Politique au Qatar

Politique intérieure

Le Qatar est une monarchie absolue constitutionnelle héréditaire où l'émir est à la fois chef de l'État et chef du gouvernement. Il n'y a pas de système électoral et les partis politiques sont interdits.

Pouvoir exécutif

FonctionNomDepuis le
ÉmirCheikh Tamim ben Hamad Al Thani
Premier ministreCheikh Khaled ben Khalifa ben Abdelaziz Al Thani

La famille al-Thani est au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1971. L'émir Tamim ben Hamad Al Thani a succédé à son père, l'émir Hamad ben Khalifa Al Thani le . Ce dernier avait lui-même destitué son père, Khalifa bin Hamad Al Thani, en 1995. Plus libéral que ce dernier, Cheikh Hamad avait annoncé alors sa volonté de réformer et moderniser le pays. La liberté de la presse fait son apparition, et la chaîne de télévision Al Jazeera, fondée à la fin de l'année 1996, a souvent été présentée comme un modèle d’organe de presse libre et objective dans le monde arabe. Cependant, elle a été la cible de nombreuses critiques tenant notamment à la partialité de son traitement du printemps arabe et ses liens avec les Frères Musulmans[1].

Composition du gouvernement

[Quand ?]

  • Ministre des Affaires étrangères : Khaled bin Mohamed Al Attiyah
  • Ministre de la Défense : Général Hamad bin Ali Al Attiyah
  • Ministre des Finances : Ali Cherif Al Emadi
  • Ministre de la Justice : Hassan Lahden Saqr Al Mohannadi
  • Ministre des Affaires municipales et de la Planification urbaine : Cheikh Abdelrahman bin Khalifa bin Abdulaziz Al Thani
  • Ministre de l’Énergie et de l’Industrie : Mohammed bin Saleh Al Sada
  • Ministre de la Culture, des Arts et du Patrimoine : Docteur Hamad bin Abdulaziz AL KUWARI
  • Ministre de l’Environnement : Ahmed Amer Mohammed Al Humaidi
  • Ministre du Travail et des Affaires sociales : Abdallah Saleh Moubarak Al Khulaifi
  • Ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur : Mohammed Abdul Wahed Ali Al Hammadi
  • Ministre de la Santé publique : Abdallah bin Khaled Qahtani
  • Ministre de l’Économie et du Commerce : Cheikh Ahmed bin Jassem bin Mohammed Al Thani
  • Ministre des Biens religieux (Waqf) et des Affaires islamiques : Docteur Ghaith bin Moubarak Al Kuwari
  • Ministre de la Jeunesse et des Sports : Salah bin Ghanem bin Nasser Al Ali
  • Ministre du Développement administratif : Issa Saad Al Jafali Al Nuaimi
  • Ministre des Télécommunications et des Technologies de l’information : Docteur Hessa Sultan Al Jaber
  • Ministre de la Planification du développement et des statistiques : Saleh Mohammed Salem Al Nabit
  • Ministre des Transports : Jassem Seif Ahmed Al Sulaiti
  • Ministre d'État : Nasser Al-Khelaïfi

Système juridique

La charia est la source principale du droit qatarien, comme prévu dans la Constitution du pays. Elle contient cependant aussi quelques éléments tirés du droit civil.

Droit pénal
La loi islamique inspire la législation dans quasiment tous les domaines, y compris le droit des affaires, de la famille, des successions ainsi que de nombreuses dispositions du droit pénal (y compris celles concernant l'adultère, le vol et le meurtre). Devant la majorité des tribunaux, le témoignage d'une femme vaut la moitié de celui d’un homme et dans certains cas, le témoignage d’une femme ne peut être entendu[2].

Les châtiments corporels font partie intégrale du droit pénal qatarien en vertu de leur interprétation dite « hanbalie » de la charia. Ainsi, la peine de flagellation est prévue pour la consommation d’alcool et les relations sexuelles hors mariage ou homosexuelles. L’article 88 du code pénal du Qatar prévoit une peine de 100 coups de fouet pour un couple adultère constitué d’une femme et d’un homme musulmans. La peine de mort est prévue lorsqu’il s’agit d’une femme musulmane et d’un homme non musulman. En 2011, au moins 21 personnes (principalement des ressortissants étrangers) ont reçu des peines de flagellation d’entre 30 et 100 coups de fouet pour «relations sexuelles illicites» ou consommation d'alcool.

La lapidation est elle aussi prévue pour certaines infractions.

La peine de mort est prévue par exemple pour l’apostasie et pour les musulmans homosexuels. Le blasphème est passible de sept ans de prison et le prosélytisme peut être par une peine allant jusqu'à 10 années d’incarcération.

La consommation d'alcool n’est légale au Qatar que sous certaines conditions très strictes. Ainsi, les hôtels de luxe sont autorisés à vendre de l'alcool à leurs clients non musulmans. Comme indiqué plus haut, la consommation d’alcool par un musulman est formellement interdite et punissable par une peine de flagellation ou de déportation[3].

Les châtiments corporels tels que la flagellation et la lapidation constituent, selon l’Organisation des Nations unies, une violation de la Convention internationale contre la torture.

Les résidents non musulmans peuvent obtenir un permis pour acheter de l'alcool pour leur consommation personnelle. La société de Distribution du Qatar (une filiale de Qatar Airways) est autorisée à importer de l'alcool et de la viande de porc et à la vendre aux non-musulmans titulaires d’un permis. Enfin, les organisateurs qataris ont également exprimé leur volonté de permettre la consommation d'alcool dans les "fan zones" lors de la Coupe du Monde de football en 2022.

Droit du travail et de l’immigration
Les visas de travail au Qatar sont octroyés selon le système du sponsorship. Tout étranger souhaitant vivre et travailler au Qatar doit ainsi être sponsorisé par un citoyen qatarien. Le sponsor a le droit d'annuler le permis de résidence ou de travail sans motif, de refuser au travailleur un changement d’employeur, de dénoncer le travailleur comme « fugitif » auprès des autorités de police en cas de déplacement sans autorisation, de lui confisquer son passeport et de lui refuser un « visa de sortie », seul moyen de quitter le pays. Selon la Confédération Syndicale Internationale, ce système de sponsorship encourage le travail forcé, car il empêche les travailleurs étrangers de quitter un employeur abusif. Par ailleurs, le Qatar n’impose pas de salaire minimum pour la main-d'œuvre immigrée.

L’ambassadrice du Népal au Qatar, Maya Kumari Sharma, a décrit l'émirat comme une «prison à ciel ouvert». Le Qatar n'a pas de normes en matière de santé du travail. Les blessures et maladies liées au travail sont la troisième cause de mort accidentelle la plus fréquente.

Pour répondre aux critiques, le Qatar a demandé au cabinet d'avocats international DLA Piper de produire une étude sur le système de main-d'œuvre immigrée. En , DLA Piper a publié plus de 60 recommandations pour réformer le système de sponsorship, et a notamment conseillé la suppression des visas de sortie et la création d'un salaire minimum. Le gouvernement qatarien s’est engagé à prendre acte de ces recommandations.

Conseil consultatif

Le Conseil consultatif est composé de 35 membres nommés pour quatre ans par le premier ministre du Qatar. Comme son nom l'indique, il n'a qu'un rôle consultatif.

Partis politiques et élections

Les partis politiques ne sont pas autorisés au Qatar. Des premières élections ont lieu au niveau communal en 1999, ouvertes à tous les citoyens qatariens, hommes et femmes, âgés de plus de 18 ans et domiciliés au pays. Les élus municipaux n'ont pas de pouvoir exécutif, mais peuvent être consultés par les ministres.

La Constitution adoptée en 2003 prévoit une élection partielle du Conseil consultatif par le peuple, ainsi qu'un pouvoir législatif étendu. Les premières élections législatives étaient prévues pour le , mais elles ont été annulées[4].

Organisation administrative
Le Qatar est composé de 7 subdivisions ou « baladiyat ».

Divisions administratives avec des couleurs et des numéros

Chaque baladiyat administre les différentes villes et districts sur son territoire.

Politique extérieure

Organisations membres : OPEP, LA, CCG, OPAEP, Damasc.

Le Qatar est l'un des pays fondateurs du Conseil de coopération du Golfe. Depuis sa prise du pouvoir en 1995, Cheikh Hamad y a adopté des positions indépendantes et parfois d'opposition, boycottant en partie, par exemple, le sommet annuel de 1995 pour protester contre la nomination d'un Saoudien à la tête du CCG.

À la fin des années 1990, le Qatar a accepté de fournir du gaz naturel liquide (GNL) à Israël. Malgré le souhait de conserver de bonnes relations avec l'Occident, l'émir a condamné l’intervention militaire des États-Unis et du Royaume Uni en Irak.

Dans les négociations de l'OPEP sur les quotas pétroliers, le Qatar s'est prononcé en faveur d'un cours modéré. En 2001, le pays est parvenu à s'entendre avec l'Arabie saoudite sur leurs frontières, mais a perdu les îles de Hawar devant la Cour internationale de Justice qui a prononcé un jugement en faveur de Bahreïn.

Le , le Qatar a obtenu pour la première fois un mandat de deux ans au Conseil de sécurité de l'ONU pour la période 2006-2007[5].

Selon la BBC, le Qatar a annoncé son intention de faire une donation de 50 millions USD au nouveau gouvernement palestinien dirigé par le Hamas. Le Hamas, un allié de l'Iran et de Hezbollah, est considéré par les États-Unis et l'Union Européenne comme une organisation terroriste[6].

En , le Qatar a fait don de plus de 100 millions USD aux victimes de l'Ouragan Katrina ainsi qu’aux collèges et universités de l’état de la Louisiane touchés par la catastrophe naturelle[7].

Depuis 2011 et l’arrivée du « Printemps Arabe », le Qatar cherche à étendre sa sphère d’influence dans le monde arabe. Le Qatar a pris le parti des insurgés qui se révoltaient contre les gouvernements autoritaires de la région, en finançant notamment un grand nombre de mouvements salafistes[8]. Cette politique a été critiquée par ses voisins du Golfe comme l’Arabie saoudite, le Bahreïn et les Émirats arabes unis.

Par ailleurs, le Qatar a participé à l’intervention militaire en Libye et aurait selon certaines sources fourni du matériel militaire à l’opposition libyenne. Le Qatar a également fourni des ressources financières aux groupes de rebelles dans la guerre civile syrienne. Le Qatar ayant des liens étroits avec l’organisation des Frères musulmans, l’émirat a favorisé les groupes rebelles se réclamant de l’Islam salafiste, tant en Libye qu’en Syrie[9].

Le Qatar est membre de nombreuses organisations internationales: OPEP, LA, CCG, OPAEP…

Droits de l’Homme

Le Qatar ne garantit pas la liberté d'expression ou de la presse. Le Rapport mondial 2015 du think tank « Freedom House » classe le Qatar comme un pays où les libertés individuelles ne sont pas garanties. Sur une échelle de 1 à 7 (1 étant le plus «libre»), le rapport attribue au Qatar une note de 6 pour les droits politiques et de 5 pour les droits civiques.

En 2014, l'Indice de démocratie publié par The Economist Group désigne le Qatar comme un « régime autoritaire » avec un score de 3,18/10. L’Indice classe le pays au 136e rang sur les 167 pays inclus.

Notes et références

  1. Al-Jazeera et les Frères Musulmans: un mélange explosif. Mediapart. 25 mars 2010.
  2. « Le Qatar est loin d'être un régime exemplaire : pourquoi devrions-nous le taire ? », sur leplus.nouvelobs.com (consulté le ).
  3. « Alcool et porc au Qatar », sur Qatar Actu (consulté le ).
  4. http://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/CAT.aspx
  5. http://www.un.org/fr/ga/62/plenary/election_sc/bkg.shtml
  6. http://news.bbc.co.uk/2/hi/middle_east/4917088.stm
  7. Qatar Grants Millions in Aid to New Orleans, The New York Times, 2 mai 2006
  8. (en) Elizabeth Dickinson, « The Case Against Qatar » , sur foreignpolicy.com, (consulté le ).
  9. « QATAR. Le Club Med des terroristes », Courrier international, (lire en ligne , consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Lorraine Engel-Larchez, La Politique culturelle du Qatar : vers une légitimation identitaire ?, Paris, l'Harmattan, 2015, 272 p.
  • (en) Matthew Gray, Qatar : politics and the challenges of development, London, Lynne Rienner Publishers, Boulder, Colo., 2013, 271 p. (ISBN 978-1-588-26928-7)
  • (en) Mehran Kamrava, Qatar : small state, big politics, London, Cornell University Press, Ithaca (N.Y.), 2013, 222 p. (ISBN 978-0-8014-5209-3)

Articles connexes

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