Portrait équestre

Un portrait équestre est une œuvre artistique représentant une personne réelle ou imaginaire montée à cheval, hors de tout contexte narratif. Ce genre est principalement dévolu à la représentation de souverain et homme de pouvoir. Il ne doit pas être confondu avec le portrait à cheval qui se caractérise par la narration à laquelle il s'intègre [1].

Apparu à l'époque antique, le portrait équestre connut en Occident une éclipse de quelques siècles avant de réapparaître au XIIIe siècle et de s'épanouir au début de la Renaissance. Il se généralisa à partir du XVIIeme siècle, jusqu'au XIXeme siècle, où il connait une phase de déclin.

Origine

Premières représentations équestres

Bas-relief de Ramsès II à la bataille de Qadesh Abou Simbel

Si les premières figuration du cheval datent de la préhistoire, c'est sous l'Antiquité que l'on trouve les premières représentations de personnages équestres. Les premiers souverains se sont d'abord fait figurer sur des chars ; les bas reliefs de l'Égypte antique montrent par exemple Ramsès II à la bataille de Qadesh (Abou Simbel). En Grèce antique, le dieu Apollon est montré sur un quadrige céleste.

C'est avec Alexandre le Grand qu'on introduit l'image d'un souverain monté sur un cheval, notamment à travers les sculptures de Lysippe.

Moyen Âge

Au Moyen Âge, les manuscrits vont montrer l'image du chevalier en armure, tel qu'ils se présentaient dans les tournois. Cette image est largement diffusée dans l'héraldique et les monnaies et médailles.

Le portrait équestre apparait en Italie au XIIIe siècle et s'y développe avant de se diffuser dans toute l'Europe. En France, les portraits équestres royaux, sculptés ou peints apparaissent au début du XIVe siècle et deviennent systématiques à partir de la seconde moitié du XVe siècle[1].

Le portrait équestre en France

Au moyen-âge

Un portrait équestre de Philippe le Bel, sculpté en 1304 et détruit en 1792, ornait un pilier de la nef de Notre-Dame de Paris. Un autre, représentant Philippe VI de Valois, était érigé dans la cathédrale de Sens. Il existait par ailleurs des portraits équestres des grands du royaume comme celui de Robert d'Artois à Notre-Dame de Boulogne. Les statues en or et en argent des ducs de Bourgogne Philippe le Bon et Charles le Hardi étaient aussi conservées à Notre-Dame-de Paris[1].

Le Portrait de Charles VII, mis en place entre 1443 et 1451 au-dessus- du portail du palais de Jacques Cœur à Bourges, et aujourd'hui détruit, est la première statue équestre renseignée qui fut associée à un bâtiment laïc. Sur sa face interne, ce même portail présentait un portrait équestre du grand argentier qui a aussi disparu. La commande de ce portrait royal est le témoignage de sa fidélité au roi, hommage alors inédit[1].

A la Renaissance

A la toute fin de XVe siècle, un Portrait équestre sculpté de Charles VIII est installé au-dessus du portail d'entrée de la résidence royale de Veretz. Celui de Pierre de Rohan est placé en 1499 au-dessus de la porte de son château du Verger, mais a aujourd'hui disparu. Le portrait équestre du duc Antoine de Lorraine, sculpté en 1511-1512 et qui s'inspire directement de la statue équestre de Blois, orne la "porterie" du palais ducal de Nancy. Détruit, il a été reconstitué en 1851[1].

Les portraits équestres couronnant les entrées des châteaux constituent, à la fin du XVe siècle et au début du XVIe, une spécificité française.

Dans les portraits équestres de Louis XII, le cheval est toujours dans une attitude dynamique, au pas, à l'amble ou au trot. Cette attitude est contrôlée, évoquant la maîtrise et la tempérance de son cavalier. Le harnachement des chevaux rappelle l'activité guerrière et le statut du cavalier royal. Le roi porte toujours une armure, mais son couvre-chef varie. La visière du heaume est relevée pour permettre de voir son visage.. Il tient parfois à la main un long et fin bâton légèrement recourbé qui évoque le bâton de commandement, attribut symbolique de l'autorité[1].

Portrait équestre de Louis XII à Blois

S''imposant à tous ceux qui pénètrent dans l'enceinte de château, ce portrait a été réalisé en 1498, date de l'avènement de Louis XII au trône de France et de la construction du bâtiment. Il aurait été installé au-dessus du portail principal en 1502, à la fin de la construction de l'aile. Détruit en 1792, il a été remplacé en 1858 par une reconstitution d'Emile Seurre. Les gravures représentant l'œuvre avant sa destruction sont relativement cohérentes et différentes de la statue réalisée au XIXe siècle. Ce portrait prenait alors place dans une large niche gothique au décor flamboyant, se détachait sur un semis de fleurs de lys d'or et occupait toute la hauteur du premier étage[1].

Portrait équestre de Louis XII en exergue de la Chronique d'E. de Monstrelet

Ce portrait est placé en exergue du manuscrit de la Chronique d'Enguerrand de Monstrelet exécuté à Gênes en 1510 par Antoine Bardin pour François de Rochechouart, gouverneur de la ville. Il 'agit d'un portrait en grisaille à l'encre brune rehaussé d'or. Louis XII y figure placé sous un dais, à cheval, de profil gauche, tenant dans la main droite une épée nue dressée à la verticale. Il est encadré sur trois côtés d'un cadre de rinceaux peuplé de putti et d'animaux qui séparent des écus armoirés alternant avec des bustes en médaillon des Neuf Preux. Les costumes et accessoires de ceux-ci sont inspirés de l'Antiquité classique et impériale. Il s'agit du premier portrait connu d'un roi de France sur une miniature[1].

Portraits équestres du Voyage de Gênes de Jean Marot

Le manuscrit du Voyage de Gênes de Jean Marot conservé la Bibliothèque nationale de France comporte deux portraits équestres et trois effigies de Louis XII à cheval. Il narre la prise de Gênes par les armées de Louis XII en 1506. Dédié à Anne de Bretagne, il est orné de onze enluminures réalisées en 1508, vraisemblablement par Jean Bourdichon, disciple de Jean Fouquet et enlumineur officiel de la cour de France. Le folio 15 v° présente Le départ d'Alexandrie. Le roi est au premier plan à cheval de profil droit, devant la porte de l'enceinte d'Alexandrie, ville étape vers Gênes. Au folio 20 v°, La reddition de Gênes, toujours à cheval de profil droit, il fait face à six bourgeois génois agenouillés qui demandent grâce. Au folio 22 v°, l'Entrée à Gênes, Louis XII chevauche sous un dais porté par quatre bourgeois de Gênes tandis que quatre jeunes filles blondes sollicitent sa clémence. ce portrait évoque la magnanimité du roi et sona ction de pacificateur[1].

Le portrait équestre en Italie

Portrait équestre de Guidoriccio da Fogliano à Sienne

Pour réaliser le portrait équestre du capitaine siennois Guidoriccio da Fogliano qu'il réalise pour la salle de la Mappemonde du palais communal de Sienne, Simone Martini s'est inspiré des représentations de podestats qui se sont multipliées au cours du XIIIe siècle. Ce portrait est l'une des premières images commémoratives projetées sur un paysage panoramique[2].

Miniatures

Les miniaturistes italiens exécutèrent des portraits équestres dès la deuxième moitié du XVe siècle. Le portrait équestre du condottière Muzio Attendolo Sforza fut inséré dans le manuscrit de la Vita di Muzio Attendolo Sforza d'Antonio Miuti qui était conservé dans la bibliothèque de Pavie dont les manuscrits furent saisi en 1499 par Louis XII et ramenés au château de Blois[1].

Monuments funéraires

Les tombes équestres sont à la mode en Italie à la fin du XIVe siècle Le condottiere Giovanni d'Azzo Ubaldini, mort à Sienne en 1390, est enterré dans la cathédrale sous une peinture le figurant chevauchant et armé[2].

La seigneurie de Florence fait réaliser à une série de quatre tombes fictives peintes par paires sur le murs des ailes nord et sud de sa nouvelle cathédrale inaugurée en 1436, celles de deux condottieres, John Hawkwood et Niccolo da Tolentino, et celle de deux ecclésiastiques et humanistes, le cardinal Corsini peinte en 1422 par un anonyme, et celle du frère Pier Luigi de' Marsili, réalisée en 1439 par Bicci da Lorenzo. Paolo Uccello est choisi pour peindre le portait équestre du condottiere anglais, terminé en 1436, et Andrea del Castagno celui du vainqueur de la bataille de San Romano réalisé vingt ans plus tard. Les deux peintures représentent la cavalier à cheval et font allusion à une sculpture monumentale[2] .

Galerie

Notes et références

  1. sous la direction de Patrice Franchet-d'Espèrey et de Monique Chatenet, en collaboration avec Ernest Chenière, Les Arts de l'équitation dans l'Europe de la Renaissance, Arles, Actes Sud, , 447 p. (ISBN 978-2-7427-7211-7), Portraits équestres et portraits à cheval de Louis XII (page 344)
  2. Sophie Cassagnes-Brouquet, Bernard Doumerc, Les Condottières, Capitaines, princes et mécènes en Italie, XIIIe-XVIe siècle, Paris, Ellipses, , 551 p. (ISBN 978-2-7298-6345-6), A la gloire du capitaine (page 371)

Voir aussi

Bibliographie complémentaire

  • Nicolas Chaudun, La Majesté des centaures : Le portrait équestre dans la peinture occidentale, Arles : Actes Sud, 2006 (ISBN 9782742764358)

Articles connexes

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