Patrick Salameh

Patrick Salameh, né le à Fréjus (Var), est un tueur en série et braqueur français. Il fut surnommé « Jack l'éventreur de Marseille ».

Patrick Salameh
Tueur en série
Information
Nom de naissance Patrick Salameh
Naissance
Fréjus (Var)
Surnom Jack l'éventreur de Marseille
Condamnation

Sentence Réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans
Actions criminelles Enlèvements, séquestrations, viols, meurtres
Affaires L'affaire de l'éventreur de Marseille
Victimes au moins 4
Période -
Pays France
Régions Bouches-du-Rhône
Ville Marseille
Arrestation

Entre mai et , dans la cité phocéenne de nombreuses femmes disparaissent sans laisser de trace. Malgré les efforts fournis par les scientifiques, aucun corps n'est retrouvé. Une témoin-clé va venir relancer l'enquête en affirmant que Patrick Salameh est l'auteur de ces disparitions. Lorsque Patrick Salameh se retrouve mêlé à ces disparitions, les enquêteurs vont découvrir son lourd passé judiciaire, l'accablant directement.

Il sera condamné, en et , à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans pour enlèvement, séquestration, et viol entraînant la mort.

Biographie

Origine

Patrick Salameh est né le à Fréjus dans le Var. Il est issu d'une grande famille d'origine libano-syrienne, composée de 9 frères et sœurs. Lorsqu'il est enfant, ils déménagent dans la région de Marseille. À l'âge adulte, Patrick Salameh se marie et devient père de deux enfants. Dans les années 1980, il tient un restaurant situé au cœur des quartiers sensibles de Marseille.

Parcours judiciaire

Toute la vie de Patrick Salameh est rapidement rythmée par la délinquance.

Entre et , Patrick Salameh et une bande d'amis vont réaliser de nombreux cambriolages et braquages. Ils sévissent dans la région varoise. Ils s'introduisent chez des particuliers, les agressent et volent leur fortune. Ils seront surnommés « La Horde Sauvage » dans la presse et dans les médias. Finalement, ils seront arrêtés en mars 1989 et incarcérés à la prison des Baumettes. Patrick Salameh sera accusé par ses complices d'être l'auteur des violences, mais il n'avouera jamais avoir commis ces infractions.

Le , a eu lieu son procès à la cour d'assises de Draguignan. Il y comparait accompagné de ses complices. À l'issue d'une semaine de procès, les jurés vont délibérer pendant quatre heures afin de déterminer les peines. L'avocat général requiert 20 ans de prison contre Patrick Salameh. Il écope donc de la peine maximale pour vol à main armée, séquestration, torture et attentat à la pudeur. Il va passer 16 années en prison.

Durant ses années d'incarcération, Patrick Salameh va écrire et notamment peindre, révélant un réel talent. Il peint des toiles qui seront exposées dans plusieurs galeries. Elles sont révélatrices d'un personnage torturé.

En , Patrick Salameh est libéré de prison, après plus de 16 ans de détention. Sa vie reprend alors son cours. Il retrouve sa famille, expose ses œuvres et travaille également comme chef de chantier. Sa liberté va durer tout juste 3 ans puisqu'il retourne en prison dès , arrêté pour la disparition des 3 prostituées de Marseille.

L'affaire de l'éventreur de Marseille

Les victimes

En 2008, dans la cité phocéenne de mystérieuses disparitions[1] vont avoir lieu. L'enquête sur la première disparition s'estompe au fil des mois, quand, en l'espace de trente-trois jours, 3 prostituées vont être portées disparues.

  • Le , Fatima Saiah, une étudiante de 20 ans disparaît sans laisser de trace ni de signe de vie.
  • Le Iryna Sytnyk, une prostituée ukrainienne de 42 ans, disparaît durant la soirée[2].
  • Le , Cristina Bahulea[3] une jeune prostituée de 23 ans, originaire de Roumanie, se volatilise à son tour sans laisser de trace.
  • Le au soir, Zineb Chebout[4], une prostituée algérienne de 28 ans, sort de chez elle pour faire une course et ne rentrera jamais.

Une témoin-clé

La première piste des enquêteurs fait référence à un tueur en série[5] qui sévit sur Marseille. Il enlève et tue des femmes du même profil, des prostituées étrangères. Les enquêteurs n'ont pas d'indice et n'ont pas de potentiel suspect.

Cependant, une révélation va venir bouleverser le cours de l'enquête. Une prostituée marocaine, Soumia El Kandadi[6] va donner aux enquêteurs le nom d'un homme qui peut être le coupable. Il s'agit de Patrick Salameh, qui dans la nuit du 5 au , la séquestre et la viole. Lorsque son calvaire prend fin, elle remarque qu'un corps inerte gît dans la baignoire de son agresseur. Ce dernier lui aurait précisé : « voilà le sort que je réserve aux femmes qui ne m'obéissent pas. »

Les déclarations de Soumia mettent les enquêteurs sur la piste de Patrick Salameh. Une autre piste va les conforter dans leur suspicion. Le téléphone de l'une des prostituées continue d'émettre un signal après sa disparition. Les services de police localisent ce dernier et le retrouvent dans un quartier de Marseille. C'est un enfant qui a récupéré la carte SIM, qui lui a été remise par un certain Patrick Salameh. Patrick Salameh s'est emparé des cartes SIM de ses victimes et les a données. Cette technique permet de faire croire aux policiers que les disparues sont toujours en vie, puisque leur numéro de téléphone continue d'émettre un signal localisable.

Les indices

Les enquêteurs vont chercher le corps des disparues au domicile de Patrick Salameh, dans les quartiers Nord de Marseille, à Saint-Mitre.

Soumia, la jeune femme qui a subi les sévices de Patrick Salameh et qui a pu s'en échapper, va aider les enquêteurs. Elle les guide sur le lieu où elle aurait aperçu le cadavre d'une femme, lieu où Patrick emmenait également les prostituées avec qui il passait la nuit. Il s'agit de sa garçonnière, petit studio adjacent à son domicile principal. La garçonnière va être passée au peigne fin. Les enquêteurs ne vont pas trouver de corps, mais de nombreux indices comme par exemple, les ADN des 3 femmes disparues, ainsi que certains de leurs effets personnels comme des bijoux et des sous-vêtements. Les prostituées ont bien fréquenté la garçonnière de Patrick Salameh, en revanche aucune trace de sang ne sera découverte.

Durant ses auditions, Patrick Salameh niera les meurtres des prostituées et gardera le silence. Les corps n'ont jamais été retrouvés.

Lien avec une autre affaire

Les enquêteurs élargissent leurs recherches et se demandent si Cristina, Zineb et Iryna sont les seules victimes de Patrick Salameh. Ils font alors le lien avec Fatima Saiah[7]. C'est une jeune étudiante de 20 ans, qui a disparu à Marseille quelques mois plus tôt avant la disparition des prostituées.

Fatima publie une annonce pour proposer ses services de babysitting. Un homme divorcé la contacte pour garder ses enfants, durant l'après midi du samedi . L'homme donne rendez-vous à Fatima à 15h au Métro Malpassé. Il ne lui indique pas son nom. Il lui précise que c'est sa femme qui viendra la chercher au volant d'une Volkswagen grise à la sortie du métro. Ce dernier se situe non loin de la garçonnière de Patrick Salameh. Ce jour là, le petit ami de Fatima l'accompagne sur les lieux, puis ils se quittent peu avant le rendez-vous. Ils conviennent ensemble de se rappeler dans quelques heures. Deux heures plus tard, son petit ami reçoit un étrange texto spécifiant : « j'ai rencontré une ancienne amie, je serai de retour ce week-end. » Ne reconnaissant pas le comportement de sa copine, il s'inquiète aussitôt et tente de la joindre. Il n'y parvient pas car le téléphone de Fatima est éteint et il le restera pour toujours.

Le lendemain, sa famille et son petit ami, inquiets de ne pas avoir de nouvelles, se rendent au commissariat pour signaler la disparition de la jeune fille.

Les enquêteurs vont retracer l'appel téléphonique que Fatima a reçu pour le babysitting. L'appel a été émis depuis une cabine à la gare Saint-Charles de Marseille. Ce sera le seul élément dont la police disposera pour résoudre l'enquête.

Une personne sans domicile fixe ayant pour habitude d'utiliser la cabine téléphonique de la gare va être interrogée et va formellement reconnaître Patrick Salameh.

Son arrestation

Le soir du , les enquêteurs arrêtent Patrick Salameh, leur seul suspect. Après son arrestation, plus aucune disparition inquiétante ne sera signalée à Marseille. Il retourne alors en prison, pour les meurtres de trois prostituées, bien que peu d'éléments permettent d'établir une culpabilité certaine à son égard.

Le passé de Patrick Salameh ne va pas jouer en sa faveur puisqu'il s'agit d'un repris de justice. En , lorsqu'il est arrêté, Patrick vient tout juste de sortir de prison. Il purgeait une peine de 20 ans, condamné pour vol avec port d'armes et séquestrations accompagnés de tortures corporelles.

Le , une reconstitution a lieu, mais Patrick Salameh, niant les faits qui lui sont reprochés, refuse de collaborer. À la suite de cette reconstitution infructueuse, Salameh retourne en prison[8].

Le , Patrick Salameh, déjà inculpé des trois meurtres de prostituées, est de nouveau inculpé pour le meurtre présumé Fatima Saiah, dont le corps n'a également pas été retrouvé[9].

Le , Patrick Salameh est renvoyé devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence, pour les meurtres d'Iryna Sytnyk, de Cristina Bahulea et de Zineb Chebout (perpétrés entre octobre et )[10]. Il fait également l'objet d'un renvoi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, pour le meurtre de Fatima Saiah, trois semaines avant son premier procès, le [11]

Procès et condamnations

Son premier procès[12] a lieu en , à la cour d'assises d'Aix-en-Provence.

Le , Patrick Salameh est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Il est reconnu coupable d'enlèvement, de séquestration, de viol suivis de mort sur la personne d'Iryna Sytnyk, de Cristina Bahulea et de Zineb Chebout. Il est également jugé pour la séquestration et le viol de Soumia El Kandadi, la principale témoin dont le témoignage avait conduit à l'arrestation de Patrick Salameh. Il fait appel de cette décision.

C'est en qu'a lieu son deuxième procès[13] à la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. Patrick Salameh est jugé pour l'enlèvement suivi de la mort de Fatima Saiah, jeune lycéenne, dont le corps n'a jamais été retrouvé.

Le , Patrick Salameh est également condamné à la réclusion criminelle à perpétuité[14], assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Il fait également appel de cette décision. Les deux procès de Salameh étant extrêmement rapprochés, l'appel des deux condamnations se joindra, par la suite, en un seul procès.

Le , Patrick Salameh est jugé en appel, devant la cour d'assises du Var. Il est alors âgé de 59 ans. Incarcéré depuis 7 ans et 5 mois, Patrick Salameh nie toujours les quatre assassinats qui lui sont reprochés, dont les corps n'ont jamais été retrouvés. Là encore, Salameh est décrit comme « dangereux » et « difficilement curable », avec un risque de récidive très élevé[15].

Le , Patrick Salameh est de nouveau reconnu coupable des meurtres de Fatima Saiah, Iryna Sytnyk, Cristina Bahulea et Zineb Chebout (dont les corps n'ont pas été retrouvés) ainsi que du viol de Soumia (les cinq faits ayant été commis entre mai et ). À la suite des délibérations, Salameh est de nouveau condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans[16].

Partick Salameh et ses avocats forment un pourvoi en cassation, mais le pourvoi est rejeté le [17].

Notes et références

  1. Florence Nicol, Karl Zéro, « L'éventreur de Marseille », sur le replay d'Orange, rediffusion de Crime District, chaîne de télévision luxembourgeoise, Enquête exclusive : Les faits Karl Zéro, (consulté le ).
  2. « La condamnation à perpétuité de Patrick Salameh confirmée en appel », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  3. Le 17 avril 2009 à 07h00, « Le ravisseur présumé de prostituées encore mis en examen », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  4. Le 5 janvier 2013 à 07h00, « La justice l'accuse d'avoir enlevé trois prostituées », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  5. « L'inquiétant profil de Patrick Salameh jugé pour un crime sans cadavre », sur LCI (consulté le ).
  6. « Disparition de prostituées: "Si tu cries, je te tuerai", menaçait Salameh », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  7. « Perpétuité requise à l'encontre du tueur en série Patrick Salameh », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  8. « Le dangereux criminel a-t-il menacé l'avocat de la partie civile ? », sur LaProvence.com, (consulté le ).
  9. « Marseille : Patrick Salameh mis en examen », sur Europe 1 (consulté le ).
  10. « Le tueur en série présumé Patrick Salameh renvoyé aux assises », sur BFMTV (consulté le ).
  11. Paris Match, « Patrick Salameh renvoyé devant les assises - Une nouvelle affaire pour le "tueur en série de Marseille" », sur parismatch.com (consulté le ).
  12. « Patrick Salameh, "le tueur en série de Marseille", de retour devant la justice », sur Europe 1 (consulté le ).
  13. Simon Henry, « Meurtre d'une lycéenne: Patrick Salameh condamné à la perpétuité », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
  14. « Patrick Salameh : perpétuité confirmée », sur France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur (consulté le ).
  15. « Le tueur en série Patrick Salameh rejugé lundi pour le meurtre de quatre femmes », sur SudOuest.fr (consulté le ).
  16. Par Le 20 mai 2016 à 14h14, « Var : réclusion à perpétuité en appel pour le tueur en série Patrick Salameh », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  17. Cour de cassation (N° de pourvoi : 16-84.387), Cour de cassation, criminelle, Chambre criminelle, 11 juillet 2017, 16-84.387, Inédit, Var, Chambre criminelle, , 1 p. (lire en ligne), p. 1.

Voir aussi

Documentaires télévisés

  • « L'éventreur de Marseille, le mystérieux Patrick Salameh » dans Les faits Karl Zéro.
  • « Jack l'éventreur à Marseille » (deuxième reportage) dans « ... à Marseille » le dans Crimes sur NRJ 12.

Émission radiophonique

Bibliographie

  • Patrick Salameh, Disparitions à Marseille - Recherche 3 Prostituées, Auto-Edition, Marseille, 2015 (1230000499958).
  • Patrick Salameh, Disparitions à Marseille - Recherche Fatima, Auto-Edition, Marseille, 2015 (1230000643757).
  • Stéphane Bourgoin, Tueurs - Les meurtriers qui ont marqué l'histoire, Points, Paris, 2012 (275782810X).
  • Véronique Chalmet, Dans la tête des tueurs. Portraits de profilers, Point, Paris, 2015 (2757856316).

Articles connexes

Liens externes

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