Plan Challe

Le plan Challe est une série d'opérations menées par l'armée française durant la guerre d'Algérie, du au à travers le territoire algérien qui avait pour objectif de détruire les unités de l’ALN de l’intérieur, d'occuper de façon permanente leurs positions et de démanteler l’organisation politico-administrative du FLN.

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Plan Challe

Informations générales
Date -
Lieu Algérie
Issue Victoire militaire française
Fin des combats majeurs en Algérie[1],[2],[3]
Belligérants
ALN France
Commandants
Si M'Hamed Bougara
Mohamed Tahar Abidi
Benali Boudghène
Abderrahmane Mira
Maurice Challe
Forces en présence
90 000 combattants450 000 soldats[4]
Pertes
26 000 combattants tués
10 800 prisonniers
20 800 armes récupérées
7 000 tués

Guerre d'Algérie

Batailles

Du 1er novembre 1954 au 19 mars 1962
Toussaint rouge Opération Eckhmül Opération Aloès Opération Véronique Opération Violette Massacres d'août 1955 dans le Constantinois Opération Timgad Bataille d'El Djorf Opération Massu Embuscade de Palestro Bataille d'Alger Bataille de Bouzegza Bataille de Timimoun Opération Jumelles Bataille des Frontières Coup d'État du 13 mai 1958 Opération Résurrection Opération Couronne Opération Brumaire Semaine des barricades Manifestations de décembre 1960 Bleuite Putsch des généraux Combat du Fedj Zezoua Plan Challe Opération Oiseau bleu
Du 19 mars 1962 au 5 juillet 1962
Bataille de Bab El Oued Fusillade de la rue d'Isly Massacre d'Oran

Contexte

Après la bataille d'Alger et la bataille des Frontières, remportées par le général Raoul Salan, son successeur, Maurice Challe, général d'aviation nommé au commandement militaire de l'Algérie, espère asphyxier les maquis de l'ALN la branche armée du FLN en même temps qu'est entreprise une politique de pacification. Les actions qu'il met en œuvre constituent le « plan Challe ».

Le général Challe entreprend de réduire les forces des wilayas, en mettant fin au partage de facto du territoire algérien entre les régions occupées en permanence par les forces de l'ordre et les « zones interdites » servant de refuge aux unités rebelles. Il s'agit d'alléger le quadrillage des régions déjà pacifiées pour augmenter les réserves générales et de leur faire occuper en force, pendant plusieurs mois, chacun des massifs montagneux où s'abritent les compagnies et les commandos zonaux de l'ALN. Ces unités sont obligées de se disperser et de se cacher, puis de sortir à la recherche des ravitaillements et de s'exposer à des embuscades.

Ainsi, leur taille est réduite à celle de sections, comme c'est déjà le cas aux environs des barrages électrifiés. Pour plus d'efficacité, les réserves générales se concentrent sur chaque massif montagneux en allant de l'ouest vers l'est, de la wilaya la plus faible vers celles qui sont les plus fortes. Dans un deuxième temps, des commandos de chasse formés par les troupes des secteurs ou par les réserves générales et comprenant une forte proportion de musulmans, souvent des ralliés, continuent à traquer les restes des unités rebelles. Certaines SAS dites « SAS renforcées » prennent la responsabilité du maintien de l'ordre avec leurs harkas à la place des troupes de secteur dans un quartier de pacification.

Ainsi que la formation le du Groupement de Commandos Parachutistes de Réserves Générales (GCP-RG).Le commandement est confié au commandant Tourret, de l’état-major du général Gilles, commandant des TAP, cette unité est formée à partir de détachement venant de chaque régiment des deux divisions parachutistes , y compris légionnaires surtout pour l’encadrement qui est activé. Sept commandos de 100 à 120 hommes sont formés. Avec indicatif radio Totem. chacun a une couleur distincte.

Noir : capitaine Balthazar du 6e RPIMA.

Rouge : capitaine Tallec ancien FFL, puis lieutenant Mura.

Gris : capitaine Chabanne, ancien 3e RPIMA, puis capitaine VALLAURI.

Bleu : capitaine Laure, ancien 2e RPC, puis lieutenant Leclerc de Hautecloque.

Vert : capitaine Ferret, ancien 1er RCP puis lieutenant Roux.

Jaune : capitaine Olivier , ancien 114e cie quartier général Alger, qui sera tué au combat en à Teniet el Had.

Blanc : capitaine Helmer base arrière , gestion administrative du GCP puis capitaine Boisson.

Le commandant en second est le capitaine Robin, l’adjoint opérationnel , le capitaine Perrier, du 2e REP, l’officier de renseignement, le lieutenant Bonnel, du 1er REP, le médecin l’aspirant Kerhavo.

À partir de 1959, la France prévoit de systématiser la mise en œuvre de centres de regroupement des populations situées dans les zones rurales les plus éloignées, à l’initiative des préfets responsables du maintien de l’ordre, afin d'isoler les unités du FLN et de les priver de leur principale source d’approvisionnement et de soutien[5]. L’ensemble des habitants est alors « placé » sous la protection de l’armée française, ou d’un maghzen (troupe de supplétifs musulmans engagés sous contrat de 6 mois) si le regroupement se fait à proximité d’une SAS.

Les unités de l’ALN se voient ainsi progressivement interdire une zone définie[6]. Ce procédé qui consiste à « vider certaines zones de ses habitants, en déplaçant des populations vers des centres de regroupement et en détruisant les villages »[7] constituera donc une arme de guerre pour les Français.

Déroulement

Que ce soit par la route, par les airs ou encore par voie maritime vingt-cinq mille hommes venus renforcer les quinze mille militaires du « plan Challe », il commence par la wilaya V, la plus avancée dans la voie de la pacification, du au , puis il continue en wilaya IV par l'opération « Courroie », couronne montagneuse de l'Algérois et Ouarsenis, du au , et, avec une moindre intensité, dans le Sud Département d'Oranais, du au . Pour éviter un repli vers l'est des unités kabyles, l'opération « Étincelle » traite le massif du Hodna, reliant la wilaya III à la wilaya I, du 8 au , puis l'opération Jumelles s'appesantit sur la wilaya III, du à la fin de . Peu après, les opérations « Pierres précieuses» (« Rubis », « Saphir», « Turquoise », « Émeraude » et « Topaze ») s'abattent sur la wilaya II, entre le et le , jusqu'en ; puis une deuxième série d'opérations « Pierres précieuses » revient sur les mêmes régions pendant plusieurs mois, jusqu'en .

Après le départ du général Challe en avril, son successeur, le général Crépin, revient encore sur l'Ouarsenis (« Cigale », du au ) et sur l'Atlas saharien (opérations « Prométhée », d'avril à ), mais il porte son principal effort sur la wilaya I : opération « Flammèches » dans les monts du Hodna, du 21 au , puis opérations «Trident » d' jusqu'en . Dans toutes ces régions, les commandos de chasse prennent la relève des réserves générales. En même temps, l'armée continue à démanteler par tous les moyens l'OPA qui encadre la population. C'est la tâche des officiers de renseignement et d'organismes spécialisés en marge de la hiérarchie militaire ordinaire : les DOP créés en 1957 dans le cadre du Centre de coordination interarmées (CCI), et les centres de renseignement d'action (CRA), créés en 1959.

Conséquences

Il y a 26 000 « combattants » tués, 10 800 prisonniers, 20 800 armes récupérées. Le plan Challe a entraîné, en quelques mois, la suppression de la moitié du potentiel militaire des wilayas, dont les pertes augmentent sensiblement, ainsi que le pourcentages des prisonniers et des ralliés. Le moral de l'ALN, déjà atteint par les sanglantes purges internes qui ont décimé la wilaya III puis la wilaya IV en 1958, (voir : la « Bleuite ») et par le sentiment d'être abandonné par l'extérieur, en est davantage encore affaibli.

Cependant le plan Challe devra faire face à la stratégie d'adaptation des unités de l'ALN, comme dans la wilaya III (Kabylie) avec le commandant Mohand Oulhadj. Pour cette seule wilaya lors de l'opération Jumelles, 60 000 hommes sont déployés pour ratisser la wilaya (appuyés par les services de renseignements du 2e bureau) et éradiquer totalement l’ALN par des combats continus. Parallèlement, des dispositions sont prises pour isoler l’ALN des populations (quadrillage de tous les villages avec ouverture de postes militaires avancés et contrôle des entrées et sorties par les éléments de l’autodéfense).

Le commandement de la Wilaya III réagit immédiatement et répartit les grandes unités en petits groupes commandos affectés dans les secteurs et limite les regroupements à quatre ou cinq pour éviter les combats et les poursuites à vue quotidiennes. Il enrôle tous les mousseblines pour les soustraire à l’armée française dans les villages et les remplace par des femmes qui passent inaperçues pour jouer ce rôle.

Par ailleurs, le commandement de wilaya donne ordre d’infiltrer les groupes d'autodéfense par des militants de l’organisation FLN pour faciliter le contact. Toutes ces dispositions prises se soldent très vite par l’enlèvement de plus de 20 postes avancés par les commandos de l’ALN, d’où la récupération de lots d’armes et de munitions très importants qui soulagent quelque peu les djounouds au niveau de la wilaya.

Les pourparlers secrets menés de mars à avec le gouvernement français par Si Salah, chef de la wilaya IV, concrétisent cette crainte et semblent justifier la confiance du général Challe dans une prochaine victoire militaire, mais l'indécision demeure au niveau politique.

Dans l'ensemble, l'opération a été un succès militaire qui a presque réduit de moitié les effectifs de l'ALN[8]. Le succès de l'opération a conduit de Gaulle à annoncer à la télévision que les combats en Algérie étaient pratiquement terminés le [9]. Les grands combats en Algérie étaient terminés.

Notes et références

  1. https://www.researchgate.net/publication/233032763_The_Challe_Plan_Vain_Yet_Indispensable_Victory
  2. http://www.nids.mod.go.jp/english/event/forum/pdf/2017/07_tachikawa.pdf
  3. http://militaryanalysis.blogspot.com/2017/07/plan-challe.html?m=1
  4. http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=99
  5. Mohammed Harbi et Benjamin Stora, La guerre d’Algérie, 1954-200, la fin de l’amnésie, Paris, Robert Laffon, p. 254 :
    « Pour le FLN, le soutien de la population lui est indispensable pour légitimer son action, mais il lui est également vital pour la survie physique de ses troupes combattantes. Peu nombreux et n’apparaissant que fugitivement et exceptionnellement le jour, les combattants de l’ALN ont besoin, la nuit en général, de l’aide des villageois pour organiser des sabotages (destructions des ponts, de poteaux électriques, de vergers…) et aussi pour être nourris et soignés. »
  6. Henri Le Mire, Histoire militaire de la guerre d’Algérie, Paris, Albin Michel, , p. 141 :
    « Les Français poursuivent le regroupement de la population, tarissant l’impôt et le ravitaillement. Il faut agir sur l’opinion publique pour exiger le retour des habitants. »
    Extrait d’un télégramme attribué au chef de la wilaya IV et envoyé à Tunis en décembre 1959.
  7. Mohammed Harbi, Benjamin Stora (sous la dir.), op. cit. p. 324
  8. [Cairns, John (1962). "Algeria: The Last Ordeal". International Journal. 17 (2 Spring): 87–88. doi:10.1177/002070206201700201. S2CID 144891906.]

Bibliographie

Filmographie

Documentaire
Film

Articles connexes

Liens externes

  • Armée et histoire militaire françaises
  • Portail de l’Algérie
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