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- universalis
- « À son époque, cependant, Michel de Pure était reconnu comme un polygraphe érudit, tour à tour biographe, romancier, poète, dramaturge, historien théoricien ou traducteur ; il écrivait aussi bien en français qu’en latin, et connaissait également l’italien. », Lise Leibacher-Ouvrard, Daniel Maher, réédition commentée de Épigone, histoire du siècle futur (1659)
- Dialogue des Héros de roman p. 43 et Notes p. 249, dans: Nicolas Boileau-Despréaux, Dialogues, Réflexions Critiques, Oeuvres Diverses, Société Les Belles Lettres, Paris, 1942
- À l'origine Boileau avait écrit :
« Si je pense dépeindre un galant de notre âge, Ma plume, pour rimer, a rencontré Ménage.
(voir ici).
Il a par la suite remplacé Ménage par l'abbé de Pure pour des raisons expliquées différemment.
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