Peon

Le mot peon (aussi orthographié péon[1]) est un mot dérivé de l’espagnol peón, signifiant « ouvrier non spécialisé », « pion », « piéton » ou initialement « valet de ferme ». Il fait généralement référence à une personne sujette à une forme de travail dans lequel le travailleur (peon) a peu de contrôle sur ses conditions d'emploi. Les mots « peon » et « peonage » peuvent renvoyer à la période coloniale en Amérique latine ou dans d'autres pays colonisés par l'Espagne, ainsi qu'à la période suivant la guerre de sécession aux États-Unis.

Pour les articles homonymes, voir Péon.

Pour l'usage du mot en tauromachie, voir peón.

Les États-Unis condamnent les planteurs de canne à sucre pour avoir tenu des ouvriers noirs en situation de péonage. « Et pendant que vous serez là-dedans, renseignez-vous sur un gars nommé Abe Lincoln. » 1943, source NARA.

Le mot peon possède également d'autres usages ; par exemple, dans les jeux vidéo ou en informatique, il s'agit d'une personne sans privilèges spéciaux sur un système.

En Inde, il provient du portugais peão pour son acception militaire, et du cingalais pūna lorsqu'il désigne des arbres.

Europe et Amériques

Châtiment de peons au Chili durant la construction d’une ligne ferroviaire en 1862[2].

Le mot peón désigne en espagnol une personne qui voyage à pied plutôt qu’à cheval (caballero).

Dans les pays hispaniques, particulièrement en Amérique latine dans le système des haciendas, le peon est un salarié de bas statut (particulièrement un journalier ou un domestique, un paysan, etc.)[3],[4].

En tauromachie, le peón est un torero chargé d’assister le matador.

En économie, un peon est un débiteur qui doit travailler pour son prêteur jusqu'à ce que sa dette soit apurée[5].

Asie

Poon tree (Sterculia fœtida).
Peon indien, 1910. Bien que dans la société européenne, les peons aient été considérés comme ayant un statut quelque peu inférieur, en Inde, au début du siècle, les peons étaient des cols blancs qui pouvaient accéder à un certain pouvoir et influence. Vêtus de costumes, ils se considéraient comme des hommes de statut. Ils contrôlaient souvent l'accès à leurs employeurs, ce qui leur donnait un pouvoir considérable. Cette image reflète la nouveauté de leur profession dans le contraste entre les pieds nus et la lettre entre les mains de l'homme.

En Asie, le peon peut également désigner les arbres nommés poon, du genre Calophyllum[trad 1],[7] ou Sterculia[8], particulièrement ceux utilisés pour les bateaux ou le bâtiment[9]. Dans cette acception, le terme vient du cingalais pūna[10].

En Inde, le terme désignait un soldat à pied voire, plus précisément, un soldat servant en tant que messager[11],[note 1] ; dans cette acception, il provient du portugais peão[15]. Il désigne de nos jours le niveau d'entrée de la classification des employés des organisations gouvernementales et non-gouvernementales[16].

Dans les jeux vidéo

Dans Warcraft[note 2], l’ouvrier des orcs est le peon (en français, « péon »). Il s'agit de l'unité de base  non guerrière  utilisée par les orcs pour exploiter les ressources naturelles ou bâtir. Dans l'univers du jeu, les orcs ne sont pas très intelligents et de tradition guerrière ; le péon est décrit dans le manuel du jeu comme la « lie des Orcs, chiens destinés aux travaux laborieux. Ils seront bûcherons ou mineurs et des constructeurs durs à la tâche. Lâches, ils fuiront tout combat[trad 2]. »

Depuis le jeu vidéo Warcraft II: Tides of Darkness, le mot peon est utilisé par les joueurs de jeux de stratégie en temps réel pour désigner dans ces mêmes jeux les unités de type ouvrier qui construisent les bâtiments et/ou récoltent les ressources. Le mot est entré dans la culture geek et trouve désormais sa place pour désigner des acteurs sans pouvoirs[17].

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • (es) José Bengoa, Historia social de la agricultura chilena. Tomo II, Haciendas y campesinos, Santiago, Ediciones SUR, (lire en ligne)
  • (es) Roberto Cabrera, Tierra y ganadería en Guanacaste, Cartago, Costa Rica, Editorial Tecnológica de Costa Rica, , 857 p. (ISBN 978-9977-66-197-1, lire en ligne)
  • (es) Juan Carlos Garavaglia et Jorge Gelman, « Mucha tierra y poca gente: un nuevo balance historiográfico de la historia rural platense (1750-1850) », Historia Agraria, España, Sociedad Española de Historia Agraria, Universidad de Murcia, vol. 15, (lire en ligne)
  • (es) Herbert Nickel, El peonaje en las haciendas mexicanas : interpretaciones, fuentes, hallazgos, México D.F., Universidad Iberoamericana, (lire en ligne)
  • (en) Pete Daniel, The Shadow of Slavery : Peonage in the South, 1901–1969, New York, Oxford University Press, , 209 p. (ISBN 0-19-519742-9)
  • (en) Aaron Reynolds, « Inside the Jackson Tract: The Battle Over Peonage Labor Camps in Southern Alabama, 1906 », Southernspaces.org, (lire en ligne).

Citations originales

  1. (en) « any of several East Indian trees of the genus Calophyllum[6] »
  2. (en) « Peon : The lowliest of the Orcs, these dogs are good for little more than rough work. Command them to cut wood or mine the pits for gold. They also make strong laborers in the construction of all manner of buildings. They are all cowards, and will run like little children if attacked. »

Notes

  1. « L'emploi de péon […] est ordinairement confié à d'anciens cipayes que leur bonne conduite a fait remarquer de leurs chefs[12] ». « péon : messager[13]. » « péon (pé-on) - s. m. - Soldat à pied, dans l'Inde[14]. »
  2. Il n'est ici question que des versions RTS : Warcraft I, Warcraft II et Warcraft III.

Références

  1. David Graeber, « « Amargi », ou l’ardoise effacée », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  2. (es) « Castigo recibido por peones en barra en Troncoso (Angostura) durante la construcción de la línea férrea al sur, 1862 », Memoria Chilena
  3. « péonage », Encyclopædia Universalis en ligne
  4. (en) « peonage », Encyclopæédia Britannica
  5. (en) « peon », English Oxford Living Dictionaries (consulté le )
  6. (en) « poon (tree) », Memidex (consulté le )
  7. (en) John Forbes Royle, Descriptive Catalogue of the Woods Commonly Employed in this Country for the Mechanical and Ornamental Arts, Holtzapffel & Company, (lire en ligne), p. 102
  8. (en) V.P. Singh, Flora of Madhya Pradesh (Western Part), t. Livre 38, Scientific Publishers, coll. « Journal of economic and taxonomic botany: Additional series », (lire en ligne), p. 101
  9. (en) « Define Peon », sur askdefine.com (consulté le )
  10. (en) « poon », Collins english dictionary (consulté le )
  11. (en) « peon », Merriam-Webster dictionnary
  12. Burnouf, L'Inde française, ou Collection de dessins lithographiés représentant les divinités, temples, costumes... des peuples indous qui habitent les possessions françaises de l'Inde, Chabrelie, (lire en ligne)
  13. Ralph Greenall, « Les Shikarees, chasses dans l’Inde », Revue des Deux Mondes, t. 32, Les Shikarees, chasses dans l’Inde (Wikisource)
  14. « Péon », dans Dictionnaire Littré, (lire en ligne)
  15. (en) « peon », Collins english dictionary (consulté le )
  16. (en) « Peon Pay Scale, Pay Grade, Pay Matrix, Salary & Allowance After 7th Pay Commission », sur 7thpaycommissioninfo.in,
  17. « L'Encyclopédie du Gamer : Qu'est-ce qu'un "péon" ? », sur melty.fr (consulté le )

Liens externes

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