Pierre de Blarru

Pierre de Blarru, né le [1] dans le val d'Orbey (Bas-Rhin), et mort le à Saint-Dié, est un clerc et homme d'église lorrain, chanoine de l'Insigne église de Saint-Dié, poète et lettré humaniste.

Biographie

Né le , Pierre de Blarru est licencié en droit et en théologie de l'université de Paris. Jules Rouyer, en 1876, un de ses biographes lorrains, a pensé qu'il était originaire de Blaru[2]. Pourtant, selon le latiniste Jean Boës, il est parfaitement plausible que Pierre de Blarru soit né à Blancrupt, dans le val d'Orbey (Bas-Rhin), appartenant alors à l'abbaye de Pairis, dans le massif des Vosges, versant alsacien; d'où l'appellation en latin de "Parisiensis" ou de "Parisianus"[3], comme l'indiquaient les anciens biographes lorrains et alsaciens, comme notamment Dom Augustin Calmet.

Le Petit testament de François Villon cite un Blaru comme condisciple du poète [4].

En 1475, il devient un proche conseiller et secrétaire du duc de Lorraine René II. Présent à Épinal lorsque la ville ouvre ses portes à Charles le Téméraire le . Il sera aussi témoin oculaire des funérailles du duc de Bourgogne à Nancy (mort à la bataille de Nancy les 4 et ) quelques mois plus tard[5].

Sa proximité avec le duc René II le fait nommer administrateur de l'Hôpital Notre Dame de Nancy entre 1489 et 1495[6]. C'est à peu près vers cette date qu'il accède au canonicat du chapitre de Saint-Dié.

Il aurait fait partie à l'extrême fin de sa vie de l'éphémère Gymnase vosgien, qui réunit pendant quelques années et à quelques reprises sous l'égide du mécène Gautier ou Walter Lud, plus connu sous son nom savant de Gualterus Lud, des lettrés, des savants et érudits proches du duc de Lorraine et de son administration séculière et minière. Ce sont par exemple l'universitaire bâlois Mathias Ringmann et le chanoine Jean Basin de Sandaucourt qui sont très proches de lui[7].

Pierre de Blarru meurt le à Saint-Dié-des-Vosges[8]. Une inscription funéraire peut encore se déchiffrer à l'intérieur de la petite église Notre-Dame de Galilée, à l'envers de la façade occidentale, côté sud de l'entrée[9].

La Nancéide

Auteur d'une élégie latine des oiseaux captifs et de deux hymnes en l'honneur de saint Dié[10], Pierre de Blarru est surtout connu pour le Liber Nanceidos.

Ce poème composé de 5044 vers en six livres raconte la lutte entre René II et Charles le Téméraire entre 1475 et 1477, et particulièrement les trois sièges que la ville eut à subir pendant cette période. Il s'inspire d'un manuscrit rédigé à la demande du duc de Lorraine et intitulé La vraye déclaration du fait et conduite de la bataille de Nancy, où le roy René fut victorieux contre Charles, duc de Bourgongne en 1476, dressée par Chrétien, secrétaire dudit Seigneur, et de son ordonnance, donnée à Maître Pierre de Blaru, chanoine de Saint Diey, qui a composé le livre appelé les Nancéydes[11].

Ce n'est qu'après la mort de Pierre de Blarru que l'ouvrage est destiné à être publié : Jean Basin en prépare l'édition avec Mathias Ringmann mais celui-ci meurt en 1511 avant d'entamer les travaux. Il sera finalement imprimé à Saint-Nicolas-de-Port, sur les presses de Pierre Jacobi, en 1519, sous le titre Petri de Blarrorivo Parhisiani insigne Nanceidos opus de Bello Nanceiano, hac primum axatura alimatissime nuperrime in lucem emissum.

Il existe un manuscrit de la Nancéide, probablement de la main de Jean Basin[12], conservé à la bibliothèque de la Société d'histoire de la Lorraine.

Jean d'Aucy, qui s'en est inspiré pour son Épitomé du duché de Lorraine en 1555-1556, a probablement été un des premiers à traduire partiellement l'œuvre[13].

Œuvre en latin

  • Liber nanceidos
  • Sa traduction : La Nancéide - Le poème consacré à la victoire remportée devant Nancy par le duc de Lorraine René II sur le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, le , Texte établi et traduit par Jean Boes, éd., Collection Études anciennes, 32, Éditions Adra, Nancy : 2006 (ISBN 978-2-913667-15-0)

Références

  1. Pierre de Blarru, Nancéïde, Saint-Nicolas-de-Port, Pierre Jacobi, , Natus in aprili lux tercia..., avant-dernière page
  2. Rouyer, 1876, p. 6.
  3. Jean Boës, LA NANCEIDE, Nancy, ADRA diff : DE BOCCARD, 75006 Paris, (ISBN 978-2-913667-15-0), p. X-XIV
  4. Rouyer, 1876, p. 8.
  5. Rouyer, 1876, p. 11-12.
  6. Rouyer, 1876, p. 16.
  7. Rouyer, 1876, p. 18 et p. 20.
  8. Nanceïde, Saint-Nicolas-de-Port, 1518, Clementis festo hic Petre incipis esse sepulchro, avant-dernière page.
  9. « Epitaphe de Pierre de Blarru », Semaine Religieuse de Saint-Dié, , p. 226
  10. Rouyer, 1876, p. 21.
  11. Rouyer, 1876, p. 32-34.
  12. Rouyer, 1876, p. 35.
  13. A. Collignon, « Une source de Jean d'Aucy dans son « Épitomé », dans Annales de l'Est, Nancy, p. 583-591, lire en ligne

Bibliographie

  • Couderc Camille, Œuvres inédites de Pierre de Blarru et documents sur sa famille, Besançon, France, P.Jacquin, 1900.
  • Deprez-Masson M.-C., Imprimerie, théâtre et politique en Lorraine, de 1477 à 1550, Éditions Ceres, Montréal : 1977.
  • Rouyer Jules, De Pierre de Blarru et de son poème « la Nancéide », à propos d’un manuscrit de cette œuvre appartenant au Musée historique Lorrain, Nancy, M.S.A.L. 1876, pp. 360-420
  • Rouyer, Jules, Nouvelles recherches sur la biographie de Pierre de Blarru, Nancy, M.S.A.L. 1883, pp. 213-236
  • Rouyer Jules, Le Testament de Pierre de Blarru, Parisien, auteur de la « Nancéide », annoté et suivi de quelques dernières observations sur ce qui a été écrit dans deux notices précédentes au sujet et à l’occasion de cet ancien poète, Nancy, MSAL 1888, pp. 173-218

Voir aussi

Liens externes

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