Paul Hoornaert

Paul Hoornaert, né à Liège le et mort à Sonnenburg le , est un avocat et homme politique belge, engagé à l'extrême droite. Bien qu'étant l'un des pionniers du fascisme en Belgique, il était un opposant au nazisme.

Prime jeunesse

Paul Hoornaert nait à Liège dans une famille catholique de la classe moyenne. Il fait ses études de droit à l'Université de Liège et décroche son doctorat en 1910[1]. Avocat[2], Paul Hoornaert prit part à la Première Guerre mondiale en tant qu'officier. Il reçut plusieurs distinctions pour ses excellents états de services[3].

Légion nationale

Fervent admirateur de Benito Mussolini, Paul Hoornaert faisait toutefois preuve d'une farouche opposition envers l'Allemagne. Paul Hoornaert était un membre du groupe d'extrême droite de la Légion nationale (Nationaal legioen en néerlandais) créée en 1922[4]. Ce mouvement, réunissant de faibles effectifs à ses débuts, grandit rapidement lorsque Paul Hoornaert en prit la tête, à partir de 1927, et transformera le groupe en milice paramilitaire[5]. Sous la direction d'Hoornaert, la légion, forte de ses 4000 membres, arborant la chemise bleue comme d'autres mouvements fascistes contemporains, sera associée à un nationalisme belge militant, refusant les particularismes flamands ou wallons au profit d'une Belgique unitaire[1]. D'autres aspects importants de cette idéologie incluaient un anticommunisme et une opposition au libéralisme et au régime parlementaire[1].

En tant que dirigeant de la Légion, Paul Hoornaert prit part au congrès fasciste de Montreux en 1934, fera campagne pour soutenir la Seconde guerre italo-éthiopienne et leva des troupes de volontaires pour soutenir les nationalistes espagnols lors de la guerre d'Espagne[1].

La milice bien que partageant certains de ses objectifs s'opposait vivement au rexisme et de manière générale à toutes formes d'organisation en partis politiques. Cette question fut un point de divergence avec l'écrivain Pierre Nothomb qui quittera le mouvement pour rejoindre le Parti catholique[4]. Son opposant, Léon Degrelle soutenait qu'Hoornaert n'avait jamais eu plus de 300 partisans[3]. Des estimations plus récentes évaluent cependant ses effectifs à 7 000 membres au début des années 1930[4]. Paul Hoornaert fut parfois comparé à Georges Valois en tant que dirigeant d'un mouvement fasciste pionnier pourtant fermement opposé au nazisme, puisant son inspiration dans les écrits d'un Charles Maurras et comptant sur les déçus de l'armée pour venir grossir ses rangs[3].

En plus de diriger la Légion, Hoornaert s'impliqua un temps dans le Nationaal Corporatief Arbeidsverbond, un groupe mis sur pied par l'industriel Charles Someville en [6]. Il en fut même l'un des membres-fondateurs mais se querellera vivement avec Somville qui craignait que son groupe ne soit, par les desseins de Hoornaert, absorbé par la Légion. De son côté, Hoornaert n'avait que peu d'intérêt pour les leitmotivs antisémites développés par Someville[7].

Seconde Guerre mondiale

En 1940, il étudia avec Joris Van Severen l'idée de fusionner la Légion et le Verdinaso fondée sur une loyauté partagée envers Léopold III. Ce projet n'aboutit toutefois pas[1].

Après l'invasion allemande, Paul Hoornaert fut contraint à la clandestinité, sa milice ayant été mise hors-la-loi par l'occupant. Pour cette raison, il rejoignit la Légion Belge dirigée par un dissident du mouvement Rex. À la suite de son activité dans ce groupe de résistance, il est arrêté par les Allemands en 1942 et incarcéré au fort de Breendonk. Il est ensuite déporté et meurt au camp de Sonnenburg[8], le [Notes 1].

Distinctions

Pour son action dans la résistance, Paul Hoornaert fut décoré de la Croix de guerre 1939-1945 par la France[1].

Notes

  1. Pour d'autres auteurs, il serait mort dans le camp de Breendonk où il était détenu (in R.J.B. Bosworth, The Oxford Handbook of Fascism, Oxford University Press, 2009, p. 482)

Références

  1. Philip Rees, Biographical Dictionary of the Extreme Right Since 1890, Simon & Schuster, 1990, p. 190
  2. Hans Rogger & Eugen Weber (editors), The European Right, P. 149, University of California Press, .
  3. David Littlejohn, The Patriotic Traitors, Londres, Heinemann, 1972, p. 142
  4. R.J.B. Bosworth, The Oxford Handbook of Fascism, Oxford University Press, 2009, p. 472
  5. Giovanni Capoccia, Defending Democracy, 2005, p. 281
  6. Dan Mikhman, Belgium and the Holocaust, 1998, p. 168
  7. Dan Mikhman, Belgium and the Holocaust, 1998, p. 173
  8. Paul Aron, José Gotovitch, Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, éditions André Versaille, Bruxelles, 2008, (ISBN 9782874950018), p. 242
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