Pierre Merlier

Pierre Merlier, né le à Toutry (Côte-d'Or) et mort le à Auxerre (Yonne), est un sculpteur et un peintre français.

Il a résidé dans l'Yonne et y a créé toute son œuvre entre Auxerre et Escolives. Il se consacre essentiellement à la sculpture figurative. Ses personnages, bois polychromes, sont singuliers, hors normes ; ce sont parfois des caricatures de personnalités existantes. En parallèle avec le travail du bois, il réalise quelques bronzes et s'intéresse accessoirement au travail de la terre. En 2012, il abandonne progressivement les outils du sculpteur pour se consacrer à la peinture en rapport avec son œuvre sculpté.

Il présente ses œuvres dans de nombreuses expositions particulières ou collectives et participe à différents salons internationaux. Certaines de ses réalisations monumentales ornent de grandes villes françaises, d'autres sont conservées dans des musées ou fondations à travers le monde. Son œuvre abondant reflète une modernité fantastique.

Biographie

Dès l'enfance, « ébloui par la sculpture », il « entre en art comme on entre en religion[1] ». À l'adolescence, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il devient, à Auxerre, l'élève et le praticien de François Brochet (1925-2001), peintre et sculpteur de six ans son aîné. Lui revient alors la tâche de dégrossir, dans le bois, les silhouettes des futures statues du maître déjà réputé. Là, Pierre Merlier va créer ses premières œuvres et, esprit indépendant, il va très vite prendre son autonomie au grand regret de Brochet.

À cette époque, il fréquente les ateliers de l'Académie de la Grande Chaumière à Paris. Dans ces lieux, chacun vient dessiner en toute liberté des modèles qui posent pour de courtes durées. Il y a réalisé des centaines de croquis de nu. C'est là aussi qu'il pourra admirer Ossip Zadkine qui y donne des cours.

À partir de 1954, il commence à exposer dans divers salons annuels parisiens. Sa première exposition personnelle a lieu à Paris en 1955. Il s'y fait remarquer et reçoit le prix du Salon de la jeune sculpture en 1956.

Les débuts sont parfois difficiles : « La sculpture n'ouvre pas les portes du Paradis ; sculpter, c'est travailler pour le roi de Prusse ! Et pour vivre de son art, il faut être un peu opportuniste, ce que je ne suis pas…[1] » ; vivant alors pauvrementent, il partage ces temps de vache maigre en compagnie d'artistes auxerrois en devenir.

Sculpteur refusant les tendances d'avant-garde des années 1960, il obtient, en 1961, la bourse de la Fondation de la Vocation, ce qui lui ouvre un peu les portes du monde de l'art. Il crée alors des œuvres pour des institutions et continue d'exposer avec succès en France et à l'étranger (Paris, Lausanne, Londres, Los Angeles).

Manquant de place pour exercer son travail d'atelier, il s'installe à la campagne, à quelques kilomètres d' Auxerre, à Escolives, tout près du canal du Nivernais. Là, il peut alors donner libre cours à sa créativité débordante qui se traduira par des séries de personnages singuliers dont les expressions reflètent l'influence des figures peintes par Otto Dix, un autre maître du sculpteur[2],[3].

En 2012, fatigué par ses travaux, il se consacre progressivement à la peinture, laquelle reprend les thèmes de son œuvre sculpté. Il abandonne les abords du canal du Nivernais et rejoint Auxerre.

Malade, il s'éteindra à Auxerre, la dernière semaine de [4].

L'artiste et son œuvre

L'artiste dans son atelier en 2013.

« parti d'un langage abstrait, il évolue vers une statuaire d'esprit néo-classique, alliant une construction néo-cubiste à une intention expressionniste. La référence aux arts populaires l'a amené dans sa période récente à des personnages caricaturaux[5]. »

Photo de famille (fin des années 1990), bois, 35 à 75 cm, collection particulière non sourcée.

Dans une approche plus pragmatique, Pierre Merlier, de constitution robuste, est « un sculpteur qui vit en ermite, entouré d'une famille fantasmagorique : des centaines de personnages façonnés dans le bois qui relaient le regard sardonique que leur créateur porte sur le monde. Une ribambelle étonnante, parfois dérangeante, où se côtoient un général de Gaulle qui nous ouvre les bras parce qu'il nous a compris, un Hitler nu […], les mains dans le dos comme un garçonnet pris en faute, un Jean-Pierre Soisson bedonnant ou encore une incarnation en volume des personnages de Gustav Klimt[6]. ». « Je fais une sculpture figurative, ironique, satirique, mais jamais anodine », confie-t-il.


Parfois, pourtant, son personnage rabelaisien, « polémique, revêche, rebelle et rustre[N 1] - [7] » s'efface et sa sensibilité se dévoile avec pudeur. Il sait atténuer la trace agressive de la tronçonneuse, de la gouge et du ciseau pour laisser apparaitre les traits et les formes de madones bien prudes.

Parallèlement à la sculpture sur bois, Merlier travaille la terre, réalise quelques bronzes et s’essaie aussi à l’écriture qu’il utilise comme divertissement, mais il ne sera jamais édité.

Avec l’âge, il se met à la peinture. « Il n'est plus si aisé, à mon âge, de déplacer des pièces de bois, alors qu'une toile se glisse facilement n'importe où », précise-t-il. En quelques semaines, il peint une soixantaine de tableaux[6]. « J'entends faire de la peinture de sculpteur », prévient Merlier. il aura au total peint plus de 200 toiles. De 1954 à 1964, il a exécuté environ 200 aquarelles de paysages d’Auxerre et alentours et, dans les années 1970, il a réalisé de grands formats au fusain sur le thème des manifestations, le sport, l’érotisme.

Il réalisera des sculptures pour le spectacle Beaudelaire d'Antoine Bourseiller au festival d'Aix-en-Provence[Quand ?].

Expositions

Conversation noire (vers 1980), bois, 88 × 60 cm, collection particulière non sourcée.

Expositions personnelles

Source : curriculum vitae Pierre Merlier[8] et programmation d'expositions pour 2017 et 2018 :

  • 1963-1970 : galerie Mouradian-Valloton, Paris ;
  • 1967 : galerie Valloton, Lausanne ;
  • 1968 : Grosvenor Gallery, Londres ;
  • 1969 : galerie Feingarten, Los Angeles ;
  • 1981-1998 : différentes galeries à Paris : Les Arts Plastiques et Modernes, Négru, Martine Moisan (galerie satirique) ;
  • 1986 à 2008 : Troyes, Cabriès, Clermont-Ferrand, Limoges, Tours ;
  • 1997-1998 : galerie Dürr, Munich ;
  • 2010 : pont Alexandre III, Paris ;
  • 2015 : galerie Caboch’Arts, Draguignan.
  • un lieu d’exposition dédié à Pierre Merlier a été ouvert à Auxerre à l'automne 2015[9],[10] ; il a été fermé à la suite du décès de l'artiste ;
  • du 1er au , exposition au casino de Contrexéville, 37 sculptures de Pierre Merlier, « peintre sculpteur international » ;
  • 2018 : Parcours d'expositions autour des œuvres de Pierre Merlier, à Dijon, de février à juillet suivant sites : 5e biennale d'art singulier, « Arbres de vie », lieux : Grande orangerie (mars), Hostellerie (mars - fin juin), galerie François Mitterrand du conseil régional (mars), chapelle des élus, office de tourisme (mars).

Expositions collectives

De 1967 à 2015, Pierre Merlier expose dans plus de quarante lieux différents. À l'étranger, on peut citer :

Salons

Source : curriculum vitae Pierre Merlier[8].

Sculptures

Pierre Merlier (à gauche) posant à côté de sa sculpture George Sand (2004).

Œuvres monumentales

Les villes suivantes conservent des œuvres monumentales de l'artiste[8] :

Collections publiques

Source : curriculum vitae Pierre Merlier[8].

Récompenses

Devenir

L'association « Maison Pierre Merlier » a pour but d'aider à la conservation, la promotion et la diffusion de l'œuvre de Pierre Merlier. Elle a ouvert, en , au Moulin du Saulce à Escolives-Sainte-Camille, le Musée Pierre-Merlier.

Notes et références

Notes

  1. Les mots sont toujours de l'auteur.

Références

  1. L'Yonne Républicaine, 26 mars 2016, article Sculpture
  2. « Pierre Merlier », in Dictionnaire Bénézit, 1998.
  3. V. R., Rencontre : sculpture : l'artiste auxerrois Pierre Merlier : De l'art et du cochon, vol. 1943, Auxerre, l'Yonne Républicaine - Yonnemag, .
  4. L'Yonne Républicaine, 27 juillet 2017, avis d'obsèques ; site Dans nos cœurs, avis nécrologique
  5. Dictionnaire Bénézit, 1998.
  6. Le Point, 29 septembre 2011.
  7. Marie Morel - Michèle Merlier 2018
  8. Curriculum vitae Pierre Merlier, Lieu d'exposition permanent Pierre Merlier, Auxerre, (lire en ligne).
  9. L'Yonne Républicaine, 19 décembre 2015, page d'Auxerre ?
  10. « Des portraits, des nus, sortis d'un rêve, des totems élégants et légers… », cité in L'Yonne Républicaine, 14 juin 2016, p. 28.
  11. Page consacrée à l'exposition d'Ancy-le Franc, sur chateau-ancy.com.
  12. accès au site du musée du Rire et de l'Humour
  13. Fondation Cérès Franco, accès en ligne.
  14. Œuvre de Pierre Merlier à la fondation, sur dailymotion.com.
  15. L'Académie Henri Boitiat et Barbizon, sur lejsl.com.

Annexes

Bibliographie

  • REGARDS pour approcher un enseignement de l’histoire des arts : XXe et XXIe siècles, van de Velde, (lire en ligne).
  • La Bible de l'Art Singulier, Lelivredart, 2013-2014 (lire en ligne).
  • Le livre d'Art, Paris, Lelivredart, 2008, 2010/2011, 2013/2014 (lire en ligne).
  • (en) Nude Art Today, Eric Patou, (lire en ligne).
  • Dictionnaire Bénézit, 1973 ; 1998.
  • Villeneuve Roland, Le Musée de la Bestialité, Veyrier, (lire en ligne).
  • Jean Rudel et René Huyghe, L'Art et le Monde Moderne, Larousse, coll. « Petit Larousse de la peinture », (lire en ligne).
  • Dictionnaire de l'Art Contemporain, Paris, Larousse, .
  • Métiers d'Art, Laffont.
  • (de) Knaurs Lexicon Modernen Plastick.
  • Dictionnaire de la Sculpture Contemporaine, Paris, Hazan, .
  • Marie Morel - Michèle Merlier, Pierre Merlier, Regard - Marie Morel, , 187 p. (ISBN 978-2-919756-21-6).

Liens externes

  • Portail de la France
  • Portail de la sculpture
  • Portail de la peinture
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.